lundi 24 novembre 2008

QUESTIONS SUR LA CRISE?

Nombreuses sont les questions autour de la crise. Voici une série fort éducative dans laquelle nos camarades du PTB (Solidaire) tente de répondre aux questions de leurs lecteurs-trices les plus fréquentes.
François Ferrara
Parti du Travail de Belgique

Qui paie la crise en fin de compte ?

L’état (les états peut-on dire car tous les états capitalistes agissent de même) apporte de l’argent frais aux banques et assurances afin d’éviter leur faillite, soit pour apporter des liquidités soit pour recapitaliser des actifs toxiques (qui n’ont plus aucune valeur). Et, c’est là que « l’arnaque » est complète : les banques, avec cet argent, achètent des actifs « sûrs » : les obligations de l’état, titre de la dette publique, pour remplacer les actifs pourris. Les banques avec l’argent de l’État, donc des travailleurs, deviennent les créanciers de l’état. Ces mêmes banques et assurances (donc leurs actionnaires) non seulement ne payent pas la crise, mais vont s’enrichir pendant des années sur le dos des travailleurs. Comme les états n’ont pas exigé de droit de vote dans les décisions de ces entreprises financières, on peut donc parler non pas de « nationalisation » des banques mais de « privatisation » de l’état. Il devient un créditeur à la solde de ses créanciers, les banques, et tout cela avec l’argent des travailleurs.
Derrière l’argument « on n’avait pas le choix » pour sauver les emplois et les petits épargnants, nos dirigeants politiques ont amené les travailleurs à être endettés pour des années vis à vis des banques. C’est très loin d’être une « nationalisation » comme les politiciens et les médias nous ont présenté cette « soupe ».

Quelle a été l’intervention des États ?

Comme même l’action du « prêteur en dernier ressort » (les banques centrales) ne pouvait juguler la crise, les états capitalistes dans leur ensemble, ont apporté de l’argent « frais » aux banques et ont donné leur garantie sur les dépôts. En Belgique, par exemple, c’est 20 milliards d’euros que l’état a injecté dans les banques. La garantie sur les dépôts des épargnants ne deviendra une dépense réelle pour l’état que si les banques ne peuvent plus « rendre » l’argent aux déposants. Mais, les 20 milliards sont bien réels, eux. Comment l’état a-t-il trouvé cet argent alors qu’il n’en a pas pour augmenter les pensions ou créer des crèches ? En augmentant la dette publique : l’état a émis de nouvelles obligations d’état, ce qui constitue une dette de l’état envers celui qui achète ces obligations. Il faudra rembourser ces obligations avec intérêts, et le remboursement est fait avec les impôts du contribuable, donc des travailleurs. Encore faut-il comprendre ce qui se cache derrière tout ça ?

Pourquoi les banques ont-elles eu des problèmes ?

Cela renvoie à la question à laquelle nous avons déjà répondu précédemment : la crise des subprimes aux États-Unis a-t-elle une influence ici ?Par la titrisation, les banques du monde entier sont donc concernées. Lorsque ces prêts n’ont plus su être remboursés, les banques se sont vite retrouvées en manque de fonds propres pour faire face à leurs engagements. Elles ont donc du tenter de lever des capitaux sur les marchés financiers, ce qui s’appelle « recapitaliser ». Mais elles ont eu des difficultés énormes à trouver des investisseurs (petits ou grands) disposés à, en quelque sorte, leur prêter de l’argent. Se retrouvant sans liquidités, les banques sont entrées dans la crise des liquidités.Les banques centrales sont donc intervenue massivement pour « injecter des liquidités », mais rien n’y fit, les « trous étaient trop importants ». C’est l’attitude de la Banque centrale européenne (BCE) et de la FED (Réserve fédérale américaine) depuis août 2007 jusque début septembre 2008. Comme les banques ne se sont plus prêtées entre elles car elles n’avaient plus confiance les unes dans les autres, un certain nombre de banques se sont retrouvées sans liquidités : elles étaient en crise de solvabilité (Northern Rock, Fortis etc…). Cela a obligé les états à intervenir afin d’éviter la faillite du système bancaire car il fallait éviter que les épargnants viennent retirer massivement et brutalement leurs dépôts ce qui n’aurait fait qu’accélérer les problèmes de liquidité et de solvabilité des banques.

Que veut dire : « les banques centrales ont injecté X milliards de dollars ou d’euros dans le système bancaire » ?

En fait, les banques centrales ne donnent pas de l’argent aux banques, elles leur prêtent avec intérêts. Si les banques commerciales accordent trop de crédits ou se retrouvent avec trop de non-remboursements, ses propres réserves de monnaie fiduciaire sont insuffisantes pour satisfaire la demande en billets de ses clients, elle se retrouve dans l’obligation d’emprunter aux autres banques, le marché monétaire, ou d’emprunter à la banque centrale. Dans les deux cas, c’est son propre compte à la banque centrale que la banque commerciale voit débité. Les « refinancements » sont simplement ces prêts à court terme de la Banque centrale aux banquiers commerciaux qui ont des difficultés à trouver cette monnaie sur le marché monétaire par manque de confiance de leurs collègues. Bien évidemment la Banque centrale fait payer un intérêt (s’enrichit) aux banques commerciales (qui répercutent cet intérêt sur les travailleurs) et prends des escomptes en garanties. Tant que la banque commerciale peut offrir ces garanties, tout va bien ! Dans le cas contraire, la création de crédit s’arrête : c’est le crédit crunch….La fameuse crise financière dont on nous parle tant.


Qu’est-ce que le marché interbancaire ?

Les banques qui se trouvent avec un excédent de liquidités prêtent aux banques qui n’en ont pas assez à un taux légèrement supérieur au taux de refinancement. C’est le blocage de ce marché interbancaire qui est au centre de la crise financière actuelle. Toutes les banques se sont retrouvées soit à court de liquidités, ce qui les plaçait en situation de faillite, soit avec des liquidités en trop mais ne voulaient plus prêter aux autres banques de peur de ne pas récupérer leur capital prêté.

Quelle est l’importance du taux de refinancement ?

C’est le principal outil de la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre l’inflation (la hausse des prix) et pour contrôler l’octroi des crédits, que ce soit pour les entreprises ou pour les particuliers. Les banques qui ont besoin d’argent pour accorder des crédits à leurs clients empruntent à la banque centrale au taux de refinancement et ensuite répercute le coût de l’intérêt sur le coût de l’intérêt des prêts accordés à ses clients. Donc, l’intérêt que nous payons sur nos prêts est dépendant du taux de refinancement de la banque centrale. Plus le taux de la BCE est bas, moins cher seront les prêts. Il y aura donc plus de personnes disposées à emprunter et l’activité économique prend plus d’importance : on consomme plus et les entreprises, pour répondre à la demande, produisent plus. Mais lorsqu’il y a trop de prêts, cela génère de l’inflation et les banques centrales augmentent donc leur taux d’intérêt afin de faire diminuer le nombre de prêt et, par conséquent de limiter l’inflation. Mais cela fait diminuer l’activité économique.

Qu’est-ce que le taux directeur ?

En fait il n’existe pas un taux directeur mais bien 3 taux directeurs. Mais le plus important est le taux de refinancement. Le taux de refinancement est le taux auquel se réfère la presse lorsqu’elle annonce que telle ou telle banque centrale diminue ou augmente ses taux. Pour la Banque centrale européenne, il est actuellement de 3,75 %. C’est le taux auquel les banques empruntent à court terme des liquidités à la banque centrale pour faire face à la demande d’argent de ses clients. C’est ici qu’intervient le marché interbancaire.

Qu’est-ce qu’une banque centrale ?

Une banque centrale est la banque de toutes les banques. Chaque pays ou zone monétaire a une banque centrale. En Belgique c’est la banque nationale. Dans la zone euro, la banque centrale ou BCE est une réunion des banques centrales de chaque pays. Il faut noter que la BCE est, de par ses statuts, totalement indépendante politiquement. Bref, les travailleurs n’ont rien à dire sur ses agissements. Les banques centrales ont pour attribution de superviser :
- La politique monétaire
- la solvabilité des banques et le respect de la réglementation. Ses moyens sont entre autres :
1) Les taux directeurs
2) La fixation du niveau des réserves monétaires obligatoires pour chaque banque
3) Les interventions sur le marché des changes Les banques centrales sont appelées « prêteur en dernier ressort » car elles prêtent aux banques commerciales lorsque celles-ci n’ont plus d’argent. Ou pour qu’elles puissent octroyer des prêts.

Qu’est-ce que le taux d’intérêt ?

Le taux d’intérêt pour les capitalistes, représente le coût de ce qu’on appelle « le loyer de l’argent ». C’est donc « un droit d’usage du capital ». Le taux d’intérêt s’applique donc à toute somme d’argent prêtée. Lorsque la banque prête un capital, c’est elle qui « touche » l’intérêt », lorsqu’on place son épargne à la banque, quelque soit la forme du placement, on devient le « prêteur », on perçoit donc un intérêt sur le capital prêté. On comprend très vite que la banque pour faire du profit doit moins rémunérer les sommes qu’elle reçoit que les sommes qu’elle prête. Le taux d’intérêt est le pourcentage du capital avancé, pour une période donnée

Qu’est-ce que la bourse ?

La bourse est une institution qui peut être privée ou publique. On peut y faire des échanges (achat-vente) d’actifs ou de biens et y fixer le prix par un système de cotation. Il existe 2 types de bourses : les bourses de commerce où se traitent les marchandises et les bourses des valeurs où s’échanges des titres d’entreprises, par exemple les actions. Dans le cas de la crise financière, c’est essentiellement de la bourse des valeurs que l’on parle.
La valeur des actions est surtout fixée par la loi de la demande et de l’offre. Donc, plus il y a d’acheteurs pour une action, plus celle-ci prendra de la valeur monétaire. Moins il y a d’acheteurs pour une action, moins celle-ci aura de la valeur monétaire. Les principales bourses du monde sont des bourses privées : Wall-Street, Londres etc…

Les produits financiers, c’est quoi ?

Il existe une multitude de produits financiers. Ils sont divisés en 2 catégories :
Les titres financiers tels que les actions, les obligations et les titres de créances.
Les produits dérivés : Futures, Swaps, forwards etc..
L’action est censée représentée une part du capital réel de l’entreprise. L’action a une durée de vie illimitée et son propriétaire court le risque total de l’entreprise. Il ne perçoit aucun revenu si l'entreprise va mal et en cas de faillite l'actionnaire passe après le créancier dans la répartition du produit de la vente des actifs, autrement dit la plupart du temps, il ne peut rien récupérer. Mais l’action donne droit chaque année à une participation au bénéfice de l’entreprise qu’on appelle le dividende. En principe, chaque actionnaire a un droit de vote à l’assemblée générale des actionnaires au prorata du nombre d’actions de l’entreprise qu’il détient.
Comme la valeur monétaire d’une action monte avec la loi de l’offre et de la demande, elle représente rarement la valeur réelle d’une entreprise et permet, comme l’expliquait Marx, la constitution d’un capital fictif. Autrement dit : la valeur monétaire totale des actions d’une entreprise est très souvent bien supérieure à sa valeur réelle.

Quel est le rôle des banques dans le système financier ?

Le rôle essentiel des banques est :
De collecter et de centraliser le capital argent.
De mettre à disposition ce capital argent aux entreprises et aux particuliers.

Cette mise à disposition se fait par l’intermédiaire du crédit.En analysant le rôle du crédit dans la société capitaliste on peut y déceler ceci :à l’origine, il a permis une formidable explosion des forces productives (usines, machines,…) en concentrant et centralisant le capital permettant l’investissement nécessaire à l’expansion industrielle : « Les prêts permettent à l’industriel d’élargir la production, d’augmenter le nombre des ouvriers et, par conséquent, d’accroître la masse de la plus-value (ce qui est en gros le bénéfice, ndlr) », a dit Marx.
En effet, il est illusoire de croire qu’un seul capitaliste économise afin d’investir sa fortune personnelle et prendre le risque de la perdre. Les capitalistes empruntent aux banques les capitaux nécessaires à l’investissement et, comme leur profit dépasse le taux d’intérêt, ils sont gagnants. De plus avec les différentes formes de société (Société Anonyme, SPRL, etc…) ils ne prennent aucun risque. Si ça tourne mal (faillite), les banques ne peuvent jamais saisir leur patrimoine personnel. Contrairement aux travailleurs qui se voient saisir leur maison lorsqu’ils ne peuvent rembourser.
Les capitalistes jouent aussi avec le capital amassé sur les marchés financiers. Ils utilisent en Bourse donc la richesse produite par les travailleurs et transformé en forme argent. Lorsque les spéculateurs jouent cette richesse à la bourse, c’est le travail accumulé par les travailleurs qu’ils jouent au casino.

Qu’est-ce que le subprime ?

Le nom complet de ce type de crédit hypothécaire est « subprime mortgage ».
Subprime parce qu’il est accordé à un emprunteur qui n’offre pas les garanties nécessaires, vu leurs faibles revenus, avec des taux variables (c’est important) peu élevés les deux premières années et ensuite très élevés ce qui apporte de gros bénéfices au prêteur. Ces prêts sont accordés pour de longues périodes : 40 ou 50 ans. Le profit important sur de longues périodes explique l’empressement des banques US à les généraliser. Celles-ci notent leurs clients en subprime, prime et non-prime. Le risque de non remboursement du candidat emprunteur est coté suivant le système du « credit scoring », une cotation en point qui évalue l’âge, la profession, l’adresse, le revenu, la situation familiale, la totalité des crédits en cours, l’historique de défaut de remboursement, parfois même l’extrait de casier judiciaire. Ce « credit scoring » est élaboré par des bureaux privés dont le plus célèbre est Fico. Si le client se révèle être défaillant, c’est-à-dire lorsque son score est inférieur à 620, il est placé dans la catégorie subprime. La catégorie prime concerne les clients avec peu de risques cotés à 650, et les non-primes sont les candidats présentant une solvabilité absolue, autrement dit, les riches. Donc, le « subprime » s’adresse en premier lieu à des pauvres ou des travailleurs pauvres. On estime à 25%, le nombre d’Américains ayant contracté un « subprime ».
Mortgage car ce mot découle du vieux français. C’était une servitude féodale qui contraignait le paysan à un endettement à vie. D’où « Mort Gage ».
Les banques spécialisées dans ces crédits hypothécaires incorporent d’ailleurs le terme dans son nom. Par ex : American home mortgage.

Pourquoi la crise des subprimes aux États-Unis a une influence ici ?

Afin d’augmenter la possibilité de faire des prêts, les banques US vont procéder à la titrisation de ces prêts. Ceci bien entendu pour pouvoir faire plus de profit et non pour rendre plus de travailleurs US propriétaires de leur logement.
Sans rentrer dans les termes techniques et afin d’être le plus clair possible, la titrisation consiste donc, pour les banques, à sortir les crédits de leur bilan pour les revendre à d’autres investisseurs ou d’autres banques. Ces acteurs financiers (banques, fonds d’investissements, hedges funds et même les fonds de pension) dans leur soif de profit vont être tout heureux de les acheter car ces crédits ont un rendement très élevés car la prime de risque est très importante. C’est la définition même du subprime. Ces investisseurs sont non seulement américains mais aussi étrangers. Donc, les banques américaines accordent ces crédits et les revendent dans le monde entier. La mondialisation a bien sûr permis cela. Récupérant du cash, les banques US pouvaient accorder de nouveaux crédits et les revendre à nouveaux. La machine s’est donc emballée. Bref, si une banque sait que si elle accorde un crédit, ce crédit peut immédiatement être revendu et sortir du bilan avec un transfert de risque à l’acheteur, cela induit automatiquement deux conséquences. La première est que cette titrisation ne vise en fait qu’à extraire plus de valeur d’un actif financier. La seconde permet une prise de risque plus importante. C’est ce qui explique la possibilité d’avoir pu prêter à des clients insolvables. Si le banquier avait dû garder ces crédits dans son bilan, il aurait étudié beaucoup mieux la solvabilité de l’emprunteur.
Les banques par ce procédé se débarrassent des risques. En Anglais le terme est « securisation » ce qui exprime bien la finalité.
Ceci est un point essentiel pour comprendre la crise. La titrisation des créances est une possibilité technique créée au début des années 80. Il a fallu une législation particulière pour le permettre. Le gouvernement US de l’époque a mis donc en place le cadre légal pour permettre aux banques d’encore augmenter leur profit. Ce n’est donc pas un avatar du système mais une décision délibérée du système néolibéral. Cette technique est apparue plus tard en Europe. Et s’est généralisée à partir de l’an 2000.
Grosso modo la technique consiste pour la banque à découper ses créances en « part de saucisson » et à les transformer en titres négociables. Elle met une part de crédit à haut risque, une à moyen risque, une à bas risque etc. Et en fait un tout pour le revendre. Il est bien évident que, dans la réalité, c’est bien plus compliqué, c’est très technique mais le principe est celui-là.
Comme ces créances titrisées ont été revendues dans le monde entier, les banques européennes sont concernées.

jeudi 20 novembre 2008



L’historienne Annie Lacroix-Riz - D'une crise à l'autre : 1929-2008
Nous faisons face à la plus grave crise depuis celle de 1929, disent tous les analystes. Mais que fut cette crise de 1929 ? Quelles en sont les origines ? Quelles en ont été les conséquences ? Retour sur une histoire riche en enseignement.


Annie Lacroix-Riz
Photo Solidaire Martine Reymaekers


Julien Versteegh
PTB

Les causes de la crise de 1929

Annie Lacroix-Riz. La crise de 1929 est avant tout une crise de surproduction (désigne une production trop importante par rapport à la demande,ndlr) qui se produit au terme des dix ans qui ont succédé la première guerre mondiale qui elle-même avait mis fin à la première grande crise du capitalisme de 1873. La surproduction a entraîné une baisse des taux de profit insupportable pour le capital. Il y avait eu la Première guerre mondiale (1914-1918) qui avait détruit la surproduction, mais pas assez. En 1920-1921, une crise sévère éclate mais dont le capitalisme international et surtout américain se sort en liquidant beaucoup de capital, en augmentant le chômage etc… Suit une période de très intense accumulation du capital qui se traduit par des concentrations énormes. C’est dans le courant des années 1920 que se constituent les plus grands groupes industriels monopolistes qui existent encore aujourd’hui comme l’IG Farben et les Aciéries réunies (Vereinigte Stahlwerke) en Allemagne, etc. Avec comme corollaire un développement du chômage.Alors pourquoi cela explose en 1929 ? Il s’est produit exactement les mêmes phénomènes qu’aujourd’hui. Cette énorme concentration du capital a développé des moyens gigantesques de production (des usines gigantesques, ndlr) et pesé négativement sur le taux de profit. Ce phénomène a été accompagné par des phénomènes spéculatifs. Rappelons qu’une des caractéristiques du capital, c’est la dissociation du capital argent de la production, revenons au Capital de Marx. Il y a donc eu une énorme spéculation entre 1924 et 1929, entraînant une différence entre le niveau de la production matérielle et le niveau de la spéculation.

Comme aujourd’hui, le facteur financier a été non pas la cause de la crise, mais le facteur déclenchant de la crise.

