dimanche 28 février 2010


400 jours de lock-out au Journal de Montréal
La CSN entreprend une vaste campagne populaire en appui aux 253 lock-outés


Considérant la fermeture maintes fois affirmée de Quebecor à négocier dans l’esprit de mettre fin au conflit de travail qui perdure depuis 400 jours aujourd’hui, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) lance une campagne nationale visant à élargir les appuis aux lock-outés.

« Rien ne semble pouvoir infléchir la position de Quebecor qui utilise toujours la même stratégie pour arriver à ses fins : étirer indument le lock-out dans le but de contraindre les travailleuses et les travailleurs en conflit à accepter son plan d’affaires comme préalable à toutes discussions, a déclaré la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. Basée essentiellement sur l’affrontement, Quebecor démontre que sa conception des relations de travail est d’une autre époque. La négociation ne figure pas dans ses priorités et elle ne se sent aucunement liée par l’obligation d’agir de bonne foi. Le temps est maintenant venu pour Québec d’entrer en scène. »

Toutes les ouvertures et les tentatives faites par le syndicat depuis plus de 13 mois pour relancer la négociation ont été cavalièrement repoussées par Quebecor. L’empire des communications a, de plus, bafoué à deux reprises le processus de conciliation, entre autres en intervenant publiquement sur la négociation malgré ses engagements. La dernière rebuffade en date, le récent refus de Quebecor d’agréer à la demande de médiation formulée par le syndicat au début du mois.

« Sa réponse a été méprisante, a mentionné Raynald Leblanc, président du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (STIJM–CSN). Il nous a clairement indiqué par écrit que nous devions accepter son plan d’affaires pour qu’il revienne à la table de négociation. Poser de telles exigences est contraire aux principes d’une négociation de bonne foi.»

Sur tous les fronts : politique, populaire, publicité

La CSN entend occuper tous les espaces pour élargir les appuis aux 253 lock-outés afin de favoriser la reprise des pourparlers et mettre un terme au conflit. « Nous allons maximiser les moyens pour en arriver à un règlement négocié satisfaisant pour les parties, a poursuivi Claudette Carbonneau. Nous allons aussi agir pour rétablir notre rapport de force, totalement déséquilibré par des dispositions anti-briseurs de grève inopérantes en raison du recours massif aux nouvelles technologies permettant le travail à distance. C’est une aberration de pouvoir jeter ses employés sur le trottoir tout en continuant de publier un journal comme si de rien n’était, alors que les autres employeurs sont tenus de respecter le Code du travail. »

En ce sens, la présidente de la CSN et le président du STIJM ont rencontré hier le ministre du Travail, Sam Hamad, pour faire état de cette situation inadmissible. « Nous avons sollicité son intervention pour favoriser le retour à la négociation et rééquilibrer le rapport de force, d’expliquer Claudette Carbonneau. Nous avons senti une grande écoute et une sensibilité aux difficultés que nous avons évoquées. Il nous a indiqué qu’il nous donnerait une réponse sous peu.»

À tous les niveaux politiques, les élus seront interpellés afin de les inviter à appuyer une motion semblable à celle qui a été unanimement adoptée par les députés de l’Assemblée nationale le 23 novembre. Présentée par Amir Khadir, cette motion appelait les parties à négocier de bonne foi pour que les travailleurs retrouvent leurs droits et leurs pleins revenus. Les maires des principales municipalités ainsi que les députés provinciaux et fédéraux, dans les territoires où le Journal de Montréal est disponible, seront ainsi sollicités.

Le soutien de la population sera également recherché. Une vaste campagne de publicité rappelant que les 253 lock-outés sont ouverts à négocier et veulent retourner au travail viendra appuyer une pétition enjoignant le gouvernement à « mettre en branle tous les moyens dont il dispose de façon à favoriser dans les meilleurs délais, un règlement négocié satisfaisant pour les parties (nomination d’un médiateur spécial, intervention législative en vue de rééquilibrer le rapport de force, etc.) ».

« Nous constatons que notre mobilisation n’est pas sans effet, avec le dumping massif du journal en lock-out pour pallier notre action, a soutenu Raynald Leblanc. Il faut cependant continuer de rappeler la nature du conflit et le refus de négocier de Quebecor pour amener les gens à ne plus le lire. »
La campagne implique aussi des tournées des assemblées syndicales pour sortir le Journal de Montréal des lieux de travail.« Le mouvement CSN en entier est derrière les lock-outés, de conclure la présidente de la CSN. Nous comptons aussi nous déployer sur tous les fronts pour mettre fin à ce conflit insensé. »
Date : 26 février 2010 Source : CSN Photographe :
Conférence de presse : Chantal Poirier ; groupe : Anik MH De Carufel
Renseignements: Louis-Serge Houle, CSN–Information, 514 792-0795

Mossad: Israël peut donc tout se permettre


Lundi, 22 Février 2010

James Petras


Le 19 janvier, la police secrète internationale d’Israël, le Mossad, envoyait à Dubaï une équipe de tueurs, tous munis de passeports européens, prétendument « volés » à des citoyens israéliens à la double nationalité et modifiés à l’aide de photos truquées et de fausses signatures. Leur mission : assassiner un dirigeant palestinien.

