vendredi 30 septembre 2011

dimanche 21 août 2011

Libye: la fin de Kadhafi annoncée une fois de plus

La guerre en Libye s’enlise. Après cinq mois de bombardements par les États-Unis et, ensuite, par l’Otan, on parle aujourd’hui de « bombardements d’entretien ». Mais, sur le terrain, la guerre est occupée à déchirer un pays.


Tony Busselen, Solidaire, Parti du Travail de Belgique.


Les cibles bombardées sont-elles légitimes ?


Dans la nuit du 8 au 9 août, les appareils de l’Otan ont bombardé trois heures durant un groupe de quatre exploitations agricoles à Majar, un quartier du sud de la ville de Zlitane. Le porte-parole de l’Otan, le colonel Roland Lavoie, parle d’un « objectif légitime ». Lavoie contredit expressément le communiqué du gouvernement libyen prétendant qu’il y aurait eu 85 tués, dont 33 enfants. « Absolument rien n’indique qu’il y ait eu des victimes civiles », affirme Lavoie1.



« Allez donc dire ça à Salwa Jawoo, 15 ans », écrit le journaliste de la BBC qui a visité l’endroit quelque 36 heures plus tard. « Salwa a des égratignures au visage et une épaule brisée. Il n’y avait pas de camp militaire, ici. ‘Ma mère et mes deux sœurs ont été tuées’, dit la fille pendant qu’une larme coule sur sa joue. Elle est vraiment affligée. C’est la même chose pour Ali Mufta Hamed Gavez, dont la femme est à l’hôpital avec une jambe en moins. À la morgue, la puanteur est intenable. Trente linceuls sont disposés en tous sens. Nos accompagnateurs ouvrent la moitié des sacs. De certains corps, il ne reste pas grand-chose. Dans l’un d’eux, on voit un pied posé sur un amas informe de restes humains. Parmi les cadavres, ceux de deux enfants et de deux femmes. »2


Les bombardements de l’Otan devaient servir à protéger les civils. Il est inévitable que des civils soient victimes des bombardements. Mais, de ces bombardements, il ressort clairement, une fois de plus, que l’Otan ne remplit nullement une fonction défensive, mais qu’elle ouvre en fait la voie à l’offensive des rebelles qui, depuis l’Est, tentent d’avancer vers l’Ouest. Après un tel drame, avec les images horribles de corps calcinés ou déchiquetés, il est très difficile à l’issue d’une brève visite de se faire une image absolument objective des victimes. « Nous ne saurons sans doute jamais combien de personnes ont perdu la vie dans ce bombardement ni qui elles étaient en fait. La ligne de front n’est pas tellement éloignée et il se pourrait très bien que les soldats doivent se reposer quelque part », conclut le correspondant de la BBC.



Une guerre médiatique


Avoir un jugement très clair à propos des versions des deux parties belligérantes est très malaisé. Les médias occidentaux sont majoritairement pro-Otan. Çà et là seulement, on entend des critiques à demi-mot sur la version de l’Otan. Quant à la version libyenne, il faut la chercher sur YouTube, souvent en arabe, et il vous reste alors à tenter d’avoir via Google la traduction des titres et la teneur des vidéos.



La plupart des médias occidentaux ont rapporté que le vendredi 5 août, lors des bombardements effectués sur Zlitane dans la nuit de jeudi à vendredi, Khamis, un fils de Kadhafi commandant une brigade de l’armée, aurait été tué. D’après le communiqué triomphaliste des rebelles, il y aurait eu 32 tués, au cours de ces bombardements. Quatre jours plus tard, on voit sur YouTube un reportage de la TV libyenne dans lequel Khamis Kadhafi rend visite dans un hôpital à des victimes de ces bombardements et leur apporte quelque réconfort. Le lendemain, le journal français L’Express admet en hésitant qu’« un homme que l’on présente comme Khamis est apparu à la TV libyenne »3.


Chaque semaine, depuis mai, des manifestations massives de soutien à Kadhafi sont organisées dans plusieurs villes libyennes. Le 8 juillet, j’ai été moi-même témoin à Tripoli d’une telle manifestation massive, une semaine après la manifestation à laquelle des centaines de milliers de personnes avaient pris part. Mais, le même jour, ce n’est pas à Tripoli qu’avait lieu le plus gros rassemblement, mais bien à Saba, dans le Sud, à quelque 780 km de Tripoli. Depuis lors, YouTube nous sert des images de semblables manifestations de masse qui ont lieu dans des villes comme Adjabya, Sabrata, Brega, Azaziya, Tarhuna, Bani Walid, Al Hadba et Tiji4. Dans les médias occidentaux, on entend très rarement parler de ces manifestations généralement massives. Le 16 juillet, une semaine avant que l’Otan n’entame les bombardements de Zlitane, le journaliste de la CNN, Ivan Watson, a montré pendant une minute et demie des images d’une foule impressionnante qui, dans cette même ville, témoignait son soutien à Kadhafi et à son gouvernement5.



Cinq mois après avoir annoncé que Kadhafi allait disparaître en quelques semaines, la machine de propagande de l’Otan doit passer à la vitesse supérieure si elle veut que reste crédible l’histoire de « la fin prochaine de Kadhafi ». Ces derniers mois, nous avons eu des infos quotidiennes sur des villes capturées ou sur le point de l’être : Brega, Zlitane, Misrata… Depuis, ces noms sont devenus familiers. Sur YouTube, on peut découvrir chaque jour des images de la TV libyenne montrant une fois de plus que ces villes sont toujours bel et bien aux mains du gouvernement et que leur population soutient ce dernier. La version du porte-parole du gouvernement libyen, Moussad Ibrahim, semble crédible. Moussad parle d’un scénario qui se répète répétitif : l’Otan bombarde une ville et la route menant à une ville, les troupes du gouvernement doivent se replier, après quoi les rebelles progressent quelque peu. Ensuite, ces rebelles subissent un revers et sont chassés. Jusqu’au prochain tour… Le fait est qu’aujourd’hui, hormis quelques villes de la périphérie de Benghazi, aucune ville n’est définitivement aux mains des rebelles. Pas même Misrata, autour de laquelle il y a de lourds combats depuis quelques mois, et qui est toujours une ville disputée, a dû reconnaître la BBC le 13 août.


Aujourd’hui, lundi 15 août, on parle une fois de plus d’une « grande percée des rebelles ». La ville de Zawiya, à l’ouest de Tripoli, serait tombée aux mains des rebelles et Tripoli serait entièrement coupée du monde extérieur. Sans manquer d’air, The Mail écrit le 15 août : « Grâce à plusieurs attaques aériennes, les rebelles libyens ont pu entrer dans la ville. » Il est vraiment difficile d’expliquer plus efficacement que les bombardements n’ont rien à voir avec la protection des civils, mais tout avec le soutien des opérations militaires des rebelles !



Sérieux comme un pape, The Telegraph titre : « Tripoli braces for Gaddafi’s final curtain » (Tripoli se cramponne pour la fin de Kadhafi). De Standaard annonce que les rebelles vont s’emparer de Tripoli avant la fin août. Cela reste à voir…


En attendant, depuis une semaine, les rebelles n’ont plus de direction politique unie. En effet, le week-end dernier, on apprenait que Mahmoud Jibril, le Premier ministre du gouvernement rebelle à Benghazi, avait dissous son « gouvernement ». La raison en est que l’assassinat du général Abdul Fattah Younes, le commandant suprême des rebelles, doit être tiré au clair. C’est un aveu de ce que le coupable doit se trouver dans les rangs mêmes des rebelles et non à Tripoli, comme Jibril l’avait d’abord affirmé6.


Les doutes s’amplifient au sein de l’Otan


Ces dernières semaines ont vu le doute s’accroître au sein de la coalition de l’Otan. Le 1er août, sous pression de l’opinion publique et du Parlement, le gouvernement norvégien retirait ses avions des opérations. Le lieutenant-colonel Hans Ole Sandnes expliquait à la TV norvégienne : « Quand nous lâchons une bombe, celle-ci libère une énorme force explosive et il est pratiquement impossible de savoir s’il y a des gens dans le voisinage des endroits où tombent les bombes. »7



Les parlements du Canada et de la Belgique avaient décidé avec un consensus de participer aux attaques de l’Otan, mais ici aussi, le doute montre le bout du nez. Ainsi, le second parti canadien, les New Democrats, estime que le Canada doit se retirer de la guerre. Les New Democrats sont le plus important parti d’opposition et occupent environ 30 % des sièges du Parlement8. En Belgique, une information de Belga a provoqué quelques remous. Une source des hautes instances de l’armée belge a confirmé que « les bombardements ne parviendraient jamais à mettre Kadhafi à genoux. Ce que nous faisons pour l’instant, ce sont en fait des bombardements d’entretien. Cela revient purement et simplement à maintenir la pression sur le couvercle »9.


Wouter De Vriendt de Groen! a qualifié ce concept de « bombardements d’entretien » d’« absurde » est il estime qu’« une pause dans les bombardements est nécessaire. Nous devons désormais mettre en route l’aide humanitaire et enclencher les négociations diplomatiques ». « Contribuer à chasser un régime du pouvoir, cela ne se peut pas. Le gouvernement doit à nouveau présenter la chose au Parlement. »


Intal a lancé une campagne de pétition avec laquelle l’organisation compte collecter 30 signatures par représentant à la Chambre (donc, en tout, 4500 signatures). La pétition exige un retrait immédiat de troupes belges de la guerre et un arrêt des bombardements de l’Otan. Vous pouvez la signer sur http://www.intal.be/fr/node/10142

1. Briefing de presse de l’Otan, 9 août.
2. BBC, 11 août.
3. L’Express, 10 août.
4. Adjabya : http://www.youtube.com/watch?v=iWK2PIDh-l0 //
Sabraha : http://www.youtube.com/watch?v=LP8IF9a-jUI //
Brega : http://www.youtube.com/user/Rayyisse#p/search/2/1-UauWzcAkg //
Azaziya : http://www.youtube.com/user/Rayyisse#p/search/25/_40cZPItqsM //
Tarhuna : http://www.youtube.com/user/Rayyisse#p/search/29/WlK7mBofJhE //
Bani Walid : http://www.youtube.com/watch?v=PGYX0BBTnro //
Al Hadba : http://www.youtube.com/watch?v=qIT4WelmSYg //
Tiji : http://www.youtube.com/watch?v=N3yAH78jB80
5. http://www.youtube.com/watch?v=_Qf92ipV3-w
6. The New York Times, 8 août.
7. www.newsinenglish.no/2011/08/05/soldiers-come-home-from-libya/
8. The Globe and Mail, 8 août.
9. De Standaard, 12 août.

dimanche 14 août 2011

"La Grande-Bretagne était un baril de poudre. Vendredi, quelqu'un a allumé la mèche"

12 août 2011 17:45
Solidaire, Parti du Travail de Belgique

Les images en provenance des villes britanniques nous montrant des pillards, des bâtiments en flammes et des jeunes aux prises avec la police étaient omniprésentes la semaine dernière. De quelle violence s’agit-il ? D’où vient-elle ? Et quelle est la meilleure façon d’y réagir ?

Tony Busselen

Durant quatre jours et quatre nuits, de vastes zones des villes britanniques comme Londres, Manchester, Birmingham et Liverpool ont été plongées dans l’anarchie. Dans le quartier londonien de Haringey où les bagarres ont commencé, les habitations de 45 familles ont été rendues inhabitables. Dans la plupart des cas, il s’agit d’appartements situés au-dessus de commerces incendiés ou détruits. L’endroit le plus touché a été le quartier de Croydon, dans le sud de Londres : 55 familles ont dû quitter leur logement et 80 personnes ont du être hébergées par les services municipaux.[1]

Les dégâts aux habitations et les voitures incendiées ou détruites sont estimés à 200 millions de livres (228 millions d’euros). Les magasins pillés ont subi des dommages estimés à 141 millions de livres (161 millions d’euros).[2]

D’où vient cette violence ?

« La Grande-Bretagne était un baril de poudre et, vendredi, quelqu’un a allumé la mèche », écrit Laurie Penny, journaliste s’intéressant au social et habitante d’un des quartiers touchés. « Des jeunes en colère qui n’ont rien à faire et rien à perdre, s’en prennent à leur propre communauté. Personne ne peut les arrêter. Et ils le savent. Les échauffourées n’ont absolument rien à voir avec la mauvaise éducation ou avec la régression des services sociaux ou avec n’importe quel autre cliché que nous ressassent les gourous des médias. On ne résout pas l’inégalité structurelle avec quelques tables de billard (dans les maisons de jeunes, NdlR). Des émeutes sont déclenchées parce que ça confère un sentiment de pouvoir. On a bassiné durant toute l’existence de ces jeunes qu’ils ne valaient rien nulle part et, tout d’un coup, ils se rendent compte qu’ils sont en nombre et qu’ils peuvent tout faire, tout, littéralement. »[3]

Le site MapTube cartographie la ville de Londres par quartiers et par revenus. Le résultat est clair : ce sont bel et bien dans les quartiers les plus pauvres que les émeutes ont commencé.[4] Erik Swyngedouw, un professeur d’université belge résidant à Manchester, fait remarquer sur DeWereldMorgen.be : « La situation que connaissent bien des jeunes est relativement dénuée de perspective : pas de formation, pas de projet, pas d’emploi. Dans certains quartiers de Manchester résident quatre générations de chefs de famille qui n’ont jamais vraiment eu de travail. »[5]

On estime que 205 bandes sont actives à Londres, totalisant au moins 15.000 membres. Lenny, un jeune de 18 ans, vient d’une telle bande. Il habite chez sa mère et son jeune frère dans un appartement social de Laburnum Street à Hackney. « À trois, nous devons nous débrouiller avec 90 livres (103 euros) pour deux semaines », dit-il.[6] Dans le quartier de Haringey, où les émeutes ont commencé samedi, huit des treize maisons de jeunes ont été fermées, ces dernières semaines. Il n’y a guère non plus d’espoir de travail : pour chaque offre d’emploi, il y a 54 demandeurs.[7]

La mèche du baril

Ces quartiers sont en outre confrontés à des interventions policières agressives, censées tenir le mécontentement sous contrôle. Depuis 1994, par exemple, il existe une loi autorisant la police à arrêter et fouiller tout le monde. Les statistiques montrent que, sur base de cette loi, les gens d’origine immigrée ont neuf fois plus de chance d’être fouillés que les simples citoyens britanniques blancs. Début juillet, la haute cour de justice déclarait recevable la plainte d’une jeune noire de 37 ans, Ann Juliette Roberts. La femme a été blessée après que la police l’ait jetée au sol et lui ait passé les menottes parce qu’elle la soupçonnait de dissimuler quelque chose dans son sac à main. Finalement, elle a été arrêtée sur base d’une prétendue accusation de fraude : elle disposait dans son portefeuille de cartes de crédit émises avec son nom de jeune fille et avec son nom de femme mariée.[8]

Dans une carte blanche publiée dans The Guardian, Nina Power fait remarquer ceci : « Récemment, un journaliste a écrit qu’il était étonné par le nombre de personnes qui, à Tottenham (la partie de Londres où ont éclaté les émeutes), connaissaient l’IPCC[9] (NDLR un organe de contrôle de la police) et étaient très critiques à son égard. Mais cela n’a rien d’étonnant quand on sait que, depuis 1998, au moins 333 personnes d’ici sont mortes dans des cellules de commissariat sans qu’aucun agent n’ait été condamné. Ici, beaucoup considèrent à juste titre la justice et l’IPCC comme les protecteurs de la police et non des simples citoyens. »[10]

Et, cette fois aussi, c’est l’intervention de la police qui a mis le feu aux poudres. Mark Duggan, le jeune homme qui a été abattu le jeudi soir qui a précédé les émeutes, n’a pas perdu la vie au cours d’un échange de coups de feu, comme la police l’avait d’abord expliqué, mais a pris une balle dans la poitrine après que son taxi avait été mis à l’arrêt pour un contrôle policier. Les émeutes ont éclaté après que la famille et des amis se soient rendus au bureau de police pour demander des explications sur la mort de Mark. Jusqu’alors, elles n’avaient eu des nouvelles que par le biais des médias. Stafford Scott, un journaliste du Guardian, était présent : « Nous sommes restés là quatre heures, de 17 à 21 heures, à attendre sans la moindre réaction. Si un officier de police serait venu nous trouver et s’il nous aurait parlé, nous serions tous partis avant qu’il n’y aurait eu des problèmes. Il est impardonnable que la police ait refusé tout dialogue. » La goutte qui a fait déborder le vase est le tabassage le même soir d’une gamine de seize ans qui criait « nous voulons des réponses, venez nous parler ».[11]

Le climat est pourri depuis les années 80

Bien sûr, la famille de Mark Duggan a raison de dire que les émeutes n’avaient rien à voir avec la mort du jeune homme et de demander le retour au calme. En effet, cela n’a été que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Erik Swyngedouw affirme avec à-propos : « Ce climat trouve son origine dans les années 80, sous le gouvernement Thatcher. » Il fait allusion à de semblables émeutes qui avaient éclaté en 1985. Pour lui, la politique antisociale agressive de Margaret Thatcher avait alors été à la base de ces émeutes. Et il ajoute : « Blair a poursuivi et développé plus avant encore cette doctrine thatchérienne. »

Depuis la crise de 2008, les choses ne se sont pas améliorées : l’an dernier, le Premier ministre britannique faisait savoir que, d’ici 2014, il comptait économiser 94 milliards d’euros via, entre autres, des licenciements massifs (600.000 personnes) dans le secteur public. Il prévoyait également 25 milliards d’euros d’économies dans les allocations familiales, les indemnités de logement ou de chauffage et les services gratuits aux personnes de plus de 60 ans.[12]

« Les gens qui gouvernent la Grande-Bretagne ne se rendaient absolument pas compte à quel point le situation était désespérée. Après trente ans d’inégalité criarde, au beau milieu d’une récession économique, ils pensaient pouvoir s’emparer des derniers points d’appui des gens (les indemnités, les emplois, l’espoir d’un enseignement meilleur, les filets sociaux, …) sans que cela ne suscite de réactions. Eh bien, ils se mettaient le doigt dans l’œil » explique Laurie Penny.

Mais on dirait que Cameron et la classe dirigeante britannique n’aient guère besoin d’un examen de conscience. Les hommes politiques britanniques, qui utilisent leurs notes de défraiement parlementaires pour leurs dépenses privées (et même pour l’achat de maisons), et les journaux du groupe de Rupert Murdoch qui, le mois dernier, étaient encore mis en cause pour de scandaleuses pratiques d’écoute téléphonique, parlent aujourd’hui avec mépris de « l’absence de valeurs » de « la racaille ». Et applaudissent sans nuance aux interventions brutales de la police. Et, çà et là, il s’élève même des voix pour réclamer qu’on retire également les indemnités sociales et les logements sociaux à ceux qui auraient été condamnés à de peines de prisons dans le cadre des émeutes, ce qui ne manquerait pas d’en faire des délinquants pour le reste de leurs jours.

« C’est le capitalisme qui est à l’origine des émeutes »

« L’Occident capitaliste est en train de perdre ses plumes », me confiait-on récemment. Après les scandales politiques autour du magnat de la presse Rupert Murdoch, après la crise financière et la guerre qui s’est enlisée en Libye, on a droit maintenant aux émeutes au berceau même du capitalisme mondial : Londres. Bien des observateurs font remarquer que ce qui s’est passé en Grande-Bretagne peut également se passer dans n’importe quelle grande ville européenne. De telles émeutes sont en premier lieu des signes que cette crise a atteint la limite du supportable. Nous nous trouvons devant un choix : « le socialisme ou la barbarie », voilà qui devient de plus en plus clair et concret. Au lieu de défendre à tout prix le système qui provoque cette crise et ne parvenir ainsi qu’à accroître la misère, il serait plus que temps de chercher une autre issue.

Dans un communiqué, la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, la WFDY, dont Comac, le mouvement des jeunes du PTB, fait également partie, condamne les émeutes criminelles. Mais la fédération dit en même temps que ces émeutes « sont le résultat direct du système économique capitaliste et de l’aliénation des jeunes en général ». La WFDY invite les jeunes Britanniques à exprimer leur colère de façon constructive et « à s’organiser afin de trouver la meilleure façon de changer leur pays, ce qui aura plus de chance de se produire en renversant l’ordre régnant et non en détruisant les biens publics et privés ».[13]


[1] The Guardian, 11 août.
[2] AFP et The Economic Times du 11 août.
[3] http://pennyred.blogspot.com/2011/08/panic-on-streets-of-london.html
[4]http://maptube.org/map.aspx?m=ol&s=bBHFGlAlRcsKCSaXwRjAplwcCnYMClA9&k=http%3A%2F%2Forca.casa.ucl.ac.uk%2F~ollie%2Fmisc%2Flondonriots_verified_20110809_1514.kml
[5] http://www.dewereldmorgen.be/artikels/2011/08/10/manchester-my-life-shit-anyway
[6] The Morning Star et De Standaard, 11 août.
[7] The Irish Times, 12 août.
[8] BBC, 8 juillet : « London woman granted legal bid over stop & search powers ».
[9] IPPC = Independent Police Complaints Commission.
[10] The Guardian, 8 août.
[11] The Guardian, 8 août et Proletarian, 9 août.
[12] Solidaire, 19 octobre 2010.
[13] The Morning Star, 10 août

jeudi 4 août 2011

Corne de l'Afrique:: les dessous de la famine

12 millions de personnes sont menacées de famine en Afrique de l’Est, estiment les Nations Unies. La sécheresse exceptionnelle est citée comme cause principale de la catastrophe. « Ne croyez pas cela ! Cette famine est d’origine humaine. C’est le résultat d’une politique », explique Mohamed Hassan, spécialiste de cette région.


Cécile Chams, Parti du Travail de Belgique


La famine menace quelque 12 millions de personnes, avertit la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, « qui évalue à 120 millions de dollars les fonds nécessaires pour faire face à la sécheresse dans la Corne de l'Afrique et fournir une assistance rapide à l'agriculture ». Il y a la Somalie, mais pas seulement. « La crise actuelle affecte l'ensemble de la Corne de l'Afrique, notamment la partie nord du Kenya et les parties méridionales de l'Ethiopie, Djibouti et la région du Karamoja en Ouganda. »1Mais quelles sont les causes de cette famine ? Selon la FAO, « la crise alimentaire dans la Corne de l'Afrique a été déclenchée par la sécheresse, les conflits armés et l'envolée des prix des produits alimentaires. »2


Des fleurs au lieu de céréales


3,2 millions d’Ethiopiens ont besoin d’une aide urgente, estime la FAO. Dans ce pays, les prix du maïs ont bondi de 60 à 120 % entre mars et mai 2011. Des images de sécheresse et d’enfants décharnées défilent sur nos écrans… « L’Ethiopie est le château d’eau de l’Afrique, explique Mohamed Hassan. Ce pays a des ressources hydrauliques immenses ! C’est notamment là que le Nil prend sa source. Quelque 115 milliards de mètres cubes d’eau passent chaque année par les quatre fleuves principaux. L’Ethiopie a une superficie de 1,14 millions de km2, soit deux fois celle de la France. On estime que 65 % sont de la terre arable3.


C’est aussi le pays d’Afrique le plus riche en bétail. Il y a aussi des minerais, du gaz naturel. Mais la minorité ethnique au pouvoir a fait alliance avec les Etats-Unis et a ouvert largement les portes du pays pour l’exploitation des sols et des ressources aux multinationales. Ce pays est notamment devenu un des plus gros producteurs mondiaux de fleurs coupées. Alors qu’une partie de la population souffre de la faim, les meilleures terres sont réservées à produire des fleurs, au profit des multinationales. »L’Ethiopie exporte aujourd’hui pour 550 millions de dollars de produits horticoles. Plus de 90 sociétés ont investi dans le secteur. L'Éthiopie est devenue le deuxième pays exportateur de fleurs coupées de l’Afrique, juste derrière le Kenya voisin, également touché par la famine.


L’an dernier, Arte a consacré un reportage à cette spoliation des terres en Ethiopie. En échange de leurs terres, les paysans s’étaient vus promettre une indemnisation du gouvernement… qui n’a jamais été versée. « Pour subvenir à leurs besoins, les agriculteurs se voient condamnés à travailler dans les fermes horticoles. Pour des salaires de misère : 50 cents par jour, sans aucune protection contre les pesticides. Esclaves de cartels anonymes qui leur ont soustrait leurs biens. »4« Bien sûr, il y a une sécheresse cette année, précise Mohamed Hassan. Elle est le résultat du réchauffement climatique dont l’Occident, Etats-Unis en tête, est responsable. Mais sécheresse ne signifie pas automatiquement famine. Chaque pays doit se constituer des réservoirs d’eau et utiliser les réserves disponibles de façon rationnelle et équitable. C’est malhonnête de placer la sècheresse comme cause principale du problème. »

Le pompier pyromane

La Somalie est le pays de la région le plus menacé par la famine. 3,7 millions de Somaliens ont besoin d’une aide urgente, estime la FAO. La Somalie est un grand pays de la taille de la France, avec un climat semi-aride. Elle dispose néanmoins de deux cent mille hectares de terres cultivées. A côté de cela, elle possède de l'uranium, des réserves largement inexploitées de minerai de fer, de l'étain, du gypse, de la bauxite, du cuivre, sel, du gaz naturel et très probablement du pétrole. « Mais surtout c’est un pays d’importance stratégique majeure, explique Mohamed Hassan. Le pays a la plus vaste côte d’Afrique (3.025 km) et fait face au Golfe arabique et au détroit d’Hormuz, deux centres névralgiques de l’économie de l’Océan Indien. En effet, la moitié de la flotte mondiale des porte-conteneurs et 70% du trafic total des produits pétroliers passent par l’Océan Indien. Et ce pays a été ravagé par la guerre et par l’intervention des Etats-Unis en 1992. Ceux-ci avaient découvert quelques années auparavant de possibles réserves de pétrole en Somalie. Depuis, la politique des Etats-Unis a été de maintenir le chaos en Somalie, sans véritable gouvernement.


En maintenant l’instabilité du pays, notamment de ses côtes, les Etats-Unis veulent enrayer le développement des relations entre l’Afrique de l’Est et les puissances émergentes comme l’Inde et la Chine. Cette politique a bloqué le développement du pays et est la cause principale de la famine. Les Etats-Unis utilisent aussi le territoire somalien à des fins militaires. Sous prétexte de combattre le terrorisme, ils ont construit des prisons à Mogadiscio et détiennent des centaines de gens, au mépris des lois internationales. Ces gens ont été kidnappés dans divers pays. Ils font de Mogadiscio, la capitale de la Somalie, le nouveau Guantanamo. Et ils vont se servir de la famine pour renforcer leur présence et justifier une intervention militaire. Donc, quand les Etats-Unis et les pays occidentaux appellent à aider la Somalie, c’est véritablement l’histoire du pompier pyromane. »


La région de la Corne de l’Afrique est plus vaste que l’Europe occidentale, avec une variété de climats. « Avec ses richesses en eau, en terres cultivables, en gaz, en minerais... cette région pourrait nourrir largement tous ses habitants, insiste Mohamed Hassan. Si une région connaît temporairement une sécheresse, d’autres régions pourraient compenser les pertes. Pourquoi y a-t-il de la famine en Ethiopie, en Somalie et au Kenya et pas en Erythrée ? Ce pays mène une politique indépendante et a presque atteint la sécurité alimentaire pour ses 5 millions d’habitants. Le prix des denrées alimentaire y a même été réduit de 50%. Mais pour que cette région puisse se développer, il faudrait cesser toute intervention étrangère et permettre aux populations de prendre leur sort en main. »
1.FAO, 20 juillet 2011. 2. FAO, 25 juillet 2011. 3. http://www.ethiopie-online.com/ 4. Ethiopie : des fleurs contre la faim, ARTE, 2010

lundi 25 juillet 2011

La création de GAMMA est une grave atteinte à la démocratie.

Le Parti communiste du Québec (section du Parti communiste du Canada) dénonce la création de l’escouade GAMMA (Guet des activités et des mouvements marginaux et anarchistes) qui relève de la division du crime organisé du Service de police de la ville de Montréal et exige des autorités concernées son démantèlement immédiat.

Comme son nom l’indique, cette escouade visent spécifiquement des groupes de personnes qui remettent en question l’ordre social et politique établi et qui contestent les injustices qui en découlent. Il s’agit en fait de la mise sur pied d’une police ouvertement déclarée « politique » et cela porte une grave et dangereuse atteinte aux droits civiques et démocratiques.

La création de l’escouade GAMMA, il y a deux ans, coïncide avec l’adoption des mesures d’austérité adoptées par les gouvernements Charest et Harper pour soi-disant redresser les finances publiques. Ces gouvernements savaient bien que ses mesures seraient impopulaires et ils semblent s’être organisés pour limiter la contestation.

Mais ce n’est que le 29 juin dernier à l’occasion d’une opération en force impliquant une trentaine de policiers pour procéder à l’arrestation de quatre personnes et à la perquisition de leurs domiciles que l’existence de cette escouade a été révélée au grand jour. Les quatre personnes arrêtées ont été accusées par la suite d’une série d’infractions criminelles en rapport avec une escarmouche avec des policiers survenue deux mois plus tôt à l’occasion d’une manifestation organisée par la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) à Montréal, le 1er mai 2011.

Deux jours plus tard, l’Équipe intégrée sur la sécurité nationale (EISN) dirigée par la GRC a installé un poste de commandement à Trois-Rivières dans le but d’essayer de recueillir des témoignages et d’impliquer ces quatre personnes dans un attentat à la bombe survenu contre un centre de recrutement des Forces armées canadiennes à Trois-Rivières en juillet 2010.

Cette volonté de réprimer toute contestation est devenue encore plus évidente lorsqu’on a vu l’escouade GAMMA récidiver quelques jours plus tard en procédant à l’arrestation de quatre autres militant-e-s, à savoir des étudiant-e-s, dont trois sont des membres élus du comité de direction de l’ASSÉ (Association pour une solidarité syndicale étudiante), l’une des principales organisations étudiantes du Québec.

Ces arrestations se produisent plusieurs mois après les faits survenus en mars dernier dans le cadre d’actions d’occupation par les étudiantes et les étudiants des bureaux du ministre des Finances, Raymond Bachand, et de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), en vue de protester contre la hausse des frais de scolarité, mais aussi à quelques semaines d’une importante mobilisation du mouvement étudiant québécois prévue dès l’automne prochain.

Des plaintes ont été déposées devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse par des individus et par l’ASSÉ. Selon toute vraisemblance, le mandat de cette escouade contreviendrait directement aux dispositions de la Charte des droits et libertés de la personne qui spécifient qu’aucune personne ne doit subir de distinction, d’exclusion ou de préférence fondée sur ses convictions politiques.

Le Parti communiste appuie pleinement la démarche de l’ASSÉ. Les forces démocratiques ne peuvent rester silencieuses face à une telle menace à la démocratie.

La répression de la dissidence politique de gauche n’est pas chose nouvelle au Canada. Le Parti communiste du Canada en fut une victime de premier choix depuis le début de son existence.

On peut par exemple rappeler la Loi protégeant la province contre la propagande communiste, véritable loi fasciste connue sous le nom de la Loi du cadenas, adoptée au Québec en 1937 et qui ne fut déclarée inconstitutionnelle par la Cour Suprême qu’en 1957 parce qu'elle empiétait sur le droit criminel qui est un champ de compétence fédérale. Cette loi permettait d’emprisonner jusqu’à un an toute personne qui aurait imprimé, publié ou diffusé « un écrit quelconque propageant ou tendant à propager le communisme ou le bolchévisme.» Or bien que visant nommément les communistes, cette loi a largement servi à attaquer et à terroriser les militant-e-s syndicaux et progressistes.

Rappelons aussi que durant les années 1930, au plus fort de la lutte que dirigeait le Parti communiste du Canada pour obtenir un programme d’assurance-chômage, Tim Buck, son secrétaire général pendant de nombreuses années, et sept autres dirigeants avaient été arrêtés et emprisonnés en vertu de la fameuse Section 98 du Code criminel rendant illégales les organisations soi-disant « subversives ». Tim Buck avait même été victime d’une tentative d’assassinat dans sa cellule de prison.