Par exemple aux États-Unis, quelques secteurs avaient connu une croissance remarquable, les industries neuves, l’automobile, l’industrie électrique. Mais d’autres secteurs étaient morts. Il y avait une surproduction structurelle dans l’agriculture, le charbon était en crise, il y avait du chômage massif dans toutes les vieilles industries, l’industrie textile était malade.

Donc comme aujourd’hui, le facteur financier a été non pas la cause de la crise, mais le facteur déclenchant de la crise. Quand on dit aujourd’hui aux gens que c’est une crise différente parce qu’il s’agit d’une crise boursière, c’est complètement faux. Il s’est produit les mêmes mécanismes de surproduction.

Les conséquences de la crise de 1929

Annie Lacroix-Riz. À un moment donné se pose la question suivante : comment faire pour que les fractions dominantes du capital conservent un taux de profit jugé suffisant ? Cela suppose que les salaires soient réduits de manière drastique et qu’une partie du capital soit détruite. Les petites entreprises ferment et on licencie massivement des travailleurs. La tendance du capitalisme a toujours été d’abaisser le salaire. Mais en période de crise, il s’agit de tendre pratiquement à ce que le salaire soit réduit au maximum. Il y a donc eu une pression formidable sur les salaires qui entraîne une baisse du niveau de vie de 30, 40 % voir plus. C’est ce qui est arrivé dans une série de pays. Marx l’analyse en permanence : une crise se traduit par l’éviction massive de salariés et donc un chômage de masse, ce que Marx appelle l’armée de réserve, qui est un élément majeur de la réduction du salaire.Il y avait donc des capacités productives gigantesques mais plus de marché. La spéculation s’écroule et la valeur boursière des firmes ressemble à ce qui se passe aujourd’hui. Le capital est alors obligé d’adapter la production à la situation. La production s’arrête, les marchés se restreignent et c’est la boule de neige.

L’Allemagne est alors la plus touchée. Pourquoi ? Parce que l’Allemagne était alors dans la situation des États-Unis aujourd’hui mais dans une moindre mesure. L’Allemagne était un pays qui vivait complètement à crédit, qui avait largement emprunté depuis 1924. Mais au moment de la crise, les prêteurs rapatrient massivement leurs billes et le pays s’effondre par pans.Autre facteur, l’Allemagne était un gros producteur de biens de productions, ce qui s’effondre le plus vite en cas de crise. C’est ce qui explique aujourd’hui la situation de l’industrie automobile, ou des machines-outils. Tout ce qui ne relève pas de la consommation contrainte, alimentaire, etc… peut s’effondrer dans l’année.

Chiffrer les conséquences de la crise de 1929

Annie Lacroix-Riz. L’Allemagne se retrouve avec un chômage total de 50 % et tout le reste en chômage partiel. En 1932, le pays compte 7 millions de chômeurs totaux.Aux États-Unis, c’est du même ordre. Les États-Unis font partie de ces pays où le capitalisme est le plus concentré, producteurs de biens de production : c’est là que la chute de la production a été la plus extraordinaire. En deux ans, la production industrielle américaine a baissé du tiers. Même chose en Allemagne.Le capital a tendance à liquider son marché puisqu’il liquide ses salaires. Plus il liquide ses salaires, plus il compte sur le marché extérieur. Mais comme tout le monde fait la même chose, il n’y a plus de marché. L’Allemagne se retrouve en 1932 avec pour l’essentiel un seul client, l’URSS qui était en pleine santé et qui avait des taux de croissance de 15 à 20 % par an.

Pour le capitalisme, la solution à la crise suppose que les salaires soient réduits de manière drastique.


Et c’est là qu’on comprend la sortie de crise. Le capital qui contrôle l’État exige pour reconstituer les conditions de fonctionnement du capital que les salaires soient complètement écrasés, ce qui est fait par le chômage et par l’action directe sur le niveau des salaires. Il exige que des pans entiers de l’économie soient sacrifiés. Et comme il n’y a plus de marché, qu’il ne lui est plus possible d’ouvrir de marchés pacifiquement, il tente de le faire par la guerre.


La Seconde Guerre mondiale, solution à la crise

Annie Lacroix-Riz. En période de crise, chaque capitaliste essaye de liquider la concurrence des autres en se taillant de nouvelles zones d’exploitation. Comment se taille-t-on de nouvelles zones d’exploitation ? Par la conquête. L’Allemagne a essayé de conquérir le monde, les États-Unis ont essayé de conquérir le monde, l’une et l’autre y sont assez bien arrivés. Et les petits impérialistes essayent de se tailler un petit morceau dans tout ça.Le capitalisme ne peut gérer la crise que par la guerre générale. La question des peuples est de savoir s’ils vont laisser le capital réduire la crise par la guerre générale. Toute absence de réaction populaire en vue de transformations profondes est une chance de plus donnée à la solution de guerre générale pour réduire la crise.

Réaction des gouvernements

Annie Lacroix-Riz. On dit aux gens un grand mensonge. On leur dit qu’à l’époque, les États ne sont pas intervenus comme aujourd’hui. Mais ils sont intervenus tout de suite, ils ont nationalisé le secteur bancaire. En Allemagne, Heinrich Brüning (catholique), qui est au pouvoir de 1930 à 1932, nationalise de fait le secteur bancaire (qu’Hitler rendra aux banquiers, sans frais, en 1933-1934). Et l’État prend en charge toute une série de secteurs.Les gouvernements à l’époque ont réagi exactement comme aujourd’hui, en protégeant le grand capital et en accablant les masses populaires.Le New Deal (plan de relance économique du président américain Roosevelt entre 1933 et 1938) aux États-Unis a été caractérisé d’une part par un financement d’État considérable qui a pesé sur le contribuable seul et d’autre part par la préparation de la guerre. Je signale d’ailleurs que ce qui a fait sortir les États-Unis de la crise, ce n’est pas le New Deal, c’est la guerre.

Le rôle des socialistes dans la crise de 1929

Annie Lacroix-Riz. La social-démocratie a essayé de trouver une solution où elle pouvait. Elle avait très peur des changements profonds. Elle a donc accompagné le capital dans ses tentatives pour résoudre la crise et a accepté la politique du moindre mal. Elle a accepté les baisses de salaires. C’était une stratégie d’accompagnement qui a contribué en Allemagne aux succès d’Hitler.Dans les pays où le mouvement révolutionnaire était plus important, où il a été capable de susciter une forte résistance de la population, la social-démocratie a dû consentir à la stratégie des Fronts Populaires qui lui a été imposée. Les archives de la SFIO (ancêtre du Parti socialiste français) sont très claires. Il y a des pays où le mécontentement des masses orienté par les forces révolutionnaires a été de nature à faire pression sur la social-démocratie. Toute une fraction d’entre elle restant subjectivement alliée au grand capital et accompagnant ses réorganisation drastique. De Man en Belgique et un certain nombre de secteurs de la social-démocratie se sont ralliés à l’extrême droite fasciste.


La crise actuelle donne la parole au peuple pour trouver la solution la plus rapide compte tenu de ce qui risque de se passer.

Il y a donc eu, en fonction des rapports de force, des stratégies différentes. Mais la stratégie défensive des ouvriers n’a jamais été la réponse spontanée des sociaux-démocrates. La réponse spontanée des sociaux-démocrates, c’est la réponse des pays où ils étaient dominants, c’est-à-dire la réponse allemande. On laisse faire et on essaie de limiter le mécontentement populaire.
Différences et points communs entre la crise de 1929 et la crise actuelle

Annie Lacroix-Riz. On peut faire l’analyse qu’au contraire de ce que l’on raconte aujourd’hui, les circonstances de déclenchement de la crise sont des circonstances tout à fait semblables à celle de 1929.

La grande différence, c’est d’abord que la surproduction aujourd’hui est très supérieure à celle de 1929. Dix ans d’accumulation (1919-1929), ce n’est pas 60 ans d’accumulation (1945-2008).
Donc il y a des chances que, annoncée par toute une série de crise cycliques et/ou périphérique (hors du « centre »), cette crise-ci soit d’une ampleur comme on n’en a jamais vu. Si les mécanismes de formation de la crise sont les mêmes qu’autrefois, la crise d’aujourd’hui est plus grave que la crise des années 1930 qui était elle-même plus grave que celle de 1873. Cela ressemble donc aux précédentes, c’est plus grave que les précédentes et cela donne la parole au peuple pour trouver la solution la plus rapide compte tenu de ce qui risque de se passer.



Qui est Annie Lacroix-Riz ?
http://www.ptb.be/fr/nouvelles/article/article/qui-est-annie-lacroix-riz.html

Annie Lacroix-Riz est une historienne française, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris VII – Denis Diderot.
Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages qui traitent de la collaboration des élites françaises pendant la seconde guerre mondiale.À lire entre autres:- Industriels et banquiers français sous l’Occupation : la collaboration économique avec le Reich et Vichy, Paris, Armand Colin, 1999.Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 30, éd. Armand Colin, 2006, 671 p.
- De Munich à Vichy : L’assassinat de la Troisième République (1938-1940), Paris, Armand Colin, 2008Disponible au PTB-Shop

Pour plus d’informations, consultez son site internet http://www.historiographie.info/

mardi 18 novembre 2008

Réactions de la Coalition solidarité santé aux engagements de Jean Charest qui propose de résoudre la pénurie de médecins de famille

La Coalition solidarité santé réagit vivement aux engagements de M. Jean Charest en ce qui concerne les difficultés d’accès à un médecin de famille. Selon M. Charest, un gouvernement libéral arrivera à mettre fin à la pénurie de médecins.

Or, nous rappelons à M. Charest que, selon les chiffres officiels de la Régie de l’assurance maladie du Québec, le nombre de médecins non participants est passé de 13 omnipraticiens et 32 spécialistes en 1988 à 101 omnipraticiens et 74 spécialistes en octobre 2008. L’augmentation la plus fulgurante coïncide avec son arrivée au pouvoir en 2003. À cette époque, 57 médecins seulement étaient désengagés du système public. Comment peut-il aujourd’hui affirmer à la population québécoise, sans aucune gêne, qu’un gouvernement libéral apportera une réponse aux problèmes d’accès à un médecin alors qu’il a lui-même permis l’aggravation de cette pénurie?

M. Charest gagnerait en crédibilité dans ses engagements s’ils étaient assortis d’un nécessaire resserrement des règles de désengagement des médecins de la RAMQ, voire d’un moratoire total sur le désengagement.

Claudelle Cyr
Coalition solidarité santé.

dimanche 16 novembre 2008

"AUX PROBLÈMES PUBLICS, DES SOLUTIONS PUBLIQUES", Amir Khadir




Propositions de Québec solidaire en matière de santé

Montréal, le 16 novembre – En point de presse devant un CLSC de la région de Montréal, les porte-parole de Québec solidaire Amir Khadir et Françoise David ont présenté les propositions du parti en matière de santé, accompagnés de Ruba Ghazal (Laurier-Dorion), André Frappier (Crémazie) et de Véronique Nally, médecin au CLSC Saint-Louis-du-Parc.

« Le privé détourne des ressources dont le système public aurait bien besoin, que ce soit en terme d’équipements ou de ressources humaines. Pour la population, le privé, ça veut dire moins de médecins, moins d’infirmières et des listes d’attente plus longues, faute d’avoir accès à des équipements rapidement. Je suis ici aujourd’hui pour souligner que le privé n’est pas la solution aux maux qui affligent le système de santé », a déclaré Dre Véronique Nally.

Ruba Ghazal (Laurier-Dorion) a insisté sur le lien entre les problèmes environnementaux et les problèmes de santé des Québécois-es. « Montréal connaît des épisodes de smog intense depuis plusieurs jours. La qualité de l’air qui se dégrade aggrave les problèmes respiratoires des personnes les plus vulnérables, soit les personnes âgées et les enfants, pouvant même aller jusqu’à causer des cancers. »

Des conditions de travail qui se dégradent riment aussi avec une aggravation des problèmes de santé. « On sait maintenant que le stress, les longues heures et la dégradation des conditions de travail en général sont à la source de nombreux problèmes de santé, notamment de santé mentale », a indiqué André Frappier (Crémazie).

La porte-parole de Québec solidaire Françoise David a pour sa part plaidé pour retour à la mission fondamentale des CLSC. « Les CLSC doivent retrouver leur mission sociale, qui consiste entre autres à faire de la prévention auprès de la population, notamment la plus pauvre. Et parce que la pauvreté est un passeport assuré vers la maladie, le gouvernement doit faire de la justice sociale une priorité. »

Le porte-parole Amir Khadir a fait une défense passionnée d’un système de santé public, gratuit et accessible pour tous. « Toutes les études concordent : le privé en santé coûte plus cher, en plus d’être moins efficace et moins accessible que le système de santé public. Étonnamment, le PQ n’avait rien à dire aujourd’hui sur la privatisation des soins de santé, alors qu’il s’agit d’un enjeu majeur pour la population. Québec solidaire est le seul parti qui n’a pas peur d’affirmer qu’aux problèmes publics, il faut des solutions publiques. »

Québec solidaire propose, entre autres :

- une augmentation importante des services de maintien à domicile qui évitera de nombreuses hospitalisations ;
- une augmentation des places en CHSLD pour désengorger les lits d'hôpitaux occupés par des personnes âgées ;
- une gestion régionale concertée et centralisée des listes d'attente en chirurgie et pour les soins spécialisés ;
- une augmentation des lits de soins actifs et du personnel médical, notamment, à court terme, par le recours à court terme à une meilleure intégration des professionnels formés hors Québec.

« Le recours au privé n’est pas une fatalité. Nous pouvons renverser la vapeur. Le 8 décembre, nous devons élire des candidats-es qui défendront avec vigueur le système de santé public », a conclu Amir Khadir.

Renseignements : Nika Deslauriers, attachée de presse d’Amir Khadir, 514-710-6452

jeudi 13 novembre 2008


DÉBAT DES CHEFS :
« QUI A PEUR DE FRANÇOISE DAVID ? »,
AMIR KHADIR

Montréal, le 13 novembre – Québec solidaire tenait un point de presse ce matin devant le bureau du Premier ministre et chef du Parti libéral Jean Charest pour se prononcer sur ce qui a toutes les apparences d’un blocage politique quant à la participation de Françoise David au débat des chefs. Pour symboliser une voix que l’on fait taire, des autocollants « debatpourtous.net » ont été placés sur les pancartes de Québec solidaire.

« À la lecture des forums en ligne et partout où je passe : les gens disent que l’exclusion de Françoise David du débat des chefs n’est pas à la hauteur d’un véritable débat démocratique. Se priver de Françoise David au débat, c’est priver les Québécois-es d’une voix importante et pertinente. J’interpelle tout particulièrement le chef du PLQ Jean Charest et la chef du PQ Pauline Marois de faire preuve de tout le sens démocratique qu’on leur connaît et d’accepter le scénario du consortium qui permettrait la présence de Françoise David au débat », a indiqué le porte-parole de Québec solidaire Amir Khadir.

Pour le moment, seul l’ADQ a publiquement pris position en faveur de la participation de Québec solidaire et du Parti vert au débat.

« Qui a peur de Françoise David ?, a poursuivi Amir Khadir. Deux chefs aussi aguerris que Mme Marois et M. Charest devraient accepter avec enthousiasme le défi de débattre avec une figure aussi importante du mouvement social et politique. »

Le porte-parole en a profité pour réitérer les arguments qui militent en faveur de la participation de Françoise David au débat. « D’abord, Françoise David contribuerait positivement au débat, tant au niveau des idées que du ton. Ensuite, elle est une porte-parole reconnue d’un parti politique légitime, crédible et sérieux. Comme aux dernières élections, nous entendons présenter des candidates et des candidats dans toutes les circonscriptions. Et puis, la loi électorale est de notre côté : elle oblige les réseaux à fournir du temps d’antenne gratuit à tous les partis ayant obtenu plus de 3 % à la dernière élection générale. Cette mesure a le grand mérite de fournir un critère objectif pour déterminer qui peut participer au débat », a conclu Amir Khadir.

Québec solidaire invite tous ceux et celles qui ont à cœur la démocratie à signer la pétition au: http://www.debatpourtous.net/ Nous appelons également les groupes de la société civile à se prononcer sur cet enjeu démocratique.

mardi 11 novembre 2008

La Havane. 10 Novembre 2008

Paloma a fait des dégâts, mais…
C’est une chance d’avoir la Révolution


Maria Julia Mayoral
Granma International

IL est un peu trop pour dresser un bilan exact des dégâts matériels occasionnés par Paloma, le troisième ouragan de grande intensité qui frappe l’île en l’espace de dix semaines, mais face à ce nouveau désastre naturel, les Cubains peuvent le dire et le répéter : c’est une chance d’avoir la Révolution. Pas une seule victime mortelle car, comme d’habitude, personne n’a été oublié.

Gustave et Ike réunis avaient occasionné des pertes dont l’évaluation définitive se monte à 8,6 milliards de dollars et avaient notamment détruit un demi-million de logements. Paloma est entré à Cuba par la côte sud de la province de Camagüey, à Santa Cruz del Sur ; ses vents, ses pluies et les inondations côtières y ont laissé des traces difficiles à effacer.

L’Etat-Major de la Défense civile a décrété la phase de récupération pour les municipalités de Santa Cruz del Sur, Najasa et Guaimaro après le passage du cyclone. Les travaux commencent et la vie reprend peu à peu son cours, avec le retour des évacués sur leurs lieux de résidence.

A l’échelle nationale, plus de 1 200 000 Cubains ont été transférés en des lieux sûrs, dont près de 18% (quelque 220 000) ont utilisé 1 448 installations mises à leur disposition par l’Etat ; les autres ont été accueillis par leur famille ou leurs amis, qui leur ont tendu une main solidaire.
L’évacuation, qui s’est étalée sur 48 heures, a requis l’utilisation de plus de quatre mille véhicules routiers, de treize trains et d’un abondant matériel de communications.

Une fois de plus, ce sont les logements qui ont le plus souffert. C’est le cas notamment à Santa Cruz del Sur, où de nombreuses maisons se sont totalement effondrées, détruisant les biens de leurs habitants : batterie de cuisine, effets personnels, meubles, réfrigérateurs et climatiseurs, dont certains étaient flambant neufs. Ce genre de pertes a aussi été signalé, mais dans une moindre mesure, dans des communes de la province de Las Tunas comme Najasa et Amancio Rodriguez.

De nombreuses zones de la région demeurent sans électricité. Dans les communications, Santa Cruz del Sur et Amancio Rodriguez ainsi que 71 localités plus petites ont perdu leurs relais habituels, mais des circuits alternatifs ont été mis en place. Les routes aussi ont été endommagées, particulièrement le long de la côte sud des provinces de Camagüey et Las Tunas, selon des informations rendues publiques lors de l’émission télévisée Table ronde de ce 9 novembre.

Le système national de la Défense civile et les Conseils de défense ont donné une nouvelle preuve de leur capacité de prévision, d’organisation et de direction dans des situations de catastrophe naturelle ; cet entraînement est bien entendu le fruit de l’œuvre révolutionnaire.
Même si aucune perte en vies humaines n’a été enregistrée, il ne faut pas pour autant sous-évaluer les effets de l’ouragan Paloma : en dehors des pertes infligées aux familles et au secteur d’Etat, il faut encore comptabiliser le coût élevé de l’évacuation et de la prise en charge des personnes (transport, hébergement et alimentation) et la réduction des revenus perçus dans des secteurs fondamentaux comme le tourisme, en raison de l’annulation de vols et de l’interruption de services divers. Toutefois, les autorités locales sont d’ores et déjà en mesure de signaler que toutes les installations touristiques seront prêtes à recevoir leurs visiteurs pendant la haute saison qui débute dès le mois prochain.

Enfin, on ne saurait oublier que les activités ont été interrompues dans de nombreux centres de production et que l’agriculture a une nouvelle fois souffert des assauts de la nature.

Il s’agit donc pour les Cubains de se consacrer avec des énergies renouvelées à la production et aux services, comme l’a signalé Fidel dans ses dernières Réflexions, car il n’y a pas d’autre réponse à apporter aux circonstances adverses.

vendredi 7 novembre 2008

États-Unis :: Des progressistes américains s'expriment sur la victoire d’Obama
Solidaire, PTB

Des progressistes et communistes américains donnent leur avis sur la victoire d’Obama et la défaite de McCain.

Richard Berg, président de Teamsters Local 743 (syndicat des camionneurs) à Chicago
« L’élection de Barack Obama, le premier président Afro-américain, est une grande victoire pour tous les travailleurs. Mais les riches vont essayer de nous prendre cette victoire des mains et nous devons la défendre par l’organisation sur le terrain pour la Loi de libre choix des employés, contre les accords de libre-échange et pour les soins de santé pour tous » (Cité dans Fight Back, 5 novembre)
Jess Sundin, un des organisateurs de la manifestation anti-guerre lors de la Convention nationale républicaine à Saint-Paul (Minnesota)
« Des centaines de milliers de personnes ont marché dans les rues contre la guerre et l’occupation en Iraq. Aujourd’hui, des millions d’entre nous ont pris leur sort en main en votant pour défaire John McCain et sa politique guerrière, d’appauvrissement et d’injustice »
Stef Yorek, Secrétaire politique de la Freedom Road Socialist Organization
« La défaite de McCain est une victoire que nous devons renforcer. Les Républicains ont essayé d’utiliser le racisme dans leurs efforts de victoire. Mais à la fin, ils ont échoué. Il y a eu une vague au sein de la communauté afro-américaine et parmi les autres communautés nationales oppressées, et il y a eu un large sentiment au sein de la classe ouvrière que la direction républicaine doit prendre fin. (…) Le terrain politique a changé de façon considérable et la droite s’est pris un revers majeur.Mais nous devons agir en conscience de cause : le parti Démocrate est l’autre parti du grand business. Dans les temps à venir, il est important que tous ceux qui veulent la paix, la justice et l’égalité et la libération continue de s’organiser et de lutter »
Michael Moore, réalisateur
« Les racistes étaient présents tout au long de la campagne jusque dans les isoloirs. Mais ils n’ont plus la majorité, et nous verrons leur flamme de haine tomber à l’eau de notre vivant. (…) ll y a eu une autre ‘première’ la nuit dernière. Jamais avant dans notre histoire un candidat anti-guerre avoué n’a été élu en temps de guerre. J’espère que le président élu Obama se souviendra de cela lorsqu’il considèrera l’extension de la guerre en Afghanistan. La foi que nous avons maintenant risque de se perdre s’il oublie l’aspect principal sur lequel il a battu ses rivaux démocrates durant les primaires et un grand héros de guerre lors des élections générales. Le peuple américain est fatigué de la guerre. Malade et fatigué. Et sa voix a été forte et claire hier. » (www.michaelmoore.com)
Michael Parenti, penseur progressiste américain
« À ma grande rage impuissante, je constate que les candidats à la présidence McCain et Obama continuent tous deux, aujourd’hui, à parler des États-Unis comme du leader mondial, comme d’un État unique dans l’histoire, chargé d’une mission particulière. Alors que de plus en plus de gens aux États-Unis ne comprennent pas pourquoi notre pays, en soi, devrait être le leader du monde, pourquoi il serait le seul à posséder des centaines de bases militaires dans le monde entier, pourquoi nous devons avoir des flottes de guerre dans chaque océan, pourquoi nous devons avoir des missiles susceptibles de pouvoir raser chaque ville du monde… » (Solidaire, 13 octobre 2008)
Cornel West, professeur à l’université de Princeton, un des intellectuels afro-américains les plus connu
« Barack Obama est certainement déterminé à mettre fin à l’hégémonie conservatrice, et c’est pour cela que je le soutiens. Mais est-il aussi déterminé à mettre un terme à l’hégémonie néolibérale ? Nous ne savons pas. Sera-t-il capable de faire passer un nouveau New Deal, d’investir dans les infrastructures, dans l’éducation… ? De relancer la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ? Nous ne le savons pas, nous l’espérons. Mais voyez qui le conseille en matière économique : Rubin, Summers, Volcker, ces personnalités néolibérales de l’administration Clinton, qui n’ont jamais su saisir l’opportunité de s’attaquer à la pauvreté et au racisme. Si Barack arrive à la Maison-Blanche et fait peu, ou ne peut rien faire, face aux misères sociales, alors nous saurons que le roi est nu. (…) Si Barack Obama est élu, je ferai la fête toute une journée et le lendemain, je deviendrai son principal critique. »(Le Soir, 28 octobre 2008)
Noam Chomsky, intellectuel américain
« Oui, je crois que le phénomène Obama reflète la désaffection de la population que l’on retrouve dans les sondages : 80 % pensent que le pays est dirigé par une poignée de gros intérêts. Obama annonce qu’il va tout changer, mais il ne donne aucun élément précis pour indiquer en quoi consistera le changement. En fait, les institutions financières, qui sont ses principaux bailleurs de fonds, trouvent qu’il est très bien. Il n’y a donc aucune indication de changement. »

jeudi 6 novembre 2008

Élections au Québec: QUÉBEC SOLIDAIRE LANCE SA CAMPAGNE

Montréal, le 5 novembre – Pour lancer sa campagne, Québec solidaire présentait aujourd’hui son plan pour faire face à la crise économique. « Québec solidaire présente aujourd’hui un plan crédible et solide pour atténuer les effets de la crise sur les travailleurs et les travailleuses. Nous voulons un Québec à l’abri d’une économie casino, qui joue avec nos retraites et nos emplois.

« C’est pourquoi nous proposons de créer 40 000 nouveaux emplois locaux et verts en 5 ans, dans tous les domaines, partout au Québec, en investissant entre autres en transport en commun, en économie sociale, dans les énergies renouvelables et en culture.

« Pour répondre à la crise, Mme Jérôme-Forget a sorti hier de sa sacoche un plan prévisible et sans imagination, composé de mesures ponctuelles qui seront sans effet réel sur la vie des gens. Tout au long de la campagne, nous interviendrons abondamment sur la nécessité de repenser notre économie pour qu’elle fonctionne pour tout le monde, sans exception », a affirmé la porte-parole de Québec solidaire en point de presse devant la Caisse de dépôt et placement à Québec.

Réduire le coût de la vie des Québécois-es

Québec solidaire a également présenté un plan pour réduire le coût de la vie des familles en cessant d’augmenter les tarifs et les frais comme l’ont fait les autres gouvernements, en haussant le salaire minimum et en allongeant la liste des produits exemptés de TVQ.

Québec solidaire avait présenté à la rentrée parlementaire les premiers volets de son plan économique, qui comprenaient entre autres une révision du mandat de la Caisse de dépôt. Selon ce nouveau mandat, il aurait été impossible pour l’institution d’investir dans le fiasco des papiers commerciaux, par exemple.

Volet 1 Reprendre nos retraites des mains des spéculateurs

Encourager l’utilisation de l’épargne

A publique et collective pour la retraite en permettantune augmentation volontaire dans la cotisation du RRQ pouvant aller jusqu’à 13 % du revenu.

Une moyenne du taux de cotisation serait alors effectué, pouvant ainsi faire augmenter le
taux de prestation lors de la retraite jusqu’à 35 % (une augmentation de 140 $ par mois en
moyenne).

B Décourager l’épargne dans des régimes privés et financiarisés en réduisant le plafond des
REER à 10 000 $.

C Protéger et verdir notre « bas de laine » en modifiant le mandat de la Caisse de dépôt et de
placement pour qu’elle investisse dans des entreprises écologiques et socialement
responsables et non sur les places financières et dans la spéculation.

Volet 2 Protéger notre développement économique contre la
cupidité du profit sans limite

A Recentrer les villes, villages et quartiers du Québec sur leurs propres capacités à se développer économiquement plutôt que sur l’apport des firmes multinationales.

Financer les centres locaux de développement (CLD) pour qu’ils bâtissent, avec toute la communauté, un plan stratégique pour qu’elle prenne en main son destin social et économique.

B Appuyer une agriculture verte locale, biologique et du terroir aux niveaux de la production,
la distribution et la consommation afin de réduire notre dépendance tant à l’importation
alimentaire qu’à la monoculture.

C Établir une politique gouvernementale d’achat local, écologique et socialement responsable
pour que le gouvernement montre l’exemple en matière de bons choix de consommation
et encourage les initiatives québécoises qui sont bénéfiques pour l’environnement et la
société.

D Encourager les coopératives de travailleurs et travailleuses qui reprennent les entreprises
rentables qui délocalisent leurs activités pour ne pas laisser tomber les communautés qui
souffrent des effets pervers de la globalisation et pour les encourager à se prendre en main.

E Exiger des entreprises qui délocalisent leurs activités qu’elles remboursent tous les prêts
et aides fiscales qu’elles ont reçus du gouvernement québécois pour ne pas soutenir
financièrement des entreprises qui ne sont plus ici et qui ne respectent pas des normes
minimales de responsabilité sociale et environnementale ailleurs.

Pour éviter que les travailleurs et les travailleuses ne soient affecté·e·s

Crise financière

Volet 3 Permettre à plus de 40 000 Québécois et Québécoises
de trouver du travail dans des domaines variés et
respectueux de l’environnement

A Injecter 1,2MM$ en transport en commun.
B Mettre sur pied un grand chantier d’efficacité énergétique.
C Investir massivement en économie sociale.
D Construire 50 000 logements sociaux.
E Nationaliser et développer l’énergie éolienne.
F Créer 38 000 nouvelles places en CPE.
G Réduire le nombre d’élèves par classe au primaire et au secondaire en embauchant plus
d’enseignants et de professionnels.
H Offrir quatre manifestations culturelles par année pour les élèves du primaire au collégial.

Volet 4 Réduire les effets de la hausse du coût de la vie sur les
familles

A Ne procéder à aucune hausse de frais des services publics.
B Hausser le salaire minimum à 10,20$ de l’heure.
C Augmenter la liste des biens exemptés de TVQ.

Impact sur les opérations : 1,7MM$
Impact sur les immobilisations : 8,4MM$
Les élections aux Etats-Unis
Obama à la Maison-Blanche

Ramon Sanchez Parodi
Granma internacional

A la fermeture de cette édition, avant la fin du décompte des votes dans la soirée de mardi, les projections des chaînes de télévision et des agences de presse donnaient Barack Obama comme vainqueur dans les Etats de Pennsylvanie et Ohio, scellant ainsi l’issue de la joute électorale pour la présidence aux Etats-Unis. Le sénateur démocrate pour l’Illinois prendra ses fonctions à la Maison Blanche le 20 janvier en tant que 44e président des Etats-Unis.

Le candidat du changement ?

On estime qu’entre la mi-septembre et le 31 octobre, dans 32 Etats de l’Union environ 27 millions d’électeurs ont été autorisés à voter à l’avance sans qu’il leur soit demandé de présenter de justificatif. Dans le reste du pays, 13 autres millions de citoyens ont fait de même avec une bonne raison et un justificatif. Environ 187 millions de personnes se sont inscrites sur les registres électoraux, et 120 millions doivent exercer le droit de suffrage, ce qui d’après les spécialistes veut dire que 30% des électeurs avaient déposé leur bulletin dans l’urne avant le 4 novembre.

Environ 60% de ces votants étaient des affiliés du Parti démocrate qui auraient voté pour Obama. Un indice avant-coureur de la victoire annoncée vers minuit par les médias étasuniens.
Barack Obama a mené une campagne-éclair surprenante dans la course à la Maison-Blanche. Une campagne caractérisée par une organisation systématique, méthodique et persévérante. Même s’il est vrai que son intention de postuler au plus haut poste de l’organe exécutif des Etats-Unis date du milieu des années 80, Obama est entré dans l’histoire lorsqu’il a clos la Convention démocrate de 2004 par un discours magistral qui lui a valu d’être élu sénateur fédéral aux élections de 2006, lorsque les républicains perdirent le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat.

Cette carrière fulgurante a eu son point d’orgue : en septembre 2007 Obama cessait d’être un homme de plus au sein du peloton des aspirants à la présidence, un candidat quasiment inconnu de la population des Etats-Unis et uniquement mentionné pour son discours de 2004 et pour sa condition de Noir (ou d’Afro Nord-américain), pour se glisser dans le groupe de tête. C’est à ce moment-là qu’il s’érige en porte-parole de l’opposition à la guerre en Irak (une question qui était à l’époque au centre de l’attention de l’opinion publique) et qu’il se situe, en termes de collecte de fonds, au même niveau que Hillary Clinton, favorite parmi les candidats démocrates.

Dans une progression rapide et spectaculaire, Obama parvient en décembre à rejoindre Hillary Clinton dans les sondages d’opinion en tant que candidat favori, et il signe une brillante victoire au premier tour des primaires, dans les caucus de l’Iowa le 3 janvier de cette année, reléguant Hillary à une terne troisième place. Le 5 février, lors du « Giga mardi », il ôte toute possibilité à sa concurrente démocrate d’obtenir un nombre substantiel de délégués, un exploit qu’il rééditera au « Super mardi » du 4 mars en alignant des victoires aux primaires et aux caucus pendant les mois de février et mars.

Lors du sprint final des primaires il réussit vers le milieu du mois de mai à égaler et, de façon décisive, à dépasser Hillary Clinton en s’adjugeant le plus de superdélégués (ce qui dans la pratique représente le soutien de l’establishment démocrate) qui appuient sa nomination et, finalement, avant le terme de la période des primaires, il s’impose dans la course à la nomination à la présidence pour le Parti démocrate en décrochant le nombre de délégués nécessaires.

En moins de neuf mois Obama est devenu un personnage historique de la politique des Etats-Unis en bénéficiant du soutien de la majorité de l’establishment démocrate. Le petit groupe qui se serrait un an avant autour de la candidature d’Obama avait battu aux primaires et écarté du contrôle du Parti démocrate la formidable machine politique de Bill et Hillary Clinton, forte de trois décennies de leadership, y compris les huit ans de Bill à la présidence du pays.

Contrairement aux avis des commentateurs et des spécialistes selon lesquels la lutte acharnée pour la nomination entre Hillary et Obama menaçait de diviser le Parti démocrate, ce bras de fer aura joué un rôle décisif dans l’union des différentes tendances, et a constitué un facteur clé dans la victoire d’Obama aux urnes. Par contre, si au mois de février McCain était déjà parvenu à assurer sa nomination comme candidat à la présidence pour son parti, c’est parce que ses adversaires avaient abandonné la course et non parce que le Parti républicain était uni ou acceptait de bon gré sa candidature, au-delà de la multiplicité des tendances. Cette différence dans la manière dont l’un et l’autre candidat ont obtenu leur nomination aura constitué un facteur clé dans le résultat final.

Le climat politique régnant aux Etats-Unis imposait pratiquement la victoire du candidat démocrate, mais il faut reconnaître que sa campagne a été bien menée, conçue et exécutée par une équipe solide et loyale à Obama, qui a su serrer les rangs pendant toute la durée de la bataille.

Dès le début, Obama a mené la vie dure à ses opposants --aussi bien les autres candidats démocrates que son rival républicain—sur toute l’étendue du territoire national : il s’est ainsi fait connaître, a créé des liens avec l’appareil et les bases du parti dans tout le pays et a accumulé des forces, d’abord parmi les délégués à la Convention démocrate puis dans l’identification et l’enregistrement d’électeurs potentiels en vue de ce 4 novembre. Par contre, aussi bien Hillary que McCain ont mené une campagne tout à fait traditionnelle, s’appuyant sur les lieux et les groupes qui, historiquement, penchaient pour l’un ou l’autre des deux partis.

Initiative cruciale : Obama a fait appel à des milliers de volontaires, il a créé des groupes professionnels de propagande dans tous les Etats et constitué un solide réseau sur Internet ; il livrait bataille sur tous les fronts à la fois, auprès de centaines de milliers et même de millions de votants, se faisait connaître, défendait ses positions et répondait aux campagnes de discrédit lancées aussi bien par l’équipe d’Hillary Clinton que par celle de McCain.

Enfin, Obama a battu tous les records dans un domaine fondamental et indispensable pour toute campagne électorale : la collecte de fonds. Aussi bien les dons modestes de citoyens privés pendant les primaires que les contributions décisives d’institutions et d’entreprises pendant l’étape finale, en octobre et novembre. Obama a reçu des dons de plus de trois millions de personnes et l’apport du noyau du pouvoir économique et politique des Etats-Unis a été considérable. Obama bénéficie indubitablement du soutien de la classe dominante des Etats-Unis.

On ne dispose pas encore des derniers chiffres, mais les dons recueillis au profit de la candidature d’Obama dépassent facilement les 800 millions de dollars. A lui seul, Obama a recueilli plus de fonds que George W. Bush et John Kerry réunis pour les élections de 2004.

Pour se faire une idée du coût économique de cette campagne, signalons que le Center for Responsive Politics estime que de janvier 2007 à ce jour, l’élection présidentielle est évaluée à 2,4 milliards de dollars, et celle de 435 congressistes et 100 sénateurs fédéraux à 2,9 milliards. Soit, au total, 5,3 milliards.

Si l’on examine les étapes de la campagne de Barack Obama, on constate qu’à part de courts points morts en mars et avril, pour les primaires, et dans la deuxième semaine de septembre, sa popularité a toujours été ascendante et sa campagne a été largement plus solide, unie et définie que celles de ses rivaux, Hillary Clinton et John McCain.

A partir du 14 septembre, l’explosion de la crise financière sonnait l’hallali de la candidature républicaine. Malgré ses efforts désespérés (dont une interview donnée au journal ultra-conservateur Washington Times, à ne pas confondre avec le Washington Post, où il a adressé des critiques sévères à l’administration Bush), McCain n’a pas pu se défaire de l’héritage maudit des huit dernières années de mandat du plus inepte des présidents nord-américains. A ceci s’ajoutent les performances dérisoires de la co-listière qu’il a choisie, l’amazone arctique de l’Alaska, Sarah Paulin, et les résultats adverses des trois débats présidentiels et du débat vice-présidentiel. Rien n’était plus assuré, que la débâcle !
Le combat avait cessé d’être égal entre McCain et Obama. Le démocrate partait ce 4 novembre avec un net avantage, et McCain ne pouvait guère plus miser que sur un facteur occulte : le racisme. On s’attendait à ce qu’Obama l’emporte avec un net avantage, peut-être plus de trois cents votes, et s’empare d’Etats comme la Virginie, le Nevada et le Colorado, où la tradition républicaine est fortement ancrée, et même dans les « swing States», c’est-à-dire les Etats qui peuvent changer de bord politique comme l’Ohio et la Floride.

