lundi 22 mars 2010

LE FRONT COMMUN NE POURRA PAS FAIRE L'ÉCONOMIE DE LA LUTTE

Par Robert Luxley

Quelques jours avant le dépôt du budget du gouvernement à l’Assemblée nationale, le Front commun des syndicats des secteurs public et parapublic a appelé à une grande manifestation nationale dans les rues de Montréal afin d’appuyer ses revendications dans le cadre des négociations pour renouveler les conventions collectives.

Comptant sans doute sur la force du nombre de ce Front commun historique (il réuni 475 000 travailleuses et travailleurs), les syndicats disent depuis le début des négociations rechercher un règlement négocié et satisfaisant avant le 31 mars 2010, soit l’échéance du décret tenant lieu présentement de convention. Devant une telle déclaration de bonne foi des syndicats, le gouvernement ne pouvait faire autrement que de se déclarer à son tour intéressé par le même objectif.

Cependant le gouvernement ne fait rien pour que cela se concrétise. Malgré, les reculs considérables qu’il avait déjà imposés par décret la dernière fois, tant sur le plan de la rémunération que des conditions de travail, il ne propose rien pour renverser la situation. Invoquant le mauvais état des finances publiques, il formule encore une fois des demandes de reculs importants pour les syndiquées-és.

Or, le déficit budgétaire actuel du gouvernement est un nouveau déficit et est essentiellement le fait de sa participation au sauvetage des banques et des grands monopoles industriels par les divers gouvernements, fédéral et provincial, qui ne se sont pas gênés d’investir des dizaines et des dizaines de milliards pour les sortir de leur crise financière et économique. Alors que l’État a guéri le système financier, c’est lui qui est maintenant malade. Les marchés financiers qui sont désormais sauvés et qui empochent à nouveau des profits mirobolants, obligent maintenant les États à des efforts budgétaires extrêmes pour rembourser leurs dettes, en imposant des reculs majeurs dans les droits sociaux conquis depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.

Le gouvernement du Québec a annoncé d’emblée son intention de réduire ses dépenses et de couper près d’un milliard $ dans son prochain budget. On assiste aussi actuellement à une offensive idéologique dans les médias pour faire croire que le gouvernement n’a pas d’argent et pour préparer l’opinion publique non seulement à accepter de payer pour les largesses qu’il a eu pour les banques et les grandes compagnies durant la crise financière et économique, mais aussi pour la dresser contre les revendications des travailleuses et travailleurs du secteur public. C’est dans ce contexte que se situe par exemple les récentes sorties publiques de Lucien Bouchard ou la sortie récente du rapport du groupe de travail sur la tarification des services publics, composé de néo-conservateurs bien connus (Montmarquette, Facal et Lachapelle).

Le gouvernement a répliqué à la demande syndicale de hausse salariale de 11,25% sur trois ans par un 5% sur 5 ans, ce qui implique une perte de pouvoir d’achat de 8,4% pour les travailleuses et les travailleurs. Le gouvernement a même proposé des reculs important au chapitre de la retraite, en augmentant les pénalités en cas de retraite anticipée et en interdisant la retraite avant 55 ans d’âge. Il s’attaque aussi aux banques-maladie et au régime d’assurance-salaire en cas de maladie, la coupure annoncée équivalant à une réduction de salaire de 2% par année.

Le 10 mars dernier, la FSSS de la CSN rapporte qu’à leur table sectorielle, le comité patronal de négociation a même eu « le culot de nous déposer une demande visant à lui faciliter l’utilisation de ressources en provenance du secteur privé, allant même à l’encontre du discours et de l’orientation du ministre Bolduc et de son ministère. » La FSSS déclare par conséquent que « le doute commence à s’installer sur l’honnêteté de la démarche patronale

Dans une telle situation, on peut comprendre que les syndicats aient raison de pousser la négociation jusqu’au bout, mais un obtenir un règlement satisfaisant aux alentours du 31 mars sans livrer bataille tient de l’utopie.

Le Front commun doit livrer bataille.

