Dans le contexte du renforcement des mouvements autochtones de base, l'Assemblée des Premières Nations (APN) a convoqué une deuxième "Journée nationale d'action" annuelle pour le 29 mai. Cet appel de l'APN reflète les justes revendications des nations ayant le statut d'autochtones relativement aux réserves. Cette Journée représente pour nous l'occasion très attendue de soutenir l'appel de l'APN et de soulever un débat plus profond et plus large au sujet de tous les peuples dont le statut d'autochtones est reconnu ou non de ce pays appelé "Canada".
La Journée nationale d'action survient à un moment critique de croissance des luttes des peuples autochtones pour défendre leurs territoires traditionnels et mettre fin à la pauvreté et au racisme. Le Parti communiste du Canada demande instamment au mouvement syndical et aux mouvements démocratiques de participer massivement à la Journée nationale d'action et à toutes les luttes des Autochtones. Nous nous engageons à intensifier notre appel en faveur d'une véritable égalité de toutes les nations à l'intérieur du Canada, et du règlement adéquat des justes revendications des peuples autochtones, y compris un règlement rapide des revendications territoriales fondée sur la pleine reconnaissance des droits ancestraux inhérents. Nous exigeons que les peuples autochtones puissent faire appliquer les mesures judiciaires nécessaires pour faire cesser l'exploration des ressources et de tous les autres projets réalisés sur leurs terres traditionnelles en attendant le règlement des réclamations, s'ils le souhaitent.
Plus de 500 ans après le début, par un véritable génocide, de la colonisation impérialiste, les peuples autochtones des Amériques intensifient toujours davantage leur résistance en développant leur force et leur unité. Nous saluons les progrès politiques historiques réalisés par la classe ouvrière en Amérique latine, tels que l'élection d'Evo Morales en Bolivie, en grande partie fondée sur les luttes des puissants mouvements indigènes contre l'impérialisme états-unien et ses alliés locaux.
Le Canada n'est pas isolé de ce processus puisque les peuples autochtones de ce pays souffrent du même type d'oppression que ceux du reste de l'hémisphère. L'honteuse réalité est que les taux de chômage et de pauvreté sont beaucoup plus élevés chez les peuples autochtones qu'au sein de n'importe quel autre groupe du Canada. Le taux de suicide des jeunes autochtones est d'environ dix fois supérieur à celui de l'ensemble de la population. 43 % des enfants des Premières Nations ne reçoivent pas de soins dentaires de base. Depuis des années, plus de 100 collectivités autochtones sont placés sous la consigne de faire bouillir l'eau, fait qui ne serait toléré dans aucune autre région. Le taux de surpeuplement des familles autochtones est le double de celui de toutes les autres familles canadiennes. Presque la moitié des foyers autochtones sont contaminés par la moisissure. L'amiante, les pesticides et les résidus miniers constituent un problème particulièrement mortel au sein des communautés autochtones.
Les décennies passent mais ces chiffres effroyables ne changent que rarement. Or le gouvernement Harper, au lieu de prendre des mesures décisives pour améliorer les conditions de vie, est même allé jusqu'à abolir l'aide fiscale limitée accordé par l'Accord de Kelowna et à rejeter la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Forcé par l'opinion publique de faire au moins un geste symbolique vers l'égalité, le premier ministre Stephen Harper a annoncé des plans pour la présentation d'"excuses" pour l'affaire des pensionnats, qui a été un véritable génocide culturel. En fait un plus grand nombre d'enfants autochtones sont aujourd'hui séparés de leurs familles que jamais auparavant, et les meurtres de centaines de femmes autochtones n'ont toujours pas été élucidés et ne sont toujours pas reconnus.
En même temps les conservateurs et les organismes de police sont en train de criminaliser les jeunes autochtones en affirmant, par exemple, que l'opposition aux Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver est dirigée par des "terroristes autochtones". Ce mensonge survient après que l'on ait révélé l'année dernière qu'un manuel des Forces armées canadiennes contient une liste de mouvements de résistance autochtone incluant des groupes soi-disant «terroristes» et considère clairement ceux-ci comme étant des cibles d'attaques militaires. En Ontario, les Six membres de la nation KI (Kitchenuhmaykoosib Inninuwug), et Robert Lovelace, porte-parole des Algonquins Ardoch sont encore en prison pour avoir commis le "crime" de s'opposer à l'exploitation des territoires traditionnels par les grandes entreprises. Les politiques racistes des conservateurs de Harper et des gouvernements provinciaux ouvrent la voie à de nouvelles attaques de la police contre les peuples autochtones et peuvent entraîner de nouveaux incidents tragiques tel que celui d'Ipperwash.
Les personnes qui refusent d'accepter l'injustice et l'oppression ne sont pas des "terroristes" ou des "criminels". Les vrais criminels sont les grandes entreprises et les gouvernements qui tirent profit du vol des terres autochtones alors que les familles vivent dans un état désespérant de pauvreté.
La vérité est que l'État canadien a été fondé sur le vol de territoires autochtones. La plupart des terres occupées par le Canada ont tout simplement été volées à la population autochtone pour qu'elles soient utilisées par les colons. Tous les traités signés de nation à nation ont été violés presque immédiatement par les autorités colonisatrices pour empiéter davantage sur les terres autochtones. Bien que ces terres et ces ressources aient été exploitées et aient enrichi les grandes entreprises locales et les transnationales étrangères qui dominent l'économie canadienne, les peuples autochtones continuent de souffrir des taux intolérables de pauvreté, de chômage, d'analphabétisme et de maladie.
Le moment est venu de payer le loyer. Les Premières nations, les Métis et les Inuits exigent que l'on mette fin à des décennies et à des siècles de souffrances et d'humiliations nationales innombrables. Les revendications territoriales des Six Nations de Caledonia, la lutte des Mohawks de Tyendinaga, la résistance de la nation KI contre l'exploration minière sur leurs territoires traditionnels, le blocus de Grassy Narrows dans le nord-ouest de l'Ontario, les protestations croissantes contre la constructions d'installations liées aux Jeux olympiques sur des territoires autochtones non cédés de la Colombie britannique sont quelques-unes des mises en garde que la violation raciste et criminel des droits autochtones ne seront pas acceptées. Malgré les revers judiciaires, les Métis du Manitoba continuent leur lutte pour renverser la situation quant au vol de leurs terres perpétré au moment de la Confédération.
Le Parti communiste condamne les politiques racistes des conservateurs de Harper et exprime sa pleine solidarité avec la Journée nationale d'action du 29 mai et avec toutes les luttes autochtones menées à travers le Canada. Nous continuerons à faire notre part pour aider à mobiliser la population en vue d'un plein appui à toutes ces actions.
Nous voulons des relations égalitaires et justes entre toutes les nations du Canada. Nous voulons une nouvelle constitution démocratique basée sur l'égalité et sur le partenariat volontaire des peuples autochtones, du Québec et du Canada anglais, qui reconnaisse les droits nationaux des peuples autochtones et ceux du Québec à l'autodétermination, jusqu'à et y compris la sécession. Nous voulons un règlement juste et rapide des revendications territoriales autochtones, y compris celles concernant les ressources naturelles, et, de toute urgence, la mise en oeuvre de mesures pour améliorer les conditions de vie, l'emploi, la santé et le logement des peuples autochtones.
Aucun processus visant la réalisation de ces objectifs ne peut fonctionner sans le plein respect des droits nationaux des nations autochtones, et, en particulier, du droit à l'autodétermination ainsi que des droits issus des traités et des droits constitutionnels.
Nous sommes fiers de la vision de notre Parti pour le Canada. L'intérêt croissant que les peuples autochtones manifestent envers le Parti communiste du Canada est le résultat de nombreuses décennies de lutte pour une égalité nationale authentique et pour atteindre l'objectif d'un Canada socialiste, qui fera en sorte que ces politiques, depuis longtemps désirées, deviennent une réalité. Rien de moins ne peut faire cesser les conséquences tragiques de cinq cents ans d'oppression coloniale raciste. Nous lutterons inlassablement pour ces objectifs jusqu'à ce que ce terrible héritage soit effacé!
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