Les preuves sont accablantes. La présentation par la police de Dubaï des vidéos détaillées réalisées avec les caméras de surveillance et montrant les assassins a été corroborée par le témoignage d’experts israéliens de la sécurité et applaudie par les principaux journaux et journalistes israéliens. Le Mossad a déclaré ouvertement que Mabhouh était une cible prioritaire et qu’il avait survécu jusque-là à trois précédentes tentatives d’assassinat. Israël n’a même pas pris la peine de démentir l’assassinat. En outre, le système sophistiqué de communication utilisé par les tueurs, la logistique et la planification de leurs entrée, allées et venues, puis sortie de Dubaï et l’ampleur de l’opération présentent toutes les caractéristiques d’une opération d’État de haut niveau.

De plus, seul le Mossad aurait accès aux passeports européens de ses concitoyens à double nationalité ! Seul le Mossad aurait la capacité, la motivation, l’intention avérée et la volonté délibérée de provoquer un incident diplomatique avec ses alliés européens, en sachant pertinemment bien que la colère des gouvernements ouest-européens finirait par retomber, vu leurs liens profonds avec Israël. Après une enquête minutieuse et l’interrogatoire de deux collaborateurs palestiniens du Mossad qui ont été arrêtés, le chef de la police de Dubaï a déclaré qu’il était sûr que c’était bien le Mossad qui était derrière l’assassinat.

Les problèmes politiques plus importants
La politique israélienne des assassinats à l’étranger soulève de graves questions en menaçant les fondements de l’État moderne : la souveraineté, le pouvoir des lois et la sécurité nationale aussi bien que celle des individus.
Une des politiques ouvertement déclarée d’Israël consiste à violer la souveraineté de n’importe quel pays en vue de tuer ou d’enlever ses opposants (à Israël). Tant dans leur proclamation que dans leur mise en pratique réelle, les lois, décrets et actions à l’étranger d’Israël supplantent les lois et les organes d’application de la loi de toute autre nation. Si la politique israélienne se mue en pratique commune dans le monde entier, nous allons entrer dans une jungle aussi sauvage que le monde de Hobbes. Les individus y seront exposés aux intentions meurtrières d’équipes de tueurs venues de l’étranger qui ne seront tenus par aucune loi ni aucune autorité nationale responsable. Chaque État sans exception pourrait imposer ses propres lois et franchir ses frontières nationales afin d’assassiner impunément des citoyens ou résidents d’autres nations. Les assassinats hors frontières d’Israël se moquent totalement de la notion même de souveraineté nationale. L’élimination extraterritoriale d’opposants par une police secrète était une pratique courante de la Gestapo nazie, de la GPU de Staline et de la DINA de Pinochet et elle est devenue aujourd’hui une pratique – condamnée – des « Forces spéciales » américaines et de la division clandestine de la CIA. De telles actions sont la marque de fabrique des États totalitaires, dictatoriaux et impérialistes, qui foulent systématiquement aux pieds les droits souverains des peuples.

La pratique par Israël de ces assassinats extrajudiciaires et extraterritoriaux, mise en exergue par le récent assassinat de Mahmoud al Mabhouh dans une chambre d’hôtel de Dubaï, viole tous les préceptes fondamentaux du pouvoir de la loi. Les assassinats extrajudiciaires commandés par un État signifient que sa propre police secrète est juge, procureur et bourreau en même temps, qu’elle n’est freinée par aucune souveraineté, aucune législation, aucun devoir d’un État de protéger ses citoyens et ses hôtes. Les preuves, les procédures légales, les droits de la défense et les contre-interrogatoires sont complètement mis de côté, dans ce processus. L’assassinat extrajudiciaire sponsorisé par l’État sape complètement tout procès en bonne en due forme. L’élimination des opposants à l’étranger est la prochaine étape logique, après les simulacres de procès très médiatisés par Israël et qui s’appuient sur des lois racistes et des décrets de détention administrative qui ont dépossédé le peuple palestinien et violé les lois internationales.

Les escadrons de la mort du Mossad opèrent directement sous les ordres du Premier ministre israélien (qui a d’ailleurs approuvé personnellement le récent assassinat). Une grande majorité des Israéliens soutient fièrement ces assassinats, surtout lorsque les tueurs échappent à toute détection et à la capture. Les opérations d’assassinats extrajudiciaires menées sans la moindre entrave et impunément par des escadrons de la mort étrangers soutenus par l’État, constituent une grave menace pour tout critique, écrivain, dirigeant politique et militant des droits civiques qui a le front de critiquer Israël.

Les tueurs du Mossad – Le feu sioniste

Le précédent que constitue l’assassinat par Israël de ses adversaires à l’étranger, établit les limites extérieures de la répression par ses partisans à l’étranger qu’on retrouve dans les principales organisations sionistes, dont la plupart ont toujours soutenu les violations par Israël de la souveraineté nationale via ses assassinats extrajudiciaires. Si Israël élimine physiquement ses opposants et les gens qui osent le critiquer, les 51 principales organisations juives d’Amérique répriment les critiques émises aux États-Unis à l’encontre d’Israël. Elles exercent activement des pressions sur les employeurs, les présidents d’université et les responsables publics pour qu’ils licencient leurs employés, universitaires et autres professionnels qui osent s’exprimer verbalement ou pas écrit contre les tortures, les massacres et la dépossession massive des Palestiniens par Israël.

Quoi qu’il en soit, les commentaires les plus critiques, en Israël et ailleurs, concernant l’assassinat commis par le Mossad à Dubaï épinglent l’« incompétence » des agents, y compris le fait d’avoir permis que leurs visages de figurer sur de nombreuses vidéos en changeant maladroitement leurs perruques et leurs vêtements sous l’œil des caméras. D’autres critiques déplorent qu’en salopant son travail, le Mossad soit occupé à « ternir l’image d’Israël » en tant qu’État démocratique et qu’il fournisse ainsi de l’eau au moulin des antisémites. Aucune de ces critiques superficielles n’a été reprise par le Congrès américain, par la Maison-Blanche ou par les présidents des principales organisations juives d’Amérique, où la règle mafieuse de l’omerta, ou silence, règne sur tout et où la complicité avec ce genre de crime est de mise.

Conclusion

Alors que les critiques se lamentent à propos du travail bâclé du Mossad, qui complique la tâche des puissances occidentales désireuses au cas où elles souhaiteraient proposer une couverture diplomatique à Israël pour ses opérations à l’étranger, on n’a jamais abordé la question fondamentale : l’acquisition par le Mossad, puis la falsification des passeports officiels britanniques, français, allemands et irlandais de citoyens israéliens à double nationalité soulignent la nature cynique et sinistre de l’exploitation par Israël de ses citoyens à double nationalité dans la poursuite des sanglants objectifs de sa politique étrangère. L’usage par le Mossad de vrais passeports fournis par quatre nations européennes souveraines à leurs citoyens dans le but d’assassiner un Palestinien dans un hôtel de Dubaï soulève la question de savoir à qui les citoyens israéliens à « double » nationalité doivent vraiment allégeance et jusqu’où ils veulent aller en défendant ou en prônant les assassinats israéliens à l’étranger.

Grâce à l’usage par Israël de passeports britanniques pour entrer à Dubaï et assassiner un adversaire, chaque homme d’affaires ou touriste britannique qui se rendra dans le Moyen-Orient sera soupçonné de liens avec les escadrons israéliens de la mort. Avec les élections de cette année et les partis travailliste et conservateur qui comptent grandement sur les millionnaires sionistes pour financer leur campagne, il reste à voir si le Premier ministre Gordon Brown fera davantage que geindre et minauder !

Traduit par Jean-Marie Flémal pour Investig'Action - michelcollon.info

Source: michelcollon.info

Image: Le chef de la police de Dubaï a présenté les photos des onze personnes soupçonnées d’avoir participé à l’exécution de Mahmoud al-Mabhouh en janvier dans un hôtel de la ville.

lundi 15 février 2010

Le Parti communiste du Canada conclut son Congrès central et appelle à intensifier la riposte pour défaire les Conservateurs de Stephen Harper

