mardi 30 juin 2009

Honduras: Un coup d'État contre les forces progressistes

30 juin 2009, Solidaire, PTB

Le président Zelaya renversé au Honduras : pourquoi ce premier coup d’Etat en Amérique centrale depuis 20 ans ? Le renversement par l’armée d’un président progressiste préfigure-t-il ce qui pourrait se passer demain dans d’autres pays du continent ?

Le Honduras était, jusqu’il y a peu, le prototype de la république bananière. Dans le sens littéral du terme. Longtemps soumis aux quatre volontés de la compagnie Chiquita (anciennement appelé la United Fruit Company), le Honduras a été utilisé par les Etats-Unis dans les années 80 comme base arrière pour entretenir des guerres sales en Amérique centrale, notamment au Salvador et au Nicaragua. Toutes les institutions sont dans les mains de forces de droite et d’extrême droite. Mais il y a quatre ans, le changement pointe son nez. La présidence de la République échappe à la caste au pouvoir.

En effet, même s’il est fils de grand propriétaire terrien, élu en novembre 2005 comme candidat du Parti Libéral (droite) pour un mandat présidentiel de quatre ans (non renouvelable), Manuel Zelaya crée la surprise en réclamant dès 2006 le démantèlement de la base US de Soto Cano. Et surtout, en signant en août 2008 l'adhésion de son pays à l'ALBA (Alliance bolivarienne pour les Amériques), cet accord de coopération entre plusieurs pays progressistes de la région (comme Cuba et le Venezuela). Le Congrès national hondurien, bien que dominé par les forces réactionnaires, accepte de ratifier cette adhésion par attrait, surtout, pour le pétrole vénézuélien.

En juin 2009, adoptant la voie suivie successivement au Venezuela par Hugo Chavez, en Bolivie par Evo Morales et en Equateur par Rafael Correa, le président Zelaya propose la convocation d'une Assemblée constituante qui rédigerait une nouvelle Constitution. Il demande aux Honduriens de répondre le dimanche 28 juin par référendum à la question: « Approuvez-vous que lors des élections générales de novembre 2009 soit installée une urne afin de décider de la convocation d'une Assemblée nationale constituante qui approuve une nouvelle Constitution politique?».
« Le peuple a le droit de recourir à l’insurrection pour la défense de l’ordre constitutionnel » (constitution du Honduras)
Le jeudi 24 juin 2009, les pays de l'ALBA (Alternative bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) se réunissent à l'occasion de l'entrée officielle de l'Équateur de Rafael Correa, portant à neuf le nombre de membres de l'alliance.

Le même soir, le chef de l'armée de terre du Honduras, pays membre de l'ALBA, défie le président de son pays, Manuel Zelaya en le menaçant d'un putsch militaire, soutenu par l'ensemble des forces de droite, les dirigeants de l'église catholique, ceux des églises évangéliques, les médias privés et le patronat ainsi que les chefs des autres corps d'armée. Dans la nuit du 27 au 28 juin, l'armée passe à l’acte et occupe la rue, le processus démocratique est interrompu et le président Zelaya est expulsé manu militari au Costa Rica.

La population s’est directement opposée au coup d’Etat dès le dimanche matin quand elle se rendait dans les bureaux de vote.Elle s’appuie pour cela sur les articles 2 et 3 de la Constitution du Honduras qui affirme que « l’usurpation de la souveraineté populaire et l’usurpation des pouvoirs constitués sont définis comme des crimes de trahison (…) » (Article 2) et que « nul ne doit obéissance à un gouvernement usurpateur (…) « Le peuple a le droit de recourir à l’insurrection pour la défense de l’ordre constitutionnel » (Article 3). Depuis, les manifestations se succèdent.

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