lundi 29 décembre 2008

Blocus de Gaza
Blocus : la Bande de Gaza otage d'Israël.

Décrétée "entité hostile" par Israël à la suite du coup de force du Hamas contre l'Autorité palestinienne, la Bande de Gaza subit depuis juin 2007 un blocus quasi total. La population palestinienne, maintenue sous haute surveillance satellitaire, est encerclée sur son territoire de 360 km2 par des clôtures de grillages et de barbelés. Tous les points de passages et toutes les sources régulières d'approvisionnement sont verrouillés par Tsahal, l'armé israélienne. L'administration locale est placée sous un strict embargo financier et les banques paralysées. Les habitants ne reçoivent presque aucun produit de première nécessité. Les médicaments, les carburants, les aliments, plus rien ne passe. Les stations de pompage d'eau ou de production d'électricité, les hopitaux, les maternités, les écoles, et d'une façon générale tous les services les plus indispensables à la vie quotidienne sont bloqués. La ville de Gaza, où vivent près de 500.000 personnes, est régulièrement plongée dans le noir suite à l'arrêt forcé de la centrale électrique. Moins de 200 petites entreprises peuvent encore travailler, au ralenti, sur les 3.900 qui étaient en activité avant le blocus de la Bande de Gaza. L'agriculture, secteur vital de l'économie locale, est réduite à néant par les interdictions d'exporter et par les pénuries de matières premières nécessaires aux exploitations agricoles. Le secteur de la pêche est aussi paralysé. Dans l'immmobilier, tous les programmes, y compris ceux des Nations unies (aménagement du réseau routier et de la voirie, constructions d'hôpitaux et d'établissements scolaires, etc) sont stoppés. Plusieurs centaines de médicaments de base manquent dans les dispensaires. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) le manque de médicaments, auquel on ajoute l'interdiction de quitter le territoire pour aller se soigner en Egypte ou en Jordanie, a provoqué directement 270 décès. Les services municipaux d'hygiène (adductions d'eau, égoûts, traitement des déchets, ramassage des ordures, etc) sont hors service faute d'électricité, de carburants et de pièces de rechange. Même les convois d'aide humanitaire de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies (UNRWA) sont empêchés de livrer leurs cargaisons d'aliments pourtant indispensables à cette population affamée réduite à l'état de sous-existence humaine. Quant aux journalistes ou parlementaires étrangers souhaitant se rendre compte de la situation dans la Bande de Gaza, ils sont tout simplement refoulés par Israël aux postes frontières (pour la petite histoire, le Consul de France à Jérusalem, Alain Rémy, est lui-même interdit de visite de la Bande de Gaza, ce qui ne suscite aucun commentaire ou protestation de la part de Nicolas Sarkozy et de Bernard Kouchner alors qu'on imagine l'incident diplomatique majeur en pareil cas pour tout autre pays qu'Israël se permettant un tel affront). Contrairement aux conventions dans lesquels l'état israélien est engagé devant les organisations internationales, toute tentative d'aide ou de communication avec ce territoire palestinien est ainsi rendue impossible.
Malgré le cessez-le-feu signé en juin dernier entre le Hamas et le gouvernement israélien sous l'égide de l'Egypte, des bombardements continuent à intervalles réguliers de terroriser la population civile sous divers prétextes d'atteinte à la sécurité d'Israël, entraînant à chaque fois de nombreux morts et blessés, y compris femmes et enfants. Les assassinats ciblés -- considérés comme des crimes de guerre par la communauté internationale -- se poursuivent en outre contre les militants du Hamas. Plusieurs bâtiments administratifs officiels du pouvoir islamique, comme entre autres le ministère de l'intérieur et un poste de police maritime, mais aussi des centaines d'habitations civiles, ont été détruits par des missiles israéliens.
Selon plusieurs rapports officiels de la Banque mondiale et de l'ONU les pertes directes ainsi causées par le blocus de la Bande de Gaza s'élèvent en 18 mois à plus de 650 millions de dollars. 80% de la population gazaouie se retrouve sans emploi et vit désormais en dessous du seuil de pauvreté avec moins de deux dollars de revenu moyen par jour et par habitant. Le taux de mortalité, en particulier infantile, est devenu l'un des plus élevés au monde selon l'OMS.
Plus globalement sur l'ensemble des territoires palestiniens depuis le second soulèvement populaire (l'Intifada Al-Aqsa en 2000), plus de 6.000 palestiniens ont été tués lors de raids militaires israéliens, dont plus d'un millier dans la seule Bande de Gaza depuis juin 2007. Depuis la Conférence d'Annapolis en novembre 2007, censée aboutir au réglement du conflit avant la fin du mandat de George W. Bush, quelque 200 Palestiniens ont été tués lors d'opérations de l'armée israélienne. Un millier d'autres ont été arrêtés et emprisonnés sans aucun procès, plusieurs centaines de maisons ont été arbitrairement démolies, la population des colonies juives illégales a augmenté de 4,5% et plus de 600 barrages empêchent la libre circulation des palestiniens sur leurs propres territoires. En Cisjordanie, les colons israéliens attaquent régulièrement et très violemment, en toute impunité, les paysans sur leurs terres dont ils détruisent les plantations.
Devant la crise humanitaire majeure de la Bande de Gaza, la plus grave depuis 1967, plusieurs représentants d'organisations internationales réclament vainement la fin du blocus et l'arrêt des opérations militaires. Pour l'UNRWA, empêchée de fournir l'aide humanitaire, "la fermeture de Gaza est une punition tant physique que mentale de la population". John Dugard, expert indépendant nommé rapporteur des Nations Unies pour les droits de l'Homme dans les territoires occupés, dénonce lui les crimes de guerre d'Israël qui opère selui lui une "punition collective" et ne distingue aucunement les cibles militaires des civiles, ajoutant que "les responsables d'actes aussi lâches se rendent coupables de graves crimes de guerre". Navi Pillay, haut-commissaire aux droits de l'homme aux Nations Unies, a également exhorté Israël à mettre un terme au blocus, déclarant que les Gazaouis étaient "privés par la force de leurs droits humains fondamentaux depuis des mois". Pour John Ging, directeur opérationnel de l'UNWRA, Israël cherche à "enlever toute dignité humaine" aux Gazaouis. Plusieurs responsables palestiniens estiment quant à eux que l'on assiste à un véritable "génocide".
L'atrocité du blocus de la Bande de Gaza est justifiée par l'Etat hébreu comme des "représailles" au nom d'un "droit légitime à la sécurité". Pour Israël, qui récuse toute accusation de crimes, ce blocus est une réponse aux roquettes artisanales tirées en direction du Sud d'Israël par les activistes des factions palestiniennes armées. Dans les faits les quelques attaques perpétrées ont tué au total cinq civils et cinq soldats israéliens depuis le début de l'année 2008. Les attaques militaires israéliennes sur Gaza ont elles tué 312 Palestiniens, la plupart civils non armés, dont 44 enfants. "Une guerre est en cours, chaque jour, chaque nuit. Nous poursuivrons nos opérations avec sérénité et détermination", a déclaré le premier ministre israélien Ehoud Olmert. "Nous rendons plus difficile la vie quotidienne sur la Bande de Gaza, nous visons des éléments terroristes et nous essayons de montrer à la communauté internationale que nous épuisons toutes les options avant de décider d'une vaste opération", a affirmé pour sa part Ehud Barak, ministre israélien de la défense. Les deux dirigeants, et les médias occidentaux qui relaient avec empressement la propagande israélienne, oublient toutefois de préciser que les tirs de roquettes palestiniens font généralement suite à des bains de sang commis les jours précédents par Tsahal à Jénine, Gaza ou ailleurs. Ce fut notamment le cas en janvier 2008, juste après le départ de George W. Bush venu verser une larme au mémorial de l'holocauste à Jérusalem.
En réalité, pour tous les observateurs sincères, la transformation de la Bande de Gaza en une sorte de camp de concentration à ciel ouvert correspond à une stratégie d'isolement du Hamas. Dans ce que l'on peut qualifier en termes de droit international de Crime contre l'humanité, 1,5 million de palestiniens ont littéralement été pris en otage par l'Etat juif avec la complicité des grandes capitales occidentales, Washington et Paris en tête, afin d'isoler le mouvement islamiste. L'objectif de cette politique inhumaine d'enfermement et de restrictions est de rendre la vie invivable sur ce petit bout de territoire palestinien tout en rendant le Hamas responsable de la crise. La plupart des grands dirigeants occidentaux impliqués dans le processus de paix -- à commencer par George W. Bush et Nicolas Sarkozy habituellement plus rapide à condamner la moindre violation du Droit international ou des Droits de l'Homme lorsqu'il s'agit de pays arabo-musulmans -- se signalent quant à eux par un silence assourdissant. "Impuissants" devant la situation, ils se contentent de souhaiter la fin du conflit israélo-palestinien tout en soutenant activement la politique aussi improductive que destructrice de l'Etat juif qui n'a à l'évidence aucunement l'intention de créer les conditions de la paix au Proche-Orient.
Petite avancée toutefois, pour la première fois à tel niveau politico-diplomatique, le père Miguel d'Escoto Brockmann, Président de l'Assemblée Générale de l'ONU et personnalité morale reconnue dans le monde entier, a exprimé fin novembre sa honte sur "le plus grand échec de l'histoire des Nations Unies". Dans un discours prononcé à l'occasion de la journée de solidarité avec le peuple palestinien, il a évoqué la résolution 181 de l'ONU, adoptée en le 29 novembre 1947, qui prévoit le partage de la Palestine en deux États, un juif et un arabe. Il a rappelé que l'État d'Israël a été fondé un an plus tard et célèbre aujourd'hui en grande pompe ses 60 ans d'existence alors qu'il n'y a "toujours pas d'État palestinien à célébrer". Il a instamment demandé à la communauté internationale "d'élever la voix contre la punition collective du peuple de la bande de Gaza" et de "désamorcer l'impasse politique qui perpétue avec cynisme la haine, l'isolement et les abus". Il a en outre estimé très important que les Nations Unies, qui ont élaboré la Convention internationale contre le crime d'apartheid, appellent aujourd'hui les choses par leur nom et emploient désormais, comme ce fut le cas pour l'Afrique du Sud, le terme d'apartheid pour désigner la politique menée par le régime israélien.