Pour diffusion immédiate
9 février 2010

Les délégués du 36ème Congrès central du Parti communiste du Canada ont conclu trois jours de débats animés Dimanche, le 7 février, au siège social du syndicat des Métallos à Toronto. Le congrès s’est terminé par un vibrant appel en faveur d’une vaste mobilisation politique pour défaire le gouvernement conservateur de Harper, et pour renforcer le soutien à une alternative populaire à la crise capitaliste qui continue de dévaster les conditions des travailleuses et des travailleurs au Canada et partout dans le monde.
Plus tôt durant la dernière journée du congrès, les déléguées-és ont réélu Miguel Figueroa comme chef du Parti communiste. Elles et ils ont également élu un nouveau Comité central composé de 20 membres provenant de partout au Canada, dont des communistes qui sont impliqués dans le mouvement syndical, dans les campagnes anti-guerre, et dans un large éventail de luttes dont celles pour les droits des Autochtones, pour les libertés civiles, pour l’augmentation du salaire minimum, l'égalité sociale, les réformes municipales, pour la défense de l'enseignement public, et beaucoup d'autres questions.
Le congrès faisait suite à quatre mois de discussions approfondies, au niveau local et provincial, portant sur un projet de résolution politique soumis par la direction sortante. La résolution telle qu’amendée guidera le travail du Parti communiste au cours des trois prochaines années, incluant le projet de présenter 20 à 25 candidates et candidats lors des prochaines élections fédérales.
Les délégués ont également adopté des résolutions spéciales sur un large éventail de questions, allant de déclarations de solidarité avec les victimes de violations des droits de l'homme en Colombie et aux Philippines, au soutien aux protestations contre les douloureuses coupures dans les dépenses sociales imposées aux citoyennes et citoyens de Colombie-Britannique pendant les Jeux olympiques d'hiver.
Plusieurs orateurs ont été invités à prendre la parole à ce 36ième congrès central, dont l'ambassadeur du Vietnam au Canada, Nguyen Duc Hung, la grande défenderesse des libertés, Me. Barbara Jackman, le Consul général de Cuba, Jorge Luis Soberon, et le Vice-consul du Venezuela, Scarlet Salazar Quiroz.
Pour plus d'informations sur le 36e congrès, contacter le bureau central du Parti communiste, 416-469-2446,

email info@cpc-pcc.ca.

Le rôle des ONG en Haïti soulève beaucoup de questions­

Mercredi, 27 Janvier 2010 16:07

Interview de Jean Lavalasse, photographe et documentariste haïtien résidant à Bruxelles depuis le début des années 70.

PAR MAUD BELLON pour Investig’Action – michelcollon.info

Comment qualifieriez-vous la situation avant le séisme qui a touché Haïti ce 12 janvier 2010 ?

La situation était simple, nous étions sous occupation… et ce, depuis que Jean Bertrand Aristide fut expulsé vers l’Afrique du Sud. Le gouvernement de René Préval était censé être mis en place pour effectuer une transition démocratique après Aristide. Mais nous avons connu trois impérialismes, ce que certains appelle l’IFAC : Impérialisme Français Américain Canadien.

Le Canada est arrivé dans les années 80 grâce à la francophonie et à ce qu’on nomme l’intégration horizontale : faire venir, dans un premier temps, les femmes et les enfants dans le pays pour pouvoir s’y installer plus tard. La France, elle, est très présente au travers des ONG. D’ailleurs, sous le gouvernement de l’ex 1er ministre Michèle Pierre Louis, Haïti était gouverné par les ONG ! Mme Pierre Louis collaborait grandement avec George Soros, que nous connaissons maintenant comme étant le grand magnat des finances et des ONG. Préval a voulu contrôler le pays en faisant des accords tacites avec la République Dominicaine, accords dont personne ne connait vraiment le fond.

Le 22 février 2006, Gérard Latortue, ancien 1er ministre d’Haïti, a signé un accord qui énonce clairement la mise sous tutelle onusienne du pays. Cet accord stipule que chaque accord pris antérieurement et qui serait en contradiction avec le fonctionnement de la MINUSTAH sera « corrigé » parce que caduc.[1]

Le 9 mai 2007, après une rencontre entre George W. Bush et René Préval, le désir sous-jacent d’autonomie a été presque totalement entériné. Durant cette rencontre, Bush a dit que les rapprochements entre Haïti et l’ALBA[2] devaient être avortés et que les Etats-Unis sont « les seuls amis d’Haïti ». Préval, en bon domestique, a pratiquement cessé d’apparaitre aux réunions de l’ALBA. Lors d’une entrevue avec Hugo Chavez, Jose Maria Aznar a même confié qu’il fallait « oublier Haïti ».

