jeudi 20 mars 2008

Justice pour John Graham

Résolution spéciale adoptée par le Comité central du Parti communiste du Canada le 8 et le 9 décembre 2007

À leur dernière réunion, les membres du Comité central du Parti communiste du Canada ont dénoncé l’extradition du militant autochtone John Graham vers les États-Unis, survenue le 6 décembre, en tant que violation consternante des libertés civiles et des droits judiciaires, et que violation inacceptable de la souveraineté du Canada et de celle des peuples autochtones.

Au cours des quatre dernières années, John Graham, sa famille et ses défenseurs ont courageusement refusé de céder aux pressions du Bureau fédéral d’investigation (FBI), qui exigeait le transfert de ce militant aux États-Unis pour qu’il y soit jugé pour le meurtre brutal de Anna Mae Aquash, membre du Mouvement amérindien des États-Unis (American Indian Movement - AIM), commis en 1975. Au cours des années, il est devenu de plus en plus évident que les accusations portées contre John Graham ne reposent que sur des preuves fabriquées de toutes pièces, et que le FBI a malhonnêtement essayé de réfuter les accusations bien-fondées présentées il y longtemps, en essayant d'incriminer Anna Mae en faisant semblant de la protéger des regards des médias afin de répandre la fausse rumeur qu’elle avait été une agente de police, alors qu'en vérité, c'est le FBI qui est profondément impliqué dans mort tragique de cette femme.

Comme l’avaient averti un grand nombre d’experts judiciaires et de défenseurs des libertés civiles, les modifications apportées en 1999 par le Parlement aux lois canadiennes sur l’extradition adoptées ont pratiquement enlevé aux juges canadiens tout pouvoir de rejeter une demande d’extradition provenant des États-Unis. Les tribunaux canadiens n'ont en effet plus le droit d’exiger des preuves de culpabilité d'un degré minimal pour juger s'ils doivent ou non approuver une demande d’extradition, alors que ce droit est celui de tout pays souverain. Les avocats de l’accusation des États-Unis ont été incapables de présenter la moindre preuve crédible établissant un lien quelconque entre John Graham et le meurtre, mais les tribunaux de la Colombie britannique ont approuvé la demande d’extradition puis rejeté l’appel de Graham au début de cette année.

Depuis, le Comité de défense de John Graham et d’autres organisations exigent sans relâche du ministre fédéral de la Justice, Rob Nicholson, qu'il empêche l’extradition, et l’appel final a été envoyé à la Cour suprême du Canada. Il est tragique que celle-ci ait refusé cet appel le 6 décembre et, qu’en quelques minutes, sans lui donner la moindre possibilité de parler aux membres de sa famille, elle ait transféré John Graham de sa cellule de prison vers la frontière états-unienne. Par leur inaction délibérée, le ministre fédéral de la Justice Nicholson et ses collègues du gouvernement conservateur de Harper sont devenus complices de cette campagne criminelle que mène depuis plusieurs décennies le gouvernement des États-Unis et le FBI pour éliminer le Mouvement amérindien des États-Unis. Ils sont aussi complices que le gouvernement libéral en 1976, qui n'a rien fait pour empêcher l’extradition du Canada de Leonard Peltier, leader de l’AIM.

Maintenant que cette ignoble extradition a été exécutée, la campagne «Justice pour John Graham» a franchi une nouvelle étape. Le Parti communiste du Canada exige la tenue d’un procès équitable dans le cas de John Graham, ce qui a été refusé à Leonard Peltier, qui est injustement incarcéré depuis plus de 30 ans. Nous nous joignons aux personnes et aux organisations qui dénoncent le coup monté de la police raciste des États-Unis contre John Graham. Nous demandons aux mouvements syndicaux et démocratiques qui appuient les luttes des peuples amérindiens pour la justice et qui s’opposent à la destruction de la souveraineté du Canada et des peuples autochtones, de se joindre à cette lutte pour obtenir la libération de John Graham et de Leonard Peltier.

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