On peut mentionner aussi le programme nommé PROFUNC (PROminent FUNCtionaries of the Communist Party) administré par la GRC depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale et qui visait à l’internement massif de personnes identifiées comme étant communistes ou sympathisantes et sur lequel l’émission Enquête de Radio-Canada avait produit reportage percutant diffusé en octobre 2010. Au total, plus de 65 000 personnes étaient inscrites sur une liste d’arrestations possibles. Cette liste qui était continuellement mise à jour, avait servi pour effectuer les centaines d’arrestations arbitraires qui eurent lieu au Québec durant la crise d’octobre 1970, encore une fois dans le but d’attaquer et d’intimider les mouvements progressistes et nationalistes québécois.

Les arrestations massives (plus de 1 100) survenues lors des sommets du G8 et du G20 l’été dernier à Toronto ont éloquemment illustré la volonté de l’appareil d’État au Canada de juguler la dissidence. La soi-disant «guerre au terrorisme» est utilisée par le SCRS pour justifier un vaste programme de surveillance et d'infiltration des mouvements d'opposition populaire. Les forces policières s’adonnent au profilage racial, harcelant et même, assassinant des gens des communautés culturelles, comme Freddy Villanueva par exemple. Notons aussi qu’immédiatement après avoir été élu en 2006, le Premier ministre Stephen Harper a ordonné que soit fait un espionnage et une surveillance étroite des militant-e-s et des communautés des Premières Nations partout à travers le pays.

L’élection depuis d’un gouvernement conservateur majoritaire le 2 mai 2011 aggrave les menaces qui pesaient déjà sur les droits démocratiques au Canada étant donné les efforts constants du gouvernement Harper d’écraser toute résistance du mouvement ouvrier à faire les frais de la crise capitaliste, comme on a pu le voir dernièrement avec les lois spéciales contre les travailleuses et les travailleurs de Postes Canada et d’Air Canada.

Nous appelons les mouvements ouvrier, populaire et démocratique, qui sont la cible principale et véritable des manœuvres visant à criminaliser la dissidence au Canada, à exiger la fin de ces politiques de répression des forces d'opposition progressistes. Nous devons défaire les gouvernements réactionnaires d’Harper et de Charest, ce qui serait un grand pas en avant dans la construction d’un mouvement pour un Canada et un Québec plus démocratique, et nous nous engageons à continuer à faire tout en notre pouvoir pour atteindre ce but.

En particulier, le Parti communiste demande :

· l'abrogation de la Loi antiterroriste, et la cessation de la détention secrète sans procès, des certificats de sécurité et de la «no-fly list».
· l’annulation de la «déclaration de sécurité des frontières», qui implique le partage d’informations avec le US Département of Homeland Security, et qui permet aux troupes américaines d’entrer au Canada en cas de «situations d’urgence».
· l’interdiction du «profilage racial» par l’État.
· l’établissement d’un contrôle démocratique et civil des forces armées, et des forces policières et du système carcéral.
· l’élimination d’escouades visant la répression de la dissidence politique. En particulier, le gouvernement doit annoncer publiquement le démantèlement de l’escouade GAMMA.
· l’abolition de la GRC et le démantèlement du SCRS.



25 juillet 2011
Comité exécutif national
Parti communiste du Québec

vendredi 24 juin 2011

LA LOI SPÉCIALE CONSERVATRICE POUR FORCER LE RETOUR AU TRAVAIL EST UNE ATTAQUE CONTRE TOUS LES TRAVAILLEURS ET TOUTES LES TRAVAILLEUSES DU CANADA

24 juin 2011
Pour diffusion immédiate


« Le Parti communiste dénonce la décision du gouvernement fédéral conservateur de forcer le retour au travail par une loi spéciale à Poste Canada comme étant une attaque dirigée non seulement contre les postiers et les postières du Canada, mais aussi contre les droits, les conditions de travail et le niveau de vie de tous les travailleurs et de toutes les travailleuses au Canada - tant syndiqués que non syndiqués », a déclaré le comité exécutif central du parti dans un communiqué publié aujourd'hui.

«Cette loi confirme ce que nous avions dit être la cause du conflit aux Postes: au lieu de s'engager dans des négociations sérieuses, Postes Canada a compté sur le gouvernement Harper pour l’aider à imposer des reculs importants dans la convention collective », a déclaré le communiqué du CEC.

«Malgré la réalisation de bénéfices à chaque année, la société exige une énorme réduction de salaire pour les nouveaux embauché-e-s, s’attaque au programme de congés de maladie, et demande de nombreuses autres concessions. Poste Canada n'a jamais eu l'intention de négocier de bonne foi avec ses employé-e-s. Au contraire, elle a soigneusement fomenté une confrontation avec le STTP – pour finalement décréter un lock-out le 14 juin et la fermeture de tous les services postaux à travers le pays - tout en sachant parfaitement que les Conservateurs d’Harper interviendraient à la rescousse de ses intérêts corporatifs.

« Cette attaque fait partie d'une stratégie plus large du gouvernement Harper pour réduire tous les salaires, les pensions et les conditions de travail des employé-e-s tant du secteur public et que privé partout au Canada. Cette politique des entreprises et du gouvernement d’augmenter les profits en réduisant les salaires et les pensions des travailleurs-euses sera le mantra des Conservateurs d’Harper pour les quatre prochaines années.»


«Ces interventions anti-ouvrières dans les conflits à Poste Canada et à Air Canada, avaient été planifiées depuis un certain temps. Ce n’est pas un hasard que le STTP et les Travailleurs-euses canadiens de l’automobile (TCA) aient été les premiers syndicats à être attaqués aussi durement depuis l'élection. L'offensive des Conservateurs d’harper et de la grande entreprise vise à casser les reins du mouvement ouvrier, en commençant par deux de ses syndicats affiliés les plus militants.»

«Tout comme en Europe, dans le Wisconsin et dans d'autres États américains, les Conservateurs et leurs maîtres capitalistes visent à affaiblir et détruire le mouvement syndical - la force la plus organisée pour résister à la politique des grandes entreprises de faire porter le fardeau de la crise économique mondiale sur le dos de la classe ouvrière et des travailleurs-euses en général.»
«Il faudra mener une campagne pour bâtir une riposte massive du mouvement ouvrier et de ses partenaires pour la justice sociale afin de bloquer ce vicieux programme capitaliste. Nous exhortons le Congrès du travail du Canada, la CSN et tous les niveaux du mouvement syndical de prendre des mesures d'urgence pour commencer à construire de telles mobilisations immédiatement.»
= 30 =
Pour plus d'informations, contactez Miguel Figueroa au 416-469-2446 ou figueroa@cpc-pcc.ca.

mercredi 22 juin 2011

UN KKE FORT DANS LES LUTTES ET DANS LES ÉLECTIONS

Parti communiste de Grèce


Le KKE avec des manifestations politiques de masse à Athènes a réalisé une intervention politique directe dans les derniers développements politiques anti-populaires prévus par la ploutocratie et la bourgeoisie Grecques, avec un remaniement ministériel parmi divers scénarios pour assurer la gestion de la capitalisme. Le secrétaire-générale du KKE, Aleka Papariga, s'est exprimé lors de la manifestation à Athènes, et a souligné entre autres :« Nous exigeons des élections afin que le peuple puisse ouvrir une première plaie dans le système politique bourgeois. Plus le gouvernement qui sera formé sera faible, plus facile il sera pour le peuple d'éviter le pire.


Nous ignorons l'intention du Premier ministre de démissionner, la disposition du président de la ND, Samaras, à former un gouvernement de coalition, tout comme le résultat de tout cela qui est un remaniement ridicule. Nous ignorons ce remaniement d'opérette ; cela n'a aucune importance que tel ministre quitte son poste ou qu'un autre prenne sa place. Ils ont échoué temporairement à obtenir un consensus, ils feront une autre tentative.


Ignorons leurs menaces selon lesquelles si le peuple Grec ne se plie pas, il se retrouvera sans salaires et sans retraites. Ils essaient de transformer leurs propres dilemmes en dilemmes populaires. Ils essaient de transformer leur panique et leur peur face à la mise à nu de la nature du système capitaliste en panique et en peur populaires. Quand ceux d'en-haut tremblent, le peuple d'en bas doit contre-attaquer avec encore plus de militantisme. La crise dans la zone Euro est profonde, en particulier en Irlande et au Portugal. On prédit des problèmes pour l'économie Italienne et que la crise en Espagne ira en s'intensifiant. En conséquence, tous les peuples paieront, et donc il ne s'agit pas d'une forme de renégociation de la dette que réclament à cor et à cri la ND et SYRIZA.

Nous devons souligner la dette que les grands groupes, les monopoles, l'UE et l'OTAN ont envers le peuple, tout comme les partis bourgeois de la ND et du PASOK bien sûr (…) le peuple ne doit rien payer.LE PEUPLE DOIT DE SES PROPRES MAINS REPRENDRE CE QU'ILS LUI DOIVENT ET CE QUI LUI APPARTIENTIls ont une dette envers le peuple à cause de la plus-value qu'ils volent dans le processus de production (…)


Ils doivent de l'argent aux travailleurs dans le commerce, dans les services, dans le privé et le public, ils doivent de l'argent en salaires et en retraites à l'écrasante majorité des travailleurs salariés. Ils leur doivent la fortune énorme qu'ils ont accumulé dans les coffre-forts Suisses et d'ailleurs. Ils leur doivent l'argent détourné des fonds de sécurité sociale (…)


Ils leur doivent tout ce que les familles populaires Grecques ont payé pour leur éducation, leur couverture et leur prévention médicale, des mesures de santé et de sécurité (…) Ils leur doivent d'énormes sommes dues à tout l'argent dépensé en équipements militaires grâce à l'OTAN et aux guerres locales (…)


Il existe des potentialités de développement, de production, avec les richesses minérales que nous avons en notre possession, qui peuvent être réalisées de différentes façons, dans presque chaque secteur de l'industrie, dans chaque secteur de la production agricole, dans le transport maritime et dans la pêche...


Cette énorme dette sera collectée par le peuple seulement quand il prendra le pouvoir, ainsi que quand il se réappropriera les moyens de production, à travers la socialisation et les coopératives populaires, à travers le retrait de l'UE, à travers le contrôle des travailleurs et du peuple à la base, avec un parlement du peuple comptant des représentants élus issus des lieux de travail, des organisations de retraités, des étudiants et lycéens, avec une planification nationale qui éliminera toute forme de chômage. Le protagoniste de ces événements ne sera pas le peuple dans un sens vague mais le front uni et l'alliance des travailleurs, des indépendants, des paysans, des étudiants et des femmes issues de la classe ouvrière et des couches populaires.


Il existe une force avec des propositions concrètes, une expérience, un corps militant cohérent sans aucune manœuvre dangereuse et opportuniste : cette force se trouve dans le KKE, le front populaire social des organisations sociales radicales qui sont rassemblées dans l'alliance du PAME, du PASEVE, du PASY, de l'OGE, du MAS.DES SCENARIOS ANTIPOPULAIRES SE PREPARENT EN COULISSES ; ILS SONT MEME MIS A L'EPREUVE DANS LES RUES ET SUR LES PLACES. Ceux qui ont été trompés ne sont pas les seuls à se trouver sur les places. Les représentants de lobbies de puissants intérêts politiques et économiques se montrent comme « indignés » sur les places, aussi bien que des représentants d'ONG qui ont un rôle particulier, anciens collaborateurs et probablement actuels encore de la direction du PASOK – ils s'agitent pour des solutions de modernisation et de rénovation. (…)


NON A UNE ALLIANCE QUI A UNE VAGUE ETIQUETTE DE FORCES PROGRESSISTES ET DE GAUCHE, DE MODERNISATEURS ET DE RENOVATEURS, MAIS OUI A UNE ALLIANCE DES FORCES ANTI-CAPITALISTES, ANTI-IMPERIALISTES, ANTI-MONOPOLISTES, UNE ALLIANCE UNIE DANS SA LUTTE CONTRE LE POUVOIR DES MONOPOLES, POUR LE POUVOIR POPULAIRE.

Pas un pas en avant ne peut être fait sans une alliance avec le KKE, sans un KKE fort et puissant ».

UNE LUTTE POPULAIRE ORGANISÉE EST NÉCESSAIRE

Parti communiste de Grèce


« La grande majorité des travailleurs, des gens doit déclarer cela au pouvoir du capital : Nous ne vous croyons pas quoique vous nous disiez. Nous nous rassemblons pour remporter des petites et des grandes batailles et finalement la guerre », a souligné Aleka Papariga, parmi tant d'autres choses, dans son discours prononcé dans le cadre d'un rassemblement de masse et dynamique du KKE dans la soirée du 25 mai dans la ville de Larissa.

La secrétaire-générale du Comité central du parti a souligné qu'aujourd'hui des luttes populaires et ouvrières plus dynamiques et mieux organisées sont nécessaires, tout comme il faut remporter des petites et des grandes victoires. Mais il doit être clair que nous devons mener une lutte qui mènera au renversement du pouvoir des monopoles.

Plus tôt, dans une interview à la station de radio « Real FM », Aleka Papariga répondant à une question concernant les tentatives à partir du 25 mai, dans plusieurs cités Grecques, de lancer des mobilisations organisées comme celles qui se déroulent en Espagne, a fait remarquer entre autres que :


« Nous, en raison de notre nature en tant que parti, regardons toujours avec sympathie – et je le dis en toute sincérité – les tentatives populaires pour trouver un moyen de s'exprimer. Le spontané existe toujours et surtout se développe quand il existe simultanément une activité politique consciente – le spontané n'opère jamais dans le vide.

D'autre part, nous sommes très prudents sur le fait de dire que c'est la seule façon de riposter. Ce sont certaines explosions sans organisation, sans enracinement sur les lieux de travail, dans les industries, que ce soient dans le privé comme dans le public, ils n'ont aucune direction

politique fondamentale. Nous craignons que ce ne soit qu'une explosion, une mode qui va passer. Ce n'est pas quelque chose de négatif que des jeunes, qui cherchent un moyen de s'exprimer, acquièrent de l'expérience. Ce sera certainement une expérience. Nous n'adoptons pas une position hostile à leur égard. Mais cela m'a laissé l'impression que certains ennemis jurés du mouvement mettent cela en avant comme quelque chose d'important et d'idéal par opposition à la grève. Ceci est une erreur. Une des formes de la lutte, pas la seule, par laquelle le travailleur peut démontrer sa force, est la grève ; car il doit surmonter sa peur du patron. Il est beaucoup plus facile de se rassembler sur les places des grandes villes. »


En outre, dans un commentaire publié par le journal du KKE, Rizospastis, elle faisait remarquer : « Qui a un intérêt particulier dans un mouvement aux orientations « non-partisanes », quand en face l'adversaire dispose de partis avec une ligne et une stratégie politiques spécifiques, auxquels les divers fractions du capital identifient leur intérêt particulier ?


Sans vouloir sous-estimer les intentions de nombreuses personnes ordinaires qui protestent contre la dégradation continuelle de leurs conditions de vie, il est plus que certain que des mobilisations qui cherchent à libérer un sentiment de frustration sont beaucoup plus faciles à manipuler et beaucoup plus facile à « dégonfler ». La publicité reçue par l'initiative d'hier (mardi 24 mai) constitue une exploitation de l'esprit de résistance, que le système politique bourgeois, dans une démonstration de force, pose contre la lutte de classe. De cette façon, il peut intervenir pour se sauver, à un moment où la colère populaire augmente dangereusement et les conditions d'une radicalisation sont en passe d'être créées. Le mouvement a une expérience de telles aventures, lors des divers « forums », à Gênes etc. Il a également une expérience des mobilisations via internet, telles que celles organisées après les feux de forêts de 2007 et quatre ans plus tard, continuant le travail de la droite, le gouvernement brade ce qu'il reste de la terre, de la mer et de l'air. Nous devons aborder ces personnes ordinaires, qui se sont mobilisés spontanément afin qu'elles se rallient consciemment à la lutte de classe. Le PAME l'a déjà fait, avec une réponse positive. L'ennemi a une stratégie, une organisation et un nom. Le mouvement populaire doit faire la même chose pour gagner la guerre qui a été déclaré contre lui. »


Il convient de rappeler que le PAME a tenu samedi dernier 28 mai des manifestations dans de nombreuses villes Grecques. La déclaration commune duPAME, du PASEVE, du PASY, du MAS et de l'OGE affirme que: « Dans le cadre du développement capitaliste, il ne peut y avoir d'avenir ni de perspectives favorables au peuple. Les sacrifices, qu'ils nous appellent à faire, n'auront pas de fin. Vous n'avez pas de responsabilité dans la crise capitaliste. La dette et le déficit appartiennent à la ploutocratie. Ne les reconnaissez pas. Pas de consentement, aucun sacrifice, la ploutocratie doit payer pour la crise. »

vendredi 17 juin 2011

OSCAR CHAVEZ, 1948 - 2011




Oscar Chavez, socialiste et communiste de longue date, militant pour la libération nationale et sociale du Salvador, est décédé du cancer le 23 mai, à l'Hôpital Saint-Luc de Montréal, à l'âge de 63 ans.

Né au Salvador, à Puerto El Triunfo, comme beaucoup de jeunes de sa génération Oscar fut inspiré par la cause de la classe ouvrière et de la révolution. Encore adolescent, il organise un syndicat de pêcheurs de crevettes. Il commence alors à militer courageusement avec les socialistes et les communistes dans la clandestinité, et plus tard dans les années 1980, pendant la lutte de libération contre la junte militaire et ses escadrons de la mort, avec les forces qui se sont réunies au sein du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN).

Exilé au Québec, Oscar s’établit à Montréal où il devient un pilier de la gauche latino-américaine. Il rejoint le Parti communiste du Canada lorsque le Parti communiste du Québec commence à se réorganiser à la fin des années 90. Il est élu membre du Comité national du PCQ, poste qu’il a occupé jusqu'à sa mort.

Oscar était vu presque qu’à toutes les manifestations, tenant souvent la bannière du Parti et portant son béret du Che. Il manifestait pour la libération des cinq héros Cubains, pour le peuple Mapuche, contre le racisme, contre la guerre et l'impérialisme, avec les syndicats, les étudiant-e-s, et les organisations des femmes. Il était également membre de Québec Solidaire.

Oscar n'a jamais oublié sa patrie où il est retourné en visite. Il critiquait franchement au sein du FMLN l’abandon de la perspective unitaire et révolutionnaire du mouvement. Sa mort est une grande perte pour le Parti communiste du Québec, pour l’aile montréalaise du FMLN, et pour les mouvements progressistes.

Oscar va beaucoup manquer à sa famille, à ses camarades et amis dans la communauté latino-américaine à Montréal et dans les mouvements progressistes. L'exécutif national du PCQ et le Comité exécutif central du Parti communiste du Canada expriment leurs condoléances à la conjointe d’Oscar, sa famille, ses camarades et amis. Nous saluons sa vie de lutte pour la paix, le progrès social et le socialisme au Canada, au Salvador, et dans le monde.

Un hommage à Oscar aura lieu le samedi 25 Juin 2011, à 13:00, à l'Hôtel Lord Berri, 1199 rue Berri (près du métro Berri-UQAM et de la rue Ste-Catherine).

jeudi 16 juin 2011

GRÈCE: LE MAILLON FAIBLE

de PÔLE DE LA RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE

Depuis des mois la Grèce est le théâtre d’une tragédie digne d’Eschyle ou de Sophocle.

La Grèce, le peuple grec, sa classe ouvrière, ses travailleurs, ses fonctionnaires, sa classe moyenne, ses petits paysans, sont frappés par la foudre des dieux de l’UE, du FMI, de la BCE.


Sous le prétexte de la dette (réalisé par qui, pourquoi et comment ?!) les hommes du très grand capital européen et grec massacrent les acquis populaires, font régresser le niveau de vie des Grecs comme jamais depuis l’Occupation, mettent la Grèce sous tutelle, l’humiliant et la privant de sa souveraineté: comme pour la RDA, c’est un comité d’”experts” étrangers qui organisera les privatisations !

Cela avec la complicité du PASOK (le PS grec) et de la ND (la droite) ainsi que des néo fascistes de LAOS et des opportunistes de Synapsismos, section grecque du PGE de Pierre Laurent…. Mais le peuple grec se bat.

Armé d’un grand, influent et exemplaire Parti Communiste (KKE), d’un puissant mouvement syndical de masse et de classe (le PAME, 700.000 adhérents dans un pays de 11 millions d’habitants, avis à Bernard Thibault…. ), le peuple grec a des traditions multiséculaires de luttes, sociales et nationales : sans remonter aux légendaires luttes des libres cités grecques antiques contre l’Empire perse, luttes pour la renaissance du pays en 1820, lutte sociale et anti fasciste (Métaxas) dans les années 30, lutte pour la libération nationale et sociale de 1941 à 1944, puis contre les interventions impérialistes anglaise et américaine jusqu’en 1949, lutte contre les régimes monarcho-fascistes de 1950 à 1967, contre la junte des « Colonels », instrument des impérialistes us et du grand capital grec, jusqu’en 1974….. Le peuple grec n’a pas cessé de se battre guidé par son Parti Communiste.

Le KKE, légalisé en 1974 à la chute des « Colonels », a poursuivi le combat avec une opiniâtreté et une grande lucidité qui lui a permis de battre la très grave offensive opportuniste née en son sein par les « eurocommunistes », gorbatchéviens et mutants avant l’heure et de dénoncer la démagogie et la malfaisance du PASOK et la ND. Aujourd’hui le peuple grec se bat pied à pied contre les marionnettes PASOK-ND et les gauleiters de la « Troïka » (UE, FMI, BCE) ; Il se bat pour ses droits sociaux et l’indépendance nationale, drapeaux rouges et drapeaux grecs mêlés, les masses défient le capital et ses créatures : l’UE, le FMI, la BCE.

Mikis Théodorakis, le célèbre compositeur, le chantre national grec, devant la foule qui portait des drapeaux grecs et criait « Traîtres » ou « Voleurs », a dénoncé la politique du gouvernement “socialiste” de Georges Papandréou, qui a entraîné, selon lui, le pays « dans une grave crise et au bord du gouffre » et a dénoncé le « bradage national ».

Bref la Grèce est le maillon faible du dispositif du capitalisme en Europe. Les conditions pour une issue positive à la crise existent pour peu que les forces révolutionnaires, progressistes, patriotiques, avec à leur tête le KKE, parviennent à forger l’alliance de combat qui unira les grandes masses du peuple grec autour du drapeau bleu et blanc de l’indépendance nationale, du patriotisme populaire si puissant en Grèce et le drapeau rouge de la révolution et du socialisme, seule issue aux malheurs des Grecs.

L ’EAM (Front de Libération Nationale, l’immense mouvement de la Résistance nationale en Grèce) avait réussi cette alliance, gageons que le peuple grec forgera aujourd’hui encore les outils de sa libération.

Nous, Français, devons apporter un soutien de tous les instants au peuple grec: car l’agence « Standard and Poors », qui vient de déclasser la « dette souveraine » de BBB à CCC, en produisant aussitôt un renchérissement considérable des dettes hellènes, parle officiellement de déclasser la dette française de AAA à BBB « si des mesures fortes ne sont pas rapidement prises sur les retraites et sur la Sécurité sociale »… Et immédiatement, les chiens couchants de l’UMP ont réagi en proposant de supprimer un nouveau jour férié aux salariés français « pour financer la grande dépendance » : ils ne croient pas si bien dire !

Bref les peuples d’Europe ne se tromperont pas s’ils intensifient leur lutte, non pas pour « s’indigner » de manière vague, mais pour démanteler cette Union européenne de malheur, en finir avec le collier étrangleur de l’euro et mettre hors d’état de nuire les « Standard and Poors » et leurs petits télégraphistes des gouvernements « nationaux » traîtres à leur pays.

Antoine Manessis


Article publié par Dragan MIRIANOVIC, le 16 juin 2011

mercredi 15 juin 2011

POSTES CANADA: ARRÊTEZ DE FOMENTER L'ARRÊT DES OPÉRATIONS ET NÉGOCIEZ UNE CONVENTION ÉQUITABLE AVEC LE STTP

TRADUCTION D'UN TRACT DISTRIBUÉ LE 1er JUIN 2011

Au lieu de démolir le système canadien de distribution du courrier et d'attaquer les travailleuses et travailleurs des postes qui assurent ce service public vital, le gouvernement fédéral et Postes Canada doivent de négocier une convention collective équitable avec le Syndicat des travailleuses et travailleurs des postes.

À cause de leurs actions inconsidérées, la direction de Postes Canada et les Conservateurs de Stephen Harper sont sur le point de forcer l'arrêt de la distribution du courrier.

Pendant sept mois, au lieu de s'engager sérieusement dans les négociations, Postes Canada s’est obstiné à obtenir d’énormes concessions du syndicat. La demande de la société de réduire les salaires des nouveaux embauchés de 22%, sa demande pour laminer le programme des congés de maladie, gagné de haute lutte durant les précédentes négociations, et bien d'autres demandes de concessions, n'ont rien à voir avec la préservation de la viabilité financière de Postes Canada. Si la société était sérieuse dans ses prétentions, elle aurait dû agir et considérer les propositions très nombreuses et fort valables avancées par le STTP ces dernières années afin d’améliorer le service postal pour les Canadiens-nes. En fait, Postes Canada qui a généré des profits chaque année depuis 16 ans ne montre pas du tout le portrait d’une entreprise en crise financière imminente et sur le bord de la ruine!

La position de négociation de Postes Canada porte l'empreinte du gouvernement Harper et de ses politiques pro-entreprise et anti-ouvrières. Cette attaque est partie intégrante d'un assaut généralisé des entreprises et de leur gouvernement contre l’ensemble des salaires, des pensions et des conditions de travail dans les secteurs tant public que privé partout au Canada, ainsi qu’à travers le monde capitaliste tout entier. C'est encore une autre illustration de l’orientation des entreprises consistant à augmenter les profits en réduisant les salaires et les pensions des personnes qui travaillent.

Malgré les affirmations du contraire, l'arrêt des opérations de Postes Canada en raison de l'intransigeance de l’administration porterait un coup dur à des milliers de petites entreprises et leurs employé-e-s à travers le pays. Pour l'entreprise, faire des commentaires méprisant à l’effet qu' «il ya beaucoup de temps pour négocier» - comme le fit Jon Hamilton, directeur des communications de Postes Canada, à Radio-Canada le 30 mai - est une gifle pour les clients et les travailleuses et les travailleurs de postes.

Dès le lendemain, après que le STTP eut déposé de nouvelles propositions sérieuses pour éviter un arrêt des opérations, un comité de négociation de Postes Canada a pris moins de dix minutes pour rejeter l'offre finale du syndicat dans son intégralité. Ce rejet démontre bien que Postes Canada et les Conservateurs de Stephen Harper sont prêts à en découdre, en espérant une occasion d'infliger des dommages importants au mouvement ouvrier et à la classe ouvrière à travers le Canada. Nous pouvons nous attendre à voir une escalade et une intensification des attaques haineuses contre les travailleuses et les travailleurs des postes par les politiciens de droite et les grands médias. Le but de ces forces anti-ouvrières est d'attiser la colère contre les travailleuses et les travailleurs des postes, de diviser la classe ouvrière et de préparer le terrain pour le démembrement de Postes Canada et pour la privatisation complète de ce bien public. Le résultat final de cette stratégie ne peut être qu'un système de messagerie beaucoup plus pauvre, la hausse des coûts pour les clients, des salaires plus bas et conditions de travail plus dangereuses, et de plus gros bénéfices pour les entreprises privées qui cherchent à s’emparer de toutes les opérations de livraison du courrier au Canada.

Le Parti communiste exige qu’au lieu de faire des déclarations scandaleuses sur les coûts potentiels qu’impliquerait de payer des salaires décents aux travailleuses et travailleurs des postes, la direction de Postes Canada retire ses demandes anti-ouvrières et négocie une convention collective équitable avec ses employé-e-s. Au lieu d'encourager Postes Canada à continuer dans cette voie dangereuse, le gouvernement Harper doit être à la hauteur de ses responsabilités en garantissant un service de courrier fiable et abordable pour les Canadiens-nes dans toutes les régions, dans les zones rurales et comme urbaines.

dimanche 5 juin 2011

LE RENFORCEMENT DES PARTIS COMMUNISTES DANS LA PÉRIODE D'AGGRAVATION DE LA CRISE SYSTÉMIQUE DU CAPITALISME

20e Séminaire communiste international
Bruxelles, 13 – 15 mai 2011

Conclusions générales

Au niveau global, les conditions objectives pour le renforcement des partis communistes sont favorables. La crise généralisée du système capitaliste mondial s’aggrave et les tensions s’aiguisent. Dans plusieurs pays et dans plusieurs continents, de larges masses populaires se mettent en mouvement pour combattre les fâcheuses conséquences de cette crise globale. Dans ce contexte, les partis communistes doivent se renforcer sur tous les fronts: idéologique, politique et organisationnel.

Face au renforcement de la crise systémique…

1. Les travailleurs et les peuples du monde sont confrontés à une crise généralisée du système capitaliste et impérialiste1. A sa base, se trouve la contradiction principale entre capital et travail et cet antagonisme de classes s'est fortement renforcé avec la crise. Les travailleurs souffrent, frappés de plein fouet par la montée du chômage, les coupes salariales, la baisse des pensions, la destruction de leurs droits, par la chute du pouvoir d’achat et l’augmentation de la pauvreté. En même temps et grâce à l’intervention gigantesque des États, le grand capital voit gonfler ses profits. La vague de concentration a rendu les monopoles et les grosses sociétés financières encore plus puissants. Ils réalisent de superbénéfices et les distribuent généreusement sous forme de dividendes et de bonus. Pendant ce temps, les gouvernements du monde capitaliste font porter les charges de la crise par les travailleurs et les peuples du monde.

2. Face à cette polarisation et à la misère croissante, la mobilisation des travailleurs et des peuples a pris, au cours de l’année écoulée, un envol nouveau et encourageant.
- Plusieurs pays du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord ont connu une vague de soulèvements populaires et les peuples de Tunisie et d’Egypte sont parvenus à renverser leurs gouvernements et à chasser des présidents de longue date, inféodés à l'impérialisme. L’intervention militaire des pays de l’OTAN et des autres pays en Libye, l’intervention des troupes saoudiennes au Bahreïn, les ingérences et la subversion en Syrie montrent que, suite à la crise, la rivalité entre les pouvoirs impérialistes s'intensifie ainsi que la lutte pour le contrôle des ressources naturelles et les routes de transport énergétiques.
- Les programmes de restrictions sociales imposés dans les pays européens suscitent la colère et la résistance des couches travailleuses. Des luttes dures et significatives sont menées en Grèce, au Portugal, en France et ailleurs. Un phénomène particulièrement encourageant est la participation massive des jeunes.
- Une mobilisation sans précédent a frappé le Wisconsin aux Etats-Unis, où les travailleurs et étudiants ont combattu une loi locale qui s’attaque aux droits syndicaux dans le secteur public.
- En général, les contradictions entre l'impérialisme et les mouvements de libération nationale se renforcent, comme le montrent les mouvements populaires en Amérique Latine et dans les pays méditerranéens du Sud et de l'Est. Dans les pays en développement, les peuples mènent différentes formes de résistance contre les pouvoirs impérialistes et les forces réactionnaires locales. Dans la plupart des cas, elle s’exprime par des mouvements de masse contre la vie chère, pour les salaires et l’emploi, pour un enseignement démocratique (Inde, Bangladesh, Burkina Faso, Colombie, etc.). Dans d’autres cas, comme aux Philippines ou en Colombie, les forces révolutionnaires mènent une lutte de libération nationale et démocratique, armée.

3. La crise économique actuelle est la plus grave depuis les années 30 et est loin d’être finie. La faible reprise, épinglée par les institutions impérialistes et les médias, est extrêmement fragile. Une nouvelle vague de crise s’annonce car les contradictions qui sont à la base de la crise actuelle sont loin d’être résolues. Il s’agit en premier lieu de la contradiction entre capacités de production et demande solvable qui a mené à la crise de surproduction actuelle. Les interventions massives des États ont également atteint leurs limites. Pour des années encore, des programmes d’austérité sociale sont à l’ordre du jour dans de nombreux pays surendettés. Pour de nombreux pays, ces restrictions sortent déjà leurs effets sous forme des conséquences tragiques pour les travailleurs et les couches populaires pauvres. Dans chaque pays, la bourgeoisie et les partis qui la soutiennent procèdent, avec l'appui des organisations impérialistes comme l'UE, le FMI et la BCE, à des coupes massives dans le pouvoir d'achat des masses. En Grèce, en Irlande, au Portugal la situation s'aggrave. Aux États-Unis, un programme pluriannuel de restrictions sévères est annoncé.
S’y ajoute la flambée des prix du pétrole, des matières premières et des produits alimentaires de première nécessité, gonflés par la chasse au profit et les politiques usuraires des monopoles, mais aussi par la spéculation des super-nantis. Des catastrophes humaines frappent les pays les plus pauvres, mais tous les peuples du monde souffrent de cette montée des prix. Suite au dénuement absolu et à l'extension de la pauvreté, de nouvelles mobilisations, grèves et révoltes sont plus que probables.

4. Face à la crise, les prétendues « solutions », imaginées par les différentes forces politiques bourgeoises, créent de nouvelles contradictions et ne peuvent empêcher de nouvelles crises. Les interventions massives des États ont renforcé les capitalistes et les monopoles, et ont provoqué d'autre part de nouveaux sacrifices pour les travailleurs et les couches populaires. Les positions sociales-démocrates qui prônent une sortie « keynésienne » à la crise mènent à couper drastiquement dans les acquis sociaux. Les illusions, suscitées par l’arrivée au pouvoir d’Obama, se sont dissipées, car sa politique qui soutient les monopoles aux Etats-Unis ne fait qu’enrichir les riches.
Les partis sociaux-démocrates et réformistes continuent néanmoins à chercher et à propager une issue à l’intérieur du système. Ils vantent les vertus d’un capitalisme industriel et dynamique et promettent de créer un « capitalisme sain », sans « excès », sans « dysfonctionnements » ni « déséquilibres ». C’est leurrer le peuple et se leurrer soi-même. La concentration de pouvoir et de richesses entre les mains des monopoles et de l’oligarchie financière est l’essence même du système capitaliste. L’exploitation de la force de travail, la crise, l'anarchie et les déséquilibres dans la production, sont consubstantiels à la recherche du profit capitaliste. On ne pourra s’en débarrasser et la classe ouvrière ne pourra pas conquérir le pouvoir sans passer par la socialisation des monopoles.

5. Partout, dans les pays impérialistes, on voit que la percée de partis nationalistes, populistes et xénophobes est soutenue par la classe bourgeoise comme un obstacle anticommuniste. Ces partis empêchent que le peuple se libère de la politique bourgeoise. Ils empêchent une action commune avec les communistes en face du discrédit simultané de la social-démocratie et du pôle libéral du pouvoir bourgeois. En utilisant la démagogie sociale, ils sèment la division parmi les masses exploitées et opprimées, dévient les couches populaires de leurs ennemis et tuent la conscience de classe. Ces partis servent le pouvoir en place car ils créent un rempart contre une véritable sortie du système capitaliste, le socialisme.

6. Face aux contradictions qui s’accumulent, le système capitaliste réagit par des atteintes aux droits démocratiques. Le droit de grève et d’autres droits syndicaux sont attaqués, tandis que les tribunaux bourgeois érigent comme sacro-saint le droit d’entreprendre et la liberté de circulation des capitaux. Ainsi la démocratie bourgeoise dévoile sa nature de classe.
Les campagnes anticommunistes et la négation des réalisations historiques des pays anciennement socialistes servent la même cause : celle d’intimider les travailleurs et les forces populaires, qui se battent contre un système capitaliste qui ne peut résoudre ses problèmes, et qui choisissent la voie révolutionnaire pour construire une société socialiste. En même temps, la bourgeoisie intensifie la surveillance et prend toute sorte de mesures répressives, prétextant la lutte contre le terrorisme. La collecte généralisée de données personnelles sur tout un chacun enfreint le respect de la vie privée. Ainsi un vaste dispositif est mis en place pour faire face à des révoltes populaires et aux luttes de classe.

7. La crise crée une tendance au changement de rapports de forces dans le monde. Les contradictions entre pays capitalistes s’accroissent. Les interventions des forces impérialistes dans les pays arabes et du Moyen Orient montre comment elles rivalisent pour renforcer leur influence et pour assurer le contrôle des réserves pétrolières et des routes de transport énergétique. Les Etats-Unis se cramponnent à leur position de superpuissance impérialiste en intensifiant les investissements militaires et en concentrant leur attention géostratégique sur l’Asie. Mais les Etats-Unis perdent du terrain. Les pays émergents se coalisent et entrent en compétition pour les ressources naturelles, les sources d’énergie et les marchés mondiaux. Les tensions entre les Etats-Unis, les pays émergents, le Japon et l’Union européenne s'aiguisent et peuvent mener à plus de protectionnisme, à des conflits ouverts, à des guerre monétaires et finalement à des conflits militaires.
En même temps, les tensions inter-impérialistes s’accroissent au sein de l’Union européenne entre les pays plus solides et les pays les plus touchés par la crise. Un éclatement de l’eurozone pourrait bouleverser de fond en comble la construction européenne. Le couple franco-allemand s’efforce de sauver les intérêts des monopoles européens en imposant la « gouvernance économique » pour servir plus efficacement le capital monopoliste.

8. Dans cette nouvelle constellation des forces mondiales, la nouvelle stratégie de l’OTAN, formulée en novembre 2010 à Lisbonne, met à disposition une force de frappe commune pour défendre les intérêts stratégiques des impérialistes, tout en servant d’agent d’arbitrage pour les rivalités qui les opposent. Au nom de la lutte contre le terrorisme, la nouvelle stratégie permet des interventions partout dans le monde, y compris dans les pays non-membres de l’OTAN. La nouvelle stratégie fournit aujourd’hui des forces d’intervention plus flexibles, mobiles et versatiles, comme le montrent les interventions en Libye et en Côte d’Ivoire. Les projets impérialistes des EU sont en concordance avec la politique de défense commune de l'UE. L'OTAN utilise le Partenariat pour la Paix afin d'étendre sa zone d'activité et d'intervention à d'autres pays non-membres. Tout ceci n’exclut nullement la croissance des tensions entre grandes puissances pour la domination des régions stratégiques, pour le contrôle des sources énergétiques et des matières premières, pour garantir l’accès aux grandes voies d’approvisionnement.

...il faut renforcer les partis communistes et leurs organisations de masse.

1. Les événements actuels mettent le passage du capitalisme au socialisme à l'ordre du jour. Le rôle des partis communistes est crucial pour organiser la révolte, pour orienter les luttes et pour ouvrir la voie à des mises en cause fondamentales du système exploiteur. C’est ce qu’on peut vérifier partout dans les luttes passées et en cours. Une différence qualitative se manifeste si les masses sont préparées politiquement, si l’avant-garde est organisée, si le parti est solide au niveau idéologique et politique.

2. Le caractère du parti dépend de la tâche stratégique qu’il se donne, à savoir la révolution socialiste, en rupture avec le système bourgeois. C’est pourquoi une tâche essentielle est de se démarquer de toute forme d’opportunisme et d’électoralisme. Il s’agit de couper court à toute illusion de réforme fondamentale du système capitaliste et de démasquer la stratégie des forces politiques réformistes qui promettent la libération des travailleurs par la voie de réformes progressives.

3. Le caractère distinctif des partis communistes est dans leur fidélité à la voie révolutionnaire et dès lors à la primauté de la lutte de classe. C’est à travers les luttes de classes et la confrontation avec les forces bourgeoises que le parti se renforce et que la classe ouvrière prend conscience de ses tâches historiques. La bataille parlementaire et le travail dans les institutions bourgeoises ne sont pas plus que des moyens précieux pour mieux s’adresser aux masses et diriger les luttes de masse. Les opportunistes qui cherchent à béatifier le système capitaliste, abandonnent la lutte de classe et sont absorbés complètement par le travail parlementaire pour gérer le système.

4. Un des caractères distinctifs des partis communistes est la reconnaissance du rôle d’avant-garde de la classe ouvrière. La présence du parti sur les lieux de travail, dans les entreprises est cruciale, car c’est sur le lieu de travail que se déroule la bataille politique et idéologique la plus décisive, la bataille fondamentale entre le travail et le capital. Le parti doit renforcer constamment son caractère prolétarien, aussi en prêtant une attention particulière au travail dans les syndicats, les organisations de masse de la classe ouvrière. Il œuvre dans les syndicats à créer des pôles de luttes, de défense du syndicalisme de lutte de classe et à lier les aspirations et revendications des travailleurs à la lutte politique, c'est-à-dire le renversement du pouvoir capitaliste. L’importance et le rôle des communistes dans le mouvement syndical leur imposent des responsabilités accrues, en particulier dans l’exemple qu’ils doivent donner de dévouement, de militantisme et de fermeté dans la défense de la classe ouvrière et de ses intérêts, dans leur lutte et dans l’effort d’information et de formation en liaison avec la pratique. C’est ainsi qu’ils s’acquittent toujours mieux de leurs responsabilités de communistes envers les travailleurs.

5. Le renforcement des partis communistes en vue de la préparation aux défis qui les attendent est la tâche principale des périodes qui précèdent les luttes. Il s’agit tout d’abord d’élaborer, sur base du marxisme-léninisme, l’analyse de la situation dans chaque pays. Il s’agit d’analyser les classes et les rapports de force en présence et d’en déduire une stratégie révolutionnaire et une politique d'alliance sociale. Il s’agit de dresser un programme de revendications immédiates qui soutiennent les aspirations et les besoins des masses travailleuses et qui servent la stratégie révolutionnaire.
Dans le domaine organisationnel, les partis communistes emploient le centralisme démocratique comme instrument essentiel et essaient d'en améliorer constamment son application.

6. En préparation des confrontations, les partis communistes doivent nouer des liens plus fermes avec les masses. Il s’agit d’être présents là où les travailleurs se battent, d’affirmer le parti comme une force autonome, avec des mots d’ordres mobilisateurs. La situation concrète est différente de pays à pays et il est d’une importance vitale que le parti puisse apprécier correctement les forces et faiblesses ainsi que le niveau de conscience de l’avant-garde et des masses. Il s’agit de développer également une stratégie et une tactique révolutionnaire qui permettent de mettre les masses en mouvement. C’est à travers leurs expériences que les masses apprennent, à condition que le parti les aide à éviter les écueils réformistes et trompeurs. Une tactique appropriée sert à accompagner les masses dans cette prise de conscience révolutionnaire et à rallier un maximum d’alliés parmi les couches de paysans moyens et petits, les travailleurs indépendants et les autres couches populaires. Quelque soit sa dimension, un parti communiste s’efforce de s’implanter profondément parmi les masses laborieuses.

7. Il dépendra de la vigilance idéologique et politique de nos partis communistes si nous pourrons exploiter toutes les opportunités que la crise du système nous offre pour propager le socialisme. La crise capitaliste présente de grandes opportunités pour les communistes, car beaucoup d’illusions sur les bienfaits du capitalisme s’effondrent. C’est le moment de convaincre ceux et celles qui critiquent uniquement le néolibéralisme, qu’il ne s’agit pas d’un choix de politique mais d’un choix de système. C’est le moment de convaincre ceux et celles qui critiquent l’absence de mesures fermes contre les banques et les spéculateurs que le pouvoir du capital ne peut être réformé, qu'il peut seulement être renversé. Il s’agit de mettre en avant l’alternative du système socialiste. La propagande pour le socialisme doit être présente dans l’agitation de masse et pas seulement une idée à sortir au moment opportun.