Quant au Brésil, il a un rôle capital, déjà tracé par Reagan en 1980 dans son Plan. En effet, il prévoyait que l’Allemagne s’occuperait de l’Europe, le Japon de l’Asie, l’Afrique du Sud de l’Afrique et le Brésil de l’Amérique Latine. Lula n’est que très peu progressiste donc il entretient de bonnes relations avec les Etats-Unis. Il n’a jamais été là pour aider Haïti, il n’a fait que poser les jalons pour préparer l’occupation par les trois Roches.[3]

Maintenant, le pays est contrôlé par Barack Obama, lui-même secondé par Bill Clinton et George W. Bush…

(Rire) On a cru, surtout chez les « Noiristes », que parce que Barack Obama était noir, il allait changer les choses. Mais il ne faut pas oublier que c’est Colin Powell, un autre Noir, qui a fait arrêter Aristide. De plus, depuis des années, de nombreuses personnes se demandaient si Haïti pouvait devenir le Porto Rico ou le Taiwan des Caraïbes. La question est : dans quel sens ? Puisque Porto Rico lutte pour son indépendance et pour retirer son étoile du drapeau américain. François Duvalier a toujours dit qu’il fallait lutter comme pour la Martinique et la Guadeloupe. D’ailleurs, en ce qui concerne la Guadeloupe, les Etatsuniens ont compris que la France avait gagné une petite bataille. Pour faire face il faut donc qu’ils ternissent un peu l’image d’Haïti et démantelent le désir de libération. Obama, lui, est un produit, l’homme du système, il est formaté, il est la continuité de Kennedy dans le sens où lui aussi a envenimé une guerre en y envoyant des soldats.

Pour ce qui est de Clinton et Bush…

Aristide disait à propos des Américains : « Que je fasse, que je ne fasse pas, ils agiront quand même. » Dès 1993 et la réunion de Governors Island, Aristide avait compris qu’il devait se conformer aux exigences des Etats-Unis s’il souhaitait rester à la tête de l’Etat. L’ancien ambassadeur Américain en Haïti, Janet Anderson, a révélé que peu importe le gouvernement, que ce soit celui de Préval ou d’Aristide, Haïti a connu l’occupation doublure, c'est-à-dire que dans le dos de chaque ministre haïtien, il y avait un représentant américain et chaque parti politique était et est toujours financé par un des trois impérialistes au travers de différents organismes comme l’IRI (Institut Républicain International). Durant ce qu’on appelle, l’occupation d’octobre 94, Aristide devait, non seulement entretenir d’excellents rapports avec les Américains, mais également se plier aux quatre volontés du FMI. Pour cela, Haïti devait couper certaines aides destinées à la population et mettre au chômage les Haïtiens pas assez rentables et surtout « moderniser », autrement dit privatiser. Sa « désobéissance » provoquera sa chute quand il a réclamé le remboursement de la dette de l’indépendance à la France, soit 21 milliards de dollars, et a voulu augmenter les salaires des Haïtiens.

Dans ce cas, pourquoi Bill Clinton a tant tenu à restaurer Aristide ?

Aristide était devenu docile et surtout il était soutenu par le peuple. C’était par ailleurs son atout et sa faiblesse parce qu’à part le peuple, il n’avait ni parti politique, ni cadre et la rue ne peut pas vous aider à diriger un pays et à prendre des décisions. C’est aussi la première fois, que les Etats-Unis ramènent et contrôlent un président démocratiquement élu. Aristide était populaire, d’ailleurs une grande majorité de Haïtiens demeure « aristidienne », même s'il n’avait pas de véritable idéologie. Il avait de belles paroles et de bonnes intentions, mais qu’il n’arrivait pas à mettre en place. Pourtant, il avait les fonds pour. Peu après son élection, il a créé le groupe VOAM (Voyez Haïti Monter) qui a récolté en 4 jours près de 4 millions de dollars.

Pour l’heure, Haïti est investi par les GI Américains ressentez-vous ceci comme une invasion ?

C’est une invasion voulue et préparée par les hommes du gouvernement haïtien. Il ne faut pas dire que le président ait été pris de cours. L’impérialisme est bel et bien là et les conseillers de Préval préparaient cette invasion.

Quels sont les intérêts des Etats-Unis ?

Les intérêts des Américains de faire main basse sur Haïti sont nombreux. D’une part, la main d’œuvre est très bon marché en Haïti et l’île n’est située qu’à 30 minutes de la Floride, y faire transiter des cargaisons serait rapide depuis ce nouveau Taïwan.

Ensuite, il y a Cité Soleil, cette zone est convoitée par les Etats-Unis en accord avec la grande bourgeoisie commerçante d’Haïti, pour la convertir en un grand port : un port franc et une zone industrielle.

Puis, c’est le moment idéal pour se servir du territoire comme base arrière pour contrôler et contrecarrer Cuba puisqu’Obama a promis de libérer Guantanamo. Depuis Cité Soleil et au dessus de Gonave, il y a une vue appréciable sur Cuba.

Et enfin, le sous-sol haïtien est bourré de pétrole. Apparemment les gisements vénézuéliens prendraient leur source sous l’île. Port-au-Prince est assis sur un gigantesque puits de pétrole qui ne pouvait être jusque là exploité. En effet, depuis les années 50, Jean Dumarsais Estimé, le président de l’époque, avait déplacé la capitale anciennement située à Marchand-Dessalines vers l’actuel Port-au-Prince. Cette transition ne permettait pas d’exploiter le pétrole mais Mère Nature aidant, aujourd’hui tout est possible. De plus, le séisme a provoqué un exode rural volontaire des habitants de Port-au-Prince, laissant le champ libre à la destruction des ruines de la capitale et pourquoi pas le forage des sols… Dans d’autres circonstances, s’ils avaient demandé aux habitants de partir vers les campagnes cela aurait été considéré comme un génocide. La catastrophe apparait comme une aubaine pour les impérialistes car elle permet de déplacer à nouveau la capitale. Tout n’est qu’enjeux géopolitiques et économiques.

A votre avis, pourquoi les Américains sont arrivés en Haïti avec autant d’armes et de soldats ?

Les Américains sont arrivés en Haïti en position de vainqueurs. Ils voulaient démontrer leur force et leur suprématie pour impressionner à la fois la communauté internationale mais aussi, et peut-être surtout, les Haïtiens eux-mêmes. Ils ont senti qu’il y avait en Haïti des sentiments de « ras le bol » concernant l’occupation -aidé par les événements en Guadeloupe contre le gouvernement français. Il y a quelques années, les Français avaient confié aux Américains qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient d’Haïti dans leur arrière-cour mais qu’ils ne devaient pas toucher à la langue française ; les Français tenant à garder la francophonie intacte (bien qu’aujourd’hui trois quarts des Haïtiens parlent anglais) . Aujourd’hui, les Américains investissent leur arrière-cour et programment le quadrillage de l’île, pour ce faire, armes et soldats sont nécessaires.

Dans un article spécialement rédigé pour Newsweek, B. Obama a annoncé qu’il pensait faire un travail de reconstruction à long terme pour remettre le pays à flot, comme les Etats-Unis l’ont fait en Europe au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale, et dans les Balkans pour la guerre au Kosovo, vous l’en remerciez ?

(Rire) Quoique pensent faire les Etats-Unis, Cuba, le Venezuela et l’ALBA (Alliance Bolivarienne) seront toujours à nos côtés. Pour l’heure c’est aux Haïtiens de prendre leurs dispositions et de lutter contre les ingérences. Bien entendu, les Américains vont profiter du chaos qui règne mais ce chaos ne veut pas forcément dire qu’il n’y a pas d’organisations. C’est à nous de trouver un terrain d’entente, un fond commun pour reprendre les choses en main. Les difficultés seront présentes mais sur place le travail doit se faire. C’est à nous de mener la lutte contre l’impérialisme. Nous devons faire ce travail idéologique en poussant les envahisseurs hors de nos frontières. De 1994 à nos jours, Cuba a apporté plus d’aide à Haïti que n’importe quel pays soi disant « ami » et le peuple haïtien en est conscient.

La Conférence de Montréal du 25 janvier a regroupé les « amis » d’Haïti pour évoquer comment organiser l’aide…

Les amis d’Haïti ne font pas partie de ce groupe des 3 Roches, des IFAC. Le Canada a un rôle fondamental au sein de cette trilogie dans laquelle Haïti est au milieu. En effet, il entretient des relations à la fois avec Haïti et la France pour la francophonie, mais aussi avec les Etats-Unis au travers de l’ALENA[4].

Le Canada est un grand manipulateur puisqu’il joue sur tous les tableaux et fait le travail de l’impérialisme. Si les Etats-Unis n’étaient pas venus eux-mêmes pour « gérer » l’après-séisme, ils auraient envoyé le Canada. En ce qui concerne le Brésil, Lula n’a pas encore acquis toute la confiance des Américains, qui ne lui auraient pas laissé l’opportunité de prendre les commandes en Haïti. Par ailleurs, notre « ami » canadien est en pleine appropriation de l’intelligentsia haïtienne puisqu’il lui ouvre grand ses portes. Pour exemple, il y a 5 ans, une seule des trois jeunes filles qui sont allées faire leurs études (payées par le gouvernement haïtien) en Belgique, est effectivement rentrée en Haïti. Donc nous ne sommes pas dupes, les pays présents à cette conférence, ne sont pas nos amis !

Et les relations avec Cuba, quelles sont-elles ?

