Réveillé par l’inspirante «Intifada des pauvres» de la Tunisie voisine qui a récemment déposé la dictature de Zain Al Abidin Bin Ali, les masses égyptiennes sont déterminées à faire partir Moubarak. Alors que le cri de ralliement populaire est de mettre fin à l'oppression et pour l’instauration d’une véritable démocratie, les fondements de la montée révolutionnaire sont enracinés dans les revendications sociales et économiques de la classe ouvrière, qui a enduré de haut taux de chômage, la hausse des prix des aliments et l’appauvrissement - accentué davantage au cours de la récente crise économique mondiale - pendant que l’élite de la classe dirigeante et ses laquais dans le régime Mubarak accumule à son profit la richesse nationale produite par leur travail.
Les manœuvres transparentes de Moubarak à endiguer la marée tout en s'accrochant au pouvoir ont lamentablement échoué. Premièrement, il a annoncé un remaniement ministériel cosmétique, élevant Omar Sulieman à la vice-présidence. Sulieman, l'ancien chef des tristement célèbres services de renseignement de l'Égypte, est bien connu pour son rôle d’homme de main de la CIA, organisant des vols de livraison de prisonniers et la torture à l'instigation de Washington et de la soi-disant « Guerre contre le terrorisme ». Plus tard, le dictateur s’est engagé à terminer son mandat (jusqu'en Septembre 2011) avant démissionner, en espérant que le délai lui permettrait de regrouper ses forces affaiblies. Mais le peuple égyptien a rejeté massivement ces fausses promesses et ces « concessions ». Enfin, le régime a eu recours à la violence, déchaînant ses voyous (La plupart des flics en civil et des membres de son Parti national démocratique discrédité, déguisés en supporteurs «pro-Moubarak») à attaquer les manifestations pacifiques et non armées sur la place Tahrir au Caire, à Alexandrie, Suez et ailleurs. Mais les gens ont tenu ferme contre cette violence contre-révolutionnaire, en dépit d'une escalade du nombre des décès et des blessures.
Le rôle des puissances impérialistes dans cette crise, y compris le Canada, a été à deux faces et méprisable. Alors que Washington, Londres et Ottawa ont été forcés de reconnaître publiquement la légitimité du ressentiment populaire contre l'odieux régime, et de se poser en défenseurs de la «démocratie» et du «droit à la dissidence pacifique », ils ont fiévreusement travaillé dans les coulisses pour soutenir leurs intérêts dans la région. Bien que Moubarak lui-même ne soit pas indispensable, l'impérialisme américain et ses alliés craignent que le mouvement en plein essor se développe en une véritable révolution nationale démocratique et anti-impérialiste, et qui pourrait se propager à d'autres parties du monde arabe, menaçant le règne des régimes amis et ébranlant l’hégémonie des États-Unis et d’Israël dans l’ensemble de la région.
Le Parti communiste du Canada exprime son entière solidarité avec le processus révolutionnaire héroïque en cours en Égypte aujourd'hui, et prie instamment tous ses membres et sympathisants, toutes les Canadiennes et tous les Canadiens épris de démocratie et d’anti-impérialisme à appuyer le peuple égyptien dans les manifestations qui auront lieu à travers le Canada. Nous condamnons la faillite du gouvernement Harper à condamner le régime de Moubarak publiquement et sincèrement, et nous exigeons un renversement complet de la politique étrangère d'Ottawa et de prendre partie pour la lutte du peuple égyptien, en commençant par l'expulsion de l'ambassadeur égyptien au Canada en réponse à la violence d'Etat organisée par Moubarak contre son propre peuple.
Publié par le Comité exécutif central,
Parti communiste du Canada
4 février 2011
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