mardi 20 janvier 2009

12 janvier 2009 18:25
Barack Obama :: Le grand changement ?

Ce 20 janvier, Barack Obama prêtera serment en tant que nouveau président des États-unis. Pour la première fois dans l’histoire de ce pays, le président est un Afro-Américain. Le grand changement est-il en route ?

Beaudoin Deckers
PTB/Solidaire

« Change » était le thème central de sa campagne. Après huit années d’administration Bush, la plupart des citoyens américains aspirent au changement. Si bien que parfois John McCain lui-même, l’adversaire républicain d’Obama, n’a pas hésité à critiquer Bush. Il l’avait bien compris, celui qui ne promettait pas le changement n’avait aucune chance.

Toutefois Obama et ses partisans ont été plus convaincants. « Un vrai soulagement », commentait l’envoyé spécial de la Vrt Johan Depoortere à Washington. Mais il a également constaté combien dans les milieux progressistes l’enthousiasme du début virait au scepticisme, pour ne pas dire au désenchantement.

Bien sûr, Barack Obama doit encore faire ses preuves. C’est pourquoi beaucoup sont prêts à lui « accorder le bénéfice du doute ». Cependant, il y a de quoi rester sceptique lorsqu’on voit les collaborateurs dont il s’entoure. Ainsi, Obama a choisi comme vice-président Joe Biden, l’un des plus fervents partisans de la guerre en Irak au sein du sénat américain. Il y a quelque mois, ce même Biden a voté contre une proposition de loi visant à alléger les dettes des petites gens. Le choix de Joe Biden a donc fait l’effet d’une douche froide aux partisans d’Obama.

Ils ont ensuite assistés navrés à la composition du gouvernement de Barack Obama, qui a sélectionné ses collaborateurs parmi les vétérans du gouvernement Clinton et même de l’administration Bush… En d’autres termes, des personnes qui sont loin d’aspirer à une rupture catégorique avec le passé.

La fonction de chef du personnel de la Maison Blanche, et donc l’un des postes les plus importants, Obama l’a réservé à Emmanuel Rahm, un Américain d’origine israélienne, dont le père était dans les années ‘40 membre de l’Irgun, une des milices sionistes qui ont chassé les paysans palestiniens de leur terres en exerçant la terreur. Rahm est aussi le seul représentant de l’état de l’Illinois qui, en 2003, a approuvé la déclaration de guerre de Bush contre l’Irak. En qualité de banquier, il s’est spécialisé dans les investissements, principaux bénéficiaires des fonds qui aujourd’hui viennent en aide aux institutions financières.

Obama a gardé comme ministre de la Défense le républicain Robert Gates, qui occupait donc déjà cette fonction sous GW Bush. C’est Hillary Clinton qui a été nommée ministre des Affaires Étrangères, et on sait qu’elle aussi a toujours été favorable à la guerre en Irak et qu’elle soutient Israël envers et contre tout.

Quelle est son approche de la crise?

Aux États-Unis, le mouvement ouvrier attend(ait) d’Obama un revirement total par rapport à la politique de Bush, qui a servi sans détour les intérêts des grands holdings. C’est à Robert Rubin et à Larry Summers qu’Obama a demandé de s’occuper de la crise, deux anciens ministres des Finances sous Clinton, coresponsables de la crise. Pour Dean Baker, économiste de renom, ce choix revient à « confier la direction de la guerre contre le terrorisme à Osama Bin Laden. »

Les pacifistes aux États-Unis et ailleurs s’inquiètent du silence d’Obama par rapport aux bombardements israéliens sur Gaza. Il y a quelques mois à peine, Barack Obama lors d’un discours devant le Comité des Affaires Publiques israélo-américaines (AIPAC) a confirmé son soutien inconditionnel à Israël et s’est déclaré catégoriquement opposé à tout compromis avec le Hamas. Il a rappelé qu’en 2006 déjà il était opposé aux élections en Palestine « parce que le Hamas pouvait y participer ». Il est pour un pur « état juif, avec Jérusalem comme capitale indivisible ». « Celui qui menace Israël, nous menace également… Je prends l’engagement inflexible de garantir la sécurité d’Israël. A commencer par la garantie d’un avantage militaire qualitatif pour Israël ».

Aux États-Unis certains progressistes se demandent si Barack Obama a depuis changé d’avis. Mais une chose est certaine c’est que la mobilisation à la base reste plus que jamais nécessaire, aux États-Unis comme ailleurs dans le monde.

« Transcript: Obama's Speech at AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) », Barack Obama, 4/06/2008, www.npr.org.

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