Le triomphe des démocrates aux présidentielles s’accompagne de leur deuxième victoire consécutive aux élections législatives. Il n’est pas improbable que la marge de contrôle démocrate à la Chambre passe de 36 congressistes à cent, ce qui impliquerait un bénéfice net de trente sièges. Au Sénat aussi, il est possible que les démocrates comptent dix sénateurs de plus, ce qui porterait ses troupes au chiffre de 60, pour tenir en échec le « banditisme » qui s’exerce au cours de certains débats et de votes à la Chambre haute.

Barack Obama vient de clore une étape historique. Il lui reste à affronter la suivante.

L’auteur est spécialiste des relations internationales et a été chef de la section des intérêts de Cuba aux Etats-Unis de septembre 1977 à avril 1989.

samedi 1 novembre 2008

Débâcle financière, crise systémique : réponses illusoires et réponses nécessaires

Samir Amin

La crise financière était inévitable. Nous n’avons pas été surpris par l’explosion brutale de cette crise, que j’avais d’ailleurs évoquée il y a quelques mois alors que les économistes conventionnels s'employaient à en minimiser les conséquences, notamment en Europe. Pour saisir sa genèse, il faut se débarrasser de la définition courante du capitalisme que l’on définit aujourd’hui comme « néo-libéral mondialisé ». Cette qualification est trompeuse et cache l'essentiel. Le système capitaliste actuel est dominé par une poignée d’oligopoles qui contrôlent la prise des décisions fondamentales dans l’économie mondiale.

Des oligopoles qui ne sont pas seulement financiers, constitués de banques ou d’assurances, mais de groupes intervenant dans la production industrielle, dans les services, les transports, etc. Leur caractéristique principale est leur financiarisation. On doit entendre par là que le centre de gravité de la décision économique a été transféré de la production de plus value dans les secteurs productifs, vers la redistribution des profits occasionnée par les produits dérivés des placements financiers.
C’est une stratégie poursuivie délibérément non par les banques mais par les groupes « financiarisés ». Ces oligopoles ne produisent d’ailleurs pas de profits, ils raflent tout simplement une rente de monopoles par le biais de placements financiers. Ce système est extrêmement profitable aux segments dominants du capital. Ce n’est donc pas une économie du marché, comme on veut le dire, mais un capitalisme d'oligopoles financiarisés. Cependant la fuite en avant dans le placement financier ne pouvait pas durer éternellement, alors que la base productive ne croissait qu’à un taux faible. Cela n’était pas tenable. D’où la dite « bulle financière », qui traduit la logique même du système de placements financiers. Le volume des transactions financières est de l’ordre de deux mille trillions de dollars alors que la base productive, le PIB mondial est de 44 trillions de dollars seulement. Un multiple gigantesque. Il y a trente ans, le volume relatif des transactions financières n'avait pas cette ampleur. Ces transactions étaient destinées à titre majeur à la couverture des opérations directement exigées par la production et le commerce intérieur et international La dimension financière de ce système des oligopoles financiarisés était – ais je déjà dit – le talon d'Achille de l'ensemble capitaliste. La crise devait donc être amorcée par une débâcle financière.
Derrière la crise financière, la crise systémique du capitalisme vieillissant
Mais il ne suffit pas d’attirer l’attention sur la débâcle financière. Derrière elle, se dessine une crise de l’économie réelle car la dérive financière elle-même va asphyxier la croissance de la base productive ; les solutions apportées à la crise financière ne peuvent que déboucher sur une crise de l’économie réelle. C'est-à-dire une stagnation relative de la production, avec ce qu’elle va entraîner ; régression des revenus des travailleurs, accroissement du chômage, précarité grandissante et aggravation de la pauvreté dans les pays du sud. On doit maintenant parler de dépression et non plus de récession.
Et derrière cette crise se profile à son tour la véritable crise structurelle systémique du capitalisme. La poursuite du modèle de la croissance de l’économie réelle telle que nous le connaissons et de celui de la consommation qui lui est associé, est devenu, pour la première fois dans l’histoire, une véritable menace pour l’avenir de l’humanité et de la planète.
La dimension majeure de cette crise systémique concerne l'accès aux ressources naturelles de la planète, devenues considérablement plus rares qu'il y a un demi siècle. Le conflit Nord/Sud constitue de ce fait l'axe central des luttes et des conflits à venir.
Le système de production et de consommation/gaspillage en place interdit l’accès aux ressources naturelles du globe à la majorité des habitants de la planète, les peuples des pays du sud. Autrefois un pays émergent pouvait prélever sa part de ces ressources sans remettre en question les privilèges des pays riches. Mais aujourd’hui, ce n'est plus le cas. La population des pays opulents - 15% de la population de la planète – accapare pour sa seule consommation et son gaspillage 85% des ressources du globe, et ne peut pas tolérer que des nouveaux venus puissent accéder à ces ressources, car ils provoqueraient des pénuries graves qui menaceraient les niveaux de vie des riches.
Si les Etats-unis se sont donnés l'objectif du contrôle militaire de la planète, c’est parce qu’ils savent que sans ce contrôle ils ne peuvent pas s’assurer l’accès exclusif à ces ressources. Comme on le sait, la Chine, l’Inde et le sud dans son ensemble ont également besoin de ces ressources pour leur développement. Pour les Etats-Unis, il s’agit impérativement d’en limiter l'accès et, en dernier ressort, il n’y a qu’un moyen, la guerre.
D'autre part, pour économiser les sources d’énergie d’origine fossile, les Etats-Unis, l'Europe et d'autres développent des projets de production d'agro-carburants à grande échelle, au détriment de la production vivrière dont ils accusent la hausse des prix.
Les réponses illusoires des pouvoirs en place
Les pouvoirs en place, au service des oligopoles financiers, n'ont pas de projet autre que celui de remettre en selle ce même système. Les interventions des Etats sont d'ailleurs celles que cette oligarchie leur commande. Néanmoins le succès de cette remise en selle n'est pas impossible, si les infusions de moyens financiers sont suffisants et si les réactions des victimes – les classes populaires et les nations du Sud – demeurent limitées. Mais dans ce cas le système ne recule que pour mieux sauter et une nouvelle débâcle financière, encore plus profonde, sera inévitable, car les "aménagements" prévus pour la gestion des marchés financiers et monétaires sont largement insuffisants, puisqu'ils ne remettent pas en cause le pouvoir des oligopoles.
Par ailleurs ces réponses à la crise financière par l’injection de fonds publics faramineux pour rétablir la sécurité des marchés financiers, sont amusantes : alors que les profits avaient été privatisés, dès lors que les placements financiers s'avèrent menacés, on socialise les pertes! Pile, je gagne, face, tu perds.
Les conditions d'une réponse positive véritable aux défis
Il ne suffit pas de dire que les interventions des Etats peuvent modifier les règles du jeu, atténuer les dérives. Encore faut il en définir les logiques et la portée sociales. Certes on pourrait en théorie revenir à des formules d’association des secteurs publics et privés, d’économie mixte comme pendant les trente glorieuses en Europe et de l'ère de Bandoung en Asie et en Afrique lorsque le capitalisme d’Etat était largement dominant, accompagné de politiques sociales fortes. Mais ce type d'interventions de l'Etat n'est pas à l'ordre du jour. Et les forces sociales progressistes sont elles en mesure d'imposer une transformation de cette ampleur ? Pas encore à mon humble avis.
L'alternative véritable passe par le renversement du pouvoir exclusif des oligopoles, lequel est inconcevable sans finalement leur nationalisation pour une gestion s'inscrivant dans leur socialisation démocratique progressive. Fin du capitalisme ? Je ne le pense pas. Je crois en revanche que de nouvelles configurations des rapports de force sociaux imposant au capital à s'ajuster, lui, aux revendications des classes populaires et des peuples, est possible. A condition que les luttes sociales, encore fragmentées et sur la défensive dans l'ensemble, parviennent à se cristalliser dans une alternative politique cohérente. Dans cette perspective l'amorce de la longue transition du capitalisme au socialisme devient possible. Les avancées dans cette direction seront évidemment toujours inégales d'un pays à l'autre et d'une phase de leur déploiement à l'autre.
Les dimensions de l'alternative souhaitable et possible sont multiples et concernent tous les aspects de la vie économique, sociale, politique. Je rappellerai ici les grandes lignes de cette réponse nécessaire :
(i) la ré invention par les travailleurs d'organisations adéquates permettant la construction de leur unité transcendant l'éclatement associé aux formes d'exploitation en place (chômage, précarité, informel).
(ii) la perspective est celle d'un réveil de la théorie et de la pratique de la démocratie associée au progrès social et au respect de la souveraineté des peuples et non dissociée de ceux-ci.
(iii) se libérer du virus libéral fondé sur le mythe de l'individu déjà devenu sujet de l'histoire. Les rejets fréquents des modes de vie associés au capitalisme (aliénations multiples, patriarcat, consumérisme et destruction de la planète) signalent la possibilité de cette émancipation.
(iv)se libérer de l'atlantisme et du militarisme qui lui est associé, destinés à faire accepter la perspective d'une planète organisée sur la base de l'apartheid à l'échelle mondiale.
Dans les pays du Nord le défi implique que l'opinion générale ne se laisse pas enfermer dans un consensus de défense de leurs privilèges vis-à-vis des peuples du Sud. L'internationalisme nécessaire passe par l'anti impérialisme, non l'humanitaire.
Dans les pays du Sud la stratégie des oligopoles mondiaux entraîne le report du poids de la crise sur leurs peuples (dévalorisation des réserves de change, baisse des prix des matières premières exportées et hausse de ceux des importations). La crise offre l'occasion du renouveau d'un développement national, populaire et démocratique autocentré, soumettant les rapports avec le Nord à ses exigences, autrement dit la déconnexion. Cela implique :
(i)la maîtrise nationale des marchés monétaires et financiers
(ii)la maîtrise des technologies modernes désormais possible
(iii)la récupération de l'usage des ressources naturelles
(iv)la mise en déroute de la gestion mondialisée dominée par les oligopoles (l'OMC) et du contrôle militaire de la planète par les Etats-Unis et leurs associés.
(v)se libérer des illusions d'un capitalisme national autonome dans le système et des mythes passéistes.
(vi)La question agraire est en effet au cœur des options à venir dans les pays du tiers monde. Un développement digne de ce nom exige une stratégie politique de développement agricole fondée sur la garantie de l’accès au sol de tous les paysans (la moitié de l'humanité). En contrepoint les formules préconisées par les pouvoirs dominants - accélérer la privatisation du sol agraire, et transformer le sol agraire en marchandise- entraînent l’exode rural massif que l’on connaît. Le développement industriel des pays concernés ne pouvant pas absorber cette main d’œuvre surabondante, celle ci s’entasse dans les bidonvilles ou se laisse tenter par les aventures tragiques de fuite en pirogue à travers l’Atlantique. Il y a une relation directe entre la suppression de la garantie de l’accès au sol et l’accentuation des pressions migratoires.
(vii)L’intégration régionale, en favorisant le surgissement de nouveaux pôles de développement, peut elle constituer une forme de résistance et d'alternative ? La régionalisation est nécessaire, peut être pas pour des géants comme la Chine et l’Inde, ou même le Brésil, mais certainement pour beaucoup d’autres régions, en Asie du sud-est, en Afrique ou en Amérique Latine. Ce continent est un peu en avance en ce domaine. Le Venezuela a opportunément pris l’initiative de créer l’Alba (Alternative bolivarienne pour l’Amérique latine et les Caraibes) et la Banque du Sud (Bancosur), avant même la crise. Mais l' Alba - un projet d’intégration économique et politique - n’a pas encore reçu l’adhésion du Brésil ni même de l’Argentine. En revanche, le Bancosur, censé promouvoir un autre développement, associe également ces deux pays, qui jusqu'à présent ont une conception conventionnelle du rôle de cette banque.
Des avancées dans ces directions au Nord et au Sud, bases de l'internationalisme des travailleurs et des peuples, constituent les seuls gages de la reconstruction d'un monde meilleur, multipolaire et démocratique, seule alternative à la barbarie du capitalisme vieillissant. Plus que jamais le combat pour le socialisme du 21 ième siècle est à l'ordre du jour.
Rien ne va plus à la Maison l’Échelon
Vote de grève générale illimitée


