Quelques jours avant le dépôt du budget du gouvernement à l’Assemblée nationale, le Front commun des syndicats des secteurs public et parapublic a appelé à une grande manifestation nationale dans les rues de Montréal afin d’appuyer ses revendications dans le cadre des négociations pour renouveler les conventions collectives.
Comptant sans doute sur la force du nombre de ce Front commun historique (il réuni 475 000 travailleuses et travailleurs), les syndicats disent depuis le début des négociations rechercher un règlement négocié et satisfaisant avant le 31 mars 2010, soit l’échéance du décret tenant lieu présentement de convention. Devant une telle déclaration de bonne foi des syndicats, le gouvernement ne pouvait faire autrement que de se déclarer à son tour intéressé par le même objectif.
Cependant le gouvernement ne fait rien pour que cela se concrétise. Malgré, les reculs considérables qu’il avait déjà imposés par décret la dernière fois, tant sur le plan de la rémunération que des conditions de travail, il ne propose rien pour renverser la situation. Invoquant le mauvais état des finances publiques, il formule encore une fois des demandes de reculs importants pour les syndiquées-és.
Or, le déficit budgétaire actuel du gouvernement est un nouveau déficit et est essentiellement le fait de sa participation au sauvetage des banques et des grands monopoles industriels par les divers gouvernements, fédéral et provincial, qui ne se sont pas gênés d’investir des dizaines et des dizaines de milliards pour les sortir de leur crise financière et économique. Alors que l’État a guéri le système financier, c’est lui qui est maintenant malade. Les marchés financiers qui sont désormais sauvés et qui empochent à nouveau des profits mirobolants, obligent maintenant les États à des efforts budgétaires extrêmes pour rembourser leurs dettes, en imposant des reculs majeurs dans les droits sociaux conquis depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.
Le gouvernement du Québec a annoncé d’emblée son intention de réduire ses dépenses et de couper près d’un milliard $ dans son prochain budget. On assiste aussi actuellement à une offensive idéologique dans les médias pour faire croire que le gouvernement n’a pas d’argent et pour préparer l’opinion publique non seulement à accepter de payer pour les largesses qu’il a eu pour les banques et les grandes compagnies durant la crise financière et économique, mais aussi pour la dresser contre les revendications des travailleuses et travailleurs du secteur public. C’est dans ce contexte que se situe par exemple les récentes sorties publiques de Lucien Bouchard ou la sortie récente du rapport du groupe de travail sur la tarification des services publics, composé de néo-conservateurs bien connus (Montmarquette, Facal et Lachapelle).
Le gouvernement a répliqué à la demande syndicale de hausse salariale de 11,25% sur trois ans par un 5% sur 5 ans, ce qui implique une perte de pouvoir d’achat de 8,4% pour les travailleuses et les travailleurs. Le gouvernement a même proposé des reculs important au chapitre de la retraite, en augmentant les pénalités en cas de retraite anticipée et en interdisant la retraite avant 55 ans d’âge. Il s’attaque aussi aux banques-maladie et au régime d’assurance-salaire en cas de maladie, la coupure annoncée équivalant à une réduction de salaire de 2% par année.
Le 10 mars dernier, la FSSS de la CSN rapporte qu’à leur table sectorielle, le comité patronal de négociation a même eu « le culot de nous déposer une demande visant à lui faciliter l’utilisation de ressources en provenance du secteur privé, allant même à l’encontre du discours et de l’orientation du ministre Bolduc et de son ministère. » La FSSS déclare par conséquent que « le doute commence à s’installer sur l’honnêteté de la démarche patronale.»
Dans une telle situation, on peut comprendre que les syndicats aient raison de pousser la négociation jusqu’au bout, mais un obtenir un règlement satisfaisant aux alentours du 31 mars sans livrer bataille tient de l’utopie.
Le Front commun doit livrer bataille.
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