Depuis la chute de François Duvalier elles étaient très attendues. En 1994, des relations diplomatiques s’engagent enfin sous Aristide. Dès le début, Cuba a déployé l’Aide Sud-Sud en envoyant des médecins, des agronomes… sur l’île pour aider et former les Haïtiens. Un jour, un paysan m’a dit : « les ONG nous donnent à manger et les Cubains nous apprennent à pêcher… » Au contraire des autres pays et ONG présents en Haïti, les Cubains et les Vénézuéliens nous parlent d’égal à égal et surtout, ils ne se sont jamais mêlés des affaires internes du pays. Il n’y a jamais eu d’ingérence de leur part.

Maintenant que les Etats-Unis ont fait main basse sur le pays, comment pensez vous que les relations avec Cuba vont évoluer ?

En 2004, quand Aristide fut chassé, les Français ont tenté de déloger les Cubains mais l’ambassadeur de Cuba est sorti de ses gonds et par crainte de chaos, les Français ont préféré se retirer. Obama va certainement tout faire pour minimiser l’aide cubaine et pousser les coopérants cubains hors du pays. Ce sera impossible puisque les Cubains et les Vénézuéliens ne sont pas nos amis ; ce sont comme nos frères. Cuba reste un élément fondamental, il est notre exemple. S’il le faut il y aura lutte au sein même de l’île pour dénoncer sérieusement l’ingérence des Américains.

Dernièrement, cette ingérence des Etats-Unis a valu aux avions de Médecins Sans Frontières d’être détournés vers la République Dominicaine…

Le détournement des avions de MSF, n’est qu’un faux problème. Les Américains comptaient sur MSF pour agir et faire le travail à Cité Soleil,… ils ont donné pignon sur rue aux ONG étrangères tandis qu’ils gèrent l’aéroport international. MSF réagit simplement pour faire bonne figure mais ces deux impérialismes sont alliés.

Pourtant nous avons pu voir des images télévisées montrer la population haïtienne remerciant les Américains de leur aide et brandissant le drapeau des Etats-Unis…

A Cité Soleil, il y a beaucoup d’ouvriers et beaucoup de journaliers ; ceux ci ont été payés par les Américains pour faire leur éloge et se pavaner avec leur drapeau.

De nombreuses ONG étaient déjà sur place avant le séisme, ce qui a permis de donner les premiers soins aux victimes, vous devez être reconnaissant envers cet élan de solidarité ?
Les ONG font souvent du bon travail sur place, mais profitent généralement de la situation. Il y a en Haïti pratiquement autant d’ONG qu’en Inde, sachant qu’Haïti est un territoire d’environ 27 750 km2 et l’Inde 3 290 000 km2 ! Haïti est une plateforme d’ONG.

Les premières ONG ayant porté secours sont les cubaines et les vénézuéliennes, les autres ont simplement appelé au secours pour faire venir l’aide. Ensuite, ce sont les aides chinoises qui sont arrivées les premières de l’extérieur. De plus, les ONG ont choisi leurs cibles. Quand une ONG vient en Haïti, elle s’installe dans les endroits stratégiques… et chauds, les ONG ne sont donc pas présentes sur toute l’étendue du territoire contrairement aux Cubains. Par ailleurs cette omniprésence entraine des rivalités entre ONG.

Vous semblez critique concernant les ONG…

Les ONG ont toujours été très présentes en Haïti au point qu’elles ont empêché
la lutte, l’élan même de transformation mentale du peuple haïtien. Pour exemple, le père Lannoo a expliqué, lors d’une interview à la télévision suisse en 1986, que la population haïtienne devait être calmée et recentrée pour éviter tous désirs de changement et tendances révolutionnaires. Les ONG ont un rôle politique, voire tampon. Kissinger, le grand stratège de la guerre du Vietnam affirme que « si les ONG avaient existé dans les années 60, il n’y aurait pas eu de guerre au Vietnam ».

Au début, au sein des ONG, il y avait des mouvements de lutte de libération, comme au Nicaragua. En Europe, dans les années 70, les progressistes luttaient contre le pouvoir mais lorsque François Mitterrand arrive au pouvoir, la donne change. Auparavant, une partie de l’argent donnée aux ONG servaient à financer les mouvements de libération. Aujourd’hui, avec les socialistes au gouvernement, ces mouvements ne sont plus aussi viables, notamment parce que ce système de partage des dons est bien connu. Maintenant, il y a des réseaux pour contrôler les ONG. Ce sont des organisations créées par des progressistes, mais le système capitaliste a réussi à détourner le problème. De fait, les ONG sont devenues une plaque tournante des informations ; elles ont d’ailleurs donné de nombreuses informations sur les installations en Irak.

