mardi 1 avril 2008

Tibet • Le programme politique du Dalaï-Lama sous la loupe

mercredi, 31 mai 2006, 15h36

Jean-PaulDe Simpelaere
Solidaire
31-05-2006

Les prédécesseurs du Dalaï-Lama étaient des seigneurs locaux qui régnaient sur un territoire à peu près aussi vaste que l'actuelle province autonome du Tibet.

Mais le Dalaï-Lama revendique aujourd'hui le double de territoire, d'une superficie égale à cinq fois celle de la France. Son prédécesseur, le 13e dalaï-lama, avait eu cette idée en 1913, au cours de sa lutte pour l'indépendance vis-à-vis du régime républicain chinois assez faiblard de l'époque. Les Anglais, qui avaient alors des avantages coloniaux au Tibet, l'avaient soutenu et avaient donc armé ses troupes. La Chine n'avait pas été d'accord et les choses en étaient restées là. Il faut savoir que le Tibet avait été incorporé à l'empire chinois dès le 13e siècle.

Ce « Grand Tibet », le Dalaï-Lama l'appelle le « Tibet culturel ». C'est surtout au 8e siècle que la population tibétaine s'est répandue dans de nombreuses régions voisines où, depuis des siècles, vivaient déjà une dizaine d'autres groupes de population. Au total, quelque 25 millions d'habitants, soit quatre fois plus que le nombre total de Tibétains. Ce qui explique pourquoi le Dalaï-Lama prétend que son peuple est minoritaire dans son propre pays. Or un habitant sur trois de cet immense territoire est d'ethnie hui (musulmane) et n'est donc pas tibétain.

Le Dalaï-Lama et la violence

« Le Grand Tibet doit être démilitarisé, l'armée chinoise doit s'en aller », dit le Dalaï-Lama. Son message de paix, c'est que la Chine ne devrait pas pouvoir stationner des troupes sur une partie de son propre territoire. Ca secoue l'imagination, un aussi pieux paradis sur terre, et sans armes. Mais la réalité du monde est tout autre… Sous le précédent Dalaï-Lama, le 13e de la série, les Anglais avaient bel et bien équipé et entraîné toute une armée à son service. Et sous l'actuel, avec son approbation totale, c'est une armée rebelle, qui est équipée et entraînée, cette fois par les États-Unis1.

Dès le début, le Dalaï-Lama actuel a eu une attitude tout empreinte de duplicité vis-à-vis de l'usage de la violence. Sous le régime chinois dirigé par Mao Ze Dong, dans la période 1951-59, il avait négocié pacifiquement une nouvelle union. Mais, en même temps, il soutenait les préparatifs d'une résistance armée. La « Milice des Quatre Rivières et des Six Chaînes de Montagnes » avait reçu de lui la bénédiction de la « kalachakra » (= guerre sainte) en 1957, au cours d'une fête qui s'était déroulée à Lhassa.

Dernièrement encore, le Dalaï-Lama a rédigé une préface louangeuse au bouquin « Les guerriers de Bouddha, des combattants de la liberté soutenus par la CIA », de Mikel Dunham (USA, 2004).

Des louanges pour la résistance armée, ne disposant malheureusement que d'armes désuètes, ajoute notre homme.

La résistance armée au Tibet ayant donc échouer, le Dalaï-Lama a reporté son attention sur une tournée diplomatique mondiale.

Lors d'une conférence de presse à Strasbourg, après son discours au Parlement européen en octobre 2001, le 14e dalaï-lama affirmait également son soutien aux bombardements américains en Afghanistan : « J'admire le fait que les Américains choisissent leurs cibles avec tant de soin, afin de limiter le nombre de victimes civiles. Cela me semble une forme plus civilisée de guerre que la Première et la Seconde Guerres mondiales. En outre, la guerre en Afghanistan était une sorte de libération du peuple, qui avait beaucoup souffert sous les précédents régimes. »

À propos de la guerre en Irak, il préfère s'abstenir de toute condamnation. Dans une interview accordée à Associated Press à New York, le 11 septembre 2003, juste après sa rencontre avec entre autres Bush, Powell et Cheney, il déclare : « Il est trop tôt pour dire que la guerre en Irak a été une erreur. L'histoire le prouvera. » dans une autre interview pour la chaîne de télévision ARTE, il complète sa pensée. Pour lui, il y a de bonnes et de mauvaises guerres. Une bonne guerre fut la guerre de Corée de 1950-53, « qui a quand même été un demi-succès ». Il veut dire par-là que la Corée du Sud n'est pas devenue communiste.

Une mauvaise guerre fut celle du Vietnam, « qui causa trop de victimes sans résultat final ». Ici, il veut dire que les Américains n'ont pas gagné la guerre et qu'ils ont eu d'énormes pertes.

1 Une étude à ce propos, réalisée sur base d'interviews d'anciens rebelles, d'officiers et de fonctionnaires de la CIA ainsi que des frères du dalaï-lama et s'appuyant en outre sur des archives complaisamment cédées par le gouvernement américain, a été publiée en 2002 dans « Etudes sur les Guerres modernes » (Kansas, EU).

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'Assemblée Générale de l'ONU adopta en 1961 la résolution 1723 dont voici un extrait:

((L'Assemblée Générale...)) Solemnly renews its calls for the cessation of practices which deprive the Tibetan people of their fundamental human rights and freedoms, including their right to self-determination ;

Voici quelques questions:

1. Cette résolution rappelle-t-elle le droit à l'autodétermination du peuple tibétain?
2. L'ONU est-elle habilitée à juger de ce droit?
3. Dans l'absolu les Tibétains étaient-ils bien un peuple, autrement dit (en ce qui nous concerne ici) étaient-ils non sinisés dans les années 1950?
4. La formule their right to self-determination est-elle incompatible avec une suzeraineté tierce, mainmise chinoise comprise, décidée puis maintenue sans consulter les Tibétains?
5. La Chine néglige-t-elle ce droit depuis son entrée au Tibet?
6. Le fait que la Chine néglige cette résolution tout en étant membre de l'ONU et se pose en libératrice du peuple tibétain, bafoue son droit à l'autodétermination, exploite les ressources du Tibet et y tire (après avoir chassé les témoin, dans la rue et sans procès) sur des civils dépourvus d'armes à feu, montre-t-il son hypocrisie et sa mauvaise foi?

http://fr.discu.org/wiki/Le_Tibet_et_la_Chine