dimanche 22 mars 2009

Les travailleuses et les travailleurs n'ont pas causé cette crise...
et nous n'en ferons pas les frais!

Unissons-nous et luttons pour défendre nos emplois, nos services et nos droits!

Vous travaillez peut-être dans le secteur pétrolier en Alberta, dans une usine automobile du Sud de l'Ontario ou dans centre d'appels au Nouveau-Brunswick, ou comme travailleur forestier au Québec, caissière d'une banque ou chargée de cours d'une université. Où que vous soyez, votre avenir est menacé alors que la crise économique mondiale s'étend à travers le Canada, et que les mises à pied et les fermetures d'entreprises se répandent comme une traînée de poudre. Vous êtes peut-être déjà l'un des 1,3 millions de Canadiennes/iens officiellement sans emploi, ou une personne parmi des millions qui survivent en occupant un emploi à temps partiel ou temporaire mal payé. Ou vous faites partie des deux-tiers de travailleuses/eurs sans emploi qui n'ont pas droit aux prestations d'assurance-emploi, dont ils ont constitué le fonds avec les retenues de leurs salaires.

Et la crise ne fait que commencer. Au moins 50 millions de travailleurs perdront leur emploi dans le monde entier cette année. La production a chuté de près de 50% dans certains pays, et les pénuries alimentaires se répandent. Une véritable reprise économique mondiale pourrait ne survenir que dans plusieurs d'années. Qui a créé ce gâchis? Qui devrait payer pour la crise? Quelles politiques pourraient aider les travailleuses/eurs au lieu de n'enrichir que les nantis?

Mais alors, qui est responsable?
Il serait très simple d'accuser un petit nombre de personnes cupides de l'effondrement économique. Il est vrai qu'une poignée de milliardaires et de gigantesques sociétés transnationales ont gonflé artificiellement et manipulé les valeurs immobilières, les valeurs de la haute technologie, les valeurs boursières, celles des produits de base et même des monnaies nationales. Le "capitalisme des bulles spéculatives" a permis aux ultra-riches d'amasser d'immenses fortunes tandis que des milliards de travailleuses/eurs et de pauvres sombrent profondément dans les dettes.

Les politiques néo-libérales des gouvernements de droite n'ont fait qu'empirer les choses par les privatisations, les déréglementations, les baisses d'impôts pour les riches et les coupures de programmes sociaux. Ils ont affirmé que ces politiques néolibérales augmenteraient la richesse. En fait l'écart entre les riches et les travailleuses/eurs a augmenté dans des proportions stupéfiantes, et la classe ouvrière et les droits démocratiques sont de plus en plus violemment attaqués.

Le capitalisme va toujours de crise en crise. Capitalistes et entreprises concurrencent pour des profits plus élevés et cherchent à maximiser le profit de leurs investissements en réduisant leurs coûts de main-d'œuvre. Ce processus réduit toujours le pouvoir d'achat, laissant les travailleuses/eurs sans revenus nécessaires pour acheter les biens et les services qu’elles-ils produisent. Tout au long de l'histoire, ce cycle s'est manifesté par d'innombrables crises économiques suivies de périodes de redressement, et chaque fois les travailleuses/eurs en font les frais et les patrons finissent par s'enrichir.

Sommes-nous vraiment dans le même bateau?
On nous dit que durant cette crise économique «tout le monde est dans le même bateau». Mais comme sur le «Titanic», les riches ont des canots de sauvetage alors que la plupart d'entre nous sont enfermés dans la cale. Au Canada, comme dans la plupart des pays, la première réaction des gouvernements pro-capitalistes a été de "sauver" les grandes entreprises de la ruine financière, alors que ces mêmes entreprises réalisent depuis des années des profits record sur le dos des contribuables et des travailleuses/eurs. Alors que des millions de travailleuses/eurs perdent leurs emplois, leurs maisons et leurs pensions, les gros PDG obtiennent d'énormes primes et des salaires exorbitants. Le budget conservateur présenté à la fin de janvier est en train de donner des milliards de dollars aux actionnaires alors que la plupart des travailleurs licenciés de ces entreprises n'ont même pas droit aux prestations d'assurance-emploi. Sommes-nous vraiment dans le même bateau?

Que faut-il faire?
Au lieu de faire payer aux travailleuses/eurs la crise en réduisant leurs salaires et en les mettant au chômage, ce sont les personnes qui ont amassé des milliards de dollars en profits qui doivent payer. Nous devons nous unir et lutter pour un programme d'urgence afin de protéger les emplois et les revenus des travailleuses/eurs, et de redonner du travail au peuple canadien. Un tel plan de lutte contre la crise devrait comprendre, entre autres, les mesures suivantes :
· étendre la couverture de l'assurance-emploi à l'ensemble des travailleuses/eurs, pendant toute la durée de leur chômage et en leur donnant des prestations de 90% de leur salaire antérieur;
· protéger et développer les industries manufacturières sur la base d’une politique industrielle globale, ainsi qu’en adoptant une loi contre les fermetures d'usines;
· instaurer un moratoire sur les expulsions de logements, sur les saisies hypothécaires et sur les interruptions de fourniture d'énergie et de services pour cause de chômage;
· hausser le salaire minimum à 15$/h., augmenter les pensions et adopter d'autres mesures pour accroître les revenus et stimuler la consommation domestique;
· mettre en oeuvre des mesures d'urgence pour améliorer les conditions sociales et économiques des peuples autochtones;
· investir dans un vaste programme public de construction de logements sociaux abordables, reconstruire les infrastructures du Canada et protéger l'environnement;
· transférer le fardeau fiscal des travailleuses/eurs aux grandes entreprises et aux nantis;
· étendre la couverture de l'assurance-santé et développer les programmes sociaux universels, investir dans l'éducation, réduire les frais de scolarité, introduire un système de garde pour enfants qui soit public, universel, accessible, à coût abordable et de qualité; et
· retirer immédiatement les troupes canadiennes de la désastreuse guerre d'occupation en Afghanistan, et réduire les dépenses militaires de 50%.
Ces mesures immédiates de lutte contre la crise devraient être renforcées par d’autres réformes importantes, en particulier les suivantes :
· nationaliser les grandes banques, les compagnies d'assurances et autres institutions financières et les placer sous contrôle public et démocratique;
· nationaliser le secteur énergétique pour garantir l'approvisionnement du pays et fournir la base matérielle pour reconstruire l'industrie canadienne et créer des centaines de milliers d'emplois, entre autres dans le domaine des énergies renouvelables et du transport public;
· placer les «trois grands» fabricants de l’automobile sous le régime de la propriété publique et sous contrôle démocratique, et construire une voiture canadienne de petite taille, à prix abordable, performante du point de vue énergétique et respectant l'environnement;
· retirer immédiatement le Canada de l'ALENA et adopter une politique commerciale diversifiée, multilatérale et fondée sur le respect des avantages mutuels; et
· instaurer un revenu annuel garanti (RAG) permettant de vivre, et une réduction de la semaine de travail sans perte de salaire.

Un tel plan devrait orienter notre pays vers une direction fondamentalement nouvelle en plaçant les besoins de la population et de notre environnement avant la cupidité des entreprises, en instaurant une politique étrangère fondée sur la paix et le désarmement, et en restaurant la souveraineté de notre pays.

Comment atteindre ces objectifs?
Nous ne pourrons pas avancer dans cette voie en acceptant servilement coupures et pertes d'emplois. C'est la leçon tirée de la « Grande Crise des années 30 ». Il nous faut une campagne massive pour bloquer les attaques des Conservateurs et du patronat et pour obtenir des mesures en faveur du peuple. Au lieu de rencontres au sommet avec les chefs d'entreprise, il nous faut des assemblées populaires, réunissant le mouvement syndical, les peuples autochtones, les jeunes et les étudiants, les femmes, les agriculteurs, les aînés et toutes les forces démocratiques engagées dans la lutte pour la paix, l'environnement et l'égalité des droits, afin d'unir le peuple et d'organiser la riposte en ce moment crucial.

Nous devons construire une véritable Coalition populaire, des rues et des communautés, ainsi qu'au niveau électoral, afin de réduire la puissance des grandes entreprises et résoudre la crise selon les intérêts des travailleuses/eurs.

Le Parti communiste du Canada, le parti qui a dirigé les luttes cruciales de la classe ouvrière au cours des «terribles années 30», promet de déployer tous ses efforts pour aider à organiser et à gagner les luttes semblables qui s'annoncent. Nous vous demandons instamment de soulever ces questions dans vos syndicats, vos lieux de travail, vos écoles, vos communautés. Si vous êtes d'accord avec nos propositions, contactez-nous dès aujourd'hui. Rejoignez nos rangs et construisez le parti qui allie aujourd'hui l'urgence d'une riposte et l'objectif d'un avenir socialiste, au cours duquel le chômage, la faim, l'exploitation, l'oppression, la guerre et la dégradation de l'environnement seront éliminés pour toujours!

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Les chiffres suivants ne mentent pas!

* Les 10% de familles canadiennes les plus riches ayant des enfants gagnent plus de 80 fois plus que les 10% de familles les plus pauvres, qui gagnent en moyenne moins de 10 000 $ par année.

* Alors que les ménages canadiens économisaient environ 20% de leur revenu après impôt, aujourd'hui leur taux d'épargne moyen est de zéro, et l'endettement personnel est à son plus haut niveau.

* En 2005 au Canada environ 2,2 millions de travailleuses/eurs (16% du total, dont 19% de femmes et 12% des hommes) avaient des emplois de moins de 10 $ de l'heure. Aujourd'hui 13% de tous les emplois paient moins de 8 $ l'heure.

* Le pourcentage des profits des grandes entreprises par rapport au PIB est passé de moins de 5% en 1992 à des sommets historiques de plus de 14% en 2005, et il se maintient à ce niveau record.

* Au Canada, le total annuel des profits d'exploitation des grandes entreprises est passé de 40 milliards de $ en 1992, à 100 milliards de $ en 1997, à 150 milliards de $ en 2003 et à 216 milliards de $ en 2008.

* Le pourcentage des impôts payés par les grandes entreprises par rapport au total de leurs profits a diminué. Il est passé de la fourchette 35-40% à la fin des années 1980, à moins de 25% au cours des dernières années.

* Au Canada, en tenant compte des ajustements relatifs à l'inflation, les salaires des travailleuses/eurs à temps plein sont restés pratiquement stagnants de 1992 à 2005, à environ 730 $ par semaine.

* La part des salaires des travailleuses/eurs dans toute l’économie a fortement diminué, passant de 68% en 1992 à 61% en 2005, alors que la part des profits des entreprises a augmenté, passant de 22% à 33%.

(Données de Statistique Canada et du Centre canadien de politiques alternatives)

vendredi 20 mars 2009

Petite bible sur la crise
Atilio Boron

Fidel Castro introduit un "résumé indispensable sur la crise du capitalisme", document éclairant qu'il a reçu de son ami sociologue argentin Atilio Boron et qui permet de comprendre la crise sans précédent qui ébranle actuellement le capitalisme.

Une fois conclues les Rencontres de La Havane sur la mondialisation et le développement auxquelles ont assisté plus de mille cinq cents économistes, personnalités scientifiques de renom et représentants d'organisations internationales, j'ai reçu une lettre et un document d'Atilio Borón, docteur en sciences politiques, professeur titulaire de théorie politique et sociale, directeur du Programme latino-américain de télé-enseignement en sciences sociales (PLED), en plus d'autres responsabilités scientifiques et politiques importantes.

Atilio, un ami solide et loyal, avait participé le jeudi 6 à la Table ronde télévisée aux côtés d'autres sommités internationales qui assistaient aux Rencontres. J'ai appris qu'il partirait le dimanche et je l'ai invité à une rencontre le samedi 7 mars, à 17 h. J'avais décidé d'écrire des Réflexions sur les idées contenues dans son document que je vais synthétiser dans ses propres mots.»

« ...Nous nous trouvons devant une crise générale du capitalisme, la première à atteindre une ampleur comparable à celle qui a éclaté en 1929 et à ce qu'on a appelé la "Longue Dépression" de 1873-1896. Une crise intégrale, de civilisation, multidimensionnelle, dont la durée, la profondeur et la portée géographique seront sûrement supérieures à celles des précédentes.»

