jeudi 14 août 2008

Beijing 2008: regard alternatif sur les Jeux Olympiques

Rarement les JO ont suscité autant de discussion. Le monde découvre la Chine nouvelle. Un pays complexe, malaisé à comprendre. Solidaire vous propose un regard dégagé de tout simplisme et de toute partialité.
Tony Busselen
Parti du Travail de Belgique, http://www.ptb.be/fr
« Ils nous en ont mis plein les Jeux », titrait La Dernière Heure à propos de la cérémonie d’ouverture des Jeux le 8 août. Quatre heures d’un spectacle total qui a montré la riche histoire de la Chine et son importante contribution au développement de l’humanité. « Il n’y avait absolument rien de militaire, de rigide, d’étroit. On a assisté à une espèce de fête qui, pour avoir été extrêmement bien réglée, gardait quelque chose de joyeux, de spontané, de fluide », dit Jacques Delcuvellerie, l’un des meilleurs metteurs en scène et hommes de théâtre belges. « Très intéressant aussi, le mélange de la tradition et de l’art contemporain. »
Cette cérémonie ne change naturellement rien à toutes les objections soulevées ces dernières semaines à propos de la Chine. Mais Delcuvellerie est toutefois critique à l’égard de l’image du pays telle que l’ont esquissée un grand nombre de nos médias : « Personnellement, je suis outré par la manière dont on n’a cessé de nous dépeindre la Chine depuis plusieurs mois, en insistant toujours sur ce qui ne va pas – et il y a des choses qui ne vont pas (…). Mais on ne dit pas d’où vient la Chine, on ne rappelle pas quelle était sa situation, il y a cent ou cinquante ans. Comme c’est étonnant de constater que, brusquement, la fracture sociale nous scandalise en Chine, mais pas au Koweït ou aux Etats-Unis ! »
De même, une journaliste du Morgen, qui ne passe pas habituellement pour une partisane du socialisme à la chinoise, s’est irritée des commentaires de certains rapporteurs qui décrivaient la Chine comme un pays arriéré. « L’éducation primaire gratuite a été introduite en 1950 déjà. Comment expliquer autrement que plus de neuf Chinois sur dix savent lire et écrire ? Et selon l’étude que l’on consulte il n’y a plus que de 90 à 220 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, et non pas les trois quarts de la population. Mais pourquoi est-il toujours si malaisé d’admettre que la Chine est parfois en mesure de faire des choses devant lesquelles nous, Occidentaux, ne pouvons rester que bouche bée ? »
Çà et là, on commence à nous mettre en garde contre la partialité des informations européennes. De Standaard, par exemple, a publié un billet d’humeur intitulé « L’Europe se berce d’illusions » de Jacob De Roover (université de Gand). « Imaginez un genre (journalistique) qui ne cesse de répéter que l’Europe et les USA prospèrent peut-être économiquement, mais ils sont également confrontés aux problèmes x, y et z ; les classes dirigeantes ne s’emploient pas assez à résoudre ces problèmes ; et les gouvernements s’irritent quand on leur tape sur les doigts. De tels articles ne seraient pas vraiment populaires et seraient même passablement ennuyeux. » Comment se fait-il alors que de tels articles aient tant de succès quand il s’agit d’un pays comme la Chine. À cela, l’auteur répond : « Répéter sans cesse que la croissance de la Chine va de pair avec toutes sortes de problèmes nous donne un faux sentiment de sécurité : nous ne devons pas nous en faire, nos sociétés sont quand même plus justes et meilleures. (…) Jusqu’il y a peu, il semble que ce sentiment trouvait sa confirmation dans la situation socio-économique et géopolitique du monde. Mais le “boum” de la Chine a changé les choses. C’est angoissant. Le nouveau genre journalistique semble vouloir atténuer cette crainte : tout est en ordre ; l’Europe est toujours mieux aujourd’hui. »

Aucun commentaire: