mardi 6 avril 2010

LOCKOUT AU JOURNAL DE MONTRÉAL: Résolution spéciale adoptée par le Comité central du Parti communiste du Canada les 27 et 28 mars 2010

À leur dernière réunion, les membres du Comité central du Parti communiste du Canada ont adopté une résolution de soutien à la lutte des 253 travailleuses et travailleurs du Journal de Montréal. Depuis le 24 janvier 2009, les personnels de bureau et de la rédaction, subissent un lockout décrété par leur employeur, Pierre-Karl Péladeau, grand patron de l’empire Québécor et propriétaire du Journal de Montréal.
L’objectif de Péladeau est de faire accepter de force à ses employés des reculs majeurs dans leurs conditions de travail, en éliminant entre autres une centaine de postes au département des petites annonces, majoritairement occupés par des femmes, pour les remplacer par de la sous-traitance, en imposant la mobilité dans les tâches, et en permettant à l’ensemble de ses entreprises de presse d’alimenter le contenu du Journal de Montréal, allant ainsi à l’encontre des règles d’éthiques journalistiques qui visent à assurer au public à une information de qualité aux sources variées. Depuis le début du conflit, Péladeau exige près de 233 demandes de reculs dans la convention collective et refuse toute véritable négociation.

Péladeau invoque « une crise des médias » pour justifier ses agissements, mais ce n’est qu’un prétexte car en réalité le Journal de Montréal avait réalisé des bénéfices de $50 millions en 2008 (sur un chiffre d’affaire de $200 millions). Péladeau ne se gène pas de faire état publiquement de ses positions antisyndicales. Il détient un record de lockouts dans les entreprises de son empire, toujours dans le but d’étrangler les syndicats dans d’interminables conflits.

Comme dans le conflit de Vidéotron en 2002 qui avait duré presqu’un an et celui du journal de Québec qui a duré 16 mois, Péladeau a préparé son coup en prévision d’un long conflit. Ainsi, durant les mois précédant son lock-out, il a doublé le nombre de cadres, il a agrandi la salle de nouvelles du quotidien gratuit 24 heures, et il a créé une nouvelle agence de presse de façon à pouvoir contourner la loi anti-scab du Québec. De plus, il a essayé d’imposer aux journalistes pigistes des contrats d’exclusivité par lesquels ceux-ci auraient abandonné leurs droits d’auteur à Québécor qui aurait pu ainsi utiliser leurs textes pour le Journal de Montréal en dépit du conflit.

Grâce à ces manœuvres, le Journal de Montréal est produit quotidiennement sans ses artisans, comme s’il n’y avait pas de conflit. Québécor se joue ainsi des règles et des lois du Québec avec le mépris le plus profond, alors que son entreprise a pourtant bénéficié largement du soutien de l’État, des fonds publics et de la Caisse de dépôt pour devenir le monopole qu’il est aujourd’hui dans les domaines de l’information et des communications. Québécor avait bien déjà été reconnu coupable d’avoir utilisé des briseurs de grève durant le conflit du Journal de Québec, mais ce jugement n’est survenu qu’une fois le conflit terminé.

Afin de résister à l’agression patronale et d’offrir une alternative au public, le syndicat produit un journal sur le web, Rue Frontenac. De son côté, la centrale syndicale à laquelle le syndicat est affilié, la CSN, lançait le 26 février dernier une importante campagne d’appui aux 253 lock-outés. En plus d’intervenir auprès des élu-es de tous les paliers, la CSN invite la population à signer une pétition qui demande au gouvernement de « mettre en branle tous les moyens dont il dispose afin de favoriser, dans les meilleurs délais, un règlement négocié et satisfaisant pour les parties (nomination d’un médiateur spécial, intervention législative en vue de rééquilibrer le rapport de force, etc.) ».

Le Parti communiste du Canada exige du Gouvernement du Québec qu’il renforce et fasse respecter l’esprit des dispositions anti-briseurs de grève du Code du travail du Québec.

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