« Il s'agit d'une crise qui dépasse de loin les domaines financier et bancaire et qui touche l'économie réelle dans tous ses volets. Elle frappe l'économie mondiale et s'étend bien au-delà des frontières étasuniennes.»

« Quelles sont ses causes structurelles : il s'agit d'une crise de surproduction doublée d'une crise de sous-consommation. Ce n'est pas par hasard qu'elle a éclaté aux États-Unis puisque ce pays vit artificiellement, depuis plus de trente ans, de l'épargne extérieure et du crédit extérieur, deux choses qui ne sont pas infinies : les entreprises se sont endettées au-delà de leurs possibilités ; l'État s'est endetté lui aussi au-delà des siennes pour faire face non à une guerre, mais à deux, non seulement sans augmenter les impôts, mais même en les réduisant, tandis que les citoyens sont systématiquement poussés par la publicité à s'endetter pour soutenir une surconsommation effrénée, irrationnelle et gaspilleuse.»

« Mais, à ces causes structurelles, il faut en ajouter d'autres : la financiarisation accélérée de l'économie et la tendance irrésistible à l'incursion dans des opérations spéculatives toujours plus risquées. Une fois découverte la "fontaine de jouvence" grâce à laquelle l'argent rapporte toujours plus d'argent en se passant de la valorisation que lui apporte l'exploitation de la force de travail et compte tenu du fait que l'on peut obtenir des masses énormes de capital fictif en quelques jours ou quelques semaines au plus, le capital, tel un narcodépendant, en arrive à renoncer à tout calcul, et même à n'avoir plus aucun scrupule.»

« D'autres circonstances ont favorisé l'éclatement de la crise. Les politiques néolibérales de dérégulation et de libéralisation ont permis aux acteurs les plus puissants qui pullulent sur les marchés d'imposer la loi de la jungle.»

« On a assisté à une énorme destruction de capitaux à l'échelle mondiale, une sorte de "destruction créatrice" qui, à Wall Street, a abouti à une dévalorisation des sociétés cotées en bourse de presque 50 p. 100 : une société qui détenait un capital de 100 millions n'en a plus aujourd'hui que 50 ! On constate une chute de la production, des cours, des salaires, du pouvoir d'achat. L'ensemble du système financier est sur le point d'éclater. Les pertes bancaires se chiffrent à plus de 500 milliards, et on s'attend sous peu à un billion de plus. Plus d'une douzaine de banques ont fait faillite, et des centaines d'autres courront le même sort. À l'heure qu'il est, la Réserve fédérale a transféré plus d'un billion de dollars au cartel bancaire, mais il en faudra 1,5 billion de plus pour maintenir la liquidité des banques dans les prochaines années. Nous vivons la phase initiale d'une longue dépression, et le mot récession, si à la mode récemment, ne traduit pas dans tout son dramatisme ce que l'avenir réserve au capitalisme.»

« L'action ordinaire de Citicorp a perdu 90 p. 100 de sa valeur en 2008. Dans la dernière semaine de février, elle était cotée à Wall Street à 1,95 dollar !»

« Ce processus n'est pas neutre, car il favorisera les oligopoles les plus importants et les mieux organisés qui déplaceront leurs rivaux des marchés. La "sélection darwinienne des plus aptes" fraiera la voie à de nouvelle fusions et alliances entre entreprises, lançant les plus faibles à la banqueroute.»

« On constate un essor accéléré du chômage. Le nombre de chômeurs dans le monde (environ 190 millions en 2008) pourrait augmenter de 51 millions en 2009. Les travailleurs pauvres (ceux qui gagnent juste deux euros par jour) se monteront à 1,4 milliard, soit 45 p. 100 de la population active de la planète. Aux USA, la récession a déjà détruit 3 600 000 postes de travail. En Union européenne, les chômeurs sont 17 500 000, soit 1 600 000 de plus que voilà un an. On prévoit la perte de 3 500 000 emplois en 2009. Plusieurs États centraméricains, ainsi que le Mexique et le Pérou, seront durement touchés par la crise à cause de leurs liens étroits avec l'économie étasunienne.»

« C'est une crise qui frappe tous les secteurs de l'économie : la banque, l'industrie, les assurances, le bâtiment, etc., et fait métastase à l'ensemble du système capitaliste international. « Des décisions prises dans les centres mondiaux et touchant les filiales de la périphérie engendrent des licenciements massifs, des ruptures de paiements, des chutes de la demande d'intrants, etc.
Les USA ont décidé d'appuyer les Big Three (Chrysler, Ford, General Motors) de Detroit, mais uniquement pour qu'elles sauvent les usines du pays. La France et la Suède ont annoncé qu'elles conditionneront les aides à leurs industries automobiles : ne pourront en bénéficier que les usines situées dans le pays même. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a déclaré que le protectionnisme pouvait être "un mal nécessaire en temps de crise". Le ministre espagnol de l'Industrie, Miguel Sebastián, pousse à "consommer des produits espagnols". J'ajoute pour ma part que Barack Obama promotionne le "Buy American !".»

« On peut citer d'autres sources de propagation de la crise vers la périphérie : la chute des cours des produits de base qu'exportent les pays latino-américains et caribéens, avec ses séquelles récessives et la montée du chômage. "Les envois d'argent des émigrés latino-américains et caribéens dans les pays développés à leurs familles diminuent brutalement. (Dans certains cas, les envois de fonds familiaux constituent la plus importante source de revenus des pays, au point de dépasser les recettes d'exportations.)»

« Le retour des émigrés dépriment encore plus le marché du travail. « Tout ceci se conjugue à une profonde crise énergétique qui exige le remplacement du modèle actuel basé sur une utilisation irrationnelle et prédatrice des combustibles fossiles.»

« Cette crise coïncide avec la prise de conscience croissante de la portée catastrophique des changements climatiques.»

« Ajoutez-y la crise alimentaire, aggravée par la prétention du capitalisme de maintenir son modèle de consommation irrationnel et de reconvertir des terres aptes à la production d'aliments en terres destinées à la production d'agrocarburants.»

« Obama a reconnu que nous n'avions pas encore touché le fond, et Michael Klare a écrit voilà quelques jours : "Si la catastrophe économique actuelle se transforme en ce que le président Obama a qualifié de "décennie perdue", le résultat pourrait en être un panorama mondial gros de convulsions provoquées par l'économie". « En 1929, le chômage avait atteint 25 p. 100 aux USA, tandis que les cours des produits agricoles et des matières premières dégringolaient. Dix ans après, malgré les politiques radicales mises en œuvre par Franklin D. Roosevelt (le New Deal), le chômage restait très élevé (17 p. 100) et l'économie ne parvenait pas à sortir de la dépression. Seule la Deuxième Guerre mondiale avait mis fin à cette étape. Pourquoi devrait-elle être plus brève aujourd'hui ? La dépression de 1873-1896 n'a-t-elle pas duré vingt-trois ans !
« Compte tenu de ces antécédents, pourquoi sortirions-nous de la crise actuelle en quelques mois, comme le pronostiquent des publicitaires et "gourous" de Wall Street ?

« On ne sortira pas de cette crise par une ou deux réunions de G-20 ou du G-7. Si l'on veut une preuve de l'incapacité radicale du système à régler la crise, il suffit de voir la réponse des principales bourses de valeurs du monde à chaque annonce ou à chaque sanction d'une loi portant approbation d'un nouveau sauvetage : la réponse des "marchés" est immanquablement négative.

« Selon George Soros, "l'économie réelle subira les effets secondaires qui prennent maintenant toujours plus de poids. Puisque, dans de telles circonstances, le consommateur étasunien ne peut plus servir de locomotive de l'économie mondiale, l'administration étasunienne doit stimuler la demande. Et comme nous faisons face aux problèmes menaçants du réchauffement de la planète et de notre dépendance énergétique, la prochaine administration devrait lancer un plan visant à encourager les économies d'énergie, à développer des sources d'énergies alternatives et à mettre en place des infrastructures écologiques."»

« Une longue période de tiraillements et de négociations s'ouvre pour définir de quelle façon on sortira de la crise, quels en seront les bénéficiaires et quels seront ceux qui en feront les frais.»
« Les accords de Bretton Woods, conçus dans le cadre de l'étape keynésienne du capitalisme, ont coïncidé avec la stabilisation d'un nouveau modèle d'hégémonie bourgeoise dont la toile de fond nouvelle et inattendue, conséquence de la guerre et de la lutte antifasciste, a été le renforcement du poids des syndicats ouvriers, des partis de gauche et des capacités de régulation et d'intervention des États.»

« L'URSS n'existe plus, dont la simple présence, doublée de la peur de l'Occident de voir son exemple y irradier, faisait pencher la balance en cas de négociations en faveur de la gauche, des secteurs populaires, des syndicats, etc.»

« La Chine joue de nos jours un rôle incomparablement plus important dans l'économie mondiale, mais sans atteindre un poids similaire dans l'arène politique mondiale. Malgré sa faiblesse économique, l'URSS était en revanche une formidable puissance militaire et politique. La Chine est une puissance économique, mais sa présence militaire et politique dans les affaires mondiales est faible, bien qu'elle soit en train d'entreprendre une réaffirmation très précautionneuse et graduelle dans la politique mondiale.»

« La Chine peut finir par jouer un rôle positif pour la stratégie de recomposition des pays de la périphérie. Beijing est en train de réorienter graduellement ses énormes énergies nationales vers le marché intérieur. Pour de multiples raisons qu'il serait impossible de discuter ici, son économie doit obligatoirement croître de 8 p. 100 par an, en réponse soit aux stimulants des marchés mondiaux soit à ceux qui découlent de son marché interne immense mais encore partiellement exploité. Si ce virage se confirme, on peut prédire que la Chine continuera d'avoir besoin de nombreux produits originaires des pays du Tiers-monde, comme le pétrole, le nickel, le cuivre, l'aluminium, l'acier, le soja et d'autres matières premières et denrées alimentaires. « Lors de la Grande Dépression des années 30, l'URSS était en revanche très faiblement insérée dans les marchés mondiaux. La Chine est dans une situation différente : elle pourra continuer de jouer un rôle très important et, tout comme la Russie et l'Inde (bien que dans un moindre mesure), acheter à l'extérieur les matières premières et les aliments dont elle a besoin, contrairement à l'URSS durant la Grande Dépression.»

« Dans les années 30, la "solution" à la crise avait été le protectionnisme et la guerre mondiale. De nos jours, le protectionnisme se heurtera à de nombreux obstacles du fait de l'interpénétration des grands oligopoles nationaux dans les différents espaces du capitalisme mondial. Compte tenu de l'existence d'une bourgeoisie mondiale, ancrée dans de gigantesques compagnies qui, malgré leur base nationale, opèrent dans une foule de pays, l'option protectionniste dans le monde développé sera peu efficace en ce qui concerne le commerce Nord/Nord, et les politiques tendront - du moins pour l'instant et non sans des tensions - à respecter les paramètres établis par l'OMC. L'atout du protectionnisme apparaît largement plus probable quand on le jouera, comme cela se fera sûrement, contre le Sud dans son ensemble. Il est pratiquement impossible que des "bourgeoisies nationales" du monde développé prêtes à lutter entre elles pour la domination des marchés déclenchent une guerre mondiale, parce que ce genre de bourgeoisie a été écarté par l'ascension et la consolidation d'une bourgeoise impériale qui se réunit périodiquement à Davos et pour laquelle le choix d'un affrontement militaire constituerait une idiotie monumentale. Ce qui ne veut pas dire que cette bourgeoisie mondiale n'appuierait pas, comme elle l'a fait jusqu'alors pour les équipées militaires des États-Unis en Iraq et en Afghanistan, de nombreuses opérations militaires à la périphérie du système, nécessaires à la préservation de la rentabilité du complexe militaro-industriel étasunien et, indirectement, à celle des grands oligopoles des autres pays.»

