lundi 21 décembre 2009

On ne sauvera pas la Terre et l'humanité sans SORTIR DU CAPITALISME!

Pôle position - 20 décembre 2009
Par Georges Gastaud,
Secrétaire National du P.R.C.F.
Le Pôle de Renaissance Communiste en France commente l’actu sur la Toile

Il y a vingt ans, la “nouvelle pensée politique” du sieur Gorbatchev a conduit les communistes, les progressistes et les travailleurs du monde entier à une terrible défaite historique. Le liquidateur en chef du Mouvement communiste international prétendait en effet qu’à notre époque, les valeurs universelles de l’humanité l’emportent sur les intérêts de classe du prolétariat. En fait, sous le masque des “valeurs universelles de l’humanité”, de la “démocratie au-dessus des classes“, de l’ “unité de la civilisation”, la pérestroïka (la “catastroïka” disent les Russes expérience faite!) a permis le triomphe de la contre-révolution capitaliste à l’Est. Et loin de favoriser la paix mondiale, le développement partagé et la gestion économe des ressources terrestres, la re-mondialisation de l’exploitation capitaliste s’est traduite par de terribles souffrances pour les travailleurs, pour les peuples du Sud (l’humanité compte aujourd’hui 1 milliard d’affamés!) et par l’hégémonie sanglante du belliqueux impérialisme américain.
Eh bien, le pitoyable fiasco du “sommet de Copenhague” vient de prouver toute la fausseté de cette idéologie pseudo-pacifiste et pseudo-écologiste qui affirme l’existence d’un “intérêt général de l’humanité par-delà toutes les classes sociales”. En effet, les Cohn-Bendit, Joschka Fischer, Hulot, Arthus-Bertrand et Cie qui nous expliquent que “l’écologie est au-dessus de la lutte des classes”, que “le combat écologique est commun à toute l’humanité”, que “nous sommes tous coupables du réchauffement climatique”, viennent d’être ridiculisés par leurs maîtres capitalistes qui, à Copenhague, ont étalé cyniquement leur indifférence profonde pour le sort de la planète. En réalité, le seul souci des Obama, Merkel, Sarkozy, aura été de développer le “capitalisme vert”, de prendre le contrôle de la Chine, de l’Inde et de la Russie sous couvert d’écologie, d’abandonner l’Afrique à l’effondrement économique et de protéger avant tout les intérêts industriels des grands monopoles européens et américains.
Porte-parole des trusts US qui sont les plus gros pollueurs de la planète, défenseur de l’”american way of life” fondé sur l’exploitation du travail, sur le pillage de toute la planète, sur le consumérisme abrutissant, sur le culte des armes et de la violence et sur une course aux armements sans laquelle l’industrie US s’effondrerait sur le champ,* le “gentil Obama” a montré qu’il se souciait du monde comme d’une guigne. C’est principalement le pouvoir US qui a fait échouer l’accord nécessaire pour obtenir une baisse drastique des pollutions. Et pour cause: le grand capital US veut continuer à ignorer le protocole de Kyoto sur les gaz à effets de serre. Alors, Obama a tenté une diversion typiquement impérialiste en prétendant imposer une surveillance internationale… aux Chinois et aux Indiens. Ceux-ci ont justement refusé que leurs ex-colonisateurs, qui ont mis le monde dans un triste état, viennent maintenant leur donner des leçons. D’autant que l’essor non écologique de la production dans les pays à bas coût de main d’oeuvre est l’oeuvre des puissances capitalistes: ce sont elles qui ont délocalisé leur production dans les pays d’Orient pour briser la classe ouvrière occidentale, surexploiter une main d’oeuvre sans protection sociale et.. échapper aux règlements écologiques des pays industriels!
C’est en somme le pyromane US qui demande à jouer les surveillants de forêt dans les pays où il a mis le feu!

A l’arrivée on a donc un texte-croupion qui n’a aucun effet contraignant et qui laisse l’humanité continuer dans sa course à l’abime!
Aussitôt, les PSEUDO-écologistes à la Cohn-Bendit entonnent l’air du “gouvernement mondial” et de “l’Europe politique” nécessaire selon eux pour “peser sur les décisions planétaires”. Argumentation aberrante: d’abord, l’Europe politique existe depuis l’adoption du Traité de Lisbonne adopté en violation du Non français à la constitution européenne. Ce n’est donc pas faute d’une “Europe politique” que Copenhague aura été un fiasco. La réalité est que l’U.E. est de A à Z aussi impérialiste, capitaliste et EGOISTE que ses inspirateurs nord-américains. Sarkozy, qui a ridiculement accusé la Chine et l’Inde d’avoir torpillé le sommet, a d’ailleurs étalé sa servilité envers son maître états-unien, lequel n’a même pas daigné recevoir le micro-gesticulateur de l’Elysée.
En fait, -à supposer qu’il soit possible, tant les rivalités inter-impérialistes sont apparues profondes au Danemark-,* un “gouvernement européen” coiffé d’un “gouvernement mondial” serait un remède pire que le mal* qui donnerait une puissance accrue aux monopoles capitalistes, responsables de la pollution. Autant compter sur Al Capone pour neutraliser la maffia!… La “moralisation” du capitalisme, la “bonne gouvernance mondiale” confiée aux bandits du capital international, voilà le type de fable qu’Europe-Ecologie voudrait faire accroire, sinon à la classe ouvrière, -qui constate que ces gens servent à justifier l’austérité salariale, l’impôt carbone sur les salariés et la désindustrialisation de la France-, du moins à *certains membres des couches moyennes qui jouent les experts en écologie, mais qui croient encore aux contes de fées politiques comme “l’Europe sociale” et le “capitalisme écologique”.*..
Le fond des choses, c’est que le système capitaliste-impérialiste est devenu exterministe loin d’impulser le progrès humain comme l’a fait la bourgeoisie du 19ème siècle au prix de terribles injustices, *le capital monopoliste n’a plus en tête que : le “profit d’abord” et “après moi le déluge”. Marx avait prévu cela puisqu’il écrivait: “le capitalisme ne développe la richesse qu’en épuisant ses deux sources: la terre et le travailleur”. Pendant la guerre froide, l’exterminisme capitaliste se manifestait surtout par le chantage à la guerre nucléaire antisoviétique. Dans les années 80/84 en effet, sous la conduite de Reagan (dont l’un des slogans officieux était “Eliminate Russians Atomically”), le monde capitaliste se dirigeait froidement vers la confrontation nucléaire avec l’URSS (implantation des fusées Pershing en RFA). Aujourd’hui cet exterminisme capitaliste persiste en changeant de forme: crises économiques à répétition, explosion du chômage… et désormais indifférence profonde à l’avenir écologique de la planète. Chavez a d’ailleurs bien résumé la situation en déclarant que si le monde était une banque, il serait déjà sauvé
Il faut donc comprendre à temps, CONTRE les escamoteurs idéologiques à la Cohn-Bendit, que:

* a) le capitalisme et ses dirigeants se moquent de l’humanité; leur seule “valeur universelle” s’appelle l’ARGENT, et c’est une valeur DE CLASSE.
* b) à l’inverse, seul le communisme, seul le combat de classe pour une société sans classes, peut sauver l’humanité car c’est seulement dans une société sans classes que “l’intérêt général de l’humanité” deviendra réalité. Dans une société socialiste, l’économie sera* planifiée*, les moyens de production appartiendront à la société et non à une minorité d’égoïstes; la coopération entre les pays l’emportera sur la concurrence meurtrière et sur le “moins-disant social”. Bref la production se fera dans le respect de l’humain et des équilibres vitaux de la planète bleue. En un mot, le capitalisme, c’est-à-dire l’exploitation de l’homme par l’homme, est devenue un luxe pour l’humanité.Soit l’homme tue le capitalisme au 21ème siècle, soit le capitalisme tuera l’homme avant le 22ème siècle! D’une manière déformée et grossièrement irrationelle, les films et romans d’apocalyse qui se multiplient, témoignent que l’humanité prend conscience que cette lutte à mort est déjà engagée.
* Quant à l’Europe, elle n’est pas la solution, mais le problème; elle est en effet constitutionnellement “une économie de marché ouverte sur le monde”, c’est-à-dire une jungle. L’U.E., il faudra donc en sortir si nous voulons nous en sortir, comme il faudra sortir du capitalisme si nous voulons que l’humanité se développe avec une croissance fondée sur les besoins humains véritables et non sur le gâchis insensé pour les uns, sur la misère pour la majorité et sur la destruction imbécile de ce qui, tôt ou tard, devra redevenir notre bien commun: la Terre.
Bref on ne sauvera pas l’humanité avec, mais contre les “porteurs de Rollex” qui dominaient à Copenhague…
Article publié par Dragan MIRIANOVIC, le 20 décembre 2009

vendredi 18 décembre 2009

LE SOCIALISME EST LA VOIE DU SALUT DE LA PLANÈTE


Discours prononcé par Hugo Chavez Frias, président de la République bolivarienne du Venezuela, au Sommet des Nations unies sur le changement climatique, à Copenhague, le 16 décembre 2009


Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, Excellences, chers amis,


Je vous promets de ne pas parler plus longuement que celui qui a parlé le plus ici, cet après-midi.

Permettez-moi un premier commentaire, que j’aurais voulu aborder avec le point précédent, traité par les délégations du Brésil, de Chine, de l’Inde et de la Bolivie. Depuis notre place, nous avons demandé la parole, mais il ne nous a pas été possible de la prendre.

La représentante de Bolivie a dit –j’en profite pour saluer le camarade président Evo Morales, ici présent (Applaudissements), président de la République de Bolivie-, elle a dit entre autres choses ce qui suit –je l’ai noté sur ce papier: «Le texte présenté n’est pas démocratique, il ne part pas d’une politique d’inclusion».

A peine suis-je arrivé que nous avons entendu la présidente de la séance précédente, la ministre, dire qu’il y avait un document, mais personne ne le connaît. J’ai réclamé le document, mais il ne nous est pas encore parvenu. Je crois que personne ne sait au juste ce que c’est que ce document, il doit être «top secret». La camarade bolivienne n’avait donc pas tort de dire: «Il n‘est pas démocratique, il ne part pas d’une politique d’inclusion».

Mais, Mesdames et Messieurs, ceci n’est-il pas justement à l’image de la réalité du monde? Vivons-nous dans un monde démocratique? Le système mondial se base-t-il sur l’inclusion? Y a-t-il une once de démocratie ou d’inclusion à attendre du système mondial actuel? Cette planète est régie par une dictature impériale, et depuis cette tribune, nous continuons de le dénoncer. A bas la dictature impériale, et vivent les peuples, la démocratie et l’égalité sur cette planète! (Applaudissements)

L’exclusion que nous constatons ici en est le reflet. Il existe un groupe de pays qui se croient supérieurs à nous, ceux du Sud, à nous, ceux du tiers monde, à nous, les sous-développés, ou, comme le dit le grand ami Eduardo Galeano: nous, les pays écrasés par l’histoire qui nous est passée dessus comme un train.

Il n’y a donc vraiment pas lieu de s’en étonner: il n’y a pas de démocratie dans ce monde, et nous sommes confrontés ici, une fois de plus, à une preuve évidente de l’existence de la dictature impériale mondiale.

Deux jeunes gens ont fait irruption ici, bien heureusement les forces de l’ordre se sont comportées correctement, il n’y a eu qu’une petite bousculade, et ils se sont montrés coopératifs, si j’ai bien compris…

Mais dehors, vous savez, il y a beaucoup de monde. Bien sûr, ils ne tiennent pas tous dans cette salle. J’ai lu dans la presse que quelques personnes ont été arrêtées, qu’il y a eu des manifestations intenses dans les rues de Copenhague, et je tiens à saluer tous ces gens qui sont dehors, des jeunes pour la plupart (Applaudissements). Ce sont des jeunes qui s’inquiètent, et avec raison, beaucoup plus que nous de l’avenir du monde. La plupart d’entre nous qui sommes dans cette salle ont le soleil dans le dos, alors qu’eux le reçoivent en pleine figure, et ils s’en inquiètent sérieusement.

On pourrait dire, Monsieur le Président, qu’un spectre hante Copenhague, pour paraphraser Karl Marx, le grand Karl Marx. Un spectre hante les rues de Copenhague, et je crois qu’il hante cette salle en silence, il est là, parmi nous, il se glisse dans les couloirs, monte, descend. Ce spectre est un spectre qui épouvante tellement que presque personne n’ose même le nommer. Ce spectre, c’est le capitalisme! (Applaudissements) Presque personne n’ose le nommer, mais il s’appelle capitalisme, et les peuples grondent dehors, entendez-les!

Je lisais certains des slogans que les jeunes scandaient dans les rues, et je crois en avoir entendu de nouveau quelques-uns quand ces deux jeunes gens ont fait irruption ici. J’en cite un: «Ne changez pas le climat, changez le système.» (Applaudissements). Je le reprends à notre compte: Ne changeons pas le climat, changeons de système, et c’est ainsi que nous pourrons commencer à sauver la planète. Le capitalisme, ce modèle de développement destructeur, est en train d’en finir avec la vie, il menace de détruire définitivement l’espèce humaine.

Un autre slogan donne à réfléchir, parce qu’il est tout à fait d’actualité, avec cette crise bancaire qui a ébranlé le monde et qui continue de le secouer, et la manière dont le Nord riche a volé au secours des banquiers et des grandes banques. Les Etats-Unis à eux seuls… Le montant de la somme qu’ils ont versée pour sauver les banques est astronomique, on s’y perd… Voilà ce qu’on dit dans la rue: «Si le climat avait été une banque, il aurait déjà été sauvé.» Et je crois que c’est vrai (Applaudissements). Si le climat avait été une banque capitaliste, une des plus grandes, il y a belle lurette que les gouvernements riches l’auraient sauvé.

Je crois qu’Obama n’est pas arrivé. Il a reçu le prix Nobel de la Paix pratiquement le même jour où il envoyait 30 000 soldats de plus tuer des innocents en Afghanistan, et le président des Etats-Unis va se présenter ici auréolé du prix Nobel de la Paix.

Les Etats-Unis détiennent la planche à billets, la machine à faire des dollars. C’est ainsi qu’ils ont sauvé, ou du moins croient avoir sauvé, les banques et le système capitaliste.

Bien, ceci était un commentaire en marge. Je voulais le faire avant, je levais la main pour pouvoir accompagner le Brésil, l’Inde, la Bolivie, la Chine, soutenir leur position intéressante et dire que le Venezuela et les pays de l’Alliance bolivarienne la partagent totalement, mais la parole ne m’a pas été donnée. Je vous demande seulement de ne pas compter ces minutes, M. le Président, ce n’était qu’une petite mise au point. (Applaudissements)

Figurez-vous que j’ai eu le plaisir de rencontrer ici cet écrivain français, Hervé Kempf. Je vous recommande vivement ce livre, il existe en espagnol -Hervé est par ici-, en français bien sûr et en anglais sûrement: Comment les riches détruisent la planète, d’Hervé Kempf. Voilà pourquoi le Christ a dit: «Il sera plus facile de faire passer un chameau par le chas d’une aiguille que de faire entrer un riche au Royaume des Cieux.» C’est ce qu’a dit le Christ, Notre Seigneur. (Applaudissements)

Les riches détruisent la planète. Ils veulent peut-être aller s’installer dans une autre quand ils auront fini de détruire celle-ci. Peut-être caressent-ils ce projet. Mais pour le moment, on n’en voit pas d’autre à l’horizon de la galaxie.

J’ai feuilleté ce livre dès qu’il m’est parvenu - c’est Ignacio Ramonet, lui aussi présent dans cette salle, qui me l’a offert - et je retiens du prologue ou du préambule cette phrase, significative. Voilà ce qu’écrit Kempf: «Nous ne pourrons pas réduire la consommation de biens matériels à l’échelle mondiale si nous ne faisons pas en sorte que les puissants diminuent la leur de plusieurs crans, et si nous ne combattons pas l’inégalité. Il est nécessaire d’adjoindre au principe écologiste, si utile à l’heure de la prise de conscience –penser globalement et agir localement–, un autre principe qu’impose la situation: consommer moins et distribuer mieux.»[1] C’est là un bon conseil que nous donne l’écrivain français Hervé Kempf.
Monsieur le Président, le changement climatique est sans aucun doute le problème environnemental le plus dévastateur de ce siècle: inondations, sécheresses, tempêtes sévères, ouragans, dégel; montée du niveau moyen de la mer, acidification des océans, vagues de chaleur… Tous ceci aggrave l’impact des crises mondiales qui s’abattent sur nous.

L’activité humaine actuelle dépasse le seuil du développement durable et met en danger la vie sur la planète. Mais, je tiens à le souligner, nous sommes là aussi profondément inégaux. Les 500 millions de personnes les plus riches, soit 7%, sept pour cent, seven, de la population mondiale, ces 7% sont responsables de 50% des émissions polluantes, alors que la moitié la plus pauvre de la population de la planète – la moitié, 50% – n’émet que 7% des gaz polluants. Voilà pourquoi je m’étonne: il me paraît bizarre de solliciter ici la Chine et les Etats-Unis dans les mêmes termes.

Les Etats-Unis comptent peut-être 300 millions d’habitants, et la Chine, cinq fois plus. Les Etats-Unis consomment plus de 20 millions de barils de pétrole par jour, et la Chine arrive à peine à 5 ou 6 millions. On ne peut pas demander la même chose aux Etats-Unis et à la Chine. Voilà un sujet qui mérite discussion. Espérons que les chefs d’Etat et de gouvernement pourront s’asseoir ensemble et discuter ces questions pour de bon, cartes sur table.

En outre, Monsieur le Président, 60% des écosystèmes de la planète sont endommagés, et 20% de l’écorce terrestre est dégradée. Nous avons été les témoins impassibles de la déforestation, de la conversion de terres, de la désertification, des altérations des systèmes d’eau douce, de la surexploitation des ressources marines, de la contamination et de la perte de la diversité biologique. La surexploitation de la terre dépasse de 30% sa capacité de régénération. La planète perd sa capacité d’autorégulation, elle est en train de la perdre. Nous produisons chaque jour bien plus de déchets que nous ne sommes capables d’en traiter. La survie de notre espèce est une question qui hante la conscience de l’humanité.

Malgré l’urgence, deux années de négociations se sont écoulées pour élaborer une seconde série d’engagements sous le Protocole de Kyoto, et nous participons à cette réunion sans être parvenus à un accord réel et significatif.

Soit dit en passant, sur ce texte surgi du néant - c’est ce qu’ont dit certains, dont le représentant chinois - le Venezuela annonce, les pays de l’ALBA, de l’Alliance bolivarienne annoncent que nous n’accepterons pas, qu’on le sache déjà, d’autre texte que celui qui provient des groupes de travail, du Protocole de Kyoto et de la Convention. Ce sont des textes légitimes qui ont donné lieu ces dernières années et ces dernières heures à des débats intenses. Je crois que vous n’avez pas dormi. Vous n’avez ni déjeuné ni dormi, c’est bien cela? Il ne semble pas logique, dans ces conditions, qu’un texte surgisse du néant, comme vous le dites.

Aujourd’hui, en ce moment même et jusqu’à présent, de toute évidence l’objectif scientifiquement établi de réduire les émissions de gaz polluants et de parvenir à un accord de coopération à long terme semble avoir échoué. Quelle en est la raison? Il ne fait aucun doute que la raison est l’attitude irresponsable et le manque de volonté politique des nations les plus puissantes de la planète. Que personne ne se sente blessée. Je ne fais que reprendre les propos du grand José Gervasio Artigas quand il affirmait: «Avec la vérité, je n’offense ni ne crains personne»; mais il s’agit vraiment d’une attitude irresponsable, caractérisée par ses tergiversations, son exclusion, sa manipulation élitiste d’un problème qui nous incombe à tous et que nous ne pourrons résoudre que tous ensemble.

Le conservatisme politique et l’égoïsme des grands consommateurs, des pays les plus riches, révèlent un manque de sensibilité et de solidarité flagrant envers les plus pauvres, les affamés, les plus vulnérables aux maladies et aux désastres naturels.

M. le Président: il est indispensable de parvenir à un nouvel et seul accord applicable à des parties absolument inégales, par l’ampleur de leurs contributions et de leurs capacités économiques, financières et technologiques, et basé sur le strict respect des principes énoncés dans la Convention.

Les pays développés devraient contracter des engagements contraignants, clairs et concrets de réduction de leurs émissions, et assumer des obligations d’assistance financière et technologique aux pays pauvres, pour faire face aux dangers destructeurs du changement climatique. A cet égard, la situation particulière des Etats insulaires et des pays les moins développés devrait être pleinement reconnue.

M. le Président: le changement climatique n’est pas le seul problème qui frappe aujourd’hui l’humanité. D’autres fléaux et d’autres injustices nous guettent. Le fossé qui sépare les pays riches des pays pauvres n’a cessé de se creuser en dépit de tous les Objectifs du millénaire, du Sommet de Monterrey sur le financement, de tous ces sommets, comme le faisait remarquer ici le président du Sénégal, qui dénonçait une grande vérité: les promesses, tant de promesses non tenues, alors que le monde continue sa marche destructrice.