Ce Front commun représente actuellement le potentiel de riposte aux attaques de la bourgeoisie le plus grand à s’être développer jusqu’à présent au Canada dans le cadre de la crise économique. Les organisations syndicales du Front commun représentent près d’un demi-million de travailleuses et de travailleurs. Comme l’écrivait dans le Devoir du 17 mars 2010 Jacques Rouillard (Professeur à l'Université de Montréal et auteur de l'ouvrage Le Syndicalisme québécois. Deux siècles d'histoire, Boréal, 2004), en ajoutant aux employés des secteurs public et parapublic tout le secteur péripublic (sociétés d'État, Hydro-Québec, universités, secteur collégial), où sont reprises les politiques de rémunération gouvernementales qui influencent également la négociation dans le secteur municipal, c'est environ 20 % de toute la main-d’œuvre du Québec qui sera touchée directement ou indirectement par la négociation du Front commun. En considérant en plus les familles de ces personnes, cette négociation aura un impact direct sur le niveau de vie de plus du tiers, voire même la moitié de la population du Québec.

D’autre part, dans un contexte de crise économique, comme le disait à l’époque le dirigeant de l’Internationale syndicale rouge, Alexandre Losovsky, ce sont justement les ouvriers des entreprises d’utilité publiques qui « doivent se trouver au premier rang des combattants, luttant contre la tactique bourgeoise de la baisse, pour consolider les positions acquises ». Le succès de cette lutte pourrait enfin remettre la classe ouvrière du Québec, et même du Canada, sur la voie de l’offensive alors qu’elle est sur la défensive depuis plusieurs années.

Encore une fois Jacques Rouillard a écrit que « les résultats de ces négociations ont également des répercussions sur le secteur privé. Des études d'économistes au début des années 1980 montraient que les gains obtenus lors des négociations du secteur public avaient des effets d'entraînement bénéfiques pour les travailleurs du secteur privé. De nos jours, c'est le contraire qui prévaut. Les augmentations obtenues dans le secteur public, qui sont en deçà de l'inflation depuis trente ans, contribuent à maintenir, en moyenne, les hausses salariales de l'ensemble des travailleurs, qu'ils soient syndiqués ou non, sous la hausse des prix. Depuis trois décennies, les salariés n'augmentent pas leur pouvoir d'achat même si, en général, la croissance économique est au rendez-vous. En effet, le produit intérieur brut s'est accru de 2,3 % par année au Québec et la productivité du travail a augmenté de 1,2 % par année de 1981 à 2008.

C'est unique dans l'histoire du Québec que les salariés ne puissent bénéficier d'une amélioration de leur sort sur une aussi longue période. La richesse se crée, mais les travailleurs salariés n'en voient pas la couleur. Sa redistribution est toujours reportée à plus tard. Depuis près de trente ans, l'affaiblissement du rapport de force syndical dans le secteur public comme privé se traduit donc par un recul de la rémunération et, en conséquence, par une répartition plus inégalitaire de la richesse. »

La portée d’une victoire du Front commun aura des impacts positifs pour contrer les projets de tarification et de démantèlement des services publics.

Finalement, dans le contexte économique et politique actuel, il ne sera pas possible de faire un règlement vraiment satisfaisant par la seule négociation. L’établissement d’un rapport de force incluant évidemment le recours à la grève sera absolument nécessaire pour infléchir la volonté du gouvernement de faire payer la classe ouvrière pour la crise. Il faut mener la lutte classe contre classe.

UN AUTRE BUDGET CONSERVATEUR PRO-BUSINESS

(Traduit de l’édition du 16-31 mars 2010 du People’s Voice)

Commentaire de People’s Voice

Les médias bourgeois et les groupes d'affaires ont salué le discours du Trône qui mettait fin à la prorogation du Parlement de Stephen Harper, et ont salué le budget fédéral de Jim Flaherty. Mais, comme le craignaient les mouvements ouvrier et populaire, le budget utilise le déficit fédéral comme un écran de fumée pour offrir des cadeaux au secteur des entreprises. Pour les travailleuses et les travailleurs, cela signifie des réductions de dépenses majeures. Les travailleuses et les travailleurs des services publics fédéraux vont subir des compressions budgétaires de 6,8 milliards $ dans leurs départements par des pertes d'emplois et par un gel de la rémunération pendant trois années.

Comme le Congrès du travail du Canada (CTC) l'a souligné en réponse au budget, « les déficits ne sont pas un problème puisque la dette totale du gouvernement aujourd'hui est la plus basse des pays industriels avancés (53% du PIB en 2008-2009, comparativement à 102% en 1995-1996), et les taux d'intérêt sont au plus bas de tous les temps. La dette fédérale est à seulement un tiers du PIB, et le coût du service de cette dette est à seulement 2% du PIB. Le déficit fédéral demeure inférieur à 4% du Revenu national, beaucoup plus bas que ce qu'il était du début jusqu’au milieu des années 1990. »
En dépit de cette « peur du déficit», les taux d'imposition des sociétés vont continuer à baisser, passant de 22% lorsque les conservateurs prirent le pouvoir, à 15%, le taux le plus bas dans les pays du G7. Cela va coûter au Trésor la modique somme de 9 milliards $ rien que pour la prochaine année fiscale. Le budget sera bénéfique pour le milieu des affaires en réduisant les tarifs douaniers des intrants manufacturés, bien que cela rende les choses encore plus difficile pour l’industrie manufacturière canadienne en difficulté. La déréglementation des secteurs des télécommunications et des mines d'uranium, et l'expansion du soi-disant «libre échange» ont été applaudies par la grande entreprise. Les grands gagnants semblent être les sociétés transnationales, désireuses d'élargir leur contrôle sur l'économie canadienne.
Cette politique économique néo-conservatrice agressive est assortie sur le plan politique avec une combinaison d’agitation de drapeaux, de monuments de guerre et un programme soi-disant en faveur de la «loi et l'ordre» conçus pour éloigner l'attention du public du fait que plus de 1,5 millions de Canadiennes et Canadiens demeurent sans emploi.

Dans l'ensemble, le discours du Trône et le budget confirment l'intention du gouvernement minoritaire de Harper de gouverner comme s'ils détenaient la majorité au Parlement pour faire passer leur programme d’extrême-droite. Les hésitations des partis d'opposition pour bloquer cette stratégie peut permettre aux Conservateurs de placer le débat politique en vue d'une élection très probable plus tard, durant l’année.

Les partis d'opposition ont fait valoir qu’on aurait pu faire plus pour créer des emplois, lutter contre la pauvreté et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais le chef libéral Michael Ignatieff permettra aux Conservateurs de rester au pouvoir, attendant que les intentions de vote soient en hausse pour son parti. Le chef du NPD Jack Layton a critiqué les conservateurs sur certaines questions économiques, mais sans avancer une quelconque alternative sérieuse. Au début de la récession, M. Layton a parlé devant la Chambre de commerce de Toronto, louant les travailleurs qui ont eu le "courage" d’accepter des baisses de salaire. Les gouvernements néo-démocrates du Manitoba et la Nouvelle-Écosse continuent d'appliquer des politiques économiques qui sont presque identiques à celles des partis du grand Capital. Plusieurs des principaux dirigeants syndicaux ont durement dénoncé le budget conservateur et le discours du Trône.

«Tous les partis politiques devraient voter pour défaire le gouvernement dès maintenant », a déclaré Dave Coles, président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, le plus grand syndicat au Canada dans le secteur forestier.

« Pourtant, un autre budget, rempli de rhétorique et de platitudes qui ne fait rien pour les travailleuses et les travailleurs, les familles et les communautés dans des centaines de communautés tributaires des forêts", a déclaré M. Coles. "Nous avons vu le même spectacle dans le budget de l'an dernier. En fait, l'an passé, les Conservateurs ont fait de nombreuses annonces d’aide au secteur forestier, et pourtant nous avons vu un nombre record de faillites.»

Coles a averti que le budget ne contient «rien pour les retraités qui paient le prix de l'inaction du gouvernement fédéral, alors que les entreprises faisant face à la faillite cherchent à financer leurs dettes avec les fonds de pension des employées-és.»

Dans les budgets précédents, le SCEP a appelé à une stratégie nationale pour aider à régénérer le secteur forestier grâce à des investissements dans de nouveaux produits et la création d'emplois à valeur ajoutée. Le discours du Trône fait référence à cela, a dit M. Coles, mais « c'est trop peu, trop tard. Sans garantie de prêts pour maintenir les usines en vie, qui va produire ces nouveaux produits?» Le gouvernement Harper doit être défait sur son intention de vendre des industries clés des télécommunications et de la radiodiffusion, dit le SCEP, qui représente également de nombreuses travailleuses et travailleurs des médias.

«Les télécommunications sont aujourd'hui une industrie intégrée avec le reste des médias, le secteur est clé pour notre souveraineté culturelle et notre sécurité nationale", a déclaré Peter Murdoch, le vice-président médias SCEP. «Il incombe à tous les partis d'opposition de tracer une ligne dans le sable sur cette question. La communauté culturelle a parlé d'une seule voix sur cette question, mais où sont les partis d'opposition? Nous avons besoin de plus que des déclarations et des discours».

Le plus grand syndicat des travailleuses et des travailleurs de la fonction publique fédérale se mobilisera contre les coupures dans les programmes et les opérations du secteur public.

« Ce budget est une attaque claire contre des services publics de qualité, a déclaré John Gordon, président de l'Alliance de la Fonction publique du Canada. "Le gel des budgets de fonctionnement du secteur public, conjuguée à une augmentation de la déréglementation et du libre échange, contribuera à affaiblir l'économie et nuire aux Canadiens.»

Dans une conférence de presse pré-budgetaire avec d'autres dirigeantes et dirigeants syndicaux, Gordon a appelé à continuer les dépenses de relance recentrées sur les infrastructures sociales telles que la réduction de la pauvreté et le développement des soins aux enfants et aux aînés. Il a également appelé à l'amélioration de la retraite pour tous les Canadiennes et Canadiens.
« Que faisons-nous à la place? La journée des aînés», a dit Gordon. «Ce budget ne fait rien pour les travailleuses et les travailleurs au Canada. Investir dans les infrastructures sociales et dans des services publics de qualité aurait assuré la création d'emplois et la croissance économique. Mais ce gouvernement a échoué à cet égard.»

Gordon a demandé à rencontrer les dirigeants des partis d'opposition, les invitant à soutenir la position de son syndicat.

«Ce budget fait très peu pour rassurer les travailleuses et les travailleurs canadiens pendant cette grave période d'instabilité économique et cela a ses racines dans l’idéologie profonde et destructrice du gouvernement », a dit le président des TCA, Ken Lewenza.

Une déclaration des TCA, dit « le budget pousse plus loin les politiques du gouvernement conservateur en faveur des entreprises et des sociétés, au détriment des Canadiennes et Canadiens moyens».

Prenant crédit pour de vieilles nouvelles, les Conservateurs ont ré-annoncé les 19 milliards de dollars déjà prévus dans les projets de relance de 2010. Le Canada a besoin non pas de projet exceptionnel dit Lewenza, mais d'investissement dans des projets d'énergies renouvelables, d'amélioration des transports publics et d'autres initiatives pour stimuler le développement économique durable et « vert ».

Malgré des demandes généralisées pour améliorer les critères d'admissibilité de l'assurance-emploi pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs, les Conservateurs n'ont pratiquement rien fait sur cette question.

Depuis octobre 2008, près de 500.000 emplois permanents et bien rémunérés ont été perdus lorsque la crise de l’industrie manufacturière et forestière s’est étendue à d'autres secteurs. Le budget estime que le plan de relance a sauvé ou créé 130 000 emplois. Mais le taux de chômage projeté est en moyenne de 8,5% cette année et de 7,9% en 2011. Le taux de chômage réel - en comptant les personnes qui ont été contraintes à l'emploi à temps partiel ou qui ont renoncé à chercher un emploi – est de plus de 12%.

Seulement la moitié de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs en chômage se qualifie pour les prestations, et leurs prestations hebdomadaires moyennes ne sont que de 343 $. Les plus de 800.000 chômeuses et chômeurs se qualifiant actuellement à l'assurance-emploi sont admissibles en moyenne à seulement 38 semaines de prestations, et des dizaines de milliers de personnes qui ont perdu leur emploi dans les premiers stades de la crise ont épuisé leurs prestations. Les prestations d’assurance-emploi ont été temporairement prolongé de cinq semaines pour les travailleuses et les travailleurs qui présentent une demande avant le 11 Septembre 2010, mais les listes des demandes d'aide sociale des provinces ont déjà commencé à augmenter rapidement.
" C'est un échec tragique de notre gouvernement fédéral à un moment où de nombreuses travailleuses et de nombreux travailleurs canadiens sont à la recherche d'un leadership pour protéger leurs emplois et leurs collectivités», a déclaré Ken Neumann, directeur national des Métallos pour le Canada.

«Protéger les collectivités canadiennes devrait être la première tâche de notre gouvernement fédéral. Toutefois, dans le discours du Trône, M. Harper a indiqué qu'il va de nouveau abdiquer de sa responsabilité d'assurer que les collectivités soient au net les bénéficiaires de la propriété étrangère.»

Le discours du Trône a insisté que le gouvernement entend « ouvrir les portes encore plus au capital de risque au Canada et aux investissements étrangers dans des secteurs clés.»

« Il est scandaleux que le gouvernement ait refusé de prendre parti pour les collectivités et les travailleuses et travailleurs canadiens lorsque que les multinationales étrangères une après l’autre achètent les entreprises canadiennes et les ferment en dévastant les ressources de nos communautés», a déclaré M. Neumann. Au lieu de mettre plus de mordant à la Loi sur les investissements au Canada, dit-il, le gouvernement va ajouter l'insulte à l’injure pour des communautés comme Sudbury et Hamilton.

Il a souligné que les prises de contrôle étrangères par des sociétés comme Vale Inco et Xstrata n'ont pas réussi à être un «avantage net» pour le Canada comme la loi l'exige. Au contraire, ces acquisitions ont entraîné la perte de milliers d'emplois, la fermeture d’usines vitales et de moulins, et le transfert de la production industrielle en dehors de nos frontières. Le gouvernement Harper n'a pas réussi à faire que ces compagnies survivent selon les exigences légales, et il a même refusé de rendre publiques les promesses faites par ces compagnies.

LES TRAVAILLEUSES ET LES TRAVAILLEURS GRECS COMBATTENT LES MESURES D'AUSTÉRITÉ

Clarté, mars 2010

Face aux pressions aux pressions impérialistes exigeant que la Grèce équilibre ses finances publiques, le gouvernement grec du PASOK (social-démocrate) a annoncé un budget qui prévoit geler les salaires et les pensions, augmenter le fardeau fiscal des travailleuses et des travailleurs, élever l'âge de la retraite de deux ans, et abolir les postes des travailleuse et les travailleurs retraités du secteur public. Le refus de la Grèce d'adopter de telles politiques d’austérité la menacerait de subir des taux d'intérêt très élevés pour financer l’importante dette du pays. La Grèce doit refinancer environ 17 milliards d’euros rien que cette année. Essentiellement, la stratégie du Premier Ministre Georgios Papandreou et de son le parti est d'imposer les coûts des difficultés financières du pays au peuple travailleur, tout en blâmant l'Union européenne (UE).
Pour les cercles dirigeants du capitalisme international, la crise économique est vue d’une certaine façon comme une occasion d'imposer les politiques de droite que l’on considère pourtant parmi les principales causes de la crise mondiale qui a éclaté en 2008. La Commission européenne à Bruxelles, par exemple, dit que la dette grecque est "gérable" - à condition que le gouvernement du PASOK impose des mesures d'austérité très sévères telles qu’imposées par le Fonds monétaire international (FMI) aux pays en développement.
La situation dans d'autres pays est également difficile. L'Italie, par exemple, a un ratio dette publique / PIB de 120 pour cent (beaucoup plus élevé que la Grèce) et le Japon est proche de ce niveau. L’Espagne, le Portugal et l'Irlande sont également confrontés à des problèmes économiques structurels graves, et à une menace similaire de politiques anti-ouvrières dictées par les plus grandes puissances capitalistes de l'Union européenne.
Toutes ces incertitudes ont récemment secoué l’euro. La possibilité que la Grèce ou l'un des autres pays soient dans l'incapacité de payer ses dettes - et ait besoin d'un plan de sauvetage de l'UE ou d'avoir à abandonner l'euro- est considéré comme «la plus grande menace» pour la monnaie unique. En réalité, une telle situation affaiblirait la force relative des principales puissances impérialistes du continent, en particulier l'Allemagne et la France.
Mais la classe ouvrière grecque a une longue tradition de lutte et ne se laisse pas faire. Le 10 février dernier, de grands rassemblements ont eu lieu dans 67 villes à travers la Grèce dans le cadre d'une grève générale très réussie, en grande partie à l'initiative du PAME, la fédération syndicale de gauche soutenue par le Parti communiste de Grèce (KKE). Aucun avion n’a pu atterrir ni décoller de l'aéroport d'Athènes, aucun navire n’a pu bouger dans les ports. La participation des travailleuses et des travailleurs à la grève, tant du secteur public que du secteur privé, a été très importante bien que la grève n’eut pas l’appui des syndicats dirigés par les sociaux-démocrates qui soutiennent le gouvernement, arguant « qu’il ne faut pas blâmer Athènes pour les politiques anti-ouvrières, mais Bruxelles».
La grève du 10 février a été rapidement suivie par des débrayages des agents des douanes et des employés du Ministère des finances protestant contre la réduction de leurs paiements de revenus supplémentaires. Durant plusieurs jours, l'action des agents de douane a provoqué de graves perturbations dans la livraison de carburant et d'autres importations importantes.
D’autres grèves générales se sont produites depuis. Celle du 5 mars, les syndicats du PAME et le syndicat des travailleuses et travailleurs de la fonction publique, ADEDY, ont quitté le travail, fermant les banques, les écoles, les transports publics, les aéroports et ne maintenant que les services essentiels dans les hôpitaux. Une autre grève générale a été annoncée pour le 11 mars, et elle est soutenue par la Confédération générale des employées-és de Grèce (GSEE), la plus grande organisation syndicale de Grèce du secteur privé, et ADEDY.
Environ deux millions de travailleuses et travailleurs ont participé à l’arrêt de travail de 24 heures le 5 mars. Plus de 40 000 manifestantes-ts ont rempli la place Syntagma dans le centre d'Athènes, sous les bannières des syndicats, de divers autres groupes, du Parti communiste grec (KKE) et de Syriza, une coalition de gauche plus petite. Les manifestantes-ts scandaient « Nous ne paierons pas pour leur crise ».
La grève et les protestations sont survenues lorsque des représentants de l’UE, du FMI et autres organisations financières sont arrivées à Athènes à l’invitation du Premier Ministre Papandreou pour le conseiller en vue d’imposer d’autres mesures d’austérité et pour restructurer l’économie selon les exigences de l’UE.
L’agence de cotation financière Fitch a abaissé la cote des quatre plus grandes banques grecques, prétendument parce ce que la qualité des actifs était affaiblie à cause à des ajustements fiscaux prévus en Grèce. La décision en retour fera augmenter les rendements sur les obligations grecques, et fera accroître encore plus le déficit.
« Nous ne nions pas qu'il y ait une crise », a déclaré au journal Morning Star Yanis Ghionas, député du KKE. « Mais ce n'est pas notre crise et nous ne devrions pas payer pour cela. Bien que Papandreou ait parlé d'évasion fiscale, le taux d'imposition des sociétés a été abaissé de 45% à 25%. Nous voulons qu’il revienne à ce qu’il était auparavant afin de combler le déficit, et réduire le recours aux impôts indirects. »
Ghiokas a également rejeté les allégations largement diffusées à l’effet que Papandreou jouisse jusqu'à 70 pour cent d'appui pour ses mesures. «Les gens se font interrogés et on leur demande « est-il besoin de faire quelques chose ? » et ils répondent Oui. C'est alors considéré comme un appui », a-t-il rit tristement.
Ce point de vue est corroboré par la grande participation des syndicats dans le mouvement de grève. Le 2 mars, par exemple, 30.000 chauffeurs de taxi à travers la Grèce ont protesté contre les nouvelles lois qui les obligeraient à fournir des reçus et tenir une comptabilité dans le but d'accroître les recettes fiscales et d’éliminer la fraude. Même les inspecteurs des impôts ont décidé de mener une action syndicale contre les projets du gouvernement, en appelant leur propre grève de 48 heures.
En réponse, Papandréou a de plus en plus recours à des tactiques de peur. La Grèce risque la faillite si elle ne prend pas des mesures radicales, a-t-il prévenu le 2 mars, en affirmant que le pays était dans un «état de guerre
Les mesures proposées par son gouvernement comprennent une augmentation de la taxe de vente de 2%, le gel des salaires du secteur public pour 2012, une nouvelle hausse de la taxe sur les carburants, une nouvelle taxe sur les produits de luxe et un autre relèvement de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans. L’UE avait jusqu’au 16 mars pour répondre à la stratégie du gouvernement grec, et décider si elle accordera ou non une aide financière.
Le KKE a dit que le succès des grèves est « une autre réponse aux mesures anti-populaires annoncées par le gouvernement social-démocrate du PASOK comme les réductions de salaire et de pension, et l'augmentation de l'âge de la retraite. Les travailleurs ont tourné le dos à l'appel du gouvernement de collaborer afin de sauver le pays de la crise. Ils ont montré que la Grèce n'est pas en danger de faillite et que le grand capital est responsable des déficits et des dettes. Avant et pendant la crise, le grand capital a fait des profits fabuleux en faisant chanter les couches ouvrières et populaires et en mettant le fardeau de la crise sur leurs épaules

lundi 1 mars 2010

Finances publiques: "ATTAQUONS-NOUS AUX VÉRITABLES VACHES SACRÉES", Françoise David

Montréal, le 26 février

Dans le cadre de sa campagne couragepolitique.org, Québec solidaire tient aujourd'hui une journée de distribution massive de tracts aux abords de 20 stations de métro de Montréal pour présenter les propositions du parti sur le financement et la défense des services publics. Cette action veut démontrer à la population qu'il existe d'autres alternatives pour régler la crise des finances publiques que celles proposées par les Lucien Bouchard, Joseph Facal, Claude Montmarquette et Cie. C'est d'ailleurs ce que la présidente et porte-parole de Québec solidaire Françoise David a fait valoir au ministre des Finances Raymond Bachand, lors d'une rencontre pré-budgétaire qui se déroulait en matinée.
« Nous assistons à une offensive coordonnée en vue de préparer l'opinion publique à un budget qui fera tout sauf aller chercher l'argent là où il se trouve. Au lieu de s'attaquer aux véritables vaches sacrées du Québec que sont les avantages fiscaux considérables accordés aux minières, aux banques, aux compagnies d'assurance et aux très gros revenus, nos lucides autoproclamés préfèrent assommer de tarifs, d'une hausse substantielle des droits de scolarité et de coupures de services la classe moyenne, les étudiants-es et les personnes appauvries. Quel manque de courage politique ! Qu'on se le dise : les véritables vaches sacrées du Québec ne sont pas son système de santé gratuit et universel, son système d'éducation accessible à tous les revenus, ni ses tarifs d'électricité abordables mais bien les privilèges accordés à de riches entreprises et particuliers », s'est indignée Françoise David.
Des services publics menacés

Québec solidaire demande au ministre des Finances Raymond Bachand de préciser où il entend couper pour parvenir à son objectif de réduction des dépenses. « Dans quel ministère, dans quel service ? C'est bien beau de dire qu'il ne touchera ni à l'éducation ni à la santé, mais, que je sache, l'État assume également d'autres missions essentielles. Peut-on encore couper davantage en environnement, en transport, dans la Régie du bâtiment, sachant que ces services ont déjà subi d'importantes compressions au cours des dernières années qui se sont traduites par une diminution importante des inspections, par exemple ? Envisage-t-on de couper encore à l'aide sociale alors que les prestataires survivent dans l'extrême pauvreté?

« Dans le contexte actuel d'allégations de corruption et de dégradation de l'environnement, couper davantage serait aussi absurde que dangereux. Si le ministre ne sait pas comment financer les services publics, qu'il s'inspire des propositions de Québec solidaire », a plaidé Françoise David. Rappelons que Québec solidaire propose 8 mesures crédibles et réalistes qui permettraient d'aller chercher 5 milliards de dollars, soit le montant actuel du déficit, en instaurant entre autres une redevance sur l'eau utilisée par les entreprises minières et une autre sur la valeur marchande des minéraux extraits. D'autres propositions : réduire l'aide gouvernementale aux grandes entreprises, ajouter un palier d'imposition pour les hauts revenus, imposer pleinement les gains en capitaux, etc. On trouve ces propositions sur le site http://www.couragepolitique.org/

La porte-parole de Québec solidaire pour la région de Montréal Manon Massé a pour sa part rappelé que les conséquences des coupures dans les services publics se feront particulièrement sentir pour les femmes. « En tant que principales bénéficiaires des services publics, notamment de santé, elles sont les premières à faire les frais de compressions supplémentaires. Depuis les coupes des années 90, elles sont des dizaines de milliers à prendre soin de personnes vulnérables, soit dans les organismes communautaires où elles sont sous-payées, soit gratuitement dans les familles. Les femmes sont également majoritaires à travailler dans la fonction publique : les centaines de milliers d'enseignantes, d'infirmières et d'employées de bureau recevront-elles le salaire qu'elles méritent et auront-elles des conditions de travail décentes au terme de la présente négociation?», s'est demandée Manon Massé.