dimanche 28 décembre 2008

Peut-on défendre Israël ?
MICHEL COLLON
Parmi les nombreux messages qui me parviennent, un petit nombre veut défendre Israël en invoquant tel ou tel comportement palestinien. Voici, en quelques mots, une brève réponse.
Je pense qu’il faut toujours en revenir au point de départ : Israël est un Etat colonialiste qui a chassé les Palestiniens de leur terre en 1948. Il refuse leur retour qui ne serait pourtant que le respect du droit.
Avec ses colonies, cet Etat raciste ne cesse de pratiquer le nettoyage ethnique pour continuer à augmenter son territoire. Il viole toutes les résolutions de l’ONU depuis soixante ans, se sachant protégé par l’Europe et les Etats-Unis. Ceux-ci ont besoin d’un gendarme au Moyen-Orient pour contrôler le pétrole. Israël se plaint des armes nucléaires éventuelles chez ses voisins, mais il a lui-même deux cents têtes nucléaires, installées en toute illégalité.
Israël se prétend “la seule démocratie au Moyen-Orient” (comme si un régime d’apartheid pouvait être démocratique!). Mais les alliés d’Israël au Moyen-Orient (Arabie saoudite, Koweït, Egypte...) sont des dictatures abominables. En plus, lorsque les Palestiniens de Gaza “votent mal”, Israël les punit par des blocus et des agressions sans fin.
Ceux qui critiquent certains mouvements palestiniens actuels, oublient de dire que précédemment, Israël a tout fait pour détruire les mouvements palestiniens de gauche ou nationalistes. Et qu’il a systématiquement refusé de négocier avec Arafat tout en prétendant le contraire.
Tout ceci peut être prouvé par des études d’historiens (notamment israéliens), des déclarations de tous les grands dirigeants sionistes eux-mêmes et des témoignages de juifs progressistes d’aujourd’hui.Les colonialistes se plaignent de tirs de roquettes et d’attentats. Certes, toutes les méthodes de lutte ne conviennent pas. Mais puisque les oppresseurs, surarmés, ont privé les oppressés de tout moyen d’action légal, ils seraient bien aimables de dire comment il convient de résister.
Il n’y aura pas de solution au Moyen-Orient sans établir une vraie démocratie, pour tous. Et donc accorder tous leurs droits aux Palestiniens. Certes, des Israéliens souffrent également (d’ailleurs, ils souffrent aussi de la pauvreté et de discriminations racistes imposées par les dirigeants israéliens). Internet nous permet d’ouvrir avec chacun, ici et là, un débat sur les véritables causes du problème. En dénonçant les médiamensonges et les déformations de l’Histoire.
Pas de paix sans Justice!
Michel Collon
28 décembre 2008
Les dirigeants israéliens sont des fascistes
Albert Einstein
Lettre adressée au New-York Times par Albert Einstein et d'autres (voir la liste ci-dessous) au sujet de Begin et d'Israel.

A l'éditeur du New-York Times New York, 2 Dec. 1948
Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque, il y a dans l'Etat nouvellement créé d'Israël, l'apparition du "Parti de la Liberté" (Tnuat Haherut), un parti politique étroitement apparenté dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son appel social aux partis Nazi et fascistes.
Il a été formé par les membres et partisans de l'ancien Irgun Zvai Leumi, une organisation terroriste d'Extrème-Droite et nationaliste en Palestine.
La visite actuelle de Menahem Begin, le chef de ce parti, aux Etats-Unis est évidemment calculée pour donner l'impression d'un soutien américain à son parti lors des prochaines élections israéliennes, et pour cimenter les liens politiques avec les éléments Sionistes conservateurs aux Etats-Unis.
Plusieurs Américains de réputation nationale ont prêté leurs noms pour accueillir sa visite. Il est inconcevable que ceux qui s'opposent au fascisme dans le monde entier, si correctement informés quant au passé et aux perspectives politiques de M. Begin, puissent ajouter leurs noms et soutenir le mouvement qu'il représente.
Avant que des dommages irréparables ne soient faits par des contributions financières, des manifestations publiques en soutien à Begin et avant de donner l'impression en Palestine qu'une grande partie de l'Amérique soutient des éléments fascistes en Israel, le public américain doit être informé sur le passé et les objectifs de M. Begin et de son mouvement.
Les déclarations publiques du parti de Begin ne montrent rien quant à leur caractère réel. Aujourd'hui ils parlent de liberté, de démocratie et d'anti-impérialisme, alors que jusqu'à récemment ils ont prêché ouvertement la doctrine de l'Etat Fasciste.
C'est dans ses actions que le parti terroriste trahit son véritable caractère. De ses actions passées nous pouvons juger ce qu'il pourrait faire à l'avenir.
Attaque d'un village Arabe
Un exemple choquant fût leur comportement dans le village Arabe de Deir Yassine Ce village, à l'écart des routes principales et entouré par des terres Juives, n'avait pas pris part à la guerre et avait même combattu des bandes arabes qui voulaient utiliser comme base le village.
Le 9 Avril, d'après le New-York Times, des bandes de terroristes ont attaqué ce village paisible, qui n'était pas un objectif militaire dans le combat, ont tué la plupart de ses habitants - 240 hommes, femmes et enfants - et ont maintenu quelques uns en vie pour les faire défiler comme captifs dans les rues de Jérusalem.
La majeure partie de la communauté juive a été horrifiée par cet acte,et l'Agence Juive a envoyé un télégramme d'excuses au Roi Abdullah de Trans-Jordanie. Mais les terroristes, loin d'avoir honte de leurs actes, étaient fiers de ce massacre, l'ont largement annoncé et ont invité tous les correspondants étrangers présents dans le pays à venir voir les tas de cadavres et les dégâts causés à Deir Yassin.
L'incident de Deir Yassin illustre le caractère et les actions du Parti de la Liberté. Au sein de la communauté juive, ils ont prêché un mélange d'ultra-nationalisme, de mysticisme religieux et de supériorité raciale. Comme d'autres partis fascistes, ils ont été utilisés pour casser les grèves et ont eux-même encouragé la destruction des syndicats libres. Dans leur Convention, ils ont proposé les syndicats de corporation sur le modèle fasciste italien.
Lors des dernières années de violences sporadiques anti-Britanniques, l'IZL et le groupe Stern ont inauguré le règne de la terreur parmi la communauté juive de Palestine. Des professeurs ont été battus pour s'être exprimés contre eux, des adultes ont été abattus pour ne pas avoir laissé leurs enfants les rejoindre. Par des méthodes de gangsters, des tabassages, des bris de fenêtres et des vols largement répandus, les terroristes ont intimidé la population et ont exigé un lourd tribut.
Les hommes du Parti de la Liberté n'ont pas pris part aux accomplissements constructifs en Palestine. Ils n'ont repris aucune terre, n'ont construit aucune colonie et ont seulement amoindri l'activité de la Défense Juive. Leurs efforts dans l'immigration, très divulgués, étaient minutieux et consacrés principalement à faire venir des compatriotes fascistes.
Contradictions
Les contradictions entre les affirmations "en or" faites actuellement par Begin et son Parti et les rapports de leur performance passée en Palestine donnent l'impression d'un parti politique peu ordinaire. C'est la marque indubitable d'un parti fasciste pour qui le terrorisme (contre les Juifs, les Arabes ainsi que les Britanniques) et les fausses déclarations sont des moyens, et dont un "Etat Leader" est l'objectif.
À la lumière des observations précédentes, il est impératif que la vérité au sujet de M. Begin et de son mouvement soit connue dans ce pays. Il est encore plus tragique que la haute direction du Sionisme américain ait refusé de faire campagne contre les efforts de Begin, ou même d'exposer à ses propres éléments les dangers pour Israel que représente le soutien à Begin.
Les soussignés prennent donc ces moyens pour présenter publiquement quelques faits frappants au sujet de Begin et de son parti et pour recommander à tous ceux qui sont concernés de ne pas soutenir cette dernière manifestation du fascisme.
ISIDORE ABRAMOWITZ,
HANNAH ARENDT,
ABRAHAM BRICK,
RABBI JESSURUN CARDOZO,
ALBERT EINSTEIN,
HERMAN EISEN, M.D.,
HAYIM FINEMAN,
M. GALLEN, M.D.,
H.H. HARRIS,
ZELIG S. HARRIS,
SIDNEY HOOK,
FRED KARUSH,
BRURIA KAUFMAN,
IRMA L. LINDHEIM,
NACHMAN MAJSEL,
SEYMOUR MELMAN,
MYER D. MENDELSON, M.D.,
HARRY M. ORLINSKY,
SAMUEL PITLICK,
FRITZ ROHRLICH,
LOUIS P. ROCKER,
RUTH SAGER,
ITZHAK SANKOWSKY,
I.J. SHOENBERG,
SAMUEL SHUMAN,
M. ZNGER,
IRMA WOLPE,
STEFAN WOLPE.
Commentaires de Qumsiyeh : L'Herut est le précurseur du parti israélien du Likud (conformément à l'idéologie de Vladimir Jabotinsky). Begin (un terroriste recherché) est devenu plus tard le Premier Ministre d'Israel (Likud) et sous son gouvernement, des dizaines de milliers de civils libanais et palestiniens ont été tuées dans les années 80. Les successeurs de Menachem Begin au Likud (et en tant que premiers ministres israéliens) dont Netanyahu et Sharon sont responsables d'innombrables autres décès de civils. Tandis que les auteurs mentionnent les excuses de l'Agence Juive "envoyée au Roi Abdullah" qui n'est pas même Palestinien, des recherches postérieures démontrent la participation de la Hagannah et de l'Agence Juive dans le massacre de Deir Yassin ainsi que la participation de l'Agence Juive et du Fonds National Juif dans le nettoyage ethnique
02/03/2008, Qumsiyeh http://www.qumsiyeh.org/
Traduction : MG pour ISM http://ism-france.org/news/article.php?id=4278&type=analyse&lesujet=Racisme
En 1948, les Palestiniens ne sont pas partis "tout seuls"
Ilan Pappé

« La purification ethnique continue et Israël veut vous la faire accepter ". Interview de Ilan Pappé, faite par Emanuela Irace pour Il Manifesto, à Rome, le 14 décembre 2007 à l'occasion de son intervention à la leçon inaugurale du Master Enrico Mattei pour les Proche et Moyen-Orient.

lan Pappé est arrivé en Italie sans tambours ni trompettes. Hôte de l’Iesmavo (Master Enrico Mattei per il Medio Oriente , NdT), au siège de l’Isiao de Rome (Institut italien pour l’Afrique et l’Orient http://www.isiao.it/, NdT) pour une conférence sur « Israël-Palestine, une terre deux peuples ». Après avoir dénoncé ces derniers mois l’impossibilité de travailler sereinement dans une atmosphère hostile, celle de son université de Haïfa, Pappé est parti en Grande-Bretagne, où il enseigne maintenant à l’université d’Exeter. Historien du non consensus, « révisionniste », il est né en Israël en 1954, de parents juifs qui avaient fui l’Allemagne des années 30 ; il a publié une demi-douzaine de livres. Parmi les plus récents, « The ethnic cleansing of Palestine », non encore traduit en italien. Au centre de l’analyse du grand historien, la politique sioniste de déportations et expulsions de palestiniens réalisées pendant et après la guerre de 1948, quand environ 400 villages furent vidés, effacés et détruits au cours des cinq années qui suivirent.
Professeur Pappé, vous décrivez l’épuration ethnique comme moment constitutif, en 1948, de l’Etat d’Israël. Vous brisez de cette façon le topos de l’exode volontaire des Palestiniens.
En 47-48, les Palestiniens ont été expulsés, même si l’historiographie officielle parle de pressions des leaders arabes qui les auraient persuadés de s’enfuir. L’idée de trouver un refuge pour la communauté juive, persécutée en Europe et anéantie par le nazisme, se heurta à une population autochtone qui était en phase de redéfinition. Projet colonial qui pratiqua l’épuration ethnique, en affrontant de façon anticipée le problème démographique : l’existence de 600.000 juifs contre un million de Palestiniens. Avant que les arabes ne décident en février 1948 de s’y opposer militairement, les Israéliens avaient déjà chassé plus de 300.000 autochtones.
Comment se réalisa la purification ethnique et pourquoi tout le monde s’est-il tu ?
Cela eut lieu en l’espace de huit mois, et ce n’est qu’en octobre 48 que les Palestiniens commencèrent vraiment à se défendre. La riposte des sionistes fut les massacres dans la province de Galilée, la confiscation des maisons, des comptes bancaires, de la terre. Les Israéliens effacèrent un peuple et sa culture. Personne ne dénonça ce qui se passait parce que la Guerre était finie depuis peu. Les Nations Unies ne pouvaient pas admettre qu’une de leurs résolutions (la 181, sur la partition de la Palestine, NDR) se conclut avec une épuration ethnique. La Croix-Rouge avait déjà été accusée de n’avoir pas rapporté avec objectivité ce qui se passait dans les camps de concentration nazis, et les principaux médias ne voulaient pas avoir d’affrontement avec les juifs.
Un sentiment de culpabilité et une « diplomatie », dans l’action des gouvernements, avec quelles conséquences ?
Pendant l’Holocauste, les pays qui aujourd’hui condamnent Israël, ou étaient connivents, ou sont restés silencieux. C’est pour ces motifs que la communauté internationale a abdiqué devant son droit de nous juger. On lui fait endosser une faute à laquelle elle ne peut plus remédier. En perdant ainsi, aujourd’hui encore, le droit de critiquer le gouvernement d’Israël. La conséquence est que quand naquit l’Etat, personne ne lui reprocha l’épuration ethnique sur laquelle il s’était fondé, un crime contre l’humanité commis par ceux qui la planifièrent et la réalisèrent. Dès ce moment-là, l’épuration ethnique devint une idéologie, un ornement infrastructurel de l’Etat. Discours toujours valide aujourd’hui, parce que le premier objectif reste démographique : obtenir la plus grande quantité de terre avec le plus petit nombre d’arabes.
Sous quelles formes et par quels moyens l’épuration ethnique continue-t-elle ?
Avec des systèmes plus « propres et présentables ». Depuis un mois le Ministre de la Justice essaie de légitimer les implantations illégales des colons en laissant intacts les avant-postes. Nous savons que la Haute Cour de Justice est en train de décider si elle doit autoriser le gouvernement à réduire les stocks de carburant, en supprimant l’énergie électrique à Gaza, où vivent un million de Palestiniens qui se retrouveraient sans possibilité de boire de l’eau, parce que la nappe phréatique est polluée par les égouts, et que seul un système de dépuration électrique peut la rendre potable. Mais de ces exemples pour anéantir les Palestiniens il y en a des dizaines, à commencer par le mur, qui est accepté par les Usa et l’Union Européenne.
Qu’est-ce qu’Israël demande à ses alliés ?
Que son modèle soit accepté tel quel. Pendant la guerre de 1967, 300 000 Palestiniens ont été expulsés de Cisjordanie ; pendant ces sept dernières années, la purification ethnique est devenue « construction du mur », qui repousse les Palestiniens vers le désert, hors de la zone assignée du Grand Jérusalem. Le problème est que les dirigeant israéliens conçoivent leur Etat en termes ethniques, raciaux, et sont donc des racistes à tous points de vue. Et cela est perçu par les Palestiniens ; et c’est le plus grand obstacle sur la voie d’une paix entre la Palestine et Israël. Ce qui est appelé « processus de paix » se réduit à : quelle part de la Palestine faut-il de nouveau annexer à Israël et quelle part, très petite, peut-on, éventuellement, donner au peuple palestinien.
Que peut-on faire pour inverser ce processus ?
Avant tout changer notre langage. Il ne s’agit pas d’un affrontement entre juifs et Palestiniens. C’est du colonialisme. Et c’est incroyable qu’au 21ème siècle on puisse encore accepter une politique coloniale. Il faut imposer à Israël les mêmes mesures qu’on avait employées contre le gouvernement raciste de l’Afrique du Sud, dans les années 60-70. Il existe aujourd’hui des mouvements d’opinion de jeunes juifs, en Europe et aux Usa, qui dénoncent la politique colonialiste et critiquent Israël en tant qu’état colonialiste et raciste, pas en tant qu’état fondé par des juifs. La législation française (et d’autres pays européens) met des restrictions au droit d’exprimer des opinions « révisionnistes » à l’égard d’Israël, mais ne prend pas position pour l’application systématique des résolutions de l’Onu. J’ai eu une expérience de ce genre il y a deux ans environ. Ma conférence fut interrompue par un groupe d’extrémistes, juifs comme moi, qui m’empêchèrent de continuer. La police arriva, pour me protéger d’eux, pas pour m’accuser. Quant au silence, il est beaucoup plus commode pour les gens de penser de façon conventionnelle. Il faut avoir beaucoup d’énergie et d’originalité pour agir autrement. La Résolution 194, par exemple, établit que les réfugiés palestiniens ont le droit de retourner sur leurs terres. Mais c’est plus facile de ne rien faire et de continuer à penser avec les mêmes formules.
Est-ce que ce sont pour les mêmes raisons que la gauche italienne continue à proposer le modèle « deux peuples deux états » ?
Il est certain que la gauche italienne n’est pas courageuse. Mais elle devra changer, par force, parce que la situation sur le terrain devient catastrophique. Si Israël envahit Gaza, comme c’est dans l’ordre actuel des choses, ils tueront énormément de Palestiniens et pourtant ils ne changeront pas la réalité. Gaza est une grande prison, et il arrivera ce qui se passe dans les révoltes des prisons : l’armée rétablira « ordre et propreté », avec des coups et des tueries. Ce sera un massacre mais, quand ils repartiront, la situation sera toujours la même. Quels résultats pourraient par contre donner la solution des deux peuples à l’intérieur d’un état unique ? Il est nécessaire que les populations s’acceptent, que les juifs reconnaissent leurs frères et voisins arabes et vice versa. Après avoir reconnu l’histoire pour ce qu’elle est et après avoir assumé chacun ses propres responsabilités. Reconnaissance, responsabilité et acceptation. En suivant cette voie on pourra arriver à un état unique, où compte le principe « un homme une voix » et où les citoyens, même s’ils ne s’aiment pas, pourront cohabiter. C’est un projet qu’on peut atteindre si on continue à critiquer et à empêcher les crimes qui continuent à être commis par Israël, et si l’on poursuit la campagne de désinvestissement (BDS : Boycott, Désinvestissement, Sanctions, NdT), comme ça a été le cas en Afrique du Sud.
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/23-Dicembre-2007/art36.html
Libre opinion -
Tout, sauf le moindre socialisme
Pierre Vadeboncoeur, essayiste
Le Devoir, édition du mercredi 24 décembre 2008
Sur la crise économique actuelle, j'ai des idées de profane. J'ose à peine développer ces idées simples. Mais comme tout le monde, je me pose des questions.

