lundi 23 février 2009

LES FEMMES SONT LARGUÉES DANS LE BUDGET DE 2009

Traduit de l’édition du 15-28 février 2009 de People’s Voice

Des informations provenant de la Coalition ad hoc pour l’égalité des femmes et les droits humains démontrent clairement que le budget des Conservateurs du 27 janvier ne répond aucunement aux besoins des femmes. Divulguée par Kathleen Lahey, professeure en droit de l’Université Queen’s, cette analyse indique que les « femmes composent un plus de la moitié de la population du Canada et qu’elles demeurent les responsables directes des soins quotidiens de la majorité des enfants mineurs au pays ». Lahey souligne que « non seulement le Budget de 2009 n’arrive pas à cibler les plus vulnérables, mais il semble avoir été soigneusement conçu en vue d’exclure les femmes, autant que possible, des 64 milliards de dollars de dépenses financées par un nouveau déficit et des réductions d’impôts ».

Par exemple, les programmes de dépenses d’infrastructure n’incluent aucune exigence en matière d’égalité des sexes. Seule une petite part de ces dépenses ira aux femmes, puisque les emplois dans le secteur primaire, de la fabrication et de la construction sont essentiellement occupés par des hommes. Aucune de ces dépenses d’infrastructure n’est assignée à de nouvelles garderies d’enfants, installations nécessaires aux femmes à faible revenu afin qu’elles puissent accéder à un travail rémunéré, ou au financement de celles déjà en place.

Tel qu’annoncé antérieurement, les impôts sur le revenu des corporations qui atteignent 6,3 milliards de dollars en octobre 2009 seront réduits à 4,2 milliards de dollars en novembre 2010. Parmi les bénéficiaires de ces réductions se trouvent des chefs de direction, des directeurs et des propriétaires de grandes entreprises qui, pour la plupart, sont des hommes.

De même, le crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire de 2,5 milliards de dollars est disponible uniquement pour ceux qui possèdent une maison et qui ont un revenu suffisant pour dépenser 10 000 $ sur des rénovations admissibles en 2009, leur permettant ainsi d’obtenir un crédit d’impôt de 1 350 $. Étant donné que les revenus moyens des femmes (27 000 $) sont très inférieurs à ceux des hommes (45 000 $), ce programme élargira donc le fossé entre les sexes.

Les modifications mineures annoncées à l’assurance-emploi dans le budget ne sont disponibles qu’aux travailleurs étant déjà admissibles à des prestations. Depuis 1996, ceux qui travaillent moins de 35 heures par semaine se sont vus refuser des prestations, affectant ainsi plus les femmes qui occupent les emplois à temps partiel, saisonniers, contractuels et « hors marché ». Près de trois fois plus d’hommes que de femmes étaient admissibles à des prestations d’assurance-emploi au cours de la dernière période de référence.

Les réductions d’impôts sur le revenu des particuliers, qui s’élèveront à 1 885 milliards de dollars en octobre 2009, augmentent l’exemption personnelle de 220 $, c.-à-d. une réduction d’impôts de 33 $. Ce sont les contribuables ayant un revenu imposable d’au moins 10 320 $ en 2009 qui bénéficieront de cette réduction, excluant du coup 40 % de toutes les femmes déclarant des revenus, puisque ceux-ci sont au départ trop faibles pour payer de l’impôt. De même, l’allègement fiscal pour les catégories plus élevées offre moins de bénéfices aux femmes qui gagnent des revenus moyens inférieurs à chaque niveau.

L’assortiment des réductions d’impôt sur le revenu des entreprises, qui s’élève à près de 500 millions de dollars annuellement (déduction pour amortissement accéléré, augmentation de la limite pour les petites entreprises, crédits d’impôt pour exploration minière, réductions de tarifs douaniers), va bénéficier aux femmes beaucoup moins qu’aux hommes qui possèdent près de 67 % des entreprises et des sociétés par actions.

Pour de plus amples informations, veuillez visiter le site : http://www.womensequality.ca ou http://www.egalitedesfemmes.ca.
LE PARTI COMMUNISTE EN CAMPAGNE POUR L’ASSURANCE-EMPLOI
Traduit de l’édition du 15-28 février 2009 de People’s Voice
En août dernier, le Comité central du Parti communiste du Canada s’était réuni dans les jours précédents une campagne électorale fédérale déclenchée à l’improviste, qui a été perturbée à mi-parcours par le krach boursier mondial.
Pour la première fois depuis que cette crise a éclaté, le CC s’est réuni à Toronto durant le week-end des 31 janvier-1er février, dans une conjoncture politique ayant fortement évolué au Canada et partout dans le monde. Fini les illusions sur le «succès» de la politique néolibérale capitaliste, tandis que l’intérêt de la classe ouvrière pour une alternative populaire et pour le socialisme est en hausse. Tous les membres du CC conviennent que l'année à venir en sera une de défis intenses pour la classe ouvrière, et d’opportunités extraordinaires pour construire le parti communiste.
Le CC a adopté un vaste rapport politique analysant la situation internationale, la résistance à travers le Canada, et le travail entrepris pour renforcer les mouvements de masse et pour construire le parti communiste. Le chef du Parti, Miguel Figueroa, a déclaré: «Cette réunion du Comité central arrive à un moment extrêmement critique dans la lutte pour la paix, pour les emplois et les droits sociaux et politiques de la classe ouvrière au Canada et à l'étranger. C’est également une réunion cruciale pour notre propre Parti, qui est confrontée à d'énormes défis avec des ressources limitées, mais en même temps dans des circonstances qui offrent d'importantes possibilités pour la croissance et le développement de notre Parti et du mouvement de riposte dans son ensemble.»
Le rapport de Figueroa, présenté au nom du Comité exécutif central, a fourni une vaste gamme de données sur la situation mondiale. Par exemple, le 21 janvier, l'Organisation mondiale de la Santé a publié un rapport inquiétant sur « La crise financière et la santé mondiale », avertissant que « le monde risque de vivre la plus grave récession économique depuis les années 1930. Il est estimé que les récentes augmentations du coût de la nourriture et du carburant ont fait basculer plus de 100 millions de personnes dans la pauvreté. Le défi auquel le monde est maintenant confronté est d'éviter que la crise économique ne dégénère en crise sociale et en crise de santé .... Le manque de nourriture et la malnutrition qui s’en suit prédispose les individus à la maladie et par conséquent agit comme un cercle vicieux sur le ralentissement économique. »
Rejetant les arguments que la présente récession ne serait « seulement qu’une autre crise cyclique », le rapport de Figueroa a souligné que «ce qui distingue la crise actuelle des précédentes sont les éléments qui en sont venus à jouer un rôle dominant dans le processus d'accumulation du Capital, en particulier le rôle des capitaux spéculatifs ". Bien que la spéculation ait toujours été une composante du capitalisme, elle pénètre maintenant tous les aspects de l'économie et la politique, non seulement les actions et les entreprises, mais aussi les monnaies nationales, au point où les marchés financiers internationaux dictent les politiques économiques nationales.
Malgré certaines divisions, note Figueroa, «ce qui unit la classe dirigeante, c'est le désir de surmonter la crise au dépend de la classe ouvrière - à la fois directement par l'abaissement du coût (prix) de la main-d'oeuvre, la principale cible étant le mouvement ouvrier organisé ... et indirectement, par l'utilisation des deniers publics (dont la majeure partie provient des poches des travailleurs-euses) pour prémunir les investisseurs contre les pertes et renflouer les profits qui s’affaissent. Les divergences entre les deux camps sont d’ordre tactique, elles ne portent pas sur leurs politiques fondamentales.»
Pour la classe ouvrière, a-t-il conclu, « tout cela est inacceptable. En ce qui concerne les soi-disant «stimulations» financées par les recettes publiques et / ou des déficits, la question n'est pas la «stimulation» en tant que telle, mais plutôt quels genres de stimulation, et quels intérêts servent-ils? »
Figueroa a souligné que le PCC est « parfaitement d'accord avec la position des communistes grecs, qui a été résumée dans leur intervention à la Réunion internationale des partis communistes et ouvriers tenue au cours du mois de novembre dernier: « À notre avis, ce que la bourgeoisie considère une menace pour son économie et la stabilité politique est un espoir pour les forces ouvrières et populaires, tant que les partis communistes et les mouvements anti-impérialistes ne perdent de vue le seul moyen de s’en sortir ... Nous devrions utiliser cette situation au maximum dans le but de promouvoir le processus d'unité au sein de la classe ouvrière, aussi bien que son alliance politique et sociale avec d'autres couches populaires ... »
Le rapport critique fortement la tendance de certains dirigeants ouvriers et social-démocrates de faire des concessions plutôt que de se mobiliser pour une riposte plus forte. Figueroa souligne la récente déclaration du chef des TCA, Ken Lewenza, qui a indiqué que son syndicat est prêt à rouvrir les conventions collectives pour accepter des concessions sur les salaires et les conditions de travail parce que « nous ne pouvons pas ignorer la situation financière précaire de ces (auto) entreprises ». Sur une même note, chef du NPD Jack Layton, prenant la parole à la Chambre de commerce de Toronto en janvier dernier, a déclaré: "C'est ce courage de la population canadienne qui fait la force de notre pays. Associons ce courage paisible avec de judicieux investissements pour l'avenir ... C'est ce type courage dont les travailleurs-euses auront besoin pour accepter une réduction de salaire afin que vos amis à l'usine puissent conserver leurs emplois. "
Au contraire, dit Figueroa, « les travailleurs-euses canadiens-nes doivent suivre l’exemple donné récemment par leurs frères et sœurs en Europe, où des millions sont sortis dans la rue en Grèce, en France, en Allemagne et ailleurs, avec le même message:« Nous n'avons pas créé cette crise économique, et nous nous n’en ferons pas les frais! »
Avec la montée en flèche du chômage, le défi le plus immédiat sera la lutte pour rétablir l'accès à l'assurance-emploi pour les deux-tiers des travailleurs-euses canadiens-nes qui en sont privés par une réglementation restrictive et pour améliorer le niveau des prestations. Le Comité central a décidé de lancer une campagne spéciale sur les questions de l'emploi et de l'assurance-emploi, impliquant des actions publiques, des forums, des dépliants, et autres efforts visant à approfondir la compréhension de la crise capitaliste et les attaques sur les emplois et les programmes sociaux. Le Parti va également apporter son soutien total aux efforts du mouvement ouvrier en vue d'améliorer l'assurance-emploi.
Cette activité publique sera complétée par un renforcement du travail d’éducation du Parti. L’afflux croissant de nouveaux membres fait en sorte que la majorité des communistes canadiens-nes ont joint le Parti depuis le début des années 1990. Beaucoup sont issus des communautés immigrantes, apportant avec eux et elles de puissantes traditions de lutte de classe et de luttes révolutionnaires de leur pays d’origine. Pour profiter pleinement des conditions plus favorables de recrutement, le CC insiste qu’il est nécessaire d’accroître le travail pour aider à améliorer le niveau d'activité et d'organisation des cellules, la base du PCC. Ces efforts aideront à renforcer et à construire la Parti jusqu’à son 36ème congrès qui est prévue en février 2010.
Le secrétaire général de la Ligue de la Jeunesse communiste, Johan Boyden a fait rapport au CC de l'activité de la LJC et du travail des communistes parmi les jeunes partout au Canada. Depuis son congrès de refondation en 2007 a dit Boyden, la LJC a vu le nombre de ses adhérents et son niveau général d'activité augmenter, et ses membres jouent un rôle important dans nombre d’organisations ouvrières et étudiantes.
Le CC a également adopté plusieurs résolutions spéciales, incluant un appel à une pleine participation aux manifestations contre la guerre en avril de cette année pour marquer le 60e anniversaire de l'OTAN. Une autre résolution salue le 90e anniversaire de la grève générale de Winnipeg, qui a eu lieu en Mai-Juin 1919 et a eu un impact historique sur les mouvements ouvrier et révolutionnaire au Canada.