Le revenu total des 500 individus les plus riches du monde est supérieur au revenu des 416 millions de personnes les plus pauvres. Les 2,8 milliards de personnes qui vivent dans la pauvreté, avec moins de deux dollars par jour et qui représentent 40% de la population mondiale –je dis bien 40% de la population de la planète!– se partagent seulement 5% du revenu mondial.
Aujourd’hui, environ 9,2 millions d’enfants meurent avant l’âge de cinq ans, et 99,9% de ces décès ont lieu dans les pays les plus pauvres. La mortalité infantile est de 47% décès pour 1 000 naissances vivantes; mais elle est de 5 décès seulement dans les pays riches. L’espérance de vie sur la planète est de 67 ans, mais de 79 ans dans les pays riches et de 40 ans seulement dans certains pays pauvres.

En outre, il existe 1,1 milliard d’habitants privés d’accès à l’eau potable; 2,6 milliards sans services sanitaires et plus de 1,02 milliard de personnes affamées. Tel est le tableau actuel du monde.

Mais, et la cause? Quelle en est la cause? Parlons-en un peu, ne nous dégageons pas de nos responsabilités, n’éludons pas la profondeur du problème. La cause, sans l’ombre d’un doute –je reviens sur cette question– de tout cette situation désastreuse, c’est le système métabolique destructeur du capital et son modèle incarné: le capitalisme.
J’ai ici une citation que j’aimerais vous lire, brièvement, de ce grand théologien de la Libération, Leonardo Boff, qui comme chacun sait, est brésilien, c’est-à-dire «notre-américain».
Voici ce que dit Leonardo Boff sur cette question: «Qu’elle est la cause? Eh bien, la cause c’est le rêve de vouloir chercher le bonheur à travers l’accumulation matérielle et du progrès sans fin, en recourant à la science et à la technique, avec lesquelles on peut exploiter de manière illimitée toutes les ressources de la Terre». Et il cite quelque part Charles Darwin et sa théorie de la sélection naturelle, la survie des plus forts; mais nous savons que les plus forts survivent sur les cendres des plus faibles.
Jean-Jacques Rousseau –il est bon de s’en souvenir– signalait quant à lui: «Entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime». C’est pourquoi l’empire parle de liberté: la liberté d’opprimer, d’envahir, d’assassiner, d’anéantir, d’exploiter, voilà sa liberté. Et Rousseau ajoute la phrase libératrice: «Seule la loi libère».

Certains pays s’amusent à empêcher qu’un document soit adopté à cette rencontre. Pourquoi? Parce que, précisément, ils ne veulent pas de loi, ils ne veulent pas de norme, car le fait qu’il n’y ait pas de norme leur permet d’exercer leur liberté d’exploiter, leur liberté destructrice.
Faisons un effort et faisons pression, ici et dans les rues, pour qu’ici, de cette rencontre, naisse un engagement, un document qui engage les pays les plus puissants de la Terre! (Applaudissements).

M. le Président: Leonardo Boff se demande –vous avez connu Leonardo Boff? J’ignore si Leonardo a pu faire le voyage. J’ai fait sa connaissance au Paraguay; je l’ai toujours beaucoup lu–: «Une Terre finie peut-elle supporter un projet infini?». La thèse du capitalisme du développement infini est un modèle destructeur. C’est un état de fait et nous devons l’accepter.
Et Boff de nous demander: «Que pouvons-nous attendre de Copenhague?» A peine ce simple aveu: nous ne pouvons plus continuer ainsi, et un objectif simple: nous allons changer de cap? Faisons-le, mais sans cynisme, sans mensonges, sans doubles agendas, sans documents issus du néant, et avec la vérité comme valeur ultime.

M. le Président, Mesdames et Messieurs, depuis le Venezuela nous demandons jusqu’à quand allons-nous permettre de telles injustices et de telles inégalités? Jusqu’à quand allons-nous tolérer l’actuel ordre économique international et les mécanismes de marché en vigueur? Jusqu’à quand allons-nous permettre que de grandes épidémies comme le VIH/sida déciment des populations entières? Jusqu’à quand allons-nous permettre que les affamés soient privés de la possibilité de se nourrir et de nourrir leurs enfants? Jusqu’à quand allons-nous permettre que des millions d’enfants continuent de mourir de maladies curables? Jusqu’à quand allons-nous permettre des conflits armés qui massacrent des millions d’être innocents à seule fin que les puissants puissent s’approprier les ressources d’autres peuples?

Que cessent les agressions et les guerres! C’est que nous, les peuples du monde, demandons aux empires, à ceux qui prétendent continuer de dominer le monde et à nous exploiter. Nous ne voulons plus de bases militaires impériales ni de coups d’Etat! Construisons un ordre économique et social plus juste et équitable. Eradiquons la pauvreté. Stoppons immédiatement les niveaux élevés d’émission de gaz, freinons la dégradation environnementale et évitons la grande catastrophe du changement climatique. Adhérons au noble objectif d’être tous plus libres et solidaires!

M. le Président, il y a près de deux siècles, un Vénézuélien universel, libérateur de nations et précurseur de consciences, légua à la postérité cet apophtegme, chargé de volonté: «Si la nature s’oppose, nous lutterons contre elle et nous la forcerons à nous obéir». C’était Simon Bolivar, le Libertador.

Depuis le Venezuela bolivarien où, un jour comme aujourd’hui… à propos, il y a exactement dix ans que nous avons vécu la plus grande tragédie climatique de notre histoire, la tragédie dite de Vargas; depuis ce Venezuela dont la révolution tente de conquérir la justice pour tout son peuple, uniquement possible à travers la voie du socialisme… Le socialisme, cet autre spectre dont parlait Karl Marx, se promène aussi par là-bas; mais il s’agit plutôt d’un «contre-spectre». Le socialisme est la voie à suivre, c’est la seule voie qui permettra de sauver la planète, je n’ai pas l’ombre d’un doute là-dessus. Et le capitalisme est le chemin de l’enfer, le chemin qui mènera à la destruction du monde.

Le socialisme, depuis ce même Venezuela qui, pour cette même raison, est en butte aux menaces de l’empire nord-américain, depuis les pays qui forment l’ALBA, l’Alliance bolivarienne, nous lançons notre exhortation. J’aimerais, avec tout le respect que je vous dois et du plus profond de mon âme, au nom de beaucoup sur cette planète, exhorter les gouvernements et les peuples de la Terre, en paraphrasant Simon Bolivar, le Libertador: Si la nature destructrice du capitalisme s’oppose, alors luttons contre elle et forçons-la à nous obéir; n’attendons pas le bras croisés la mort de l’humanité.

L’histoire nous appelle à l’union et à la lutte. Si le capitalisme s’oppose, nous sommes dans l’obligation de livrer la bataille contre le capitalisme et d’ouvrir les voies du salut de l’espèce humaine. Cette tâche nous incombe à tous, sous les bannières du Christ, de Mahomet, de l’égalité, de l’amour, de la justice, de l’humanisme, du véritable et plus profond humanisme. Si nous ne le faisons pas, la plus merveilleuse création de l’univers, l’être humain, disparaîtra, elle disparaîtra!

Cette planète à des milliards d’années, et elle a vécu pendant des milliards d’années sans nous, l’espèce humaine. Autrement dit, elle n’a pas besoin de nous pour exister. Par contre, nous ne pouvons pas vivre sans la Terre, et nous sommes en train de détruire la Pachamama, comme dit Evo, comme disent nos frères aborigènes d’Amérique du Sud.

Pour conclure, M. le président, écoutons Fidel Castro lorsqu’il a dit: «Une espèce est en voie d’extinction: l’Homme». Ecoutons Rosa Luxembourg lorsqu’elle a lancé: «Socialisme ou barbarie». Ecoutons le Christ rédempteur lorsqu’il dit: «Bienvenus les pauvres, car le royaume des cieux leur appartient».

M. le Président, Mesdames et Messieurs, soyons capables de faire de cette Terre non pas la tombe de l’humanité; faisons de cette Terre un ciel, un ciel de vie, de paix et de fraternité pour toute l’humanité, pour l’espèce humaine.

M. le président, Mesdames et Messieurs, merci beaucoup et bon appétit (Applaudissements)

mardi 24 novembre 2009

Congrès de Québec Solidaire
LA SOUVERAINETÉ DU QUÉBEC: MOYEN OU BUT?

Bureau de People’s Voice au Québec

«Assez de défaitisme et de petits pas, remobilisons les Québécoises et les Québécois autour de l'indépendance» est devenu le slogan final à l’issue du dernier congrès d’orientation politique de Québec Solidaire à Laval, qui s'est tenue à la fin de novembre après plusieurs mois de débat. La déclaration illustre un cheminement du nouveau parti politique de gauche vers une position clairement séparatiste à propos de la question nationale.

Jusqu'à ce congrès, Québec Solidaire était un parti unifié de la gauche qui intégrait différentes perspectives sur la question des relations du Québec avec le Canada. « Avant, on voyait le projet de souveraineté comme un outil secondaire pour réaliser un programme social et environnemental », a dit à People's Voice Pierre Fontaine, président du Parti communiste du Québec. « De moyen, la souveraineté est devenue un but en soi. »

Québec Solidaire a été formé en 2006 de la fusion d'Option citoyenne et de l'Union des forces progressistes (un parti fédéré dont faisait partie le Parti communiste). Depuis la percée victorieuse d’Amir Khadir comme candidat de QS dans la circonscription montréalaise de Mercier, lors de l’élection provinciale de novembre 2008, il y a eu une pression de plus en plus forte pour que soit adoptée une position plus nationaliste.

« La porte est désormais ouverte à des compromis avec les forces nationalistes bourgeoises - comme le Parti québécois (PQ) », a dit Fontaine. Certaines propositions au cours du débat avançaient l’idée d’un front uni pour l'indépendance nationale avec des groupes comme la Société Saint-Jean-Baptiste, les syndicats, les étudiants, les écologistes, les féministes, et « les partis souverainistes».

« M. Jacques Parizeau parle de l'absolue nécessité de renouveler le discours sur la souveraineté. À Québec solidaire, nous sommes totalement d'accord. Au fil des ans, le discours sur l'indépendance a été vidé de son sens par certains souverainistes qui ont voulu faire du Québec un pays sans projet (de justice sociale) », a déclaré dans un communiqué aux médias la présidente et porte-parole de Québec solidaire, Françoise David.

Cette position, cependant, va aliéner à QS le soutien de progressistes qui ne considèrent pas la séparation comme la question principale aujourd'hui. La proposition a suscité l’opposition de différents orateurs sur le plancher du congrès. Arthur Sandborn, ancien dirigeant de la Confédération des syndicats nationaux (Conseil central de Montréal) a annoncé sa démission dès que la résolution finale fut adoptée.

«En fait, la prétention que le fédéralisme canadien ne peut être réformé présume que la bourgeoisie sera toujours au pouvoir et que les conditions politiques actuelles ne changeront jamais», a souligné Pierre Fontaine. «Le changement n’est vu possible qu’au Québec, parce qu’il y existe un mouvement bourgeois en faveur de la souveraineté. La question d’une transformation sociale fondamentale n’est donc pas réellement posée.»

« Ceux qui sont responsables de l'oppression nationale au Canada sont la classe dirigeante et le système capitaliste », a souligné Pierre Fontaine. «Les communistes défendent, au sein de la classe ouvrière, le droit à l'autodétermination, y compris le droit de séparation, afin de promouvoir l'unité des travailleuses et des travailleurs et de leurs alliés contre leur ennemi commun.»

Fontaine a souligné la proposition de longue date du Parti communiste à l’effet que ces droits doivent être inscrits dans une nouvelle constitution, démocratique et égalitaire pour toutes les nations au Canada. « Cela est nécessairement liée à la lutte pour le socialisme.»

Les doléances et le mécontentement du Québec sont de nouveau en discussion suite à l’arrêt de la Cour suprême d’Octobre dernier annulant le projet de loi 104, sur la question controversée du choix de l'école où les parents, en particulier les parents immigrés, peuvent envoyer leurs enfants.

Étant donné les avantages de parler anglais au Québec, comme par exemple pour obtenir des salaires plus élevés et une meilleure qualité de vie, les communautés d'immigrants ont depuis longtemps opté pour envoyer leurs enfants dans des écoles anglophones, intégrant ainsi la minorité canadienne-anglaise plutôt que la majorité francophone. En réponse à cette pression sur la langue française, le PQ adopta une législation limitant l'accès aux écoles de langue anglaise.

La Charte québécoise de la langue française dit que les enfants doivent recevoir, sans exception, l’enseignement en français. L'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés stipule toutefois que « les citoyens canadiens dont un enfant a reçu ou reçoit son instruction, au niveau primaire ou secondaire, en français ou en anglais au Canada ont le droit de faire instruire tous leurs enfants, aux niveaux primaire et secondaire, dans la langue de cette instruction dans cette province ».

« Le problème est que vous avez une égalité formelle appliquée à une réalité inéquitable entre les deux langues », a souligné Pierre Fontaine. «Si ça ne tenait qu'à la Constitution canadienne, la langue française serait condamnée à disparaître progressivement.»

Avant que la loi 104 ne fusse adoptée, de nombreux parents envoyaient leurs enfants à l'école anglaise privée (non subventionnée par le ministère de l'Éducation) pour une courte période afin de pouvoir revendiquer le droit constitutionnel à l'éducation en anglais. Les sœurs, les frères et les possibles descendants d'un étudiant qui avait ainsi obtenu le droit à une éducation en anglais pouvaient, à leur tour, aller légalement à une école anglaise au Québec.

Cette lacune avait soulevé un tollé général, car elle permettait aux immigrants de contourner la loi. La loi 104 avait fermé la brèche, la décision de la Cour suprême l'a ouverte à nouveau. Cette situation inquiète vivement les Québécoises et les Québécois. Plusieurs centaines de nationalistes et de syndicalistes ont organisé un rassemblement contre la décision quelques jours après qu'elle eut lieu.

«La nation québécoise doit avoir le droit de défendre la langue française», a souligné Pierre Fontaine. «C'est un autre exemple de l'échec de la Constitution canadienne à reconnaître le droit du Québec à l'autodétermination».

lundi 26 octobre 2009

NOUVELLE CONDAMNATION MONDIALE CE MERCREDI CONTRE LE BLOCUS DES ÉTATS-UNIS CONTRE CUBA

Granma Internacional
La Havane. 26 Octobre 2009

L’Assemblée générale des Nations unies votera mercredi une résolution sur le blocus des États-Unis contre Cuba, après qu’une trentaine de présidents et de dirigeants l’ont condamné devant cette même assemblée.
Ces condamnations se sont produites il y a un mois à la tribune de l’assemblée plénière du principal organe de l’ONU, durant toute une semaine consacrée au débat général annuel de la 64e session.
Mercredi prochain, la plus haute instance de l’organisation examinera, pour la 18e année consécutive, une résolution intitulée Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé par les Etats-Unis d’Amérique à Cuba.
Durant ce premier mois de séances de l’Assemblée générale, plusieurs chefs d’Etat ont qualifié d’obsolètes les mesures telles que le blocus nord-américain contre l’île, mis en place depuis près de 50 ans ; ils en ont sévèrement critiqué les effets criminels et ils ont rappelé que plusieurs déclarations officielles ont été émises ces derniers mois dans le même sens, à l’occasion de divers Sommets de chefs d’Etat et de gouvernement de plusieurs continents.
Le gouvernement révolutionnaire cubain a fait savoir, depuis de nombreuses tribunes, que le blocus des Etats-Unis contre l’île demeure intact et constitue «un acte d’agression unilatéral auquel il faut mettre fin de manière unilatérale».
Prenant la parole devant l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre cubain des Relations extérieures Bruno Rodriguez Parrilla a averti que le gouvernement nord-américain n’a pas pris en compte la réclamation de la communauté internationale pour que soit mis un terme au blocus. Ila précisé que les récentes mesures annoncées par la Maison Blanche constituent un pas positif, mais très limité et insuffisant.
Rodriguez a affirmé que le président des Etats-Unis, en tant que chef de l’Exécutif, détient de vastes pouvoirs qui lui permettraient de modifier l’application du blocus. Avec une réelle volonté de changement, Washington pourrait autoriser l’exportation réciproque de biens et de services entre Cuba et les Etats-Unis et renoncer à poursuivre, geler et confisquer les transferts d’argent de pays tiers vers des organismes et ressortissants cubains, a-t-il ajouté.

Il a aussi suggéré que les citoyens étasuniens puissent bénéficier d’autorisations pour voyager à Cuba, «le seul pays au monde qu’on leur interdit de visiter».
Le ministre a réaffirmé la disposition de Cuba à normaliser les relations avec les Etats-Unis et à soutenir un dialogue respectueux, sur un pied d’égalité, «sans la moindre atteinte à notre indépendance, notre souveraineté et notre autodétermination». Depuis 1991 le blocus nord-américain contre Cuba est l’objet d’une condamnation croissante de la part des membres de l’ONU : il a été condamné l’année dernière par 185 Etats, le chiffre le plus élevé jamais enregistré durant cette période. (PL et SE)

mardi 20 octobre 2009

ON NE SAURAIT OUBLIER L'HISTOIRE

C U B A, La Havane. 7 Octobre 2009
REFLEXIONS DE FIDEL

• LA République populaire de Chine a fêté son 60e anniversaire le 1er octobre dernier.

En ce jour historique de 1949, Mao Zedong, dirigeant du Parti communiste chinois, présida sur la place Tiananmen le premier défilé de l’Armée populaire et du peuple chinois. Les soldats victorieux portaient les armes arrachées durant les combats aux envahisseurs, aux oligarques et aux traîtres à leur patrie.
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les Etats-Unis, l’une des puissances qui avait essuyé le moins de pertes matérielles durant le conflit, monopolisait l’arme nucléaire, détenait plus de 80% de l’or du monde et jouissait d’un développement industriel et agricole considérable.
La révolution victorieuse dans un pays aussi immense que la Chine en 1949 nourrit les espoirs de bon nombre de pays colonisés, dont beaucoup ne tarderaient pas à secouer le joug qu’on leur avait imposé.
Lénine avait prévu l’étape impérialiste du capitalisme développé et le rôle qui reviendrait dans l’histoire du monde à la lutte des pays colonisés. Le triomphe de la Révolution chinoise confirmait cette prévision.
La République populaire et démocratique de Corée avait été proclamée en 1948. Les représentants de l’URSS, qui avait sacrifié plus de vingt millions d’hommes dans la victoire contre le fascisme, ceux de la RPDC qui avait été occupée par le Japon, et les combattants vietnamiens qui, après s’être battus contre les Japonais, faisaient alors face héroïquement aux tentatives françaises de recoloniser leur pays avec l’appui des Etats-Unis, assistèrent à la première commémoration du triomphe chinois.
Personne n’aurait imaginé alors que, moins de quatre ans après cette date mémorable, et sans autre lien que celui des idées, l’attaque de la caserne Moncada aurait lieu dans la lointaine Cuba et que neuf ans à peine après la libération de la Chine, la Révolution y triompherait à cent cinquante kilomètres de la métropole impérialiste.
C’est à la lumière de ces événements que j’ai suivi avec un intérêt particulier les festivités du 60e anniversaire de la Révolution chinoise. On connaît notre amitié avec ce pays à la culture millénaire, le plus vieille des civilisations humaines.
Au 19e siècle, des dizaines de milliers de Chinois, bernés par des commerçants anglais, furent envoyés dans notre pays comme semi-esclaves. Beaucoup d’entre eux rejoignirent les rangs de l’Armée libératrice et luttèrent pour notre indépendance. Nos liens avec la Chine partent toutefois des idées marxistes qui ont inspiré la Révolution cubaine et qui ont été capables de traverser les difficiles épreuves du schisme entre les deux grands Etats socialistes qui fit tant de tort au mouvement révolutionnaire mondial.
Dans les jours difficiles qui suivirent la disparition de l’URSS, aussi bien la Chine que le Vietnam, le Laos et la Corée conservèrent leurs relations fraternelles et solidaires avec Cuba. C’étaient les quatre pays qui, aux côtés de Cuba, continuèrent de brandir les drapeaux du socialisme durant les temps obscurs où les Etats-Unis, l’OTAN, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale imposèrent le néolibéralisme et le pillage du monde.
On ne saurait ignorer l’histoire. Malgré l’énorme contribution du peuple chinois et la stratégie politique et militaire de Mao dans la lutte contre le fascisme japonais, les Etats-Unis ignorèrent et isolèrent le gouvernement du pays le plus peuplé de la planète et le privèrent du droit de participer au Conseil de sécurité des Nations Unies ; ils interposèrent leur escadre pour empêcher la libération de Taïwan, une île qui appartient à la Chine ; ils appuyèrent et équipèrent les restes d’une armée dont le chef avait trahi tous les accords signés pendant la lutte contre les envahisseurs japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale. Taïwan reçut et continue de recevoir les armes les plus modernes de l’industrie militaire étasunienne.
Les Etats-Unis, non contents de priver la Chine de ses droits légitimes, intervinrent dans le conflit interne coréen, dépêchèrent leurs forces qui, à la tête d’une coalition militaire, avancèrent, défiantes, jusqu’aux abords des points vitaux de ce grand pays et menacèrent d’employer les armes nucléaires contre lui, dont le peuple avait tant contribué à la défaite du Japon.
Le parti et le peuple chinois n’hésitèrent pas devant ces grossières menaces. Des centaines de milliers de volontaires chinois, lançant une contre-attaque énergique, firent reculer les forces yankees jusqu’aux limites actuelles des deux Corée. Des centaines de milliers de courageux combattants internationalistes chinois et autant de patriotes coréens moururent et furent blessés durant cette guerre sanglante. L’Empire yankee tuerait un peu plus tard des millions de Vietnamiens.

Quand la République populaire de Chine fut proclamée le 1er octobre 1949, elle ne possédait pas d’armes atomiques ni sa technologie militaire de pointe actuelle. Les détenant aujourd’hui, elle ne menace toutefois aucun pays.
Qu’a dit l’Occident ? La grande presse étasunienne a été en général hostile à cet anniversaire. Les éditoriaux des principaux organes portaient des titres comme « …peu d’intérêt pour l’idéologie », « un étalage de puissance », « la Chine communiste fête ses soixante ans par un spectacle militaire »..,
Mais les médias étasuniens n’ont pu ignorer le fait. Ils ont tous insisté sur l’idée qu’il s’agissait d’un étalage de force et toutes les nouvelles étaient centrées sur le défilé militaire.
Ils n’ont pas caché leur admiration devant la vaste diffusion du défilé que la télévision chinoise a offerte à l’opinion publique internationale.
Que la Chine ait présenté cinquante-deux nouveaux types d’armements, dont la dernière génération de chars, de véhicules amphibies, de radars, d’avions d’exploration et des équipements de communication dernier cri, n’est pas passé inaperçu et a fait plutôt l’objet d’admiration.
Les médias ont insisté sur les missiles intercontinentaux DF-31 à têtes nucléaires, capables de frapper des cibles situées à dix mille kilomètres de distance, les missiles de moyenne portée et les défenses antimissile.
Les cent cinquante et un avions de chasse, les bombardiers lourds, les moyens d’observation aérienne modernes et les hélicoptères ont surpris les avides chercheurs de nouvelles et les techniciens militaires. « L’armée chinoise possède maintenant la plupart des armes sophistiquées qui font partie des arsenaux des pays occidentaux », a déclaré le ministre chinois de la Défense, ce que la presse occidentale a mis en exergue.
Les cinq cents blindés et les soixante véhicules civils qui ont défilé devant le mausolée ont causé un profond impact.
Cette technologie de pointe est une preuve irréfutable de la capacité militaire d’un pays qui est parti de zéro voilà quelques décennies. Mais ce qui a été insurpassable, c’est le facteur humain. Aucun pays occidental développé ne pourrait atteindre la précision et l’organisation dont la Chine a fait preuve ce jour-là. On a parlé avec quelque dédain d’officiers et de soldats marchant à cent quinze pas de l’oie par minute.
Les différentes forces qui ont défilé, hommes ou femmes, l’ont fait avec un port et une élégance insurpassables. On a du mal à croire que des milliers de personnes soient capables d’atteindre une organisation aussi parfaite. Ceux qui marchaient à pied aussi bien que ceux qui défilaient sur leurs véhicules sont passés devant la tribune et ont salué avec une précision, un ordre et une martialité difficiles à atteindre.

Si ces qualités pouvaient sembler le fruit de la discipline militaire et de la rigueur des exercices, plus de cent cinquante mille civils, des hommes et des femmes jeunes dans leur majorité, ont surpris par leur capacité à atteindre massivement le niveau d’organisation et de perfection dont ont fait preuve leurs compatriotes armés.
L’ouverture des festivités et le salut des troupes par le chef d’Etat et secrétaire général du Parti communiste, ont constitué une cérémonie impressionnante. On a pu constater la grande identification entre les dirigeants et le peuple.
L’allocution de Hu Jintao a été brève et précise. En moins de dix minutes, il a exprimé de nombreuses idées. Ce jour-là, il a dépassé Barack Obama en capacité de synthèse, surtout qu’il s’adresse à quasiment cinq fois plus de population que le président étasunien. Il n’a pas à fermer des centres de tortures, il n’est en guerre avec aucun Etat, il ne dépêche pas ses soldats à plus de dix mille kilomètres de distance pour intervenir et tuer à coups de moyens de guerre de pointe, il ne possède pas des centaines de bases militaires dans d’autres pays ni de puissantes flottes qui écument tous les océans ; il ne doit pas des billions de dollars et, au milieu d’une colossale crise financière internationale, il offre au monde la coopération de son pays dont l’économie ne connaît pas la récession et croît à des rythmes élevés.
Les idées essentielles transmises par le président chinois :
«En un jour pareil, voilà soixante ans, au terme de plus de cent ans de batailles sanglantes depuis le début de l’histoire contemporaine, le peuple chinois put enfin faire triompher sa grande révolution et le président Mao Zedong proclamer ici même devant le monde la fondation de la République populaire de Chine, ce qui a permis depuis au peuple chinois de se dresser et à la nation chinoise, dont la civilisation remonte à plus de cinq mille ans, d’entrer dans une nouvelle ère de développement et de progrès.
Le développement et le progrès atteints durant les soixante ans de la nouvelle Chine ont montré pleinement que seul le socialisme peut sauver la Chine et que seules la réforme et l’ouverture peuvent lui permettre de se développer, en même temps que le socialisme et le marxisme. Le peuple chinois a confiance dans sa capacité à bien construire son pays et à contribuer dûment au sort du monde.

Nous adhérons résolument aux principes de la réunification pacifique.
Nous continuerons de travailler, aux côtés des différents peuples du monde, à la noble cause de la paix et du développement de l’humanité et à la construction d’un monde harmonieux basé sur la paix durable et sur la prospérité commune.
L’histoire nous dit que le chemin du progrès n’est jamais plat, mais qu’un peuple uni qui prend ses destinées en main surmontera sans aucun doute toutes les difficultés, écrivant continuellement de grandes épopées historiques.
Ce sont là des réponses lapidaires à la politique belliciste et menaçante de l’Empire.
Fidel Castro RuzLe 6 octobre 200917 h 35 (Traduction ESTI) •

lundi 19 octobre 2009

CONTRE LE RÉVISIONNISME HISTORIQUE...SUR LES ORIGINES DU FASCISME ET DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE


Sur le fascisme...

par Jorge Cadima, collaborateur au secteur international du PC Portugais

Pour le numéro 301 de Juillet/Août d'O Militante, revue théorique du Parti Communiste Portugais

Traduction AC pour
http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Il y a 70 ans, commençait la Deuxième Guerre Mondiale. Pour la seconde fois en un quart de siècle, les rivalités et le bellicisme inhérents au capitalisme coûtaient la vie à des dizaines de milliers d'êtres humains et semaient la destruction. Entre les deux grandes guerres, la planète a été touchée par la plus grande crise économique du capitalisme connue jusqu'alors. Des entrailles d'un système d'exploitation en agonie ont surgi les monstres du fascisme et du nazisme, qui ont précipité la catastrophe de 1939-1945 et sont parvenu à établir leur empire sur quasiment tout le continent européen.

Mais le début du Vingtième siècle a été aussi une période de lutte et de progrès pour les peuples et le mouvement ouvrier depuis la grande Révolution d'Octobre, en passant par la résistance armée qui a joué un rôle décisif dans la défaite du fascisme et du nazisme, jusqu'aux profondes transformations de l'après-guerre, qui ont laissé une empreinte positive sur quasiment toute la seconde moitié du siècle. Les travailleurs et les peuples sont devenus des acteurs de premier plan de l'histoire de l'Humanité. Sans ignorer les grandes transformations ayant eu lieu entre-temps, les événements et les leçons de cette période sont toujours d'actualité au moment où l'Humanité se voit de nouveau confrontée à un capitalisme en profonde crise.

La Première Guerre Mondiale

En Août, 95 ans avaient passé depuis le déclenchement de la Première Guerre Mondiale, « une guerre impérialiste (c'est-à-dire, une guerre de conquête, de pillage et de brigandage), une guerre pour le partage du monde, pour la division et la redistribution des colonies, des 'sphères d'influence' du capital financier »1 dans les termes de Lénine.

La Première Guerre Mondiale n'a pas opposé des adversaires idéologiques ou des ennemis de classe, elle n'a pas été non plus un « choc des civilisations ». Les 15 millions de morts de la guerre de 1914-18 furent des victimes des rivalités entre les classes dirigeantes des grandes puissances européennes, « chrétiennes », défenseurs d'un même système socio-économique: le capitalisme. Ce système a connu, après 1870, un développement rapide, accompagné par la création de gigantesques monopoles, par les liens toujours plus étroits entre industrie et finance, par la financiarisation croissante de l'économie, par la nécessité d'exporter les énormes excédents de capitaux accumulés entre temps et de contrôler les sources de matière première, avec la colonisation qui en découle et le pillage des pays « périphériques ». Dans cette autre « mondialisation » on alterne entre l'entente et la rivalité. Les « vieilles » puissances impérialistes entrèrent alors en conflit avec la « jeune » Allemagne, qui est parvenu tardivement à son unification nationale mais qui, avec des taux de croissance économiques plus rapides, s'est senti dans son bon droit d'agir comme une grande puissance.2 Lénine se demande: « sur le terrain du capitalisme, quel autre moyen pouvait-il exister, si ce n'est la guerre, pour éliminer, d'une part, la disproportion entre le développement des forces productives et l'accumulation de capital, et d'autre part, le partage des colonies et des 'sphères d'influence' du capital financier? »3

La faillite de la Seconde Internationale et la Révolution d'Octobre

Le mouvement ouvrier a connu un grand développement dans les décennies qui ont précédé la Première Guerre Mondiale. A côté du renforcement syndical, se sont créés de leur côté des partis ouvriers, qui ont formé la Seconde Internationale. Mais la guerre a plongé la Seconde Internationale dans une crise profonde, due au fait que ses dirigeants ont trahi les principes toujours proclamés. Lénine a écrit: « Les socialistes du monde entier ont déclaré solennellement en 1912 [lors de la conférence de] Bâle qu'ils considéraient la future guerre européenne comme une entreprise 'criminelle' et ultra-réactionnaire de tous les gouvernements, qui devait accélérer la chute du capitalisme, en générant inévitablement la révolution contre elle. La guerre a éclaté, ainsi que la crise. Au lieu de la tactique révolutionnaire, la majorité des partis sociaux-démocrates ont adopté une tactique réactionnaire, se rangeant du côté de leurs gouvernements et de leur bourgeoisie. Cette trahison du socialisme signifie la faillite de la Seconde Internationale»4
En analysant les causes de cette trahison, Lénine parle des « super-profits » résultants de l'exploitation impérialiste et de ses conséquences chez une mince couche de bénéficiaires. « Les conditions objectives de la fin du XIXème siècle ont renforcé particulièrement l'opportunisme, transformant l'utilisation de la légalité bourgeoise en servilité vis-à-vis d'elle, créant une mince couche bureaucratique et aristocratique au sein de la classe ouvrière (…). La guerre a accéléré son développement, transformant l'opportunisme en social-chauvinisme, et l'alliance secrète des opportunistes avec la bourgeoisie en une alliance ouverte ».
Les origines du mouvement communiste international se trouvent dans la rupture avec ceux qui ont défendu les bourgeoisies de leur pays dans la guerre qui a fauché des millions de personnes. La fidélité des bolchéviques à la « tactique révolutionnaire » et la justesse de son jugement sur les conditions objectives de la Russie, ont conduit, même en pleine guerre, à la Révolution Socialiste d'Octobre, neuf mois après la chute du tsarisme. Les travailleurs et le peuple, premières victimes de la guerre impérialiste, ont pris en main leur destin, lors d'un acte historique qui devait bouleverser le cours de l'Humanité et marquer tout le Vingtième siècle.

Les conséquences de la Première Guerre Mondiale

En Novembre 1918, avec une situation militaire et économique toujours plus difficile et les marins révoltés, les travailleurs allemands déclenchaient une révolution qui renverse le Kaiser, installe la République et met un terme à la guerre. Dans les mois qui suivent, et sous l'inspiration de la Révolution d'Octobre, émergent des situations pré-révolutionnaires dans plusieurs pays (Allemagne, Hongrie, Italie), qui sont réprimées de manière violente. Les bourgeoisies européennes vivent dans la peur de dénouements révolutionnaires. En 1922, en Italie, la réaction des classes dirigeantes à la montée de la lutte de masses se traduit par une nouvelle forme de pouvoir de classe, avec la violence extrême des squadre d'azione (escouades d'action), l'anti-communisme féroce, l'attaque impitoyable menée contre le mouvement populaire et même contre la démocratie bourgeoise. Le fascisme de Mussolini, en manipulant les peurs de la petite bourgeoisie ruinée par la guerre, la frustration des soldats démobilisés et en jouant sur les aspirations à « l'ordre » et au « salut de la Nation », canalise la révolte de vastes secteurs de la société, non contre les véritables causes de leurs problèmes, mais contre ses victimes.

Les théorisations actuelles, qui cherchent à découvrir des parallèles entre fascisme et communisme, se base sur la plus grossière falsification de la vérité historique. Les communistes et le mouvement ouvrier ne furent pas seulement, dès la première heure, les principales cibles et victimes de la terreur fasciste, mais le fascisme mussolinien a aussi servi d'inspiration aux bourgeoisies de l'ensemble des pays européens. A titre d'exemple, on peut noter les mots de Winston Churchill, le plus important dirigeant de la bourgeoisie anglaise du Vingtième Siècle, après une visite en Italie Fasciste, en 1927: « Ce pays donne une image de discipline, d'ordre, de bonne volonté, de visages souriants »; « si j'étais italien, je suis sûr que j'aurais été de tout mon cœur avec vous, dès la première heure, dans votre lutte triomphante contre les passions et les appétits animaux du Léninisme ».5

Dans les années qui ont suivi, la peste fasciste s'était étendue à d'autres pays, parmi lesquels le Portugal, et a conquis de nouveaux soutiens parmi les classes dirigeantes surtout après l'éclosion de la grande crise du capitalisme, en 1929. Et c'est en Allemagne, vaincue lors de la Première Guerre Mondiale et humiliée par le Traité de Versailles, que l'ascension du fascisme était destinée à avoir un impact terrible.

De Versailles à Hitler

La crainte de révolutions ouvrières n'a pas empêché, qu'après la guerre, les rivalités inter-impérialistes continuent à jouer un rôle de premier plan dans la politique des grandes puissances. Le Traité de Versailles, imposé à l'Allemagne après sa défaite, lui a enlevé ses (maigres) colonies, l'a amputée de plusieurs morceaux de son territoire européen, et lui a imposé le paiement de sommes gigantesques comme réparation des préjudices de guerre.

Dans les mots de l'ambassadeur soviétique au Royaume-Uni (1932-43), Ivan Maiski, le Traité de Versailles visait à garantir « trois choses: (1) la domination inconditionnelle en Europe de la coalition victorieuse anglo-franco-américaine (le groupe dirigeant de l'impérialisme Etats-unien aspirait déjà à ce moment-là à la domination mondiale, mais n'avait pas encore décidé de l'afficher ouvertement); (2) la subordination inconditionnelle de l'Allemagne vaincue à la coalition anglo-franco-allemande; (3) la situation d'infériorité de la Russie révolutionnaire jusqu'au moment où notre pays, comme les dirigeants de la coalition le souhaitaient sans aucun doute, tomberait sous les coups militaires et économiques de l'Alliance et serait obligé de retourner dans le giron du capitalisme »6

Les réparations de guerre imposées à l'Allemagne ont joué un rôle central dans l'hyper-inflation qui a frappé le pays entre 1921 et 1923 et ruiné de larges secteurs de la population. Mais pour la grande finance des puissances impérialistes, les années 1920 furent une manne. Selon le Professeur en Histoire économique de Cambridge, Adam Tooze, « le petit manège par lequel les allemands empruntaient aux américains pour payer les britanniques et les français, qui à leur tour payaient les américaines [des dettes contractées vis-à-vis des Etats-Unis durant la guerre] suscitait de l'anxiété de toute part. Mais il atteignait son objectif. »7 Les niveaux insupportables de l'endettement résultants de ce « petit manège » étaient à la base de l'écroulement du système financier allemand en 19318, événement qui a aggravé qualitativement la grande crise mondiale du capitalisme commencée par le krach de Wall Street en 1929.

La crise continue du capitalisme allemand entre 1914 et 33, et l'incapacité à la surmonter dans le cadre de la République de Weimar (que les franges les plus réactionnaires des classes dominantes ont toujours regardé avec méfiance), fut le facteur décisif de l'ascension de la plus violente et terrible forme de domination de classe jamais générée par le capitalisme: le nazisme hitlérien. Les communistes (qui lors des élections de Novembre 1932, avaient obtenu près de 6 millions de voix – 16,9% - et élu 100 députés) et le mouvement ouvrier furent les premières et les principales victimes du nazisme, alors qu'une partie importante de la bourgeoisie pseudo-libérale, qui aujourd'hui tente de falsifier l'Histoire, fut complaisante et complice de l'ascension d'Hitler. Tout juste après avoir été nommé Premier Ministre le 30 Janvier 1933 (sans majorité parlementaire et après avoir perdu 2 millions de voix) Hitler a organisé l'incendie du Parlement (le Reichstag), qu'il a imputé aux communistes et qui a servi de prétexte pour déchaîner la première vague de répression: « Près de 4 000 dirigeants communistes et de nombreux sociaux-démocrates et libéraux furent faits prisonniers, y compris des députés au Reichstag qui, légalement, jouissaient de l'immunité. (…) Des camions remplis de troupes de choc patrouillaient dans les rues des villes Allemandes, violant les domiciles des particuliers, rassemblant leurs victimes qui étaient menées aux quartiers des SA où elles étaient torturées et battues. La presse et les activités publiques des communistes étaient supprimées »9
L'ascension du nazisme a été appuyée par le grand capital allemand. Le magnat de la métallurgie, Thyssen, finançait déjà le Parti Nazi depuis 192310
Le Professeur Tooze – au-dessus de tout soupçon – a écrit: « Ce que Hitler et son gouvernement promettait, c'était de mettre fin à la démocratie parlementaire et de détruire la gauche allemande, et la majorité du grand capital allemand était disposée à apporter une contribution importante à cette entreprise. (…) Et le résultat obtenu, fin 1934, était justement celui espéré: une démobilisation populaire globale. (…) Le mouvement syndical était détruit. (…) avec la combinaison du gel des salaires dès 1933, le démantèlement des syndicats et une altitude hautement laxiste vis-à-vis des cartels industriels, (…) les perspectives de profit étaient assurément très favorables »11
S'inspirant directement du modèle mussolinien, Hitler lui a adjoint une caractéristique spécifique: le racisme anti-sémite, qui lui a permis d'allier démagogie prétendument-capitaliste (en identifiant les juifs au système financier international qui a ruiné la petite et la moyenne bourgeoisie allemande) et anti-communisme (par le biais de la thèse du « complot judéo-bolchevique » visant à ruiner l'Allemagne). Ici aussi, et contrairement à ce que l'on prétend nous faire croire aujourd'hui, l'hitlérisme a montré ses affinités avec les classes dominantes européennes, où l'anti-sémitisme était monnaie courante. L'affaire Dreyfus en France12 a été seulement un épisode illustratif de conceptions dont Churchill a été aussi un partisan: « Churchill insistait sur ce qu'il considérait être l'essence juive du Bolchevisme. En privé, il décrivait le gouvernement soviétique au Ministère des Affaires Étrangères de Curzon comme “un gouvernement tyrannique de Commissaires juifs” et même en public il parlait d' “état communiste mondial sous domination juive”. Dans son discours public à Sunderland, en 1920, il parlait du “Soviet international du juif russe et polonais”. En Avril 1922 il écrivait une lettre [...] décrivant les bolcheviques comme des “ces conspirateurs Sémites”»13

L'ascension d'Hitler a été vue positivement par une bonne partie des bourgeoisies européennes. Le capitalisme vivait alors une crise sans précédents, au cours de laquelle la production industrielle planétaire était tombé de près de 40%, la bourse de 70% et le volume du commerce mondial de près de 30%. Le chômage touchait des millions de travailleurs et la crise économique était accompagnée de crises politiques. La survie du capitalisme était mise en doute, même par ses défenseurs. Parallèlement, la jeune Union Soviétique socialiste connaissait des taux de croissance économiques impressionnants avec les plans quinquennaux et les conquêtes sociales (emplois, éducation, santé, culture). Le contraste avec le capitalisme en crise était évident et lourd de sens politique. Les idées de transformation sociale révolutionnaire gagnaient du terrain. La grande bourgeoisie vivait une nouvelle période de peur.

Comme l'affirmait le journaliste américain William Shirer, qui fut correspondant en Europe, « je me rappelle que ce fut à ce moment-là que j'ai commencé à entendre dans les cercles de la haute société un commentaire qui est devenu presque un cantique: “plutôt Hitler que [Léon] Blum”»14

Pour la grande bourgeoisie des puissances impérialistes, l'ascension du nazisme ne représentait pas seulement une solution de force pour sauver le capitalisme allemand, mais aussi un moyen de détruire par la force la première expérience mondiale de construction du socialisme, en cours en URSS. Les plans d'expansion territoriaux et la colonisation de l'Est de l'Europe par l'Allemagne étaient clairement affichés dans le livre d'Hitler, Mein Kampf. En parlant des théories de « l'espace vital » (Lebensraum), Hitler critiquait ses prédécesseurs qui avaient créé un Empire allemand en Afrique. « La conquête de nouveaux territoires, poursuivait Hitler, (…) “est seulement possible à l'Est (...) Si nous revendiquons de nouveaux territoires en Europe, ceux-ci ne peuvent qu'être obtenus fondamentalement aux dépens de la Russie”».15La « poussée vers l'Est » (Drang nach Osten) théorisée par le nazisme représentait une issue aux rivalités inter-impérialistes et une « solution au problème russe »16 qui enchantait de larges secteurs de la grande bourgeoisie mondiale. Et cela explique l'honteuse collaboration de classe accompagnant l'ascension du nazisme, aujourd'hui niée par une bourgeoisie qui cherche à ré-écrire l'histoire.

De Madrid à Munich

La Guerre Civile d'Espagne a révélé au grand jour le collaborationnisme philo-fasciste. En 1936 le Front Populaire gagne les élections. Cette alliance de la gauche républicaine bourgeoise avec le Parti Socialiste et un Parti Communiste encore peu influent a été vue comme une menace par la réaction espagnole, parmi laquelle les latifundiaires et l'Église catholique avait une grande influence. En juillet 1936 le Général Franco déclenchait un coup d'Etat. En dépit de l'appui d'une partie considérable des forces armées, le coup d'Etat a été mis en échec dans les grandes villes par la résistance des masses. Mais les « démocraties », et parmi elles l'Angleterre, la France et les Etats-Unis, ont affiché leur « neutralité » entre un gouvernement légitimé par la Constitution et le vote, et les putschistes fascistes. La politique de « Non-intervention » est un coup mortel à la République démocratique, en grande mesure désarmée par la trahison des militaires. Grâce au soutien des masses, la République résiste pendant trois années héroïques, durant lesquelles le Parti Communiste d'Espagne se révèle un grand parti national. Mais la situation militaire est déséquilibrée de manière décisive avec l'envoi de 130 000 soldats par les puissances fascistes pour combattre aux côtés de Franco, tandis que le Comité de Non-Intervention créé par les anglais et les français empêchait la République d'acheter des armes à l'étranger. Churchill se fait l'écho, à nouveau, de vastes secteurs de la bourgeoisie quand il écrit en 1936 que le gouvernement républicain « était sous l'emprise de forces obscures et violentes qui de plus en plus montraient leur vrai visage et agissaient par le biais de l'assassinat, du pillage et des troubles syndicaux », représentant « un prolétariat misérable et arriéré qui exige la fin de l'Église, de l'État et de la propriété et l'instauration d'un régime communiste », tandis que du côté fasciste on retrouvait « des forces patriotiques, religieuses et bourgeoises, sous le commandement des forces armées (…) qui combattent pour rétablir l'ordre en instaurant une dictature militaire »17 Ce fut encore Churchill qui, en Juillet 1937, lors d'une intervention au Parlement britannique, a demandé la reconnaissance des franquistes comme gouvernement légitime de l'Espagne.18

Le collaborationisme anglo-français vis-à-vis des agressions fascistes est apparu clairement lors de l'invasion de l'Ethiopie par l'Italie, en 1935, s'est poursuivi avec l'annexion de l'Autriche (l'Anschluss de Février 1938) et a atteint son apogée avec l'honteux Traité de Munich. Dans les derniers jours de Septembre 1938, les Premiers Ministres Français et Anglais se sont réunis avec Hitler et Mussolini pour concéder à l'Allemagne d'importantes parcelles du territoire de la Tchécoslovaquie. Laissant les représentants légitimes tchèques en dehors de la réunion, Chamberlain et Daladier ont approuvé le démembrement du pays, en dépit du Traité selon lequel la France s'engageait à défendre la Tchécoslovaquie en cas d'agression. A la honte de la capitulation a succédé l'humiliation de voir Hitler piétiner, en l'espace de quelques semaines, les propres termes de l'accord, annexant le reste du territoire tchèque en Mars 1939.

La guerre et la défaite du nazisme et du fascisme

La politique de collaboration a renforcé le monstre nazi et a rendu la guerre inévitable. En incitant l'expansionnisme allemand, les classes dirigeantes des autres puissances impérialistes se sont condamnées à être elles-mêmes les victimes du militarisme nazi. Sur certains aspects, la Deuxième Guerre Mondiale fut le prolongement de la Première Grande Guerre. Le nazisme, dictature terroriste du grand capital allemand, n'a pas oublié les leçons de l'Histoire et la manière dont l'Allemagne fut traitée par ses « frères de classe » en 1918. Comprenant que les démocraties bourgeoises occidentales, et en particulier en France, étaient profondément corrompues par le collaborationnisme, Hitler a décidé de déclencher la guerre à l'Occident avant d'entreprendre son objectif stratégique, celui d'attaquer l'URSS, afin d'éviter le danger qui avait condamné l'Allemagne à la défaite de 1918: avoir à combattre simultanément sur deux fronts. La bourgeoisie française a poussé l'aveuglement jusqu'à ses ultimes conséquences. Confrontée à l'agression nazie, en juin 1940, elle a capitulé en quelques semaines, une bonne partie de sa classe dirigeante se couchant devant le régime fantoche et collaborateur, mené par le Maréchal Pétain. La combativité de la classe dirigeante française s'est juste révélée dans la lutte contre le Parti Communiste Français, qui fut interdit et poursuivi à partir de septembre 193919Mais ce furent les communistes qui, dans les conditions très difficiles du moment, ont hissé le drapeau de la résistance et ont construit une guerrilla populaire qui a contribué de manière importante à la défaite du nazisme. La grande bourgeoisie anglaise n'a pas eu d'autre choix que de réorienter (via Churchill) toute sa politique.

Il est ridicule d'affirmer que le Traité de Non-agression signé entre l'URSS et l'Allemagne en Août 1939 a été la cause de la guerre, faisant table rase de la nature du régime nazi, de la collaboration des puissances capitalistes et de la manière dont elles ont encouragé l'expansionnisme allemand à l'Est. Jusqu'à la fin, les dirigeants soviétiques ont lancé des initiatives répétées et insistantes pour signer, avec l'Angleterre, la France et d'autres puissances européennes, des traités de défense mutuelle ou donner des garanties à d'autres pays menacés par le nazisme et le fascisme. Ce fut le refus de cette collaboration et l'aveuglement anti-communiste et philo-fasciste de cercles importantes des classes dirigeantes européennes qui ont conduit à la guerre. Un historien militaire français et gaulliste écrit: « Il n'est pas correct, comme le firent plus tard les pays occidentaux, d'invoquer une quelconque similitude entre l'URSS et l'Allemagne pour voir dans ce fait le fondement véritable du pacte germano-soviétique. L'hostilité féroce envers le communisme et la volonté de le détruire sous toutes ses formes, étaient à l'origine même des mouvements fascistes. Hitler a toujours présenté le national-socialisme comme un instrument de mort dirigé contre le bolchévisme. (…) C'est le Parti Communiste Allemand qui l'a interdit et détruit en premier lieu (…) Mais c'était les données stratégiques qui devaient décider du choix fait à Moscou et qui, en fin de compte, ont prévalu sur tout le reste »20L'URSS signe le Traité pour éviter de se trouver dans la même situation que la République Espagnole.

Tout comme les communistes furent les premières et les principales victimes du fascisme partout, ce furent aussi les communistes qui ont apporté la contribution principale et décisive à la défaite du nazi-fascisme, surtout grâce à l'Armée Rouge et à l'URSS, qui ont affronté et vaincu le gros de l'armée nazi. Quand à l'hiver 1941 les troupes allemandes étaient aux portes de Moscou, la quasi totalité de l'Europe était sous l'empire du fascisme et de des alliés. Les batailles décisives de la Deuxième Guerre Mondiale, qui ont changé le cours des événements, se sont déroulées (aux grands regrets donc d'Hollwood, de discours d'Obama et de la mythologie négationniste de notre époque) sur le sol soviétique en 1941-43. Ce fut à Moscou, à Stalingrad, dans la résistance héroïque pendant le siège de Leningrad, à Kursk et dans tant d'autres villes où, au prix de terribles sacrifices et pertes humaines et matérielles, le peuple et les communistes soviétiques ont vaincu la machine de guerre allemande. Quand les troupes anglo-américaines ont débarqué en Normandie, en juin 1944, l'Armée Rouge avait libéré la quasi totalité du territoire soviétique et combattu pour la libération des pays limitrophes. Et dans les pays occupés, en Italie, en Grèce, en France, en Yougoslavie, en Chine, et dans tant d'autres, les communistes furent les premiers et les principaux acteurs de la résistance armée qui a assuré la défaite finale de la plus terrible expression de la domination capitaliste.

Quand aujourd'hui on réécrit l'Histoire, en réhabilitant le fascisme, en occultant le rôle décisif des communistes dans sa défaire, ou en en arrivant à cette tentative extrême honteuse de mettre sur une même plan communisme et fascisme (comme l'a fait récemment le Parlement Européen), ce n'est pas seulement une injustice terrible et une falsification historique. C'est aussi ouvrir les portes, à nouveau, pour qu'un capitalisme en profonde crise et créateur de misère, de guerre et d'exploitation, puisse recourir à des solutions de force et de violence extrême pour tenter de maintenir sa domination. La défense de la vérité historique est, pour cela même, partie intégrante des luttes qu'il est nécessaire de mener aujourd'hui.

Site d'O Militante: http://omilitante.pcp.pt/

1Lénine, «L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme»
2 Churchill, dans son histoire de la Première Guerre Mondiale (« La Crise Mondiale » , 1911-1918 ») considère que le facteur décisif de déclenchement du conflit a été le fait que l'Allemagne a voulu créer une Marine qui menaçait la suprématie navale mondiale de l'Empire Britannique.
3Lénine, op cit
4Lénine, « Le socialisme et la guerre »
5 Clive Ponting, «Churchill»
6 Ivan Majskij, «Pourquoi la Seconde Guerre Mondiale a-t-elle éclaté? »
7Adam Tooze, «The wages of destruction – The making and breaking of the Nazi economy»
8Adam Tooze, op cit
9William L. Shirer, «The rise and fall of the Third Reich»
10Kurt Gossweiler, «Hitler, l'irrésistible ascension?», Une bonne source pour l'histoire de l'ascension d'Hitler.
11Adam Tooze, op. cit
12cf par exemple, William L. Shirer, «The collapse of the Third Republic»
13Clive Ponting, op. cit
14William L. Shirer, «The collapse of the Third Republic»
15William L. Shirer, «The rise and fall of the Third Reich»
16Expression que le Primier Ministre anglais Chamberlain a utilisé avec Hitler lors de la capitulation honteuse de Munich (cf William L. Shirer, «The rise and fall of the Third Reich», op. cit.).
17Clive Ponting, op. cit.
18Clive Ponting, op. cit.
19Charles Tillon «Les F. T. P.», énumère les chiffres de la répression: «620 organisations syndicales dissoutes; [...] 2778 élus communistes ont été déchus de leur mandat ; la presse communiste fut interdite; jusqu'au 7 Mars 1940, on compte 3440 arrestations [...]; 26 deputados ont été arrêtés et il y eut plusieurs condamnations à mort » d'importants dirigeants du PCF.
20Paul-Marie de la Gorce «39-45, Une guerre inconnue»

MONTÉE DE L'AGRESSIVITÉ DE WASHINGTON EN AMÉRIQUE LATINE


Eric Toussaint


L’agressivité des Etats-Unis à l’égard des gouvernements vénézuélien, bolivien et équatorien augmente dans la mesure où ils réagissent à une réduction de leur emprise sur l’ensemble de l’Amérique latine et de la Caraïbe qu’ils attribuent en particulier à Hugo Chavez (et à Cuba, mais de ce côté, ce n’est pas nouveau).


