lundi 22 mars 2010

UN AUTRE BUDGET CONSERVATEUR PRO-BUSINESS

(Traduit de l’édition du 16-31 mars 2010 du People’s Voice)

Commentaire de People’s Voice

Les médias bourgeois et les groupes d'affaires ont salué le discours du Trône qui mettait fin à la prorogation du Parlement de Stephen Harper, et ont salué le budget fédéral de Jim Flaherty. Mais, comme le craignaient les mouvements ouvrier et populaire, le budget utilise le déficit fédéral comme un écran de fumée pour offrir des cadeaux au secteur des entreprises. Pour les travailleuses et les travailleurs, cela signifie des réductions de dépenses majeures. Les travailleuses et les travailleurs des services publics fédéraux vont subir des compressions budgétaires de 6,8 milliards $ dans leurs départements par des pertes d'emplois et par un gel de la rémunération pendant trois années.

Comme le Congrès du travail du Canada (CTC) l'a souligné en réponse au budget, « les déficits ne sont pas un problème puisque la dette totale du gouvernement aujourd'hui est la plus basse des pays industriels avancés (53% du PIB en 2008-2009, comparativement à 102% en 1995-1996), et les taux d'intérêt sont au plus bas de tous les temps. La dette fédérale est à seulement un tiers du PIB, et le coût du service de cette dette est à seulement 2% du PIB. Le déficit fédéral demeure inférieur à 4% du Revenu national, beaucoup plus bas que ce qu'il était du début jusqu’au milieu des années 1990. »
En dépit de cette « peur du déficit», les taux d'imposition des sociétés vont continuer à baisser, passant de 22% lorsque les conservateurs prirent le pouvoir, à 15%, le taux le plus bas dans les pays du G7. Cela va coûter au Trésor la modique somme de 9 milliards $ rien que pour la prochaine année fiscale. Le budget sera bénéfique pour le milieu des affaires en réduisant les tarifs douaniers des intrants manufacturés, bien que cela rende les choses encore plus difficile pour l’industrie manufacturière canadienne en difficulté. La déréglementation des secteurs des télécommunications et des mines d'uranium, et l'expansion du soi-disant «libre échange» ont été applaudies par la grande entreprise. Les grands gagnants semblent être les sociétés transnationales, désireuses d'élargir leur contrôle sur l'économie canadienne.
Cette politique économique néo-conservatrice agressive est assortie sur le plan politique avec une combinaison d’agitation de drapeaux, de monuments de guerre et un programme soi-disant en faveur de la «loi et l'ordre» conçus pour éloigner l'attention du public du fait que plus de 1,5 millions de Canadiennes et Canadiens demeurent sans emploi.

Dans l'ensemble, le discours du Trône et le budget confirment l'intention du gouvernement minoritaire de Harper de gouverner comme s'ils détenaient la majorité au Parlement pour faire passer leur programme d’extrême-droite. Les hésitations des partis d'opposition pour bloquer cette stratégie peut permettre aux Conservateurs de placer le débat politique en vue d'une élection très probable plus tard, durant l’année.

Les partis d'opposition ont fait valoir qu’on aurait pu faire plus pour créer des emplois, lutter contre la pauvreté et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais le chef libéral Michael Ignatieff permettra aux Conservateurs de rester au pouvoir, attendant que les intentions de vote soient en hausse pour son parti. Le chef du NPD Jack Layton a critiqué les conservateurs sur certaines questions économiques, mais sans avancer une quelconque alternative sérieuse. Au début de la récession, M. Layton a parlé devant la Chambre de commerce de Toronto, louant les travailleurs qui ont eu le "courage" d’accepter des baisses de salaire. Les gouvernements néo-démocrates du Manitoba et la Nouvelle-Écosse continuent d'appliquer des politiques économiques qui sont presque identiques à celles des partis du grand Capital. Plusieurs des principaux dirigeants syndicaux ont durement dénoncé le budget conservateur et le discours du Trône.

«Tous les partis politiques devraient voter pour défaire le gouvernement dès maintenant », a déclaré Dave Coles, président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, le plus grand syndicat au Canada dans le secteur forestier.

« Pourtant, un autre budget, rempli de rhétorique et de platitudes qui ne fait rien pour les travailleuses et les travailleurs, les familles et les communautés dans des centaines de communautés tributaires des forêts", a déclaré M. Coles. "Nous avons vu le même spectacle dans le budget de l'an dernier. En fait, l'an passé, les Conservateurs ont fait de nombreuses annonces d’aide au secteur forestier, et pourtant nous avons vu un nombre record de faillites.»

Coles a averti que le budget ne contient «rien pour les retraités qui paient le prix de l'inaction du gouvernement fédéral, alors que les entreprises faisant face à la faillite cherchent à financer leurs dettes avec les fonds de pension des employées-és.»

Dans les budgets précédents, le SCEP a appelé à une stratégie nationale pour aider à régénérer le secteur forestier grâce à des investissements dans de nouveaux produits et la création d'emplois à valeur ajoutée. Le discours du Trône fait référence à cela, a dit M. Coles, mais « c'est trop peu, trop tard. Sans garantie de prêts pour maintenir les usines en vie, qui va produire ces nouveaux produits?» Le gouvernement Harper doit être défait sur son intention de vendre des industries clés des télécommunications et de la radiodiffusion, dit le SCEP, qui représente également de nombreuses travailleuses et travailleurs des médias.

«Les télécommunications sont aujourd'hui une industrie intégrée avec le reste des médias, le secteur est clé pour notre souveraineté culturelle et notre sécurité nationale", a déclaré Peter Murdoch, le vice-président médias SCEP. «Il incombe à tous les partis d'opposition de tracer une ligne dans le sable sur cette question. La communauté culturelle a parlé d'une seule voix sur cette question, mais où sont les partis d'opposition? Nous avons besoin de plus que des déclarations et des discours».

Le plus grand syndicat des travailleuses et des travailleurs de la fonction publique fédérale se mobilisera contre les coupures dans les programmes et les opérations du secteur public.

« Ce budget est une attaque claire contre des services publics de qualité, a déclaré John Gordon, président de l'Alliance de la Fonction publique du Canada. "Le gel des budgets de fonctionnement du secteur public, conjuguée à une augmentation de la déréglementation et du libre échange, contribuera à affaiblir l'économie et nuire aux Canadiens.»

Dans une conférence de presse pré-budgetaire avec d'autres dirigeantes et dirigeants syndicaux, Gordon a appelé à continuer les dépenses de relance recentrées sur les infrastructures sociales telles que la réduction de la pauvreté et le développement des soins aux enfants et aux aînés. Il a également appelé à l'amélioration de la retraite pour tous les Canadiennes et Canadiens.
« Que faisons-nous à la place? La journée des aînés», a dit Gordon. «Ce budget ne fait rien pour les travailleuses et les travailleurs au Canada. Investir dans les infrastructures sociales et dans des services publics de qualité aurait assuré la création d'emplois et la croissance économique. Mais ce gouvernement a échoué à cet égard.»

Gordon a demandé à rencontrer les dirigeants des partis d'opposition, les invitant à soutenir la position de son syndicat.

«Ce budget fait très peu pour rassurer les travailleuses et les travailleurs canadiens pendant cette grave période d'instabilité économique et cela a ses racines dans l’idéologie profonde et destructrice du gouvernement », a dit le président des TCA, Ken Lewenza.

Une déclaration des TCA, dit « le budget pousse plus loin les politiques du gouvernement conservateur en faveur des entreprises et des sociétés, au détriment des Canadiennes et Canadiens moyens».

Prenant crédit pour de vieilles nouvelles, les Conservateurs ont ré-annoncé les 19 milliards de dollars déjà prévus dans les projets de relance de 2010. Le Canada a besoin non pas de projet exceptionnel dit Lewenza, mais d'investissement dans des projets d'énergies renouvelables, d'amélioration des transports publics et d'autres initiatives pour stimuler le développement économique durable et « vert ».

Malgré des demandes généralisées pour améliorer les critères d'admissibilité de l'assurance-emploi pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs, les Conservateurs n'ont pratiquement rien fait sur cette question.

Depuis octobre 2008, près de 500.000 emplois permanents et bien rémunérés ont été perdus lorsque la crise de l’industrie manufacturière et forestière s’est étendue à d'autres secteurs. Le budget estime que le plan de relance a sauvé ou créé 130 000 emplois. Mais le taux de chômage projeté est en moyenne de 8,5% cette année et de 7,9% en 2011. Le taux de chômage réel - en comptant les personnes qui ont été contraintes à l'emploi à temps partiel ou qui ont renoncé à chercher un emploi – est de plus de 12%.

Seulement la moitié de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs en chômage se qualifie pour les prestations, et leurs prestations hebdomadaires moyennes ne sont que de 343 $. Les plus de 800.000 chômeuses et chômeurs se qualifiant actuellement à l'assurance-emploi sont admissibles en moyenne à seulement 38 semaines de prestations, et des dizaines de milliers de personnes qui ont perdu leur emploi dans les premiers stades de la crise ont épuisé leurs prestations. Les prestations d’assurance-emploi ont été temporairement prolongé de cinq semaines pour les travailleuses et les travailleurs qui présentent une demande avant le 11 Septembre 2010, mais les listes des demandes d'aide sociale des provinces ont déjà commencé à augmenter rapidement.
" C'est un échec tragique de notre gouvernement fédéral à un moment où de nombreuses travailleuses et de nombreux travailleurs canadiens sont à la recherche d'un leadership pour protéger leurs emplois et leurs collectivités», a déclaré Ken Neumann, directeur national des Métallos pour le Canada.

«Protéger les collectivités canadiennes devrait être la première tâche de notre gouvernement fédéral. Toutefois, dans le discours du Trône, M. Harper a indiqué qu'il va de nouveau abdiquer de sa responsabilité d'assurer que les collectivités soient au net les bénéficiaires de la propriété étrangère.»

Le discours du Trône a insisté que le gouvernement entend « ouvrir les portes encore plus au capital de risque au Canada et aux investissements étrangers dans des secteurs clés.»

« Il est scandaleux que le gouvernement ait refusé de prendre parti pour les collectivités et les travailleuses et travailleurs canadiens lorsque que les multinationales étrangères une après l’autre achètent les entreprises canadiennes et les ferment en dévastant les ressources de nos communautés», a déclaré M. Neumann. Au lieu de mettre plus de mordant à la Loi sur les investissements au Canada, dit-il, le gouvernement va ajouter l'insulte à l’injure pour des communautés comme Sudbury et Hamilton.

Il a souligné que les prises de contrôle étrangères par des sociétés comme Vale Inco et Xstrata n'ont pas réussi à être un «avantage net» pour le Canada comme la loi l'exige. Au contraire, ces acquisitions ont entraîné la perte de milliers d'emplois, la fermeture d’usines vitales et de moulins, et le transfert de la production industrielle en dehors de nos frontières. Le gouvernement Harper n'a pas réussi à faire que ces compagnies survivent selon les exigences légales, et il a même refusé de rendre publiques les promesses faites par ces compagnies.

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