8. L’avancée des partis communistes parmi les masses dépendra avant tout de leur rôle d’avant-garde dans les luttes contre les plans d’austérité, contre les aventures guerrières et pour des revendications sociales et démocratiques aussi bien que pour la libération nationale et sociale. Les communistes sont les meilleurs défenseurs des intérêts immédiats, car ils se battent pour une société sans exploitation des travailleurs. La force de la classe ouvrière et l'alliance sociale se construisent dans la lutte quotidienne. C'est dans la lutte que le parti renforce son autorité et son expertise raffermit sa présence dans la classe ouvrière. C’est dans les luttes immédiates que l’autorité et le soutien des masses se renforcent, que les partis construisent une expertise et une implantation ferme parmi les masses. Cela ne se fera que dans la mesure où le parti prendra ses responsabilités pour mobiliser, conscientiser et organiser les masses. Il le fait par son travail autonome en tant que parti et à travers l’action de ses membres dans les syndicats et les organisations de masse.

9. Il est important de tirer constamment le bilan des interventions du parti dans les luttes de masse. Il s’agit de juger de la politique et de la tactique suivies, des résultats concernant le renforcement du parti et des organisations de masse. La pratique de la critique et de l’autocritique sur base du marxisme-léninisme est essentielle pour généraliser les acquis et pour redresser les erreurs. Un parti qui cultive cette pratique matérialiste et dialectique avancera plus vite.

10. La crise frappe toutes les couches travailleuses de la société.
Elle frappe les femmes via le chômage, le sous-emploi, les - conditions de travail, les salaires, les droits spécifiques des femmes et de multiples discriminations. En Tunisie et en Égypte, elles étaient aux premiers rangs des soulèvements populaires.
Elle frappe les travailleurs immigrés, les réfugiés, les - sans-papiers. Nous saluons particulièrement les grèves et manifestations militantes des sans-papiers en France, pour un travail décent et l’égalité des droits.
Elle frappe aussi la jeunesse, victime de la croissance du - chômage, des coupes dans l’enseignement et dans la sécurité sociale, de l’emploi précaire et du rallongement de la carrière. Pour les partis communistes, c’est une opportunité de rajeunir leurs rangs en recrutant de nouvelles forces dans une génération qui « en a marre » et qui cherche une réelle voie de sortie qu'est le socialisme. Pour les partis communistes, il s’agit aussi de rajeunir leurs méthodes de travail, de s’adapter à l’ère de l’électronique et de la communication instantanée, en combinaison avec les méthodes classiques. Le potentiel de mobilisation de ces méthodes nouvelles a amplement été démontré dans les récentes révoltes dans les pays arabes et ailleurs.

11. Dans tout travail parmi les masses, le renforcement du parti par le recrutement de nouveaux membres constitue une priorité absolue. Il s’agit de construire un parti inébranlable dont dépendront l’orientation et le succès des luttes futures.
L’immersion dans les luttes de classe constitue une excellente opportunité pour former de nouvelles générations de cadres et membres. Une grande partie de la jeunesse actuelle, et certainement la génération qui a subi la vague anticommuniste d’après 1989, n’a jamais connu une crise d’une telle importance ou gravité. C’est maintenant qu’elle se prépare à assumer son rôle révolutionnaire au cours des décennies à venir.

12. Il est impératif d’accélérer la coopération internationale entre partis communistes, au niveau global et au niveau régional, à travers des rencontres bilatérales et multilatérales. Nous affrontons le même ennemi, l'impérialisme. Nous subissons les mêmes attaques, nous partageons les mêmes soucis et les mêmes objectifs. Il y a beaucoup de possibilités de concertation, de collaboration et d’entraide qui doivent être exploitées au maximum. S’entraider est avant tout créer la possibilité d’apprendre des expériences et des réalisations les plus avancées. Il faut le faire dans le domaine théorique et politique, dans le domaine de la construction du parti, de la direction des luttes de masse, de la construction des organisations de masse. Il faut échanger plus intensivement les expériences de lutte de classe, de campagnes électorales, de la communication de masse et de l’agitation. L'entraide mutuelle et la solidarité sont essentielles.

Travailleurs du monde entier, unissons-nous !

1 Déclaration du 18e SCI, Déclaration sur la crise, mai 2009; Conclusions générales du 19e SCI, Les partis communistes face à l’approfondissement de la crise systémique capitaliste, mai 2010.

lundi 23 mai 2011

DES CONGRÈS SYNDICAUX POUR RÉSISTER AU VENT DE DROITE

Par Robert Luxley


À son congrès tenu la deuxième semaine de mai, le Congrès du Travail du Canada, auquel est affiliée la FTQ, a adopté un plan de travail et de mobilisation de son membership et de la société civile pour vaincre le programme de la droite au Canada. Le CTC considère que l’élection d’un gouvernement conservateur d’ultra-droite majoritaire le 2 mai dernier constitue une grave menace pour les services publics, notamment dans la santé et les services sociaux, pour les régimes de pension tant publics que privées du Canada, ainsi que pour la paix dans les relations internationales.

Le Congrès du travail du Canada (CTC) et son Comité national de campagne (CNC) travaillera donc en collaboration avec ses organisations affiliées, à travers les fédérations du travail et les conseils du travail, à créer une dynamique en mobilisant ses membres et ses alliés dans les communautés, par l'éducation, dans des manifestations publiques et dans l'action directe le cas échéant, à l'encontre du programme de la droite.

Il souhaite construire une opposition efficace et large au programme de la droite. À son 27e Congrès, prévue en 2014, il sera présenté un plan politique pour défaire le gouvernement conservateur et élire un gouvernement fédéral du NPD.

Le CTC prévoit créer une forte opposition de principe à la fois au sein du mouvement syndical et de ses alliés en coalition, et qui pourra anticiper et contrecarrer les initiatives législatives du gouvernement avec une série d'actions ciblées et spécifiques. Il travaillera aussi à développer une stratégie parlementaire pour le lobbying et le travail en comité parlementaire.

Le CTC entend travailler avec ses affiliés à engager des ressources pour coordonner des campagnes politiques en appui direct ou indirect à des partis progressistes et à leurs candidats dans les élections provinciales et municipales au cours des trois prochaines années. Il entend utiliser ces élections comme un moyen de tester et d’adapter ses stratégies en vue de la prochaine élection fédérale prévue le 19 octobre 2015.

Le CTC veut aussi avec ses affiliés construire un mouvement ouvrier fort et progressiste pour lutter contre le programme de droite que les compagnies et la haute finance veulent imposer au pays. Il s'agira notamment de se livrer à des campagnes de mobilisation des membres, de sensibilisation du public et d’actions directes, basées sur des questions touchant spécifiquement les affiliés ainsi que sur les grandes questions politiques du jour afin de gagner le soutien de la population travailleuse.

Le CTC veut renforcer les coalitions et travailler à renforcer les relations avec les partenaires de la société civile afin d'élargir la base de son travail de campagne. Il essaiera de trouver des façons d'aider la société civile et ses partenaires de coalition pour améliorer leur capacité et les ressources, et associer leurs travaux aux activités des conseils du travail dans les collectivités.

La semaine suivante, du 15 au 20 mai, le congrès de la CSN qui se tenait à Montréal, adoptait lui aussi une série de propositions visant à lutter contre le programme de la droite, de réduire les inégalités et en faveur d’un développement économique durable. Le congrès était aussi amené à réfléchir sur l’action syndicale alors que les syndicats sont l’objet de furieuses attaques de la part de la droite par les temps qui courent.

Le congrès avait débuté alors que l’ADQ se réunissait pour adopter des mesures d’extrême- droite contre les syndiqués dans l’éventualité où il prendrait le pouvoir, notamment visant à interdire à leurs syndicats de se préoccuper de questions politiques et limiter leur action strictement aux relations de travail.

L’un des moments forts du congrès fut lorsque Madame Stephanie Bloomingdale, secrétaire-trésorière de l’AFL-CIO du Wisconsin prit la parole. Elle livra un vibrant témoignage de la lutte contre la loi adoptée par le gouverneur républicain de cet État, Scott Walker, lequel est lié au mouvement d’extrême-droite Tea Party, et qui interdit dorénavant aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public de l’État de négocier collectivement leurs conditions de travail et leurs avantages sociaux.

Loin de se laisser intimider par les menaces anti-ouvrières de Gérard Deltell de l’ADQ, le congrès a adopté les propositions suivantes :

A. Que la CSN propose aux autres organisations syndicales québécoises et canadiennes ainsi qu’aux groupes de défense des non-syndiqué-es une offensive concertée pour promouvoir le travail décent, la pertinence du syndicalisme et le droit à la syndicalisation au Québec et au Canada, notamment pour les travailleuses et les travailleurs les plus vulnérables et les moins organisés.

B. Que la CSN organise un événement sur le syndicalisme, ses défis et les enjeux de son renouvellement notamment la relève syndicale représentative de ses membres et, si possible, qu’elle le fasse en collaboration avec ses partenaires syndicaux québécois en impliquant particulièrement les jeunes.

C. Que la CSN fasse la promotion d’une journée annuelle de la militance syndicale et que cette journée soit, entre autres, l’occasion de faire connaître à la population le rôle et les responsabilités des militantes et militants syndicaux et de valoriser les gains et les retombées de l’action syndicale en rappelant, par exemple, les luttes qui ont mené à l’édification de notre filet de sécurité sociale.

D. Que la CSN ouvre un chantier de réflexion sur la répartition de la richesse dans le monde du travail et développe des stratégies syndicales de négociation pour améliorer les conditions salariales des travailleuses et des travailleurs.

E. Que la CSN actualise son programme et ses outils de formation à l’intention des militantes et des militants de ses organisations affiliées afin de s’assurer que l’ensemble des contenus réponde aux besoins et à la conjoncture politique en introduisant un volet sociopolitique à tous les parcours actuels et futurs. De plus, que cette actualisation favorise l’utilisation de l’approche intégrée de l’égalité (AIE) et que l’utilisation des nouvelles technologies et des médias sociaux soit considérée.

F. Que la CSN poursuive son action politique pour une plus grande justice sociale et utilise toutes les tribunes et les moyens à sa disposition.

Pour finir le congrès a adopté la nouvelle proposition suivante :

Que la CSN développe un plan de mobilisation et d’action incluant la possibilité de tenir une grève générale et sociale avec nos alliés et visant à protester contre les mesures rétrogrades gouvernementales (incluses dans les derniers budgets de mars 2010 et mars 2011) adoptées à l’Assemblée nationale.

Aussitôt qu’elle fut lue au micro par son proposeur, presque tous les délégués-es se sont levés pour applaudir. La proposition a reçue l’appui de membres de l’exécutif de la centrale ainsi que de dirigeants de conseil centraux et de fédérations et fut adoptée presqu’à l’unanimité.

La droite n’a qu’à bien se tenir, le mouvement ouvrier ne se laissera pas faire.