« La situation actuelle n'est pas celle des années 30. Lénine disait que "le capitalisme ne chute que si une force sociale le fait chuter". Cette force sociale n'existe pas de nos jours dans les sociétés du capitalisme de la métropole, dont les États-Unis. « Auparavant, les USA, le Royaume-Uni, la France et le Japon vidaient leur querelle pour l'hégémonie impériale sur le terrain militaire.»

« De nos jours, l'hégémonie et la domination sont clairement aux mains des USA, le seul garant du système capitalisme à l'échelle mondiale. Si les USA chutaient, il en résulterait un effet domino qui entrainerait l'effondrement de presque tous les capitalismes métropolitains, sans parler des conséquences pour la périphérie du système. Au cas où Washington serait menacé par une insurrection populaire, tous courraient à son secours parce que les USA sont le soutien ultime du système et le seul qui peut, le cas échéant, secourir les autres.»

« Les USA sont un acteur irremplaçable et le centre incontesté du système impérialiste mondial : ils disposent à eux seuls dans environ cent vingt pays de plus de sept cents missions et bases militaires qui constituent la réserve finale du système. Si les autres options échouaient, la force apparaîtrait dans toute sa splendeur. Seuls les USA sont en mesure de déployer leurs troupes et leur panoplie de guerre pour maintenir l'ordre à l'échelle planétaire. Ils sont, comme le disait Samuel Huntington, "le sheriff solitaire".»

« Cet "étayage" du centre impérialiste bénéficie de la collaboration hors de pair des autres alliés impériaux ou des concurrents sur le terrain économique, voire de la plupart des pays du Tiers-monde qui accumulent leurs réserves en dollars des Etats-Unis. Ni la Chine, ni le Japon, ni la Corée ni la Russie, pour ne parler que des principaux détenteurs de dollars sur la planète, ne peuvent liquider leurs stocks dans cette monnaie parce que ce serait un mouvement suicidaire. Bien entendu, c'est là encore quelque chose à considérer avec beaucoup de prudence."»

« Le comportement des marchés et des épargnants du monde entier renforce la position des USA : la crise s'aggrave, les sauvetages s'avèrent insuffisants, le Dow Hones de Wall Street chute en dessous du plancher psychologique des 7 000 points - soit moins que la cotisation de 1997 ! - et les gens cherchent pourtant refuge dans le dollar, tandis que les parités de l'euro et de l'or chutent ! « Zbigniev Brzezinski a déclaré: "Je suis inquiet parce que nous allons avoir des millions et des millions de chômeurs, et que des tas de gens sont vraiment dans une très mauvaise situation. Et cette situation se maintiendra pour un temps avant que les choses ne s'améliorent éventuellement.".»

« Nous sommes en présence d'une crise qui est bien plus qu'une crise économique ou financière. « Il s'agit d'une crise intégrale d'un modèle de civilisation insoutenable des points de vue économique et politique sans recourir une fois de plus à la violence contre les peuples ; tout aussi insoutenable du point de vue écologique, parce qu'il détruit, parfois d'une manière irréversible, l'environnement ; et tout aussi insoutenable sur le terrain social parce qu'il dégrade la condition humaine jusqu'à des limites inimaginables et détruit la trame même de la vie sociale. « La réponse à cette crise ne peut donc être seulement économique ou financière. Les classes dominantes feront exactement ça : utiliser un vaste arsenal de ressources publiques pour socialiser les pertes et renflouer les gros oligopoles. Accrochées à la défense de leurs intérêts les plus immédiats, elles ne sont même pas capables d'envisager une stratégie plus intégrale.»

« La crise n'a pas touché le fond », dit Atilio. « Nous nous trouvons devant une crise générale du capitalisme »... aucune n'a été pire. Celle qui a duré de 1873 à 1896, soit vingt-trois ans, a été nommée la Grande Dépression. L'autre crise très grave a été celle de 1929, qui a duré, elle aussi, au moins vingt ans. La crise actuelle est « intégrale, de civilisation, multidimensionnelle ». Et d'ajouter : « Il s'agit d'une crise qui dépasse de loin les domaines financier et bancaire et qui touche l'économie réelle dans tous ses volets. »

Quiconque glisse ce résumé dans sa poche, le lit de temps à autre ou l'apprend par cœur comme une petite bible sera mieux informé de ce qu'il se passe dans le monde que 99 p. 100 de la population dans un monde matraqué par des centaines de publicités et saturé de milliers d'heures d'infos, de romans et de films de fiction vrais ou faux.»

Traduction: JF Bonaldi
Source: socio13.wordpress.com (blog de Danielle Bleitrach)
Élections présidentielles :: Le Salvador en route vers le changement

Ce fut tendu jusqu’au dernier moment mais le candidat du FMLN – Front Farabundo Marti de Liberation Nacionale – remporte les élections présidentielles du Salvador, en Amérique centrale.

Willem De Witte
Solidaire, 18 mars 2009

Ce dimanche 16 mars, le candidat du parti de gauche FMLN, Mauricio Funes (à gauche) a été élu président du Salvador. Son vice-président, Sanchez Ceren est un des ex-commandants de la guérilla. (Photo archive)
C’est avec à peine 62.000 voix de différence, sur un total de 4,2 millions, que Mauricio Funes a remporté les élections, dimanche dernier.
Le Salvador est surtout tristement connu pour l’atroce répression qui y a régné dans les années 80. Mais sans doute aussi en raison des nombreux Belges qui ont été aux côtés du mouvement de libération FMLN. Aujourd’hui c’en est enfin fini de 20 années d’ARENA, le parti des escadrons de la mort, responsables entre autres de l’assassinat de Mgr Romero… Fidèle allié des des États-Unis durant toute cette période, le Salavador envoya des troupes en Irak. C’était en outre le seul pays latino-américain à refuser toutes relations avec Cuba.
Le candidat à la présidence d’ARENA, Rodrigo Avila, était le chef de la police. Dans une interview récente du journal El Paìs, il a admis, en tant que membre des escadrons de la mort, avoir tué des gens « pour défendre mon pays ». Durant les dernières semaines qui ont précédé les élections, ARENA, qui contrôle quasiment tous les médias, a essayé de faire peur aux gens avec des slogans tels que « Les communistes vendront le pays à Chávez, s’ils gagnent » et « Sous le communisme, la plupart des emplois vont disparaître ».
L’espoir plus fort que la peur
N’empêche que l’espoir l’a emporté sur la peur. Le FMLN avait opté pour un journaliste TV critique, Mauricio Funes, comme candidat à la présidence; le vice-président sera Salvador Sanchez Ceren, ancien commandant de la guérilla. La tâche qui les attend n’a rien d’aisé. Toutefois, lors des élections parlementaires, le FMLN devient, pour la première fois, le plus important parti du pays, avec 35 sièges sur 84. Mais ARENA reste plus fort, avec 32 sièges et le soutien des 11 sièges du PCN, un autre parti de droite.
La pauvreté et la criminalité constituent les deux principaux défis. Un quart de la population a fui le pays, surtout à destination des USA; et la violence structurelle fait chaque mois entre 300 et 400 morts. Bien des jeunes sont sans emploi et sont seuls parce que leurs parents sont à l’étranger. Ils rallient alors ces « maras », des bandes très violentes qui mettent à mal la sécurité dans de vastes territoires urbains
Enfin, avec son programme modéré, Funes doit continuer à conserver le soutien d’une base plus révolutionnaire qui réclame des changements fondamentaux.

mardi 17 mars 2009

COMMUNIQUÉ DU COLLECTIF OPPOSÉ À LA BRUTALITÉ POLICIÈRE – POUR DIFFUSION IMMÉDIATE

Montréal, 15 mars 2009 - Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) a rarement été aussi scandalisé qu’aujourd’hui par le comportement des policiers lors d’une manifestation du 15 mars, Journée Internationale Contre la Brutalité Policière. Après la campagne de peur orchestrée depuis mardi par le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), nous avions certaines appréhensions, mais les abus ont dépassé notre entendement.

Dès le vendredi soir, la Gendarmerie Royale du Canada a réussi à convaincre le café-bar l’Escalier de fermer ses portes alors qu’une activité de financement pour le COBP y était organisée. Dimanche, avant même le départ de la marche, le ton était donné alors que de nombreux protestataires étaient fouillés illégalement, certains même brutalisés par des policiers dont le numéro de matricule était dissimulé. Au moins cinq individus ont d’ailleurs été arrêtés alors qu’ils n’enfreignaient aucune loi. Vingt minutes avant l’heure de ralliement, le métro de Montréal a été fermé entre les stations Berri-UQAM et Beaubien, et certains agents du SPVM en profitaient au métro Sherbrooke pour intimider et menacer de violences physiques quiconque irait à la manifestation. Malgré tous ces inconvénients et les discours démagogiques tenus par les responsables policiers la semaine dernière, le rassemblement a été le plus populeux de l’histoire du 15 mars, avec une participation minimale de 2000 personnes.

Le SPVM a cherché à culpabiliser le COBP d’avoir exercé, comme de nombreuses organisations le font, son droit constitutionnel à ne pas lui fournir d’avance le trajet de la manifestation. Or, notre organisation ne peut se permettre d’accorder sa confiance au SPVM, qui pourrait facilement profiter de ces informations pour faciliter des arrestations massives ou pour mettre fin brutalement à notre marche. D’ailleurs, la police n’a pas respecté concrètement notre droit à la manifestation puisqu’elle est parvenue à séparer notre marche dès le début en trois groupes distincts, pour ensuite nous empêcher d’aller où nous voulions et nous diriger consciemment vers le centre-ville, quartier symboliquement chargé. De nombreuses initiatives ont été prises tout au long de la manifestation pour prévenir les actes de vandalisme et lancer des appels au calme. Une partie du discours inaugural a notamment été consacré à ce sujet, comme l’a mentionné une porte-parole : ‘’ Il ne faut pas leur donner le prétexte qu’ils recherchent pour nous arrêter et ainsi porter atteinte à la sécurité de l’ensemble de la manifestation’’. Deux appels à la dispersion ont aussi été lancés, mais sans efficacité parce que des agents de police avaient littéralement volé le mégaphone de notre organisation des mains d’une des participantes.

Nous espérons sincèrement que les médias prendront le temps de discuter sérieusement des graves enjeux que nous avons tenté de communiquer aujourd’hui à l’ensemble de la population. Le meurtre de Fredy Villanueva est certes chargé en émotion, mais il est surtout révélateur d’un problème plus large, l’impunité policière. Depuis 1987, 43 personnes ont été tuées par des agents du SPVM qui n'ont jamais été condamnés, dans aucun de ces cas, ni pour meurtre ni pour homicide involontaire. Depuis 2001, le Taser a été impliqué dans plus de 300 morts en Amérique du Nord. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec a aussi reconnu la police montréalaise coupable de profilage racial l’année dernière. Quotidiennement, les pauvres, les immigrants, les marginaux et les protestataires sont victimes d’abus illégitimes de la part des polices à travers le monde. Nous serons donc encore là, toute l’année, pour surveiller le travail des policiers et le 15 mars 2010 pour souligner la 14e Journée Internationale Contre la Brutalité Policière.

Collectif Opposé à la Brutalité Policière

lundi 16 mars 2009

Le FMLN a gagné au Salvador
Granma Internacional
La Havane, 16 mars 2009
SAN SALVADOR, 15 mars.- Le Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN) a remporté les élections présidentielles au Salvador avec 51,3% des voix, selon des chiffres provisoires portant sur 90,4% des suffrages, a-t-on annoncé officiellement.

Les rues de San Salvador se sont aussitôt remplies de partisans du FMLN venus fêter la victoire de leur candidat Mauricio Funes, âgé de 49 ans, qui prendra ses fonctions le 1er juin. Son opposant, Rodrigo Avila, de l’Alliance républicaine nationaliste (ARENA), parti au pouvoir, a obtenu 48,7% des voix, a annoncé le Tribunal suprême électoral (TSE).

Les sympathisants du FMLN brandissaient des drapeaux rouges, symbole de ce parti fondé en 1992 après la signature des accords de paix de Chapultepec, qui mirent un terme à la guerre civile qui déchira le pays de 1980 à 1992.

L’annonce des résultats a été faite un jour après une journée de vote qui d’après les observateurs et les autorités s’est déroulée sans incidents majeurs. «Nous avons vécu un processus électoral transparent, tranquille et massif», a déclaré le président du TSE Walter Araujo dans le message qu’il a transmis au pays à la fermeture des bureaux de votes.

Par ailleurs, le quotidien La Prensa a indiqué que 60% des 42 millions d’électeurs inscrits se sont rendus aux urnes, soit 6% de plus que lors des élections législatives et municipales du 18 janvier.

«C’est avec émotion que je tiens à remercier humblement tous ceux qui ont voté pour moi, tous ceux qui ont choisi la voie du changement», a signalé Fuentes en proclamant sa victoire. (SE)

mardi 10 mars 2009

Cuba :: Le président Castro remanie le gouvernement

Le président Raúl Castro a procédé à un remaniement de son gouvernement donnant libre cours à toutes sortes de spéculations. Katrien Demuynck, coordinatrice d’Initiative Cuba Socialista, réagit.

Valérie Van Camp
Parti du travail de Belgique

À quel point les modifications annoncées par Raoul Castro le 2 mars sont-elles radicales ?
Katrien Demuynck. Une dizaine de ministres ont été remplacés et plusieurs ministères ont fusionné. veut en arriver à un appareil d’État moins lourd et plus efficace, autrement dit, secouer la bureaucratie. Ce n’est pas une rupture avec le passé. La lutte contre le bureaucratisme et la corruption qui va de pair a déjà été lancée en novembre 2005 par Fidel. Ainsi, les ministères de l’Industrie alimentaire et des Pêcheries ont fusionné, tout comme ceux du Commerce extérieur et des Investissements à l’étranger.
Deux importants ministres relevés de leurs fonctions, ce n’est pourtant pas rien !
Katrien Demuynck. En effet. Et bien que, depuis l’arrivée de Raúl Castro, le gouvernement ait déjà connu cinq restructurations, cette fois, il s’agit néanmoins d’un remaniement radical. Il a défrayé la chronique parce que ces deux personnages importants sont assez bien connus. La presse étrangère les a régulièrement mis en épingle comme les successeurs éventuels de Fidel et Raúl. Il s’agit de Felipe Pérez Roque, qui était ministre des Affaires étrangères depuis bientôt dix ans. Il est remplacé par son ministre adjoint, Bruno Rodríguez. Ce dernier est également un cadre plus jeune. Il a accompagné entre autres l’importante et très longue mission médicale cubaine au Pakistan, suite au grave tremblement de terre. Un second changement surprenant, c’est le remplacement de Carlos Lage comme secrétaire du Conseil des ministres. Carlos Lage est connu comme l’architecte des réformes économiques des années 90 et, en compagnie de Pérez Roque, il était le visage connu du gouvernement cubain.
Après cette annonce, toutes sortes d’interprétations se sont succédé dans la presse.
Katrien Demuynck. Au départ, il y avait peu d’infos et cela a sans aucun doute alimenté ces rumeurs. Quand Fidel est brusquement tombé malade, on a prédit que la révolution allait vaciller sur ses bases. Rien n’a été moins vrai. Ici aussi, il y a eu les spéculations les plus folles. Il se serait agi d’un remplacement des « gens de Fidel » par les « créatures de Raúl », ce qui fait qu’on ne tient aucun compte des mérites des personnes en question. Des titres comme « Raúl nettoie le cabinet de Fidel et installe ses propres gens » donnent le ton.
Entre-temps, en sait-on plus ?
Katrien Demuynck. Dans un édito, Fidel écrit : « Je ne me suis jamais occupé de sélectionner des gens pour certains postes. » Il qualifie les changements de sains et insiste sur le fait qu’ils ont été faits en concertation avec lui « bien que rien ne rende la chose obligatoire ». À propos de Carlos Lage et de Felipe Pérez Roque, il donne le remarquable commentaire que voici : « La douceur du pouvoir, pour lequel ils n’ont pas dû faire le moindre sacrifice, avait suscité chez eux des ambitions les poussant à des comportements peu dignes. » Fidel insiste un peu plus loin pour dire que les deux hommes ont accepté les mesures sans protester. Le lendemain, la presse cubaine publiait deux lettres des deux hommes concernés, lettres dans lesquelles ils proposaient leur démission de leurs autres fonctions parlementaires et gouvernementales ainsi que du Comité central du Parti communiste cubain. En même temps, ils déclarent toujours soutenir le Parti communiste.
Quelles sont les réactions à tout cela ?
Katrien Demuynck. Pas mal de gens de notre mouvement sont venues exprimer chez moi leur incrédulité et leur dépit à propos du fait que des figures de proue comme le ministre des Affaires étrangères Pérez Roque et le chef de cabinet Carlos Lage n’ont manifestement pas répondu aux espoirs placés en eux. Mais je pense que nous devons surtout retenir que la révolution cubaine attache beaucoup d’importance aux valeurs morales. De la direction, on attend un comportement irréprochable. Je retiens aussi qu’à Cuba, il n’y a de droits acquis définitivement pour personne. La sclérose du pouvoir est impensable. Ceux qui ne s’acquittent pas parfaitement de leurs tâches peuvent très vite être remplacés.
Plus d’infos sur www.cubanismo.net

dimanche 8 mars 2009

DÉCLARATION DU PARTI COMMUNISTE DU CANADA
Le 8 mars: une journée pour honorer les luttes des femmes

Depuis 98 ans, le 8 Mars est une journée pour rendre hommage aux luttes des femmes, faire le bilan des gains durement acquis, et mettre de l’avant des revendications visant à promouvoir la pleine égalité. Les communistes ont joué un rôle de premier plan depuis la promulgation de la Journée internationale des femmes, qui a été adoptée à l'unanimité par une conférence des femmes de l'Internationale socialiste à Copenhague en 1910 et célébrée pour la première fois en 1911. Le Parti communiste du Canada fait partie de cette tradition historique. Nous saluons les femmes qui luttent à travers le monde pour la paix, la justice et l'égalité, et dont la pleine participation est essentielle pour le succès des mouvements ouvriers et démocratiques. Cette année, pour la JIF, l'Organisation des Nations Unies a choisi le slogan « Les femmes et les hommes unis pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles». La violence prend de nombreuses formes, de la violence familiale, du viol, de la traite des êtres humains, de la guerre. Pour s'attaquer vraiment à ces problèmes, il est nécessaire d’investir de façon importante à la fois sur le plan des recours légaux et celui du développement social.

Au Canada, nous devons faire cesser le sous-financement des refuges d'urgence et des services de soutien aux victimes de violence familiale. Nous devons nous pencher sur l’honteuse situation économique et sociale des femmes et des jeunes filles autochtones, qui sont particulièrement victimes de racisme et d’inégalité - des centaines ont été assassinées ou ont disparu. À l'échelle internationale, des billions de dollars sont gaspillés à la guerre plutôt que dans des efforts de développement pour fournir aux femmes et aux filles un accès à l'éducation et à des perspectives économiques, à de l'eau potable, à des soins de santé adéquats, et plus de protection des droits humains, incluant la sécurité personnelle, le libre choix dans le mariage et dans la reproduction. La modification des conditions matérielles va de pair avec l'évolution des attitudes sociales.

Aujourd'hui, il est évident plus que jamais que la guerre est le crime le plus terrible contre l'humanité. Dans de nombreux pays, du Moyen-Orient à l'Afghanistan, au Congo, en Colombie, les guerres visent de plus en plus les populations civiles. Les femmes et les enfants sont à la fois victimes des bombardements provenant des airs et subissent des atrocités sur le terrain. Elles sont aussi plus fréquemment victimes de catastrophes de santé publique découlant de la destruction de centrales électriques, des systèmes d'approvisionnement d’eau et des hôpitaux.

Le Parti communiste exprime sa pleine solidarité avec les femmes qui luttent pour leur survie dans des conditions difficiles et pour la résolution pacifique des conflits. En particulier, nous soulignons les femmes de Gaza, soumises à des attaques inhumaines après une longue période de blocus économique. Nous demandons à tous les gouvernements de proclamer un embargo sur la fourniture d’armes à l'État d'Israël jusqu'à ce qu'il abandonne sa politique d'expansion territoriale, sa politique de violence et d'étranglement économique des communautés palestiniennes.

La Journée internationale des femmes en 2009 a lieu alors que sévit la plus grave crise économique mondiale depuis des décennies. Cinquante millions de mises à pied sont prévues cette année, détruisant les moyens de subsistance de nombreuses familles à travers le monde, et menaçant la plus grande partie de l'infrastructure sociale qui a permis d'améliorer la vie des femmes.

En réponse à la crise, les sociétés capitalistes et les gouvernements qui les servent, aggravent de plus en plus les disparités économiques en réduisant les programmes sociaux et en renflouant inconditionnellement les riches actionnaires et dirigeants. Plutôt que de payer pour la crise que leur système a créée, les capitalistes veulent récupérer les gains des travailleurs-euses et approfondir leur exploitation.

Ici, au Canada, le chômage augmente rapidement, et les sociétés capitalistes poussent pour des réductions de salaire. La demande d'un vaste système de garde d'enfants à travers le pays, une question clé d'élection en élection, a de nouveau été abandonnée par le gouvernement minoritaire d’Harper. Incroyablement, l'équité salariale est actuellement attaquée, avec des plans pour réduire la possibilité de porter des plaintes devant les tribunaux. Les Conservateurs ont ignoré les appels pour améliorer le système d'assurance-emploi payé par tous les travailleurs-euses. En tant que majorité des travailleurs-euses à temps partiel et au salaire minimum, les femmes sont proportionnellement sous-protégées : seulement trois femmes sur dix dans le monde du travail sont éligibles à percevoir des prestations d'assurance-emploi. Même celles qui répondent aux exigences ne peuvent pas survivre avec les taux de prestations établies au niveau de 55% seulement de leurs faibles salaires antérieurs.

Il faut une réponse de la classe ouvrière à la crise

La réponse à la crise économique par le peuple travailleur, les femmes et les hommes, doit être une campagne massive pour construire une coalition populaire pour une véritable alternative à la cupidité des entreprises. Une telle campagne, menée par le mouvement ouvrier et ses alliés, doit viser à restructurer l'économie, fournir des emplois durables et à améliorer les services sociaux comme la santé, l'éducation et un service universel de garde d'enfants, à créer davantage de possibilités pour les femmes sur le marché du travail. Pour protéger les travailleurs-euses sans-emploi et leurs familles, les prestations d'assurance-emploi doivent être haussées à 90% du salaire antérieur pendant toute la durée du chômage. Tout recours à des expulsions de leurs logis ou de coupure d’électricité, de gaz ou autres services doit être interdit pour toutes les familles touchées par le chômage.

Mais tant que le capitalisme existera, il continuera d’engendrer la pauvreté, l'inégalité, l'exploitation, la dégradation de l'environnement et la guerre. Ce ne sont pas des effets secondaires accidentels, mais bien les ingrédients indispensables d'un système conçu pour maximiser les profits dans les quelques mains qui possèdent les moyens de production. Sous le régime capitaliste, les femmes du monde doivent mener d'énormes combats pour faire de nouveaux progrès, ou pour maintenir leurs acquis. Chaque pas en avant est toujours menacé par le prochain ralentissement économique, et le danger de guerre n’est jamais écarté.

Seul le socialisme, fondé sur la propriété collective et le pouvoir démocratique de la classe ouvrière, peut permettre à l'immense potentiel créatif et productif des travailleurs-euses du monde d’être utilisés pour satisfaire les besoins humains. En cette journée internationale des femmes 2009, le Parti communiste du Canada est solidaire de tous celles et ceux qui luttent pour la paix, l'égalité, la démocratie et le progrès social. Un monde meilleur est possible et nécessaire, le monde du socialisme, le seul système qui puisse garantir la pleine égalité et un avenir pour l'humanité

Parti communiste du Québec (section du Parti communiste du Canada) Bureau de Montréal : 3115, av. Appleton, app. 1 Montréal (Québec) Canada H3S 1L6 Bureau : (514) 737-7817 - Cellulaire : (514) 212-3857 - Courriel