lundi 22 mars 2010

LES TRAVAILLEUSES ET LES TRAVAILLEURS GRECS COMBATTENT LES MESURES D'AUSTÉRITÉ

Clarté, mars 2010

Face aux pressions aux pressions impérialistes exigeant que la Grèce équilibre ses finances publiques, le gouvernement grec du PASOK (social-démocrate) a annoncé un budget qui prévoit geler les salaires et les pensions, augmenter le fardeau fiscal des travailleuses et des travailleurs, élever l'âge de la retraite de deux ans, et abolir les postes des travailleuse et les travailleurs retraités du secteur public. Le refus de la Grèce d'adopter de telles politiques d’austérité la menacerait de subir des taux d'intérêt très élevés pour financer l’importante dette du pays. La Grèce doit refinancer environ 17 milliards d’euros rien que cette année. Essentiellement, la stratégie du Premier Ministre Georgios Papandreou et de son le parti est d'imposer les coûts des difficultés financières du pays au peuple travailleur, tout en blâmant l'Union européenne (UE).
Pour les cercles dirigeants du capitalisme international, la crise économique est vue d’une certaine façon comme une occasion d'imposer les politiques de droite que l’on considère pourtant parmi les principales causes de la crise mondiale qui a éclaté en 2008. La Commission européenne à Bruxelles, par exemple, dit que la dette grecque est "gérable" - à condition que le gouvernement du PASOK impose des mesures d'austérité très sévères telles qu’imposées par le Fonds monétaire international (FMI) aux pays en développement.
La situation dans d'autres pays est également difficile. L'Italie, par exemple, a un ratio dette publique / PIB de 120 pour cent (beaucoup plus élevé que la Grèce) et le Japon est proche de ce niveau. L’Espagne, le Portugal et l'Irlande sont également confrontés à des problèmes économiques structurels graves, et à une menace similaire de politiques anti-ouvrières dictées par les plus grandes puissances capitalistes de l'Union européenne.
Toutes ces incertitudes ont récemment secoué l’euro. La possibilité que la Grèce ou l'un des autres pays soient dans l'incapacité de payer ses dettes - et ait besoin d'un plan de sauvetage de l'UE ou d'avoir à abandonner l'euro- est considéré comme «la plus grande menace» pour la monnaie unique. En réalité, une telle situation affaiblirait la force relative des principales puissances impérialistes du continent, en particulier l'Allemagne et la France.
Mais la classe ouvrière grecque a une longue tradition de lutte et ne se laisse pas faire. Le 10 février dernier, de grands rassemblements ont eu lieu dans 67 villes à travers la Grèce dans le cadre d'une grève générale très réussie, en grande partie à l'initiative du PAME, la fédération syndicale de gauche soutenue par le Parti communiste de Grèce (KKE). Aucun avion n’a pu atterrir ni décoller de l'aéroport d'Athènes, aucun navire n’a pu bouger dans les ports. La participation des travailleuses et des travailleurs à la grève, tant du secteur public que du secteur privé, a été très importante bien que la grève n’eut pas l’appui des syndicats dirigés par les sociaux-démocrates qui soutiennent le gouvernement, arguant « qu’il ne faut pas blâmer Athènes pour les politiques anti-ouvrières, mais Bruxelles».
La grève du 10 février a été rapidement suivie par des débrayages des agents des douanes et des employés du Ministère des finances protestant contre la réduction de leurs paiements de revenus supplémentaires. Durant plusieurs jours, l'action des agents de douane a provoqué de graves perturbations dans la livraison de carburant et d'autres importations importantes.
D’autres grèves générales se sont produites depuis. Celle du 5 mars, les syndicats du PAME et le syndicat des travailleuses et travailleurs de la fonction publique, ADEDY, ont quitté le travail, fermant les banques, les écoles, les transports publics, les aéroports et ne maintenant que les services essentiels dans les hôpitaux. Une autre grève générale a été annoncée pour le 11 mars, et elle est soutenue par la Confédération générale des employées-és de Grèce (GSEE), la plus grande organisation syndicale de Grèce du secteur privé, et ADEDY.
Environ deux millions de travailleuses et travailleurs ont participé à l’arrêt de travail de 24 heures le 5 mars. Plus de 40 000 manifestantes-ts ont rempli la place Syntagma dans le centre d'Athènes, sous les bannières des syndicats, de divers autres groupes, du Parti communiste grec (KKE) et de Syriza, une coalition de gauche plus petite. Les manifestantes-ts scandaient « Nous ne paierons pas pour leur crise ».
La grève et les protestations sont survenues lorsque des représentants de l’UE, du FMI et autres organisations financières sont arrivées à Athènes à l’invitation du Premier Ministre Papandreou pour le conseiller en vue d’imposer d’autres mesures d’austérité et pour restructurer l’économie selon les exigences de l’UE.
L’agence de cotation financière Fitch a abaissé la cote des quatre plus grandes banques grecques, prétendument parce ce que la qualité des actifs était affaiblie à cause à des ajustements fiscaux prévus en Grèce. La décision en retour fera augmenter les rendements sur les obligations grecques, et fera accroître encore plus le déficit.
« Nous ne nions pas qu'il y ait une crise », a déclaré au journal Morning Star Yanis Ghionas, député du KKE. « Mais ce n'est pas notre crise et nous ne devrions pas payer pour cela. Bien que Papandreou ait parlé d'évasion fiscale, le taux d'imposition des sociétés a été abaissé de 45% à 25%. Nous voulons qu’il revienne à ce qu’il était auparavant afin de combler le déficit, et réduire le recours aux impôts indirects. »
Ghiokas a également rejeté les allégations largement diffusées à l’effet que Papandreou jouisse jusqu'à 70 pour cent d'appui pour ses mesures. «Les gens se font interrogés et on leur demande « est-il besoin de faire quelques chose ? » et ils répondent Oui. C'est alors considéré comme un appui », a-t-il rit tristement.
Ce point de vue est corroboré par la grande participation des syndicats dans le mouvement de grève. Le 2 mars, par exemple, 30.000 chauffeurs de taxi à travers la Grèce ont protesté contre les nouvelles lois qui les obligeraient à fournir des reçus et tenir une comptabilité dans le but d'accroître les recettes fiscales et d’éliminer la fraude. Même les inspecteurs des impôts ont décidé de mener une action syndicale contre les projets du gouvernement, en appelant leur propre grève de 48 heures.
En réponse, Papandréou a de plus en plus recours à des tactiques de peur. La Grèce risque la faillite si elle ne prend pas des mesures radicales, a-t-il prévenu le 2 mars, en affirmant que le pays était dans un «état de guerre
Les mesures proposées par son gouvernement comprennent une augmentation de la taxe de vente de 2%, le gel des salaires du secteur public pour 2012, une nouvelle hausse de la taxe sur les carburants, une nouvelle taxe sur les produits de luxe et un autre relèvement de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans. L’UE avait jusqu’au 16 mars pour répondre à la stratégie du gouvernement grec, et décider si elle accordera ou non une aide financière.
Le KKE a dit que le succès des grèves est « une autre réponse aux mesures anti-populaires annoncées par le gouvernement social-démocrate du PASOK comme les réductions de salaire et de pension, et l'augmentation de l'âge de la retraite. Les travailleurs ont tourné le dos à l'appel du gouvernement de collaborer afin de sauver le pays de la crise. Ils ont montré que la Grèce n'est pas en danger de faillite et que le grand capital est responsable des déficits et des dettes. Avant et pendant la crise, le grand capital a fait des profits fabuleux en faisant chanter les couches ouvrières et populaires et en mettant le fardeau de la crise sur leurs épaules

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