lundi 31 janvier 2011

TUNISIE: UNE VICTOIRE DE PORTÉE INTERNATIONALE

Le peuple tunisien a remporté une victoire éclatante. Il en est fier et il a mille fois raison. « Ils sont en train de faire la première révolution du 21e siècle », écrit Patrick Le Hyaric, directeur du quotidien français l’Humanité.

Baudouin Deckers, Parti du Travail de Belgique

Bruxelles. Samedi 15 janvier dernier, plus de 500 citoyens se sont rassemblés devant la Bourse de Bruxelles en solidarité avec le peuple tunisien. Des initiatives de ce genre ont vu le jour dans beaucoup de pays, preuve de l’importance que la lutte du peuple tunisien a pris dans le cœur de nombreux progressistes. (Photo Solidaire, Vincianne)
Il n’y a pas de fatalité, le peuple peut l’emporter
Nous partageons la joie de ces millions de Tunisiens qui sont descendus tous les jours dans la rue jusqu’au moment où Ben Ali a dû s’enfuir à la hâte avec sa famille (et, paraît-il, une tonne et demie de lingots d’or) vers l’Arabie Saoudite.

Ben Ali s’était imposé à la tête de la Tunisie par un coup d’État contre le président Habib Bourguiba, le 7 novembre 1987. Sa dictature n’a reculé devant aucun moyen de répression. L’élite au pouvoir s’est approprié d’immenses richesses, volées à l’État et au peuple. Des multinationales, très souvent françaises, ont aidé à maintenir en place un chef d’État tout dévoué à leurs services.
La police a abattu au moins 78 personnes, mais cela n’a pas fait reculer le peuple tunisien, que du contraire. Loin de l’abattre, la situation a suscité sa combativité et sa détermination. Quand le régime a commencé à faire des concessions, le peuple a continué à exiger la fin du régime : « Ben Ali dégage, game over ».

Le monde entier est témoin : un peuple uni peut en finir avec tout régime abject
Un deuxième constat s’impose. « L’Intifada des pauvres », comme l’appelle le Parti communiste libanais, réfute l’idée que la seule force d’opposition imaginable dans le monde arabe serait le mouvement intégriste islamiste. Les forces organisées qui ont aidé à porter la révolte des masses tunisiennes étaient multiples. Mais avant tout le syndicat UGTT, les partis de gauche dont le Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT), le Parti du travail patriotique et démocratique (PTPD), l’Ettajdid (Renouveau) et plusieurs autres organisations démocratiques et progressistes. Le peuple ne s’est pas laissé diviser, il s’est uni contre la dictature, pour la démocratie, le progrès social et une Tunisie indépendante, sûre d’elle-même.

Troisièmement, cette victoire encourage l’ensemble des peuples arabes et au-delà les peuples du « Tiers Monde » qui veulent se libérer de l’oppression. Le détonateur de la révolte fut la situation économique et sociale catastrophique. Le chômage. La hausse des prix des denrées alimentaires. Mais cette misère frappe partout. Lors de la précédente hausse des denrées alimentaires en 2008, les révoltes de la faim avaient déjà éclaté dans trente pays, pas seulement en Tunisie. Or, aujourd’hui, les prix de la nourriture continuent d’augmenter et les vautours de la finance comme les multinationales agroalimentaires ne reculent pas devant la spéculation – aussi meurtrière qu’elle soit. Le prix du blé a grimpé de 58 %, celui du sucre de 73 %, de la viande de 18 %, du maïs de 62 %, du riz de 30 %, de l’huile de palme de 58 %, et la liste continue...
Un exemple pour le Sud
« L’effet de contagion est à craindre, écrivait Mokrane Ait Ouarabi le 17 janvier dans El Watan, quotidien algérien. Surtout que les ingrédients que l’on trouve en Tunisie sont aussi présents en Algérie. Les inégalités sont de plus en plus importantes. À l’asservissement du peuple s’ajoutent la corruption généralisée et la misère. L’injustice sociale s’est aggravée durant la première décade du 21e siècle. La rue algérienne gronde. Il suffit d’une étincelle pour allumer un brasier… »

Comme l’écrit le Parti communiste libanais, « ce 14 janvier constituera le point de départ d’un nouveau mouvement populaire dont les prémisses se font sentir, non seulement en Tunisie, mais aussi en Algérie, en Égypte, en Palestine, au Liban, en Jordanie et au Koweït. »
Partout dans le monde arabe, et plus généralement dans les pays du Sud, le « Tiers Monde », la colère gronde. Le soulèvement victorieux en Tunisie montre à beaucoup la voie à suivre. Il n’y a pas de fatalité, le peuple peut l’emporter.


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