samedi 18 avril 2009


Quand le Parlement Européen impose sa vision de l’histoire

La falsification anti-communiste de l’histoire

La majorité du Parlement Européen a approuvé, le 2 avril, une résolution qui prétend imposer aux nouvelles générations une vision falsifiée du passé avec l’unique objectif de criminaliser le communisme et aussi de réhabiliter le fascisme.

Le texte, proposé par le PPE, les Libéraux, l’Union pour l’Europe des Nations et les Verts avec l’appui des socialistes, a été approuvé par 553 votes pour, 44 contre et 33 absentions. S’achève ainsi un processus entamé en Juin 2008, lors de la conférence à Prague intitulée « Conscience européenne et Communisme », dont est sortie une déclaration signée par 50 députés européens. Elle fut suivie d’un séminaire, qui s’est déroulé en Novembre, auquel ont participé 18 états-membres de l’UE, et qui a défini un cadre de coopération internationale pour « l’élucidation des crimes des régimes totalitaires » qui ont existé en Europe.

Plus récemment, le 18 mars, organisée par la présidence tchèque de l’UE, s’est déroulée une conférence intitulée « La Conscience Européenne et les Crimes du Communisme Totalitaire », au cours de laquelle sont intervenus le vice-président tchèque, Alexandr Vondra, le commissaire européen à la Culture, Jan Figel, tous deux députés européens et représentants d’ONG.

Comme cela apparaît clairement dans les titres choisis, et bien qu’ils ne cessent de clamer leur « impartialité » en utilisant le terme « totalitarisme », l’objectif des idéologues qui se cachent derrière ces initiatives n’est pas, clairement, d’étudier l’horreur nazie, responsable d’une guerre qui a tué 60 millions de personnes, parmi lesquelles 23 millions de soviétiques, communistes avant tout, et qui a rasé un pays qui venait à peine de se bâtir, dans les années 30, grâce à l’effort héroïque des peuples de l’URSS, sous la direction du Parti dirigé alors par Staline.

Non, l’objectif est, au contraire, de réécrire l’histoire pour criminaliser le communisme et ce qu’ils nomment « Stalinisme », l’assimilant au Nazisme, tout en le considérant comme plus dangereux, car le rêve d’une société sans exploités ni exploiteurs – qui s’est matérialisé tout d’abord avec la Révolution d’Octobre et s’est étendu, après la défaite du nazisme et du fascisme, à plusieurs pays du Centre et de l’Est de l’Europe – continue à vivre dans la conscience des peuples, en particulier chez ceux qui ont connu cette expérience et qui aujourd’hui souffrent de l’aggravation de la crise du capitalisme.

Une résolution honteuse

Signe que certains députés ont mauvaise conscience, la résolution du Parlement Européen, reconnaît implicitement qu’il n’existe pas de légitimité politique, ni de base scientifique pour criminaliser le communisme.

Ainsi, le texte approuvé admet que, « selon l’opinion des historiens, il n’est pas possible de faire des interprétations entièrement objectives de faits historiques et qu’il n’existe pas de récits historiques objectifs ».

Par la suite, il ajoute que « aucune organisation ou parti politique ne détient le monopole de l’interprétation de l’Histoire », considérant même que « les interprétations politiques officielles des faits historiques ne doivent pas être imposées par des décisions majoritaires des Parlements » et que « les Parlements ne peuvent pas légiférer sur le passé ».

Pourtant, la résolution proposée par les députés Tunne Kelam (Estonie), Jana Hybaskova (République Tchèque) et Jozsef Szajer (Hongrie) essaie de faire exactement ce qu’ils affirment ne pas pouvoir faire, falsifier l’histoire et prétendre institutionnaliser cette falsification.

En d’autres mots, comme l’a affirmé dans sa déclaration de vote le député du PCP, Pedro Guerreiro, « cette résolution honteuse approuvée par le Parlement Européen s’insère dans une opération de distorsion de la vérité historique, menée par les forces réactionnaires et revanchardes, les perdants de la Seconde Guerre Mondiale – les mêmes qui, par exemple, ont réhabilité dans leurs pays ceux qui ont collaboré à la barbarie nazie. »

« L’objectif », a souligné le député « est de réhabiliter le nazisme et le fascisme et de condamner le communisme, c’est-à-dire de réhabiliter le bourreau et l’oppresseur, en condamnant ses victimes et ses opprimés. Son objectif est d’effacer la contribution décisive des communistes et de l’Union Soviétique à la défaite du nazisme et du fascisme, son rôle dans l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, sa contribution à la libération des peuples du joug colonial, après la Seconde Guerre Mondiale. (…) Dans le fond, son objectif est de criminaliser les communistes, leur action et leurs idéaux. »

Tout confondre pour créer la confusion

Bien qu’elle reconnaisse « le caractère unique de l’Holocauste » nazie, la résolution insiste pour mettre dans le même sac « nazisme, stalinisme et les régimes fascistes et communistes », considérant, rien de moins, que, « du point de vue des victimes, la nature du régime qui les a privées de liberté, torturé ou assassiné, quelqu’en soit la raison invoquée, n’est pas pertinente ».

Ainsi, hypocritement, le Parlement Européen met sur un pied d’égalité ceux qui ont tenté d’asservir une partie des peuples européens et ont promu une épouvantable guerre d’extermination avec ceux qui ont donné généreusement leurs vies pour libérer l’humanité du nazisme et du fascisme.

Avec cette argumentation indigente, le texte rejette « n’importe quel type de pouvoir totalitaire, quelque soit l’idéologie qu’il invoque » et lance une menace à peine voilée à tous ceux qui défendent ou croient dans les idéaux communistes, considérant que « il est nécessaire d’être vigilent pour combattre les idéaux et les tendances anti-démocratiques, xénophobes, autoritaires et totalitaires », en confondant et mélangeant le tout, comme cela les arrange. Mais si des doutes subsistaient quant à l’objectif de cette résolution, les mesures qu’elle propose suffisent à les dissiper: elle demande au Conseil et à la Commission qu’elles soutiennent les organisations anti-communistes comme le « Mémorial » dans la Fédération de Russie, la seule qui soit citée dans le texte, et encourage la création d’une « Plateforme de la Mémoire et de la Conscience Européenne », pour coordonner les « enquêtes » sur les « régimes totalitaires », organisme que le commissaire européen à la Culture se dit déjà prêt à financer, affirmant dans le journal Tchèque le Prague Daily Monitor, que « trouver des fonds [pour un tel projet] ne constitue pas un problème ».

Dans la même perspective, la résolution propose que le 23 août soit déclaré « Journée de la mémoire » en l’honneur des victimes de tous les régimes autoritaires et totalitaires, promettant une « commémoration avec dignité et impartialité »

Enfin, ces hérauts « impartiaux » des libertés et de la dignité humaine, en faisant allusion aux anciens pays socialistes d’Europe, affirment que l’analyse des « crimes » des « régimes totalitaires communistes » a aujourd’hui pour objectif « la réconciliation » laquelle, affirme-t-on dans le texte, « présuppose la reconnaissance de la responsabilité, la demande de pardon, et l’encouragement à une rénovation morale ». En somme, ils exigent la repentance et l’humiliation politique de tous ceux qui croient et continuent de croire aux idéaux supérieurs d’une société sans classes, libérée du joug du capital.

L’Inquisition n’a pas fait mieux avec Galilée…

Numéro 1485 d’Avante, hedomadaire du PCP, édition du 9 avril
Traduit du portugais depuis http://www.avante.pt/.
http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-30110623.html
Affiché sous Accueil, Non à la criminalisation du communisme
Article écrit par admin, le 18 avril 2009

Aucun commentaire: