Au cours de la campagne électorale, plusieurs électeurs-trices ont souvent posées des questions sur les différences qui existent entre le Parti communiste et le NPD. Compte tenu du système électoral canadien uninominal à un tour, qui est très injuste, ne permettant pas une représentation adéquate de la volonté populaire, et du danger immédiat que représentait l’élection des conservateurs d'extrême-droite d’Harper - la question n'était pas oiseuse.
Commentaire de Kimball Cariou, rédacteur en chef du journal People's Voice et candidat dans Vancouver-Kingsway.
La meilleure réponse est sans doute de comparer les plates-formes du NPD et du Parti communiste. Bien qu'il existe des similitudes (les deux partis favorisent par exemple une augmentation des dépenses consacrées aux programmes sociaux) sur d'autres questions critiques, il existe de grandes différences.
Certaines politiques ne sont même pas sur le pilote du NPD, telle la proposition communiste en faveur de la propriété publique des ressources naturelles, de l'industrie de l'énergie, et des grandes banques. Sur une échelle plus large, le Parti communiste appelle à une économie socialiste, tandis que le NPD se limite à des mesures visant à améliorer la vie de la «classe moyenne» - un terme qui évite de faire référence à la classe ouvrière, qui comprend la grande majorité de la population.
Mais peut-être que la "ligne de démarcation" la plus claire entre les deux partis en ce moment dangereux de notre histoire concerne la politique étrangère.
La plate-forme du Parti communiste appelle explicitement à un retrait immédiat de la mission militaire canadienne en Afghanistan, dit non à la guerre contre la Libye, appelle à l'annulation de l'achat des avions de chasse F-35, à une réduction de 75% des dépenses militaires, et s’oppose aux politiques d'apartheid de l'État israélien imposé au peuple palestinien.
Si on jette un œil sur la plateforme du NPD et sur ses récentes déclarations, on voit une image très différente. Le chef du NPD, Jack Layton, a promis de maintenir les dépenses militaires du Canada, maintenant rendues à plus de 21 milliards de dollars par année. Cela se reflète dans la plateforme du NPD, qui voudrait « maintenir les niveaux actuellement prévus en terme d'engagements de dépenses pour la Défense. » Ainsi, le NPD appuie dans les faits l'augmentation monumentale des dépenses militaires qu’Harper projette dans son document « Le Canada d'abord », concernant sa politique pour la Défense.
Pourquoi? Selon la plate-forme du NPD, pour «donner ... le meilleur équipement pour faire le travail ...» et «s'assurer que les Forces canadiennes sont bien équipées .... ».
Dans cette perspective, le NPD préconise quelques changements dans le calendrier des achats militaires. En particulier, ils appellent à dépenser plutôt sur de nouveaux navires de guerre, tout en s'engageant à «réexaminer» (et non annuler) l’achat de plusieurs milliards de dollars des avions F-35. Mais rien dans la plate-forme du NPD ne suggère de réexaminer le principe de base de la politique militaire du Canada, qui depuis les années 1990 a transformé les Forces armées canadiennes en élément prêt au combat pour l’alliance militaire dominée par les Etats-Unis qu’est l’OTAN.
Compte tenu du contexte de militarisme mondial, les phrases de la plateforme du NPD à l’effet d’impliquer l'armée dans la «consolidation et le maintien de la paix » sonnent creux. Depuis que l'impérialisme américain et ses alliés les plus proches déterminent l'ordre du jour militaire mondial, même le bain de sang qu’est la guerre en Irak a été défini comme une mission de «maintien de la paix.»
Personne ne devrait être trop surpris de cette évolution. Après tout, sous le «nouveau» gouvernement travailliste de Tony Blair, la Grande-Bretagne a été l'allié le plus fiable de l'impérialisme américain. Il est vrai que le NPD a adopté une approche un peu différente à l’époque, comme sur la guerre en Irak et l'occupation de l'Afghanistan. Toutefois, le NPD a voté en faveur de la mission militaire canadienne quand elle a commencé en octobre 2001, puis en 2008 il a voté avec les Conservateurs contre une résolution du Parti libéral pour mettre fin à la mission de combat en 2009. (« Pas assez vite », expliquaient-ils.)
Ces dernières années, Jack Layton a maintes fois fait l'éloge des troupes canadiennes à Kandahar. Le programme électoral du NPD ne comporte pas de temps limite ou de mots tels que le retrait « immédiat » de l'Afghanistan. Au lieu de cela, le NPD propose seulement de «terminer l'implication de combat du Canada ... et de ramener nos troupes à la maison.» Cela laisse malheureusement une échappatoire pour des opérations militaires canadiennes en cours telles que la «formation» des troupes afghanes.
Une des explications de l’opportunisme du NPD est sa volonté de gagner des sièges dans des régions où les Forces armées canadiennes ont une forte présence, comme dans la région d’Halifax. Plus fondamentalement, le NPD est réticent à combattre les politiques militaristes agressives de Stephen Harper craignant les accusations selon lesquelles ils sont «mous contre le terrorisme» ou «antipatriotiques». (Vous rappelez-vous de l’absurde "Taliban Jack" en ligne d’Harper?)
Ce repli a affaibli le mouvement anti-guerre au Canada. Alors qu'une forte majorité de Canadiens continuent de s'opposer à la guerre en Afghanistan, l'étouffement des voix anti-guerre au Parlement fait en sorte qu’il est plus difficile de mobiliser cette majorité dans les rues. Seuls les Conservateurs de Stephen Harper ont bénéficié du fait que la guerre et la paix n’ait pas été une question-clé de la campagne électorale.
L'élection même d’un seul communiste aurait pu radicalement changer ce portrait. Tôt ou tard, les députés communistes seront de retour au Parlement, et l'opposition à la guerre et au militarisme sera entendue haut et fort dans les couloirs du pouvoir. Un vote pour un candidat communiste n’est pas gaspillé, c'est un vote pour se rapprocher de ce jour.
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