Rien ne va plus dans les négociations entre le Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Maison l’Échelon (FSSS–CSN) et l’employeur de cet organisme intermédiaire en santé mentale de Montréal. Elles piétinent depuis presque deux ans. Las de ne pouvoir faire débloquer les pourparlers pour renouveler leur convention collective, les quelque 80 syndiqué-es (dont plus de la moitié travaillent à temps complet) ont voté hier, à scrutin secret, dans une proportion de 95 %, pour la grève générale illimitée. Celle-ci pourra être déclenchée après entente sur les services essentiels avec l’employeur.

La Maison l’Échelon est un organisme qui comprend des foyers de groupe, des appartements supervisés de même qu’un centre de jour. L’organisme emploie notamment du personnel en intervention, en animation, en surveillance de nuit, en conciergerie et des préposé-es aux soins.

Ayant déposé son projet de convention collective le 8 novembre 2006, le syndicat a dû demander l’intervention d’un conciliateur du ministère du Travail sept mois plus tard puisque la partie patronale restait campée sur ses positions.

Le syndicat réclame un rattrapage salarial pour les intervenants-animateurs et les surveillants de nuit, qui ferait passer leur salaire de 14,35 à 16,22 $ l’heure, pour 2007, et de 14,99 à 16,95 $, pour 2008. Quant aux intervenants-supports, leur rémunération grimperait de 15,14 à 17,81 $ et de 15,82 à 18,61 $, pour les mêmes périodes. Pour l’ensemble des titres d’emploi, le syndicat demande une augmentation salariale de 4,5 % par année. Le président du syndicat, René Charron, explique : « Avec ces nouvelles conditions salariales, nous ne ferions que nous rapprocher de celles existantes dans les milieux comparatifs. »

Rattrapage salarial nécessaire

En effet, l’écart salarial entre les syndiqué-es de la Maison l’Échelon et ceux d’organismes semblables peut atteindre plus de 7 $ l’heure. Cependant, l’employeur n’offre des rattrapages que de 0,03 à 0,08 % pour des titres d’emploi qui, de toute évidence, sont nettement en dessous des salaires versés à des organismes comparables du secteur communautaire. Il propose enfin des augmentations générales de 2,2 % par année.

Parmi les autres points en litige, on retrouve principalement la reconnaissance du travail des employé-es de nuit, l’accès à un siège au conseil d’administration et le salaire lors de remplacements. L’employeur refuse également de majorer le nombre de congés de maladie (cinq actuellement) et de congés annuels pour les salarié-es détenant le plus d’ancienneté.

Source : CSN - 8 octobre 2008
Pour renseignements : Jean-Marie Vézina, conseiller syndical, Tél. :514 598-2033Benoit Aubry, Service des communications de la CSN, Tél. : 514 704-3297 (cellulaire)

Le droit de se syndiquer

Éclatante victoire pour plus de 25 000 travailleuses des services sociaux et de santé et des services de garde à l'enfance


La Cour supérieure vient déclarer inconstitutionnelles et invalides deux lois québécoises qui nient depuis près de cinq ans maintenant, le droit à la syndicalisation de plus de 25 000 travailleuses. « Il s’agit d’un grand jour pour la liberté syndicale », a déclaré la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. « Il était odieux de voir le gouvernement faire reposer une partie importante de nos services publics sur des femmes auxquelles on niait des droits fondamentaux. Justice est maintenant rendue. »

Les grandes centrales syndicales, dont la CSN, qui contestaient ces deux lois ont gagné sur toute la ligne. Pour la Cour supérieure, ces législations briment la liberté d'association et le droit à la non-discrimination des femmes, garantis par les chartes québécoise et canadienne des droits de la personne. Dans sa décision, la juge Danielle Grenier, affirme « les lois 7 et 8 viennent renforcer la vision stéréotypée associée au travail féminin. On n’accorde pas le même traitement parce que le travail accompli en est un de care, exécutée par des femmes, à domicile. » Ainsi, pour la Cour supérieure, les lois 7 et 8 perpétuent un préjugé défavorable à l’effet que le travail de ces personnes n’est pas un vrai travail. Pour la CSN, la discrimination faite aux femmes a pesé lourd dans ce jugement.

C'est sous le bâillon de décembre 2003, que le gouvernement libéral de Jean Charest a fait adopté à toute vapeur, les projets de loi 7 et 8 qui ont désyndiqué des groupes de femmes œuvrant dans les services de garde à domicile et dans les ressources intermédiaires et de type familial qui s'occupent de personnes souffrant de déficiences physiques ou de problèmes de santé mentale.

Rappelons qu’en mars 2006, le Bureau international du travail (BIT) avait demandé au gouvernement du Québec d’amender ces deux lois qui privent des milliers de travailleuses du statut de salarié au sens du Code du travail en leur imposant le statut déguisé de travailleuse autonome. Pour le BIT, il s'agissait d'une annulation par voie législative d'accréditations existantes, ce qui est contraire aux principes de liberté syndicale. Pour l’organisme international, les personnes visées par ces lois devraient pouvoir bénéficier, comme les autres travailleurs du Québec, des dispositions du Code du travail ou jouir de droits équivalents. Le jugement de la Cour supérieure se rend sensiblement aux mêmes arguments pour fonder sa décision.

« Une fois de plus, ce jugement vient de confirmer le caractère incontournable des grands instruments internationaux quant aux droits fondamentaux de même que les décisions du Comité des libertés syndicales du BIT. La présidente de la CSN demande au gouvernement de ne pas porter en appel ce jugement et de reconnaître immédiatement le déni de justice qui a été fait à des milliers de travailleuses.

Au Québec, il existe actuellement près de 14 700 responsables de service de garde en milieu familial qui offrent plus de 84 000 places aux jeunes enfants. Il existe environ 11 000 ressources intermédiaires et de type familial qui hébergent plus de 33 000 bénéficiaires du réseau de la santé. Ces travailleuses et ces travailleurs à domicile n'ont pas droit aux protections sociales et financières en vigueur dans tous les secteurs d'activité au Québec. Ainsi, les normes minimales sur les heures et la semaine de travail, les heures supplémentaires, le repos hebdomadaire, les congés annuels, les jours fériés, les congés familiaux, les recours en cas de harcèlement psychologique ou de congédiement illégal et abusif ne s'appliquaient pas. De plus, ces salarié-es étaient exclus de l'application de la Loi sur l'équité salariale, des régimes publics ou privés d'assurance collective et de retraite. Enfin, elles n'avaient pas droit aux protections se rapportant à la santé et à la sécurité du travail ni à une indemnisation en cas d'accidents ou de maladies professionnelles ni à des prestations d'assurance-emploi.


Source : CSN - 31 octobre 2008
Pour renseignements : Michelle Filteau, directrice du Service des communications de la CSN, cellulaire : 514 894-1326