jeudi 24 avril 2008

Révoltes internationales contre la vie chère

22 avril 2008
Solidaire, Belgique

Le coût élevé de la vie et de l’alimentation provoque depuis plusieurs mois des luttes un peu partout dans le monde.

François Ferrara

« L’augmentation du nombre de pauvres Philippins est de la faute de Gloria ». Le très militant Kilusang Magbubukid ng Pilipina (KPM) pointe du doigt la politique antipauvre et antipopulaire de la présidente philippines Gloria Arroyo. (Photo www.arkibongbayan.org)

Au Mexique, début 2007, de nombreuses émeutes contre le prix de la galette de maïs, plat de base de la cuisine mexicaine, avaient été réprimées dans la violence. Depuis les accords de libre-échange, ce pays a connu un exode massif des paysans vers la ville. 30% d’entre eux ont fait faillite car leur exploitation agricole n’étant plus rentable par rapport aux prix des importations venant des USA. Le Mexique est passé du statut de pays exportateur au statut de pays importateur. Il a perdu sa souveraineté alimentaire.
Au Burkina-Faso, pendant une semaine en février 2008, le coût élevé de la vie a provoqué des émeutes dans trois grandes villes du pays. La hausse des produits de base est de 65%. Ces émeutes ont éclaté 15 jours après que le gouvernement eut annoncé des mesures « fermes » pour contrôler le prix des produits de base. On s’attendait à cette réaction a expliqué Laurent Ouédraogo, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs : « La misère n’attend pas ; les gens voient les prix augmenter chaque jour et ne savent pas quoi faire. C’est comme si on avait des allumettes près d’un morceau de coton, susceptible de prendre feu à tout moment ».
La Côte d’Ivoire a aussi connu ce 31 mars 2008 une manifestation à Abidjan, la capitale, contre la vie chère fortement réprimée dans la violence. Les manifestants ont scandé « Nous avons faim, mettez un terme à nos souffrances », ou encore « La vie est trop chère, vous allez nous tuer », avant que la police anti-émeute ne balance des grenades lacrymogènes. Pour certains produits, les prix ont grimpé de pas moins de 30 ou 60 pour cent d’une semaine à l’autre. Malgré les appels à l’aide de la population, le gouvernement ne promet aucune mesure pour lutter contre la hausse des prix.
En Haïti, des foules de manifestants affamés ont pris d’assaut le palais présidentiel à Port-au-Prince, la capitale, lors de manifestations relatives aux prix des denrées alimentaires. Ces émeutes ont provoqué la mort d’au moins 4 personnes.
Au Yémen, les enfants ont défilé pour attirer l’attention sur leur faim.
Des protestations ont aussi lieu depuis le début de l’année en Bolivie, Ouzbékistan, Indonésie. Le Pakistan doit se résoudre au rationnement alimentaire dans plusieurs villes et le gouvernement a interdit l’exportation de riz. Cela a entraîné de nombreuses protestations de la part de la population.
En Argentine, les collectifs de citoyens se mobilisent pour réclamer que le gouvernement prennent des mesures contre la hausse des produits de base.
L’impact commence aussi à se faire sentir dans les pays riches. Un blé plus cher a causé de grosses augmentations du prix des pâtes et du pain, en Italie, où les associations de consommateurs ont organisé une grève d’une journée qui a réduit la consommation de pâtes de 5% le 13 septembre 2007. En Grande-Bretagne, le prix du pain augmente parallèlement à celui du blé. Outre l’Italie, la vague de grève et de manifestations a balayé la Belgique, la France, l’Allemagne, le Portugal. Aux USA, la distribution des bons alimentaires aux plus pauvres a doublé depuis début janvier.

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