Le président René Préval a lui aussi émis des critiques sur les ONG en soulignant qu’il y avait un véritable manque d’organisation de l’aide internationale.

On peut considérer que le président est pris entre deux feux, mais soyons honnêtes, il est assis sur des ONG bien structurées. En Haïti, il n’y a jamais eu de canalisation des ONG, avec le séisme et le chaos ambiant cela devient plus visible alors Préval fait de belles phrases. Mais chez nous, ce sont les ONG qui choisissent, donc ce sont des faux problèmes, les ONG sont très bien organisées, elles sont structurées en réseaux, ce sont « des balles enrobées de sucre »[5] . Elles se battent entre elles, non pas à couteaux tirés mais à coup d’articles. Les gens se rendront compte au fur et à mesure de ce que cachent les ONG. Lorsqu’elles gouvernaient le pays grâce à Pierre Louis et Soros, Préval était satisfait puisque l’argent rentrait dans les caisses de l’Etat. Ce genre de discours n’a donc aucune valeur quand on connait la réelle situation d’Haïti. Préval ne peut rien faire d’autre.

Vous sous-entendez qu’il est dépassé ?

Il savait parfaitement où il allait mais pas à cette vitesse, pas si vite... Pour l’heure il est à découvert. Remettre les clés de l’aéroport international revient à remettre les clés du pays.
Comment Haïti peut reprendre sa vie en main ?

Les impérialistes peuvent rester longtemps, mais jamais définitivement. Ils peuvent faire des dégâts comme ils l’ont fait en 1915 et en 1934 lorsqu’ils nous ont laissé l’armée d’Haïti et ce, jusqu’à ce qu’Aristide la chasse. Si le palais national est tombé comme un château de cartes c’est parce qu’il y a des souterrains menant de la police au palais en dessous. Dans ces souterrains de nombreux hommes sont morts torturés par les milices de Duvalier.

Pourquoi Aristide ne revient-il pas ?

Aristide ne peut pas revenir maintenant, il y a trop d’enjeux et il n’a plus d’hommes de main, ni de cadre et il n’est plus soutenu par les impérialistes. Il existe des groupes, clandestins ou non, qui ont de l’argent, qui rassemblent du monde et qui avancent lentement. Il s’agit de distinguer qui sont nos vrais amis et nos vrais ennemis. En Haïti, il y a aussi une lutte des classes et une différence de perception entre homme blanc et homme noir. C’est donc tout un travail de reconstruction aussi bien physique qu’idéologique qu’il faut établir en Haïti. Quoiqu’il en soit, le Canada, la France et les Etats-Unis ne sont pas nos amis et ils l’ont prouvé.

Haïti deviendra t-il la 51ème étoile du drapeau américain ?

Haïti ne sera jamais un Etat américain !

Comment voyez-vous l’avenir ?

L’avenir sera dur, voire même très dur. Les Etats-Unis ont essayé d’hisser leur drapeau sur l’aéroport de Port-au-Prince, mais Préval y a mis un terme. L’étoile américaine ne sera pas pour Haïti. Si un jour Haïti a une étoile, elle sera rouge comme celle de Cuba. Haïti luttera pour retrouver sa souveraineté, le pays est indépendant depuis le 1er janvier 1804 et il le restera. Comme le disait Henri Christophe, nous pouvons mettre le feu dans tout Haïti ; l’impérialisme américain pourra reconstruire, mais cela pourra être détruit. Sur les cendres d’Haïti nous rebâtirons notre Haïti…

Notes :
[1] Accord du 22 février 2006, article 2.3 : « le gouvernement communiquera à la MINUSTAH copie de tous les accords qu’il aurait pu souscrire avant l’entrée en vigueur de l’accord du 22 février 2006, et qui seraient encore valides. Si la MINUSTAH considère qu’un de ces accords pourrait être incompatible avec son mandat ou avec la bonne exécution du plan de réforme de la Police Nationale Haïtienne, le gouvernement apportera à cet accord les aménagements que la MINUSTAH lui demandera pour éviter cette incompatibilité » et ajoute que le document accorde « à la MINUSTAH l’extension de sa toute puissance au-delà de l’actuel gouvernement de transition »
[2] Alliance Bolivarienne pour les Amériques
[3] Métaphore haïtienne pour caractériser les 3 pays impérialistes : des roches sur lesquelles on fait cuire à manger.
[4] Accord de Libre Echange Nord Américain conclu entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada
[5] Image employée par Mao

Source: michelcollon.info

DOSSIER HAITI REUNI PAR L'EQUIPE D'INVESTIG'ACTION - MICHELCOLLON.INFO
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