Quelques signes de cette perte de contrôle : lors des négociations qui ont suivi l’agression de l’Equateur par la Colombie le 1er mars 2008 1., au lieu de recourir à l’Organisation des Etats américains (OEA) dont les Etats-Unis font partie, les présidents latino-américains se sont réunis à Santo Domingo sans les grands voisins du Nord dans le cadre du Groupe de Rio et ils ont clairement donné tort à la Colombie, alliée des Etats-Unis. En 2008, le Honduras, traditionnellement et entièrement subordonné à la politique de Washington, a rejoint Petrocaribe créé à l’initiative du Venezuela afin de fournir aux pays de la région non exportateurs d’hydrocarbures du pétrole à un prix inférieur au prix du marché mondial. Le Honduras a également adhéré à l’ALBA, autre initiative d’intégration régionale lancée par le Venezuela et Cuba. En décembre 2008, a eu lieu un important sommet réunissant la plupart des présidents latino-américains à Salvador de Bahia avec la présence remarquée du chef d’Etat cubain, Raul Castro, à côté duquel était assis Felipe Calderon, président du Mexique qui, jusqu’à récemment, adoptait une attitude hostile à l’égard de Cuba suivant ainsi les injonctions de Washington. Quelques mois plus tard, l’OEA décidait, malgré l’opposition des Etats-Unis, de réintégrer Cuba qui en avait été exclu en 1964. En 2009, l’Equateur a rejoint lui aussi l’ALBA et a mis fin à la concession de la base de Manta octroyée à l’armée des Etats-Unis.

Depuis le début des années 2000, Washington a tenté systématiquement de contrecarrer le tournant à gauche pris par les peuples d’Amérique latine : soutien au coup d’Etat contre Chavez en avril 2002, soutien financier massif à l’opposition anti-chaviste, soutien à la grève patronale vénézuélienne de décembre 2002 - janvier 2003, intervention active de l’ambassadeur des Etats-Unis en Bolivie pour empêcher l’élection d’Evo Morales, téléguidage de l’intervention de la Banque mondiale en Equateur en 2005 pour obtenir la démission de Rafael Correa alors ministre de l’Economie et des Finances, organisation de manœuvres militaires conjointes dans le Cône Sud, réactivation de la 4e flotte, très forte augmentation de l’aide militaire à son allié colombien qu’il utilise comme tête de pont dans la région andine. Et pour surmonter l’échec de l’ALCA de novembre 2005, la négociation et/ou la signature d’un maximum de traités de libre commerce bilatéraux (Chili, Uruguay, Pérou, Colombie, Nicaragua, République dominicaine, Salvador, Guatemala, Honduras, Costa Rica).


L’agressivité des Etats-Unis contre la contagion chaviste en Amérique latine est montée d’un cran en juin-juillet 2009 avec le coup d’Etat militaire au Honduras qui a renversé le président libéral Manuel Zelaya alors qu’il proposait à la population de se prononcer en faveur de la convocation de l’élection d’une assemblée constituante au suffrage universel. Si une assemblée constituante avait été élue au suffrage universel elle aurait immanquablement dû statuer sur la demande de réforme agraire, ce qui aurait remis en cause les énormes privilèges des grands propriétaires fonciers et des transnationales étrangères de l’agro business présentes dans le pays. C’est principalement pour cela que la classe capitaliste locale, dont le secteur agraire constitue une fraction très importante, a soutenu le coup. Il faut aussi prendre en compte que cette classe capitaliste est une bourgeoisie comprador totalement tournée vers l’import-export et dépendante des bonnes relations avec les Etats-Unis. C’est pour cela qu’elle a appuyé la signature avec Washington d’un traité de libre commerce et qu’elle était opposée à l’ALBA.


L’augmentation du salaire minimum décrétée par Manuel Zelaya constitue aussi une des raisons qui a poussé les patrons à comploter pour le renverser 2. Par ailleurs, on sait aussi que Manuel Zelaya comptait demander à Washington de libérer la base aérienne de Soto Cano située à moins de 100 km de la capitale afin de la transformer en aéroport civil. Le Pentagone n’avait pas digéré le virage à gauche d’un président dont il attendait un comportement docile car le Honduras fait partie de ses subordonnés dans la région. En imaginant même, ce qui est hautement improbable, que les généraux honduriens aient agi de leur propre initiative en concertation avec la classe capitaliste locale, il est inconcevable que Roberto Micheletti, le fantoche désigné par ces militaires, puisse rester au pouvoir si les Etats-Unis s’y opposent réellement. Ceux-ci forment depuis des décennies les généraux honduriens ; ils maintiennent dans le pays une importante base militaire à Soto Cano (avec 500 militaires états-uniens présents en permanence) ; et, comme l’a reconnu Hillary Clinton après le coup, ils ont largement financé l’opposition au président Zelaya ; leurs transnationales, notamment de l’agrobusiness, sont fortement implantées dans ce pays qu’elles considèrent comme une république bananière.


Afin d’augmenter encore un peu plus la menace contre le Venezuela et l’Equateur, Washington a obtenu du président Alvaro Uribe l’annonce en juillet 2009 de l’octroi aux militaires états-uniens de sept bases colombiennes. Le délai très court qui relie le coup militaire au Honduras à l’annonce du président colombien n’est en rien une coïncidence : Washington indique là très clairement qu’elle veut mettre un coup d’arrêt à l’extension de l’ALBA et tuer dans l’œuf le socialisme du XXIe siècle. Il serait irresponsable de sous-estimer la capacité de nuisance de Washington et la continuité qui marque la politique extérieure des Etats-Unis malgré l’accession de Barack Obama à la présidence et une rhétorique plus soft. Au moment où ces lignes sont écrites, Washington refuse toujours de considérer qu’il y a eu un coup d’Etat le 28 juin 2009 au Honduras. Alors que le président Manuel Zelaya, rentré clandestinement dans son pays le 21 septembre 2009, a trouvé refuge dans l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa et que les putschistes répriment violemment les manifestations des partisans du président constitutionnel, ferment les médias d’opposition 3. et ont décrété le 27 septembre un Etat de siège d’une durée de 45 jours, tout ce que le n°2 de Washington à l’OEA a trouvé à dire est : « le retour de Zelaya est irresponsable et idiot » 4.


Par ailleurs, Hillary Clinton n’a pas condamné le couvre-feu prolongé décrété par Micheletti pour empêcher que la population ne se rassemble en face de l’ambassade du Brésil. A la lumière de cette expérience, on peut affirmer que l’administration Obama ne montre pas une volonté de rompre avec plusieurs méthodes qui ont été mises en oeuvre par ces prédécesseurs : le financement massif de différents mouvements d’opposition dans le cadre de sa politique de « renforcement de la démocratie », le lancement de campagnes médiatiques de discrédit à l’égard des gouvernements qui ne partagent pas son orientation (Cuba, Venezuela, Bolivie, Equateur, Nicaragua, le Honduras de Manuel Zelaya…), le maintien du blocus contre Cuba, le soutien aux mouvements séparatistes en Bolivie (la media luna, capitale Santa Cruz), en Equateur (la ville de Guayaquil et sa province) et au Venezuela (l’Etat pétrolier de Zulia, capitale Maracaïbo), le soutien à des agressions militaires comme celle perpétrée par la Colombie en Equateur en mars 2008 ainsi qu’à des actions des forces paramilitaires colombiennes ou autres au Venezuela.


Il est frappant de constater que l’Union européenne adopte une politique très proche de celle de Washington. Déjà lors du putsch contre Chavez, le 11 avril 2002, l’Union européenne, par la voix de José Maria Aznar, avait apporté son soutien aux putschistes. En août 2009, elle a annoncé qu’elle maintient les accords commerciaux avec le Honduras et qu’elle ne dénoncera pas comme illégales les élections organisées dans ce pays par les putschistes. En matière de négociations et de signatures de traités de libre commerce, l’Union européenne est aussi agressive que les Etats-Unis quand elle n’exige pas des concessions encore plus importantes que celles accordées par les pays latino-américains à Washington.

Notes


1. L’Armée colombienne a bombardé et a capturé des éléments d’un camp de la guérilla des FARC en territoire équatorien, faisant une vingtaine de morts dont des civils. Il faut savoir que l’armée colombienne, pourtant extrêmement forte, est très peu présente sur la frontière Colombie-Equateur, ce qui permet à la guérilla des FARC d’y installer certains camps dont celui où se trouvait, à cette époque, un de ses principaux dirigeants, Raul Reyes, responsable des relations internationales. Le gouvernement colombien, entièrement couvert par les Etats-Unis, a utilisé les méthodes appliquées systématiquement par l’armée israélienne à l’égard de ses voisins : y mener des opérations militaires au mépris de leur souveraineté. L’Equateur a régulièrement reproché à la Colombie de ne pas assurer un contrôle adéquat de la frontière commune entre les deux pays.


2. Pour une description détaillée des secteurs qui ont appuyé le coup d’Etat, lire l’étude de Decio Machado qui dresse une liste des entreprises et de leurs dirigeants ayant incité ou soutenu activement les putschistes : « Quiénes apoyan al gobierno ilegítimo de Roberto Micheletti » http://www.cadtm.org/Quienes-apoyan...


3. L’armée hondurienne a pris le contrôle des locaux de la radio Globo le lundi 28 septembre 2009 à l’aube (heureusement Globo continue d’émettre via internet à partir d’une maison privée) et a mis fin aux émissions télévisées du Canal 36, la seule chaîne qui diffusait des informations non favorables aux putschistes. Par ailleurs, un décret, diffusé dimanche 27 septembre dans la soirée par toutes les chaînes de télévision, suspend les libertés d’expression et de réunion durant au moins 45 jours et prévoit la fermeture des médias "qui incitent à l’insurrection".


4. “Zelaya’s return to Honduras is irresponsible and foolish and it doesn’t serve the interests of the people nor those seeking a peaceful reestablishment of democratic order in Honduras,” Lewis Amselem, représentant permanent adjoint des Etats-Unis à l’OEA. Il faut savoir que ce diplomate a été accusé par des organisations de défense des droits de l’homme de refus d’assistance et de diffamation à l’égard de sa compatriote Dianna Ortiz, une religieuse progressiste états-unienne de l’ordre des ursulines, qui a été torturée et violée à plusieurs reprises par des éléments des forces de sécurité guatémaltèque en 1989. A cette époque il travaillait à l’ambassade des Etats-Unis à Guatemala City comme officier des droits humains. http://www.kaosenlared.net/noticia/...

Source: CADTM