Les documents intégraux de la réunion du Comité central seront mis sur le site web du Parti communiste, www.communist-party.ca. Des copies imprimées seront disponibles au bureau central du PCC ainsi que qu’auprès des organisations provinciales et locales.

dimanche 22 février 2009

Communiqué de presse - Pour diffusion immédiate
À l'occasion la journée internationale des femmes 2009:
Les femmes de diverses origines exigent un nouvel ordre mondial:
Fin à l'impérialisme, l'occupation, la guerre, l'exploitation et la répression!
Montréal, 2 février 2009- Le Comité du 8 mars des femmes de diverses origines n'exige rien de plus, mais rien de moins. Nous sommes des féministes d'origines diverses. Intégrées à la base, dans nos communautés et dans la société en général, nous résistons au patriarcat et à la misogynie dans les relations familiales, les institutions sociales et politiques, la culture et les médias.
Dans le contexte local et global actuel, ce qu'il nous faut, c'est un nouvel ordre mondial qui identifie clairement les racines des problèmes que vivent présentement les femmes et leurs familles, partout dans le monde. Les oppressions multiples engendrées par le capitalisme et le patriarcat nous ont conduites là où nous sommes aujourd'hui : un monde de guerres constantes et multiples, une grave insécurité économique et l'exploitation des personnes marginalisées du fait de leur classe, leur genre ou leur race. La situation est claire. Rien d'autre qu'un ordre complètement différent, un nouvel ordre mondial, ne peut impulser un monde meilleur.
Nous ne nous laisserons plus détourner de notre cible par le prétexte qu'il y a des « problèmes plus graves », ou que les « changements prennent du temps » ou par des accusations d'« utopisme » lorsque nous réclamons un monde meilleur. Nous savons quels sont les problèmes. Nous connaissons leurs causes. Nous voyons la rapacité des grandes entreprises et les gouvernements à leur service avec leur machinerie de guerre semer le désordre, la mort et la destruction de populations innocentes partout dans le monde alors que les pires despotes règnent et oppriment en toute impunité. Le libre mouvement internationale des capitaux impose aux travailleuses et aux travailleurs de partout les conditions les plus dégradées de travail, de l'insécurité d'emploi et de salaire de misère. Les gens fuient la guerre, l'oppression politique et des conditions économiques désastreuses pour se retrouver encore plus exploités dans les régions où elles et ils trouvent refuge. Les minorités sont la cible de violences et de brutalités et peu de gens semblent s'en soucier.
Deux événements vont être organisés. Le premier réunira des conférencières et des expositions, le 28 février à l'Université de Montréal, 3200 Jean-Brillant dès 9hrs30; le deuxième sera une manifestation de rue le jour de la journée internationale des femmes, le 8 mars au Carré Cabot à midi. Des conférencières locales et internationales ainsi que les manifestantes tisseront des liens entre les divers enjeux, de Barriere Lake à la Palestine à l'Afghanistan, du champ à l'usine et à notre table, du parc de quartier à la prison et au champ de bataille. Soyez des nôtres.

Les Conférencières:
Zoya, Association révolutionnaire des femmes de l'Afghanistan (RAWA);Soha Bechara, Urgence Palestine;Nargess Mustapha, Montréal-Nord Républik;
Tess Tessalona, le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants de Montréal et le comité 8 mars
Contacts de médias: Marie Boti 514-598-8746 (Français); Mubeenah Mughal 514-312-4695 (Anglais)
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mercredi 18 février 2009

L'ASSURANCE-EMPLOI: CONQUISE DANS LA LUTTE
Par Kimball Cariou, rédacteur en chef de People's Voice

Comme les travailleurs-euses sont confrontés à une profonde crise économique, des demandes pour que soit apporté d’importantes améliorations du régime d'assurance-emploi se font de plus en plus pressantes.
Pendant de nombreuses années, les médias et les hommes politiques de droite ont répandu l'idée que l'assurance-emploi c’était « la vie facile » pour les chômeurs-euses, un «cadeau» à même les taxes et des dépenses pour les gouvernements », un programme financé par les contribuables qui encourage la « paresse » au détriment de l’obéissance et de la fidélité à l’égard des employeurs. Malheureusement, il y a aussi eu des arguments provenant de certains à gauche prétendant qu’il fallait voir dans l'assurance-chômage un moyen pour la classe dirigeante d’atténuer les luttes populaires.
Mais la vérité est bien différente, et nous avons besoin de nous rappeler l'histoire du mouvement ouvrier pour réfuter ces fausses idées.
Presque tous les grands pays capitalistes ont adopté des systèmes d'assurance-chômage au début du 20e siècle. Les détails varient d'un pays à l'autre, mais l’existence de ces programmes est le reflet de la réalité qui veut que le capitalisme ne peut jamais assurer le plein emploi. Les employeurs ont actuellement besoin d'une grande "armée de réserve de chômeurs" pour faire baisser les salaires et pour limiter la capacité des travailleurs-euses à s'organiser en un puissant mouvement syndical.
En fait, le capitalisme lui-même génère le chômage. En quelques mots, chaque capitaliste (ou société) en concurrence contre les autres s'efforce de maximiser ses profits en réduisant les coûts salariaux. Cela peut se faire en baissant les salaires, en cassant les syndicats, en allongeant la journée de travail, en accélérant la production, ou en investissant dans de nouvelles technologies pour économiser en coût de main-d'œuvre. Cette dernière tactique permet de réduire la main-d'œuvre et d’envoyer des travailleurs-euses au chômage. Les capitalistes qui en tirent alors des profits relativement plus importants tirent avantage de cette situation pour continuer d’augmenter des investissements de capitaux afin de réduire encore davantage les coûts du travail. Ceux qui ne parviennent pas à répondre à cette concurrence sont acculés à la faillite, jetant par le fait même encore plus de travailleurs-euses dans «l’armée de réserve».
En d'autres termes, le chômage n'est pas le résultat d’ «imperfections» - il s'agit d'une caractéristique permanente, faisant partie intégrante de notre système économique.
Malheureusement pour les patrons, les travailleurs-euses sans emploi refusent de simplement baisser les bras et de se laisser tranquillement mourir de faim. Utilisant un large éventail de moyens - manifestations de masse, grèves, élections - les travailleurs-euses ont toujours combattu, entre autres mesures, pour des journées de travail plus courtes, de meilleurs salaires, pour le droit de s'organiser, pour l'assurance-chômage, et pour la création d’emplois.
Cette lutte au cours des années 1930 fut la plus critique l’histoire de la classe ouvrière canadienne. Alors que la Grande Dépression empirait, il est estimé que le chômage au Canada affectait le cinquième de la main-d'œuvre. La réponse du gouvernement conservateur de RB "Iron Heel" Bennett avait été d’obliger des milliers d’hommes célibataires sans-emploi à vivre dans des camps de travail isolés. Payés seulement vingt cents par jour dans ces «camps d'esclaves», les travailleurs formèrent l’Union des ouvriers des camps de secours, affiliée à la Ligue d’Unité ouvrière dirigée par les communistes. Leur mouvement s’inspirait de l'Union Soviétique, où l'exploitation capitaliste avait été supprimée, et où les travailleurs-euses avaient réalisé des avancées sociales de grande envergure.
Au printemps de 1935, les membres de l’UOCS se réunirent à Vancouver, où les résidents répondirent par de généreux appuis de solidarité et d'énormes rassemblements. Les travailleurs décidèrent d’aller porter leurs réclamations pour «du travail et des salaires» - des emplois et des revenus pour vivre - directement au gouvernement fédéral. Le 3 Juin des centaines sont montés sur des trains de marchandises pour commencer la fameuse « Grande marche sur Ottawa. » Comme les marcheurs gagnaient en nombre et en soutien plus ils avançaient vers l’Est, les Conservateurs de Bennett et l'ensemble de la classe dirigeante étaient terrifiés, craignant une révolution socialiste au Canada. Le Marche fut écrasée par une attaque brutale de la police à Regina le 1er juillet 1935, bien que les travailleurs-euses sans emploi en Ontario se soit rendus à Ottawa.
Iron Heel" Bennett fut défait plus tard cette année-là, et le gouvernement libéral de Mackenzie King a finalement été contraint, par la pression de la classe ouvrière, d’adopter l'assurance-chômage en 1940 ; le Canada aura été le dernier pays occidental à adopter un système d'assurance-chômage.
Depuis lors, les termes du régime d'assurance-chômage ont constamment fait l'objet d'une bataille entre le mouvement ouvrier et les patrons, au parlement comme à l’extérieur du parlement. Pendant de nombreuses années, il suffisait aux travailleurs-euses d’être en emploi pendant 10 semaines pour être admissibles à 42 semaines de prestations d’assurance-chômage. Avec les modifications adoptées en 1971, plus de 80 pour cent des Canadiens-nes sans emploi étaient admissibles aux prestations. Les prestations de 15 semaines pour maladie et pour maternité ont également été remportées cette année-là.
Mais les exigences des employeurs devinrent de plus en plus de pressantes durant les années 1970 et 80, au fur et à mesure que l'agenda « néo-libéral » prenait le dessus avec son lot d’attaques contre la classe ouvrière. Le gouvernement fédéral a d’abord réduit, puis éliminé sa contribution financière à l'assurance-chômage en 1990. Les Conservateurs de Mulroney ont sabré dans le programme, et cela fut suivi par de nouvelles réductions sous le règne des Libéraux de Chrétien et du ministre des Finances Paul Martin en 1994 et en 1996, quand il a été rebaptisé « assurance-emploi ». Les modifications ont augmenté le temps de travail nécessaire pour se qualifier, et les prestations furent réduites à l’actuel et misérable taux de 55% des gains antérieurs. Aujourd'hui, environ le tiers seulement des travailleurs-euses sans emploi sont admissibles à l'assurance-emploi, et encore beaucoup moins dans plusieurs régions.
La baisse des dépenses a entraîné une augmentation du surplus de la caisse d'assurance-emploi après 1994. L'excédent cumulé s'élevait à $ 54 milliards en 2007, tandis que des centaines de milliers de travailleurs sont dans l'incapacité de recevoir des prestations.
En rejetant la demande du mouvement ouvrier d'améliorer l'accès et le niveau des prestations d'assurance-emploi, le Premier ministre Harper prend la même position que "Iron Heel" Bennett il y a plus de soixante-dix ans. Comme toujours, le Parti conservateur se tient avec les patrons, qui utilisent la faim et la pauvreté comme un fouet pour frapper la classe ouvrière afin de la soumettre durant une époque de crise économique. Nous avons besoin de lutter en mobilisant à nouveau un puissant mouvement de masse, en exigeant des emplois et des revenus suffisants pour tous, y compris l'assurance-emploi à 90% du salaire antérieur pendant toute la durée du chômage.

jeudi 5 février 2009

Le budget fédéral : un écran de fumée
Commentaire du Comité exécutif central du
Parti communiste du Canada, émis le 27 janvier 2009
Publié dans le journal People’s Voice, numéro du 1er au 14 février 2009 - Vol. 17, No 2

Les positions politiques ont changé depuis l'automne dernier à Ottawa, mais pas autant que l'ont déclaré la plupart des analystes qui ont traité du budget fédéral du 27 janvier. Cela n'est pas surprenant puisque les "consultations sur le budget" du ministre des Finances, Jim Flaherty, ont été menées presque exclusivement auprès des grandes entreprises et des «think tanks» (centres de recherche, de stratégie et de diffusion politique) de droite. Alors que la crise économique mondiale s'aggrave, ce budget accorde la priorité à des mesures visant à tirer d'affaire les banques et les autres prêteurs, ainsi qu'à donner des exemptions fiscales aux grandes entreprises, tout en ignorant les besoins urgents des travailleuses/eurs et des chômeuses/eurs. Ces mesures sont une preuve supplémentaire que le gouvernement minoritaire de Stephen Harper reste un outil de confiance de la classe dirigeante et un ennemi acharné des travailleuses/eurs à travers le Canada. Plus que jamais la classe ouvrière et les autres forces démocratiques devront mener un grand combat pour chasser les conservateurs du pouvoir.

Stephen Harper, Jim Flaherty et les membres du cabinet conservateur continuent d'être d'irréductibles partisans de l'idéologie néo-conservatrice. Les conservateurs au pouvoir ont été forcés par les événements de mettre en place un "ensemble de stimulants" qui, en combinaison avec la baisse des recettes publiques, se traduira par un déficit de 64 milliards de dollars au cours des deux prochaines années. Mais l'agenda d'extrême-droite des conservateurs sera maintenu, à peine caché par l'écran de fumée que constituent les annonces de dépenses mineures dans des infrastructures, qui visent à maintenir l'emprise de Harper sur le pouvoir.

La crise actuelle prouve que la réalité l'emporte sur les abstractions de la théorie économique bourgeoise. Depuis plus de deux décennies, tous les gouvernements des grands pays capitalistes appliquent une stratégie de déréglementations, de privatisations, de coupures massives dans les dépenses sociales, d'allégements fiscaux pour les riches et les entreprises et d'augmentation des dépenses militaires. Ils ont imposé ces politiques néolibérales à des États soi-disant «moins développés». Telles sont les mesures que préconise le «Consensus de Washington». Évidemment, si ces mesures étaient efficaces, comme le prétendent les complices du système, le capitalisme serait déjà entré dans une phase supérieure d'expansion, exempte de crises, et des retombées positives se seraient répandues du sommet de la pyramide jusqu'aux secteurs inférieurs de la classe ouvrière.

Mais soudain, comme l'avaient prévu les économistes les plus objectifs ainsi que le Parti communiste (voir le numéro de People's Voice du 1er au 15 janvier 2008), l'édifice s'est effondré. Non seulement les politiques néo-conservatrices sont incapables d'apprivoiser le cycle de phases successives d'expansion et d'effondrement, inhérent au capitalisme, mais, en fait, elles rendent la phase d'effondrement beaucoup plus grave. On sait maintenant que les gigantesques profits et que l'énorme croissance des actifs de ces dernières années n'ont, en fait, été que des spectres obtenus au moyen de manipulations financières, de marchés de logements et d'immobiliers chauffés à blanc et de «bulles» de spéculation et d'endettement sans précédent.

Même avant le mois de septembre dernier, l'impact réel des politiques néo-conservatrices en Amérique du Nord était évident à tout observateur attentif. L'écart entre riches et pauvres a atteint des niveaux stupéfiants, des dizaines de millions de travailleuses/eurs ont été écrasées/és sous le poids des dettes, le secteur manufacturier a été dévasté. En Europe des tendances similaires se sont développées. Aujourd'hui, alors que des millions d'emplois disparaissent, les secteurs qui ont prêché l'évangile néo-conservateur sont à genoux devant les anciens principes du keynésianisme.

Cette évolution des choses a fait naître, chez les électrices/eurs, un puissant consensus affirmant qu'une relance économique est désespérément nécessaire. Dans presque tous les grands pays capitalistes, les gouvernements adoptent des politiques visant à éviter l'effondrement total au moyen de dépenses de trillions de dollars consacrées à l'infrastructure et au sauvetage. Dans une certaine mesure, cela est tout simplement du rattrapage après des années de compressions budgétaires dans les écoles et les hôpitaux, d'abandon dans tous les domaines, qui vont des systèmes d'égouts aux ponts qui tombent en ruine. Des gouvernements qui ont versé des milliards de dollars dans l'expansion militaire, tout en réduisant les taux d'imposition, comme les conservateurs de Harper, et les libéraux avant eux, répondent désormais aux pressions du public en adoptant la voie vers un déficit pour payer les coûts de certaines des priorités urgentes.

Mais une analyse détaillée de ces dépenses s'impose. Le "stimulant" de Harper, de soixante-quatre milliards de dollars sur deux ans, semble très élevé alors qu'en fait il ne représente que moins de 1,5% du produit intérieur brut du Canada. Ce taux est bien inférieur aux 2,5% prévus aux États-Unis et aux sommes nécessaires pour faire redémarrer l'économie nationale qui est tombée en panne. Plus de la moitié du déficit des conservateurs est tout simplement dû à un manque d'argent par rapport aux recettes prévues, d'une part parce que l'économie a ralenti et d'autre part parce que Harper a, l'année dernière, réduit les impôts d'une valeur de 12 milliards de dollars.

Comme si cette baisse des futures recettes du gouvernement ne suffisait pas, les conservateurs accélèrent la réduction d'impôts des sociétés. Leur réduction "générale" d'impôts («across-the-board», pour tout le monde) ne représente en réalité qu'une évolution vers un système d'impôts à taux unique («flat tax», impôts à taux proportionnel contrairement aux impôts progressifs), qui favorise des personnes à haut revenu beaucoup plus que les personnes à revenus faibles et moyens.

Malgré les mots ronflants qu'il contient, le budget ne répond pas aux véritables besoins des masses laborieuses. La moitié des deux milliards de dollars promis pour le logement social sera consacrée à la rénovation et non à la construction de nouveaux logements. Ce montant est inférieur à celui prévu dans le budget pour la vente de maisons et pour les rénovations. Dans l'essentiel, cette somme est en fait une subvention cachée au secteur immobilier et à l'industrie de la construction. De plus, le budget n'a rien fait pour les personnes qui n'ont pas de maisons ou pour la protection des familles confrontées à des saisies.

Le budget ne contient rien en vue des programmes au niveau de tout le Canada de garde d'enfants, d'amélioration des soins de santé ou de réduction du fardeau de la dette auxquels sont confrontés les étudiantes/iants de niveau postsecondaire. Ce budget garde certaines des pires dispositions du catastrophique «énoncé économique» de novembre dernier de Flaherty, y compris l'attaque contre le droit à l'équité salariale pour les femmes, le plafond salarial imposé pour les travailleurs fédéraux et la vente à rabais à des grandes entreprises de biens publics pour une valeur de deux milliards de dollars.

