jeudi 15 janvier 2009


ÉLECTIONS DU 8 DÉCEMBRE 2008 AU QUÉBEC

LES LIBÉRAUX RÉÉLUS, QUÉBEC SOLIDAIRE FAIT UNE PERCÉE

Par Robert Luxley

Comme les sondages l’indiquaient, le gouvernement libéral (minoritaire) de Jean Charest a obtenu un troisième mandat de suite et a réussi à gagner une courte majorité parlementaire. Le Parti Québécois pour sa part a repris le rôle d’opposition officielle qu’il avait perdu en 2007 aux mains de l’Action Démocratique de Mario Dumont.

Déclenché immédiatement après l’élection fédérale, le scrutin au Québec aura connu à 57% l’un des plus faibles taux de participation de son histoire. Par rapport à l’élection du 26 mars 2007, le nombre de votes exprimés fut réduit de plus de 720 000.

Résultat qui à première vue semble peu surprenant lorsqu’on considère qu’une majorité de citoyens considéraient avec un cynisme certain que Charest déclenchait les élections pour seul motif de profiter de l’avance de son parti dans les sondages. La campagne électorale elle-même fut extrêmement morne, les principaux partis véhiculant essentiellement les mêmes promesses. De plus, la crise politique fédérale a reléguée la campagne provinciale au second plan de la scène publique.

Cependant, le faible taux de participation est dû principalement à la déconfiture de l’ADQ. En effet, l’ADQ a perdu près de 700 000 votes par rapport à l’élection de 2007. Les Libéraux ont augmenté leurs votes d’environ 52 000 et le PQ de 16 000.

En 2007, en « surfant » sur une campagne raciste menée par certains médias autour du débat sur les « accommodements raisonnables », l’ADQ avait pu de surprenante façon passer du statut de tiers-parti à celui d’opposition officielle. Mais la piètre performance de la députation adéquiste à l’Assemblée nationale ainsi que ses politiques ultra-conservatrices dans le contexte de crise économique lui fit perdre beaucoup de crédibilité aux yeux de l’électorat. Avec la démission du chef Mario Dumont annoncée le soir du scrutin, la survie de ce parti d’extrême-droite est sérieusement menacée.

En dépit du refus du PLQ et du PQ de lui permettre de participer au débat des chefs et en dépit du peu d’espace que les grands médias lui ont accordé, Québec solidaire à mené une excellente campagne. Les deux portes-parole, Françoise Davis et Amir Khadir ont fait la tournée du Québec, dévoilant à chaque semaine les aspects principaux de leur programme qui reprend bon nombre des revendications syndicales et populaires: développement du transport en commun et du transport ferrovière, nationalisation de l’énergie éolienne, lutte à la pauvreté en augmentant le salaire minimum, investissement dans le logement social, amélioration des normes minimales du travail comme les vacances et les congés fériés, création de congés fériés le 8mars et le 1er mai, faciliter l’accès à la syndicalisation, abrogations de toutes les lois anti-syndicales adoptées par le gouvernement Charest en 2003, investissement et développement des services publics de santé, d’éducation, reconnaissance des nations autochtones et de leur droit à l’autodétermination, lutte contre les discrimination, égalité entre les hommes et les femmes, etc.

Par rapport à 2007, QS a obtenu près de 22 000 votes de moins. La baisse globale de la participation l’explique probablement en partie, mais on peut penser aussi que certains électeurs souverainistes sont retournés au PQ, surtout suite au « Quebec bashing » lancé par les Conservateurs au Canada anglais dans le cadre de la crise politique fédérale.

Considérant ses faibles moyens, QS a concentré le gros de ses énergies dans les comtés de Montréal où ses deux portes-parole étaient candidats. Cette tactique a réussi en grande partie puisque Françoise David est arrivée en bonne deuxième position dans Gouin et Amir Khadir fut élu dans Mercier. Son élection va donner à QS une tribune et une crédibilité qui devrait lui servir dans le futur.

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