Les gouvernements, celui des États-Unis en tête, distribuent des sommes colossales à de grandes entreprises en difficulté, en particulier les banques et les compagnies d'assurance, dans l'espoir d'éviter des faillites susceptibles d'aggraver la dépression et de précipiter le monde dans un nouveau 1929.

Il faut bien reconnaître que le monde est au bord d'une catastrophe. Mais, dans cette crise, les gouvernements ne songent qu'à des mesures susceptibles de sauvegarder l'ordre capitaliste, si possible sans mélange. C'est du socialisme administré par l'État pour le profit du capital.

Les gouvernements courent au secours du capitalisme. Ils le font par une médecine de cheval, qu'ils justifient par la nécessité, objective, d'empêcher si possible le monde de sombrer dans un marasme sans issue.

L'opération de sauvetage consiste à transférer massivement de l'argent des gouvernements, donc du peuple, à des mastodontes économiques privés. C'est gratuit. Les compagnies en cause obtiennent en propre des centaines de milliards, si j'entends bien. Le privé fait ainsi main basse sur le capital public, qui se transforme illico en capital privé.

Cette opération inouïe se fait ouvertement. Elle passe comme une lettre à la poste à cause de l'urgence réelle qu'il y a d'intervenir. Ces injections de centaines de milliards sont peut-être un moyen de prévenir l'aggravation redoutée, du moins on l'espère.

La manoeuvre a tout de même quelque chose d'incroyable. Le capitalisme, menacé d'échouer, reçoit in extremis, comme un cadeau, le capital qu'il a joué à la roulette et perdu.

Ces montagnes de liquidités cessent donc d'être publiques pour que soit reconstitué, aux frais du peuple, le patrimoine des barons en déroute. L'entreprise privée, sans cesser d'être privée, est relancée par l'État, c'est-à-dire par la population, qui soigne de la sorte les individus qui l'ont ruinée. On repart la machine des intérêts privés avec le fric des citoyens. Mais on veille au grain: on ne met pas de socialisme dans la potion.

On aurait pu penser que le gouvernement, tant qu'à casquer, nationaliserait quelques entreprises. Au lieu de cela, on compense sans condition les compagnies pour ce qu'elles ont volé puis perdu. Elles allaient tomber. On les tire de là. Elles toucheront une fois de plus du profit net, grâce à des masses de capital neuf et gratuit, providentiel, public, privatisé et garanti. Tout sera payé comptant, rien ne sera étatisé, si ce n'est, par exemple, en Angleterre, mais même là par exception.

Le citoyen floué aura tout simplement subventionné les malfaiteurs. Quelques-uns de ces derniers, pendant la tempête, auront coulé à pic, il est vrai. On veut réchapper les autres. On introduira quelques réformes ou contrôles pour faire avaler le tout.

Dans cette crise, ce qu'il faut à tout prix sauver, c'est précisément la cause de la crise: le libéralisme économique, et assurer leurs coudées franches aux propriétaires de tout, en les tenant à bout de bras et sans modification structurelle.

Ce n'est pas aux États-Unis qu'on pourra poser, en cette occasion, des questions plus fondamentales. D'ailleurs, pourrait-on les mettre en oeuvre? Il y a urgence. Le feu est à la maison. Il faut prévenir une dégringolade planétaire. Les centaines de milliards à la loterie sont un gigantesque expédiant. Sera-ce suffisant? Cela paraît douteux.

Mais il y a lieu de craindre quelque chose de pire encore. Si la dépression s'installe, alors les capitalistes, pour éviter l'effondrement de leur système, auront peut-être recours même à la guerre, qui donne toujours une puissante piqûre d'adrénaline à l'économie.

Tout, mais absolument tout, sauf le socialisme. C'est un axiome.

samedi 20 décembre 2008

Comment les médias noircissent l'image des syndicats

Titre original: Blame the Takers, Not the Makers
Mumia Abu-Jamal

Quand un ensemble de médias raconte la même histoire, de façon apparemment séparée, il crée une tendance qui se transforme rapidement en un courant d’opinion populaire – même quand cette histoire ne reflète à vrai dire que le point de vue d’une mince tranche de l’élite dirigeante.

8 décembre 2008
On l’a vu dans l’infâme couverture de la guerre en Irak, où les médias se sont unis pour appeler à une guerre fondée sur des mensonges. Plus récemment, ce sont les fabricants d’automobiles qui ont provoqué le dégoût politique avec leur zèle tout particulier contre les Travailleurs unis de l’automobile (UAW), décrits comme des « lambins » paresseux, payés beaucoup plus que ce qu’ils valent.
On remet rarement en question les primes des chefs d’entreprise ; en revanche, les femmes et les hommes sur la brèche sont pointés du doigt constamment et d’une façon injuste. C’est le résultat psychologique de décennies de guerre contre les travailleurs, qui trouve son origine au tournant du dernier siècle, quand la loi et l’opinion des corporations ont criminalisé les syndicats en les traitant de « menace rouge ».
Au cours de décennies d’amères luttes ouvrières, ces lois ont été annulées, mais les milieux d’affaires n’ont jamais vraiment accepté l’idée que les travailleurs ont des droits et ont attendu que les choses tournent à nouveau en leur faveur. Cela s’est produit avec l’élection de Ronald Reagan, qui, même s’il a fait campagne sous le thème de bien-être chez soi, « de petit matin tranquille en Amérique », s’est lancé dans une guerre étriquée contre les syndicats en cassant les contrôleurs aériens et en les mettant littéralement sous les verrous pour briser leur grève de 1981.
Depuis lors, quel que soit le parti qui a gagné les élections, il a toujours dorloté les milieux d’affaires et frappé le mouvement ouvrier.
Il suffit de penser au démocrate William J. Clinton qui a lutté en faveur du NAFTA (1) : cet accord, parce qu’il soutient les entreprises à la recherche de main-d’œuvre au-delà des frontières, a considérablement affaibli le mouvement syndical du pays.
N’est-ce pas une ironie que de constater à quel point les médias reflètent un tel penchant antisyndical alors que beaucoup de reporters de ces corporations (à tout le moins les employés de journaux) sont membres de la Guilde des journalistes ? Mais l’adhésion syndicale n’est pas déterminante : ce qui est déterminant, c’est à qui appartient la compagnie. Et les médias ne sont souvent qu’une petite partie d’un conglomérat corporatif beaucoup plus grand.
Quand l’UAW était fort, il renforçait la stature du mouvement ouvrier à travers tout le pays. Il a lutté longuement et âprement pour des salaires mérités et ne devrait pas être poursuivi pour cela.
Ce sont les travailleurs qui produisent les richesses, mais ce ne sont pas eux qui les empochent. Ce que devraient dire les médias, c’est pourquoi tous les travailleurs américains n’ont pas un salaire plus décent. C’est cela qui devrait faire la « une » des journaux.
Note: (1) NAFTA (en français ALÉNA), Accord de libre-échange nord-américain, signé par le Mexique (réserve de main-d’œuvre), le Canada (source de matières premières et d’énergie) et les États-Unis, dont le but est de placer ces trois pays sous le contrôle direct des multinationales en majorité nord-américaines, outrepassant souvent les lois nationales des pays concernés. L’ALÉNA est entré en vigueur le 1er janvier 1994.
Source : Information Clearinghouse
Traduction: Daniel Paquet pour Investig’Action

lundi 15 décembre 2008

Afghanistan, l'histoire que l'on ne raconte pas

Barack Obama s’est fait l’avocat de l’escalade militaire en Afghanistan. Avant de sombrer plus profondément dans ce bourbier, nous ferions bien d’apprendre certaines choses sur l’histoire récente de l’Afghanistan et sur le rôle qu’y ont joué les Etats-Unis.
Michael Parenti

Moins d’un mois après l’attaque du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center et le Pentagone, les dirigeants états-uniens entreprirent une attaque aérienne de grande ampleur contre l’Afghanistan, pays supposé abriter Oussama Ben Laden et son organisation terroriste Al-Qaida. Plus de vingt années plus tôt, en 1980, les Etats-Unis étaient intervenus pour s’opposer à une « invasion » soviétique de ce pays. Même certains auteurs progressistes de renom, qui font habituellement preuve d’opinions plus critiques à l'égard de la politique étrangère des Etats-Unis, avaient qualifié de « bonne chose » l’intervention US contre le gouvernement soutenu par les Soviétiques. La vérité historique n’est pas si belle.

8 décembre 2008
Un peu d’histoire authentique
Depuis l’époque féodale, le mode de répartition des terres en Afghanistan était resté inchangé, avec plus de 75 % des terres attribuées à de grands propriétaires terriens qui ne représentaient qu’à peine 3 % de la population rurale. Au milieu des années 1960, des éléments démocratiques révolutionnaires se rassemblèrent pour former le Parti Démocratique du Peuple (PDP). En 1973, le Roi fut déposé mais le gouvernement qui le remplaça s’avéra autocratique, corrompu et impopulaire. Il fut à son tour renversé en 1978 lors d’une démonstration de masse en face du palais présidentiel après que l’armée était intervenue aux côtés des manifestants. Les officiers qui prirent le pouvoir invitèrent le PDP à constituer un nouveau gouvernement sous la direction de Noor Mohammed Taraki, poète et écrivain.
C’est ainsi qu’un gouvernement de coalition de forces démocratiques nationales, sous direction marxiste, arriva au pouvoir. « Ce fut un phénomène totalement local. Pas même la CIA ne le reprocha à l’URSS. » écrit Georges Ryan, professeur émérite à l’Université de Winnipeg, qui supervisait à l’époque un projet de recherche agricole en Afghanistan.
Le gouvernement Taraki légalisa les syndicats, instaura le salaire minimum et l’impôt progressif sur le revenu, lança une campagne d’alphabétisation et des programmes sociaux qui donnèrent à l’ensemble de la population accès aux soins de santé, au logement et aux services publics de base. Des coopératives de paysans s’organisèrent et des prix planchers furent imposés sur les nourritures de base. Le gouvernement poursuivit également la campagne d’émancipation des femmes entreprise par le roi afin de les libérer de leurs liens de soumission tribale ancestrale. Il instaura également l’enseignement public pour les filles et pour les enfants de toutes les tribus.
Un reportage du San Francisco Chronicle du 17 novembre 2001 faisait observer que, sous le régime de Taraki, Kaboul avait été « une ville cosmopolite. Les artistes et les hippies affluaient dans la capitale. Les femmes étudiaient l’agronomie, les sciences appliquées et l’administration des affaires à l’université de Kaboul. Des femmes occupaient des postes gouvernementaux - dans les années 1980, sept femmes étaient membres du Parlement. Les femmes conduisaient des voitures, voyageaient et allaient à des rendez vous ; 50 % des étudiants universitaires étaient des femmes. »
Le gouvernement Taraki décida d’éradiquer la culture de l’opium : jusqu’alors, l’Afghanistan produisait plus de 70 % de l’opium nécessaire aux besoins mondiaux en héroïne. Le gouvernement annula aussi la dette de tous les paysans et entreprit une grande réforme agraire. Ryan estime que c’était « un gouvernement foncièrement populaire dans lequel la population plaçait beaucoup d’espoir pour l’avenir. »
Mais des oppositions surgirent de plusieurs milieux. Les seigneurs féodaux s’opposèrent à la réforme agraire qui restreignait leurs privilèges tandis que les hommes des tribus et les mollahs fondamentalistes s’opposèrent vigoureusement aux mesures gouvernementales pour l’égalité des sexes et pour l’instruction des femmes et des enfants. A cause de sa politique économique collectiviste et égalitaire, le gouvernement Taraki s’exposa aussi à l’opposition des services de sécurité US. Peu après que le PDP eut accédé au pouvoir, la CIA, assistée par l’Arabie Saoudite et les militaires pakistanais, lança une action de grande envergure en Afghanistan aux côtés des seigneurs féodaux dépossédés, des chefs de tribu réactionnaires, des mollahs et des trafiquants d’opium.
Un personnage important au sein du gouvernement Taraki était Hafizulla Amin dont beaucoup pensent qu’il avait été recruté par la CIA pendant ses années d’études aux Etats-Unis. En septembre 1979, Amin s’empara du pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat militaire. Il fit exécuter Taraki, mit un terme aux réformes et assassina, emprisonna ou exila des milliers de partisans de Taraki tout en instaurant un état islamique fondamentaliste. Au bout de deux mois, il fut renversé par un noyau de membres du PDP associés à des militaires.
Il convient d’insister sur le fait que tout cela s’est passé avant l’intervention militaire soviétique. Zbigniew Brzezinski, conseiller à la Sécurité nationale, a publiquement admis - des mois avant que les troupes soviétiques n’envahissent le pays - que l’administration Carter avait versé des sommes énormes aux extrémistes musulmans pour torpiller l’action du gouvernement réformateur. Certaines de ces interventions consistaient en attaques violentes de moudjahiddins (combattants de la guérilla islamique), soutenus par la CIA, contre des écoles et des enseignants dans les zones rurales.
A la fin de 1979, le gouvernement PDP, assailli de toutes parts, demanda à Moscou de lui fournir un contingent de troupes pour contenir les moudjahiddins et les mercenaires étrangers, tous recrutés, financés et équipés par la CIA. Les Soviétiques avaient déjà soutenu des projets d’aide au développement des ressources minières, de l’enseignement, de l’agriculture et de la santé publique. Le déploiement de troupes représentait un engagement beaucoup plus sérieux et politiquement dangereux. Il fallut que Kaboul s’y prenne à plusieurs reprises avant que Moscou n’accède à sa demande d’intervention militaire
Jihad et taliban, façon CIA.
L’intervention militaire soviétique était une occasion en or pour la CIA de transformer une guerre tribale en une guerre sainte, en un jihad islamique, destinée à expulser les communistes sans dieu de l’Afghanistan. Au fil des ans, les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite dépensèrent environ quarante milliards de dollars pour la guerre en Afghanistan. La CIA et ses alliés recrutèrent, équipèrent et entraînèrent environ cent mille moudjahiddins radicaux provenant de quarante pays musulmans, parmi lesquels le Pakistan, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Algérie et l’Afghanistan. Parmi ceux qui répondirent à l’appel, se trouvait un certain Oussama Ben Laden et ses hommes.
Au terme d’une guerre longue et infructueuse, en février 1989, les Soviétiques évacuèrent le pays. On croit généralement que le gouvernement marxiste PDP s’effondra peu après le départ des Soviétiques. En réalité, il conserva suffisamment de soutien populaire pour combattre trois années encore, survivant ainsi d’un an à l’Union Soviétique.
En prenant le pouvoir en Afghanistan, les moudjahiddins se mirent à se battre entre eux. Ils ravagèrent les villes, terrorisèrent les populations, pillèrent, organisèrent des exécutions de masse, fermèrent les écoles, violèrent des milliers de femmes et de jeunes filles et réduisirent en ruines la moitié de Kaboul. En 2001, Amnesty International rapporte que les moudjahiddins utilisaient les violences sexuelles comme « méthode d’intimidation des populations vaincues et comme récompense pour les soldats. »
Dirigeant le pays comme des gangsters à la recherche de revenus faciles et abondants, les chefs tribaux ordonnèrent aux paysans de planter des pavots. L’ISI pakistanaise, proche partenaire junior de la CIA, installa des centaines de laboratoires d’extraction d’héroïne à travers l’Afghanistan. Deux ans après l’arrivée de la CIA, la frontière Pakistan-Afghanistan était devenue la plus grosse productrice d’héroïne au monde.
Largement créés et financés par la CIA, les mercenaires moudjahiddins acquirent leur autonomie. Des centaines d’entre eux entrèrent ainsi en Algérie, en Tchétchénie, au Kosovo et au Cachemire pour entreprendre des actions terroristes au nom d’Allah et à l’encontre de ceux qu’ils considéraient comme ayant corrompu l’Islam.
En Afghanistan même, à partir de 1995, une branche extrémiste de l’Islam sunnite, « les talibans », abondamment financée et conseillée par l’ISI et par la CIA avec le soutien des partis politiques islamiques pakistanais, se fraya un chemin vers le pouvoir, prenant le contrôle de presque tout le pays et emmenant dans son sillage, à grand renfort de menaces et de cadeaux, beaucoup de chefs tribaux.
Les talibans s’engagèrent à mettre fin aux luttes entre factions et au banditisme qui était la marque des moudjahiddins. Les personnes soupçonnées de meurtre ou d’espionnage étaient exécutées tous les mois dans les stades et celles qui étaient accusées de vol avaient la main coupable tranchée. Les talibans condamnaient toutes les formes « d’immoralité », comme le sexe avant le mariage, l’adultère et l’homosexualité. Ils mettaient aussi hors la loi la musique, les spectacles, les librairies, la littérature, l’éducation laïque et l’essentiel de la recherche scientifique.
Les talibans instaurèrent un règne de terreur religieuse, imposant une interprétation plus stricte encore de l’Islam que celle du clergé de Kaboul. Tous les hommes devaient porter la barbe non taillée et les femmes devaient porter la burqa qui les couvre de la tête aux pieds, y compris le visage. Ceux qui ne se soumettaient pas rapidement à ces contraintes se voyaient rapidement et sévèrement sanctionnés par le Ministère de la vertu. Une femme qui quittait le domicile conjugal ou accusait son époux de violences se retrouvait sévèrement fouettée par les autorités religieuses. Les femmes étaient exclues de la vie sociale, privées de l’essentiel des soins médicaux, écartées de tous les niveaux d’enseignement et de toutes les possibilités de travail à l’extérieur. Les femmes qui étaient jugées « immorales » étaient lapidées à mort ou enterrées vivantes.
Rien de tout cela ne perturbait les dirigeants à Washington et ils s’accommodaient fort bien des talibans. Et même, jusqu’en 1999, le gouvernement US a versé la totalité du salaire annuel de chaque officiel du gouvernement taliban. Ce n’est qu’à partir d’octobre 2001, quand le président George W. Bush a eu besoin de rallier l’opinion publique derrière sa campagne de bombardement de l’Afghanistan, qu’il a dénoncé l’oppression des femmes. Son épouse, Laura Bush, se métamorphosa en une nuit en une féministe convaincue pour émettre un discours détaillant certains des abus commis contre les femmes en Afghanistan.
La seule chose positive que l’on peut mettre au crédit des talibans, c’est qu’ils mirent un frein aux pillages, viols et crimes que les moudjahiddins avaient commis jusque-là de façon régulière. En 2000, les autorités talibanes ont également éradiqué la culture du pavot dans tous les territoires sous leur contrôle, une action presque complètement couronnée de succès selon le Programme de contrôle des drogues des Nations unies. Avec le renversement des talibans et la réinstallation à Kaboul, en décembre 2001, d’un gouvernement moudjahiddin choisi par les Occidentaux, la production d’opium a repris de plus belle en Afghanistan.
Les années de guerre qui ont suivi ont coûté des dizaines de milliers de vies afghanes. A côté de ceux qui ont été tués par les missiles de croisière, les bombardiers furtifs, les bombes à fragmentation et les mines, il y a tous ceux qui continuent à mourir de faim, de froid, de manque d’abris et de manque d’eau potable.
La sainte croisade pour le pétrole et le gaz.
Bien qu’ils prétendent combattre le terrorisme, les dirigeants US se sont trouvé d’autres raisons bien plus motivantes, mais bien moins avouables, pour s’enfoncer plus encore dans le bourbier afghan. Cette région d’Asie centrale est riche en gisements de gaz et de pétrole. Dix ans avant le 11 septembre, le Time magazine du 18 Mars 1991 faisait savoir que les élites politiques US y envisageaient une présence militaire. La découverte de vastes gisements de gaz et de pétrole au Kazakhstan et au Turkménistan constituait l’appât, tandis que la dissolution de l’Union Soviétique ôtait l’obstacle majeur à la poursuite d’une politique d’intervention agressive dans cette partie du monde.
Les compagnies pétrolières US ont acquis les droits sur 75 % environ de ces nouvelles réserves. Exporter ce pétrole et ce gaz de régions enclavées était un problème majeur. Les officiels US se sont opposés à l’utilisation des pipelines russes ou à l’accès direct au golfe Persique à travers l’Iran. Au lieu de cela, ces officiels et les compagnies contractantes ont envisagé des voies alternatives à travers l’Azerbaïdjan et la Turquie vers la Méditerranée ou encore à travers la Chine vers le Pacifique. La voie qui avait la préférence d’UNOCAL, une compagnie basée aux Etats-Unis, traversait l’Afghanistan et le Pakistan vers l’océan Indien.
Les tractations intensives qu’UNOCAL menait avec le régime taliban n’aboutirent à rien, jusqu’à ce qu’en 1998 une compagnie argentine ne fasse une offre plus avantageuse pour le pipeline. La guerre de Bush contre les talibans mit fin aux espoirs d’UNOCAL de participer à l’entreprise. Il est intéressant de remarquer que les administrations Clinton et Bush n’ont jamais placé l’Afghanistan sur la liste officielle du département d’Etat des pays accusés de financer le terrorisme, cela en dépit de la présence reconnue d’Oussama Ben Laden comme hôte du gouvernement taliban. Cette qualification d’ « état voyou » aurait rendu impossible, pour une compagnie US de prospection ou de reconstruction, la signature avec Kaboul d’accords pour l’installation d’un pipeline vers les champs pétroliers et gaziers d’Asie centrale.
En somme, bien avant les attaques du 11 septembre, le gouvernement US avait préparé le terrain pour intervenir contre les talibans et installer un gouvernement croupion à Kaboul ainsi qu’une présence militaire directe en Asie centrale. Les attaques du 11 septembre ont fourni le détonateur idéal, mobilisant l’opinion publique US et les alliés encore hésitants à soutenir une intervention militaire.
On peut être d’accord avec John Ryan lorsqu’il défend l’idée que, si Washington avait laissé tranquille le gouvernement Taraki en 1979, « il n’y aurait pas eu d’armée de moudjahiddins, pas d’intervention soviétique, pas de guerre de destruction en Afghanistan, pas d’Oussama Ben Laden et pas de tragédie du 11 septembre. » Mais c’était trop demander à Washington que de laisser en paix un gouvernement de gauche progressiste qui organisait la société en fonction des besoins publics collectifs plutôt qu’en fonction de l’accumulation privée.
L’intervention US en Afghanistan ne s’est pas avérée très différente de ce qu’elle avait été au Cambodge, en Angola, au Mozambique, en Ethiopie, au Nicaragua, à Grenade, au Panama et ailleurs. Elle avait le même objectif de prévenir des réformes sociales égalitaires et aboutissait au même résultat : renverser des gouvernements favorables aux réformes économiques. Dans tous ces cas, les interventions ont réinstallé au pouvoir des éléments rétrogrades, laissé une économie en ruine et détruit sans pitié un grand nombre de vies innocentes.
La guerre contre l’Afghanistan, pays appauvri et martyrisé par la guerre, continue à être présentée dans les cercles officiels US comme une croisade chevaleresque contre le terrorisme. Il n’en est rien, cela a été un moyen pour faire bien d’autres choses : détruire un ordre social progressiste, prendre le contrôle très bénéfique d’une des dernières vastes réserves encore intactes au monde d’une énergie fossile en voie d’épuisement et implanter des bases militaires US dans une région supplémentaire.
Face à tout cela, l’appel d’Obama pour le « changement » sonne creux.
Traduit de l’anglais par Oscar Grosjean pour Investig’action.
Les derniers ouvrages de Michael Parenti sont : « The Michael Parenti reader » et « God and his demons », à paraître. Pour de plus amples renseignements, consulter le site www.michaelparenti.org

vendredi 12 décembre 2008

La 10ième Rencontre Internationale des Partis Communistes et Ouvriers.

À la fin de novembre 2008 s’est tenue à Sao Paulo au Brésil la 10ième Rencontre Internationale des Partis communistes et ouvriers. Le Parti communiste du Canada y avait délégué le camarade Kimball Cariou, rédacteur en chef de People's Voice et membre du Comité exécutif central. La première rencontre avait été organisée à Athènes par le Parti communiste de Grèce. Au cours des deux dernières années, les rencontres se sont tenues au Portugal et en Biélorussie. Cette année, la conférence a été organisée par le Parti communiste du Brésil. Ces réunions annuelles sont d'importantes occasions pour les partis d’échanger leurs vues afin de développer l’unité politique et d’action du mouvement communiste international. Voici la résolution adoptée par les 65 partis présents à cette conférence.
Proclamation de Sao Paulo
Le socialisme est l'alternative !
Le monde fait face à une crise économique et financière grave et de grande ampleur. C'est une crise capitaliste, qui ne peut pas être dissociée de la nature et des contradictions insolubles du système capitaliste. Il s'agit probablement de la crise la plus grave depuis la Grande Dépression qui avait commencé par le crash de 1929. Comme toujours, les travailleurs et les peuples sont les principales victimes.
La crise actuelle est l'expression d'une crise plus profonde, inhérente au système capitaliste. Elle illustre les limites historiques du Capitalisme et la nécessité de son renversement révolutionnaire. La crise actuelle représente aussi une lourde menace de régression sociale et démocratique. Elle fournit, comme l'Histoire l'a montré, une base pour des mouvements autoritaires et militaristes. Cela exige plus de vigilance de la part des partis communistes et de toutes les forces démocratiques et anti-impérialistes.
Tandis que des milliards des ressources publiques sont mobilisés pour sauver ceux qui sont responsables de cette crise (grand capital, haute finance et spéculateurs), travailleurs, petits paysans, couches moyennes, et tous ceux qui travaillent pour vivre suffoquent sous le poids des monopoles et vont subir encore plus d'exploitation et de chômage, la réduction de leurs retraites salaires, l'insécurité, la faim et la pauvreté.
De puissantes campagnes idéologiques de diversion cherchent à dissimuler les véritables origines de la crise et de bloquer la voie vers des solutions qui seraient dans l'intérêt des masses populaires, qui favoriseraient un nouvel équilibre du pouvoir, un nouvel ordre international en faveur des forces populaires, de la solidarité internationale et de l'amitié entre les peuples. Les principales puissances capitalistes, à commencer par les USA, l'Union Européenne et le Japon, utilisent les organisations internationales qu'elles dominent, FMI, Banque Mondiale, Banque Centrale Européenne, OTAN etautres.
Elles manipulent également l'ONU pour qu'elle se conforme à leurs besoins. Elles travaillent frénétiquement sur des « solutions », qui sont elles-mêmes les germes de nouvelles crises, et tentent de secourir le système à court terme et de renforcer les mécanismes de l'exploitation impérialisteet de l'oppression.
En recourant à des boucs émissaires et en insistant sur des options erronées pour la « régulation », l' « humanisation » et la « réforme » du capitalisme, elles cherchent à sauver les apparences en laissant les choses en l'état. Les partis qui soutiennent le capitalisme ont accepté en hâte les dogmes du « Consensus de Washington » qui a nourri le financement spéculatif brutal de l'économie. La social-démocratie, dissimulant sa complaisance pour le néolibéralisme et sa transformation en pilier de l'impérialisme, tente un retour tardif vers une « régulation » de type keynésien qui laisse intacte la nature de classe du pouvoir et des rapports de propriété. Elle cherche précisément à éviter l'affirmation des alternatives révolutionnaires pour les travailleurs et les peuples.
Mais cette perspective n'est pas inévitable. Comme l'histoire l'a montré à d'autres moments, les travailleurs et les peuples, s'ils s'unissent, peuvent agir sur le cours des événements économiques, sociaux et politiques. Ils peuvent arracher, dans leur intérêt, d'importantes concessions au grand capital, éviter les fuites en avant vers le fascisme et la guerre, ouvrir le chemin à de profondes transformations à caractère progressiste et même révolutionnaire.
Le panorama international est celui d'une lutte de classes qui s'aiguise de plus en plus. L'humanité traverse l'un des moments les plus difficiles et les plus complexes de son histoire : une crise économique globale qui coïncide simultanément avec une crise énergétique et alimentaire et une crise environnementale sérieuse, un monde de profondes injustices et d'inégalités, de guerres et de conflits. La scène est celle d'un carrefour historique que traversent deux tendances contradictoires. Il y a, d'un côté, de grands dangers pour la paix, la souveraineté, la démocratie, pour les droits des peuples et des travailleurs. Il y a, de l'autre, un immense potentiel pour les luttes et la progression de la cause de l'émancipation des travailleurs et des peuples, la cause du progrès social et de la paix, la cause du socialisme et du communisme.
Les Partis Communistes et Ouvriers qui se sont rassemblés pour leur 10ième Rencontre tenue à Sao Paulo saluent les luttes populaires qui émergent à travers le monde contre l'exploitation impérialiste et l'oppression, contre les attaques croissantes sur les conquêtes historiques du mouvement des travailleurs, contre l'offensive militariste et anti-démocratique de l'impérialisme.
Nous insistons sur le fait que la banqueroute du néolibéralisme représente non seulement un échec de la politique de gestion du capitalisme mais l'échec du capitalisme lui-même. Nous sommes confiants dans la supériorité du projet et des idéaux communistes. Nous affirmons que la réponse aux aspirations des travailleurs et des peuples à l'émancipation ne peut être trouvée que dans la rupture avec le pouvoir du grand capital, avec les blocs et les alliances impérialistes, et à travers de profondes transformations libératrices et anti-monopolistes.
Nous affirmons notre conviction que le socialisme est l'alternative et la voie qui mène vers une indépendance réelle et totale des peuples, la voie pour affirmer les droits des travailleurs, la voie unique pour mettre un terme aux crises destructrices du capitalisme. Nous appelons la classe ouvrière, les travailleurs et les peuples à travers le monde à se joindre à la cause des communistes et des révolutionnaires et, unis autour de leurs intérêts de classe et de leurs légitimes aspirations, à prendre en main la construction d'un avenir de prospérité, de justice et de paix pour l'Humanité. Dans ce sens, des conditions apparaissent pour la convergence des luttes et des résistances des peuples dans un large mouvement contre la politique capitaliste mise en œuvre dans la crise ainsi que contre les agressions impérialistes qui menacent la paix.
Certains de la possibilité d'un autre monde, un monde libéré de l'exploitation de classe et de l'oppression par le capital, nous déclarons notre engagement à poursuivre notre marche sur le chemin historique de la construction d'une société nouvelle débarrassée de l'exploitation de classe et de l'oppression, une société socialiste.
Sao Paulo, 23 novembre 2008

jeudi 11 décembre 2008

La décision sur les surplus de la caisse de l’assurance-emploi : la Cour suprême donne raison aux syndicats « Le gouvernement Harper a maintenant le devoir moral de remettre l’argent détourné dans la caisse de l’assurance-emploi » – René Roy, secrétaire général de la FTQ

Ottawa, jeudi le 11 décembre 2008

Maintenant que la Cour suprême a jugé illégal le détournement de fonds pour les années 2002, 2003 et 2005, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), demande au gouvernement Harper de rembourser les travailleurs et les travailleuses. « Le gouvernement conservateur a le devoir moral de remettre l’argent détourné dans la caisse de l’assurance-emploi. Cet argent doit servir de prestations aux chômeurs et chômeuses et pour aider au replacement et à la formation des travailleurs mis à pied », a déclaré le secrétaire général de la FTQ, René Roy.

Les travailleurs et les chômeurs ont besoin de cette bouée de sauvetage

« Au moment où la crise économique frappe à nos portes, Ottawa doit profiter de l’occasion que lui donne la Cour suprême pour modifier la Loi sur l’assurance-emploi et ses règlements afin d’élargir les critères d’admissibilité et de bonifier les prestations. « Des dizaines de milliers de travailleurs dans la forêt, dans le manufacturier, dans l’automobile, dans tous les secteurs ont besoin de cette bouée de sauvetage », d’ajouter le secrétaire général de la FTQ, René Roy, après l’annonce de l’arrêt de la Cour suprême.

De généreux surplus créés artificiellement par des restrictions d’accès

Rappelons que le 13 mai dernier, la FTQ a plaidé devant la Cour suprême pour faire invalider la Loi sur l’assurance-emploi de 1996 qui a permis au fédéral de détourner les surplus de la caisse aux dépens des travailleurs et des travailleuses. En même temps, le gouvernement resserrait considérablement les critères d’accessibilité aux prestations, ce qui créait artificiellement de généreux surplus. Le montant réclamé dépasse les 54 milliards de dollars.

Une caisse dédiée

« La caisse de l’assurance-emploi doit être dédiée à ce pourquoi elle a été conçue, les prestations aux chômeurs. Le gouvernement doit avoir le courage politique d’instaurer une taxe spécifique pour ses autres besoins. Il n’a pas à se servir des surplus à l’assurance-emploi comme d’une taxe indirecte servant à autre chose », a ajouté René Roy.

Les travailleurs ont besoin de tous les outils et ressources pour passer au travers

« Avec nos gens mal pris dans la forêt et dans le secteur manufacturier, avec les nuages sombres qui planent sur les travailleurs de l’aluminium dans un contexte économique de crise appréhendée, les travailleurs ont besoin de tous les outils et ressources pour passer au travers.

« La caisse de l’assurance-emploi en fait partie et elle revient de plein droit aux travailleurs et aux travailleuses », a fait valoir pour sa part l’ancien président du Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida (TCA), et actuel conseiller de la FTQ pour la région du Saguenay – Lac-Saint-Jean, Jean-Marc Crevier, dont le syndicat a été à l’origine de la contestation.

La balle est plus que jamais dans le camp politique

René Roy et Jean-Marc Crevier vont s’assurer que les questions de l’accessibilité à l’assurance-emploi et de la disposition des surplus de la caisse se retrouvent au centre du bras de fer qui se joue à Ottawa à la veille du dépôt du budget Harper, le 26 janvier prochain. La FTQ met le gouvernement Harper en garde contre toute tentative de s’accaparer des surplus en adoptant une loi rétroactive.

« La balle est plus que jamais dans le camp politique. Nous allons prendre tous les moyens à notre disposition pour que les travailleurs et les chômeurs y trouvent leur intérêt et allons demander à la coalition PLC-NPD et au Bloc Québécois de faire pression sur le gouvernement conservateur afin qu’il renonce à adopter une loi rétroactive », ont conclu les deux syndicalistes.
La Cour suprême déclare illégal le prélèvement des cotisations d’assurance-emploi pour les années 2002, 2003 et 2005, constate la CSN

Dans un jugement attendu et rendu aujourd’hui, la Cour suprême du Canada a donné raison partiellement à la CSN au sujet des cotisations de la caisse d’assurance-emploi.

Dans une décision unanime, la Cour suprême a établi que le gouvernement fédéral a perçu illégalement les cotisations à l’assurance-emploi pour les années 2002, 2003 et 2005, soit 53,4 milliards de dollars.

Durant toutes ces années, les cotisations n’ont pas été perçues directement par le Parlement. C’est le gouverneur général en conseil qui a prélevé ces taxes, ce qui est illégal et inconstitutionnel.

Selon la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, « on ne peut pas constater que plus de 53 milliards de dollars ont été prélevés illégalement sans se poser la question des correctifs à apporter. Pour nous, il est clair que ces sommes ont été prélevées dans les poches des travailleuses, des travailleurs et des employeurs. Le correctif doit servir à bonifier le régime d’assurance-emploi. Et ce, d’autant plus que nous sommes à l’aube d’une crise économique d’une ampleur rarement vue ».

Elle a aussi ajouté, « l’argent des cotisations doit aller à ceux qui en ont besoin, les chômeuses et les chômeurs ! »

La présidente de la CSN presse le gouvernement fédéral de profiter des 12 mois dont il dispose « pour réhabiliter le régime d’assurance-emploi, le ramener à sa fonction première : protéger les travailleuses et les travailleurs en leur assurant une sécurité économique entre deux emplois ».

Les modifications apportées au régime par le gouvernement fédéral au cours des dernières années ont fait en sorte de réduire l’accessibilité, la durée et le montant des prestations. En effet, 43 % seulement des chômeuses et des chômeurs ont droit à des prestations. En 1989, ce pourcentage se chiffrait à 83 %.

La présidente de la CSN interpelle tous les partis politiques pour qu’ils saisissent cette opportunité de restaurer cet important régime social. Claudette Carbonneau lance aussi un appel aux forces vives de la société civile pour intensifier la campagne en cours depuis plusieurs années visant la bonification du régime d’assurance-emploi. D’autant plus que le 26 janvier, le gouvernement fédéral va déposer son budget à la Chambre des communes.

Rappelons que la CSN participe à une vaste coalition, Les Sans Chemise, réclamant les modifications suivantes :
  • une amélioration importante de l’accessibilité au régime d’assurance-emploi ;
  • une augmentation notable du taux de prestations ;
  • une plus longue période de prestations ;
  • une réelle caisse autonome ;
  • l’abolition du délai de carence.

La CSN représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, et ce, tant dans les secteurs privé que public.

Source : CSN - 11 décembre 2008

jeudi 4 décembre 2008

DÉBARRASSONS-NOUS IMMÉDIATEMENT DES
CONSERVATEURS DE HARPER!

Luttons pour de nouvelles politiques au service des gens d'abord, pas des profits!

Déclaration sur l'évolution de la situation au Parlement diffusée par le
Comité exécutif central du Parti communiste du Canada le 2 décembre 2008 :

Le gouvernement fédéral conservateur, sous la direction du premier ministre Stephen Harper, est sur le point de subir une cuisante défaite, six semaines après les élections générales du 14 octobre. Les conservateurs méritent pleinement d'être destitués de leurs fonctions lundi prochain au cours du vote de non confiance. Le Parti communiste du Canada se joint au mouvement syndical et aux autres forces démocratiques pour lancer un appel à défaire ce gouvernement.

Contrairement aux déformations médiatiques émises par le bureau du premier ministre, la crise actuelle du gouvernement n’est pas due à une quelconque conspiration concoctée au sein des bancs de l'opposition. Elle a plutôt pour cause l'arrogance et la vanité des conservateurs et leur stupéfiante indifférence à l'égard des craintes et des préoccupations des travailleuses/eurs alors que la crise économique capitaliste s'aggrave toujours plus et menace les emplois, les prestations, les rentes et la protection sociale de millions de travailleuses/eurs canadiens.

Jeudi dernier, la mise à jour économique présentée par le ministre des Finances, Jim Flaherty, a dévoilé la nature anti-classe ouvrière, de droite, favorable aux grandes entreprises du gouvernement conservateur. Le mini-budget de Flaherty a provoqué l'impasse actuelle en ignorant lamentablement les préoccupations du peuple en refusant de prendre des mesures législatives de protection et de stimulation des dépenses publiques. Au lieu de cela, le gouvernement Harper a utilisé l'aggravation de la crise économique comme prétexte pour lancer une attaque frontale opportuniste contre le secteur public par le biais de son plan de vendre 3,4 milliards de dollars en biens publics à ses amis, les grandes entreprises, en limitant les salaires fédéraux et en "suspendant" le droit de grève des employés fédéraux, en s'attaquant à l'équité salariale envers les femmes et en annulant la Loi sur le financement des partis, dont les grands partis politiques, particulièrement les partis de l'opposition, dépendent dans une large mesure.

Attachés à leur ordre du jour économique et politique de droite néo conservateur, les conservateurs, avec une grande arrogance et croyant présomptueusement qu'ils pourraient survivre à une autre série de "caquetage de basse-cour" parlementaire (comme cela a été dit) avec les partis d'opposition, les conservateurs Harper ont décidé d'aller de l'avant comme s'ils avaient la majorité au Parlement. Mais, comme notre parti l'a déclaré immédiatement après l'élection d'octobre, les «conservateurs n'ont pas de mandat pour imposer leur ordre du jour de droite au pays».

Comme résultat de ses politiques et de ses actions opposées au peuple, le gouvernement Harper n'a pas seulement perdu la "confiance" de la majorité des députés de la Chambre. L'immense appui du mouvement syndical et des mouvements populaires pour la nouvelle coalition libérale-néo-démocrate montre que ce gouvernement a également perdu la confiance de la majorité de la population canadienne.

Notre parti se félicite du refus par les partis de l'opposition de se laisser berner par les derniers reculs de Harper (il a proposé de renoncer à l'annulation du financement des partis et à l'interdiction du droit de grève aux travailleurs du gouvernement fédéral), et invite ces partis à tenir fermement à leur engagement de défaire ce gouvernement discrédité et de mettre en place une nouvelle majorité capable d'agir au Parlement.

La défaite des conservateurs de Harper constituera une importante victoire pour les travailleuses/eurs de l'ensemble du Canada. Mais si un tel changement est une condition nécessaire pour un réel progrès pour répondre aux besoins pressants de la population, il n'est pas une condition suffisante pour assurer une véritable nouvelle direction dans la politique du gouvernement. Un nouveau gouvernement de coalition serait très à l'écoute des pressions du public et ouvrirait de nouvelles portes permettant d'obtenir des politiques favorables au peuple canadien.

Le mouvement syndical, les peuples autochtones, la jeunesse et les étudiants, les femmes et d'autres mouvements et organisations du peuple devront intensifier leur mobilisation et recourir à des actions extra parlementaire pour exiger une action réelle et immédiate de tout nouveau gouvernement qui serait créé après le vote de lundi.

Le Parti communiste du Canada est d'avis qu'un tel plan d'action contre la crise devrait inclure :

* l'instauration de mesures de protection pour les travailleuses/eurs du Canada par l'adoption immédiate d'une législation sur les fermetures d'usines pour mettre fin à l'exode des emplois manufacturiers;

* des investissements publics massifs dans les secteurs de l'automobile, de la foresterie et dans celui des autres industries manufacturières vitales réalisés sur la base d'une équité financière complète (pas de cadeaux aux entreprises), et des garanties très solides pour prévenir les licenciements, les suppressions d'emplois, les réductions de salaires ou de pension et l'exigence de réinvestissements dans l'économie du pays;

* L'extension de la couverture de l'assurance emploi à toutes/tous les travailleuses/eurs pendant toute la durée de leur chômage (y compris l'élimination de la période d'attente) et avec des prestations fixées à 90% des gains antérieurs;

* un moratoire sur les expulsions, sur les saisies hypothécaires et sur les coupures de services tels que celui de l'électricité pour cause de chômage;

* l'augmentation immédiate du salaire minimum à 15 dollars de l'heure et l'adoption de lois visant à protéger et à améliorer les salaires, les avantages sociaux et les pensions pour toutes/ous les travailleuses/eurs, afin de contribuer à l'augmentation des revenus et à la stimulation de la consommation intérieure;

* une action d'urgence pour améliorer les conditions sociales et économiques des peuples autochtones;

* un programme d'investissements publics massifs pour construire des logements sociaux abordables, pour remettre en état les infrastructures canadiennes délabrées, pour protéger et reconstituer l'environnement et pour créer des emplois pour les jeunes et dans le domaine des arts;

* une réforme fiscale progressiste profonde pour l'adoptions de mesures fondées sur la capacité de payer, entraînant la révocation de toutes les mesures d'allègement fiscal aux grandes entreprises (exemptions ou reports de paiement à tous les niveaux), et pour le transfert du fardeau fiscal des travailleuses/eurs aux grandes entreprises et aux riches;

* des mesures d'urgence pour protéger et étendre notre système public de soins de santé, d'éducation et d'autres programmes sociaux, y compris la mise en place d'un système de garde d'enfants financé et administré publiquement, universel, de qualité et abordable, doté de normes standard dans tout le Canada; et

* le retrait immédiat du Canada de la désastreuse guerre d'occupation en Afghanistan, et une réduction de 50% des dépenses militaires.

à plus long terme, la sécurité et l'efficacité immédiate de ces mesures de lutte contre la crise exigeront à leur tour d'autres mesures de transformation visant à garantir les emplois, les revenus et les services pour le peuple canadien, y compris :

* la nationalisation démocratique des grandes banques, des compagnies d'assurances et d'autres institutions financières au Canada;

* la nationalisation de l'industrie de l'énergie pour garantir l'offre intérieure et pour fournir la base matérielle permettant la reconstruction économique de l'industrie canadienne et la création de centaines de milliers d'emplois;

* le retrait immédiat du Canada de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), la cessation immédiate des négociations en vue du «Partenariat pour la sécurité et la prospérité» (PSP) et l'adoption d'une politique commerciale beaucoup plus diversifiée, multilatérale et fondée sur le principe des avantages mutuels; et

* l'introduction d'un revenu annuel garanti (RAG) permettant de vivre, et d'une semaine de travail plus courte sans perte de salaire.