Loin d'aider les chômeurs, ce budget poursuit la guerre des conservateurs contre les pauvres. Il prolonge de cinq semaines des prestations d'assurance-emploi, mais ce changement est minime. Par contre, il maintient le délai d'attente, maintient les prestations à 55% seulement du salaire touché auparavant et ne permet l'accès à ces prestations de famine qu'à environ un tiers des chômeuses/eurs, alors que leur nombre ne fait que grandir. Le budget alloue deux milliards de dollars à la reconversion des travailleuses/eurs sans emploi, mais cette somme ne représente qu'une infime fraction des 54 milliards de dollars volés aux chômeuses/eurs au cours des années par les réductions de prestations d'assurance-emploi imposées par les libéraux et les conservateurs. Le salaire minimum fédéral n'a pas changé et le budget ne fait rien pour protéger ou augmenter les pensions ou pour améliorer l'aide sociale.

Les dépenses d'infrastructure sont chichement saupoudrées dans tout le pays. Au lieu d'un nouveau pacte pour les villes, le budget contient une "pillule empoisonnée" constituée par des dispositions forçant les provinces et les municipalités à verser des fonds de contrepartie. Et parce que les gouvernements locaux ont désespérément besoin d'argent, parce qu'ils n'ont pas de pouvoirs d'imposition et ne reçoivent pas d'appui suffisant des niveaux supérieurs de gouvernement, de nombreux projets prêts à être mis en oeuvre seront mis de côté.

Le budget ne fait rien pour enrayer les pertes d'entreprises manufacturières et pour protéger les emplois du secteur industriel. Il ne contient aucune loi contre les fermetures d'usines qui feraient en sorte que l'appui financier du gouvernement aux entreprises ne serait donné qu'en échange de leur engagement à maintenir ouvertes leurs installations, sans licenciements et sans réductions de salaire. En dépit de l'énorme déficit, le budget n'a pas réduit l'écrasant budget militaire ou les dépenses astronomiques consacrées à la soi-disant "mission" en Afghanistan, discréditée auprès de l'opinion publique.

Les affirmations selon lesquelles Harper serait à l'écoute de la population canadienne et comprendrait la nécessité d'adopter de nouvelles politiques ont été nombreuses. Mais le budget du 27 janvier ne fait rien pour lutter contre les très graves problèmes structurels qui minent la vie sociale et économique du Canada : l'augmentation constante du nombre de chômeuses/eurs et de celui des sans-abri, l'écart grandissant du fossé entre les revenus supérieurs et inférieurs, la désindustrialisation, le caractère complètement inadéquat des programmes sociaux, l'oppression raciste contre les peuples autochtones, la destruction de l'environnement, la liquidation et la vente à rabais de la souveraineté canadienne. En essence, le budget n'est qu'une manoeuvre politique de sauvetage du parti conservateur.

Les libéraux sous la direction de leur nouveau leader, Michael Ignatieff, ont décidé d'appuyer ce budget dans l'espoir de retrouver leur position en tant que parti le plus favorisé par le grand capital. Cette décision met fin à la coalition libérale-néo-démocrate, sur laquelle des millions de personnes des masses laborieuses fondaient leurs espérances pour vaincre le gouvernement le plus réactionnaire, pro-capitaliste, militariste et vendu de l'histoire canadienne.

Mais alors que le Canada est confronté à la plus profonde crise économique qui soit survenue depuis des générations, le mouvement syndical et les mouvements démocratiques ne peuvent accepter un tel résultat sans réagir. Nous lançons un appel à intensifier la lutte pour l'unité de la classe ouvrière et de ses alliés afin d'organiser des actions de masse pour chasser les conservateurs de Stephen Harper du pouvoir et pour que soient adoptées des politiques favorables au peuple si désespérément nécessaires en ce moment crucial.

Parti communiste du Canada - info@cpc-pcc.ca - www.communist-party.ca
Journal «People's Voice» : www.peoplesvoice.ca
Ligue de la jeunesse communiste : www.ycl-ljc.ca
SolidNet (réseau international de partis communistes et ouvriers : www.solidnet.org

Parti communiste du Québec (section du Parti communiste du Canada)
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