samedi 22 mars 2008

La direction du Parti communiste examine les défis que la classe ouvrière canadienne devra relever en 2008

Rapport de la Réunion du Comité central du Parti communiste du Canada tenue le 8 et le 9 décembre 2007

Si, le plus souvent, le tourbillon d'activités politiques ralentit en décembre, ce n'est sûrement pas le cas cette année. Tous les regards du monde étaient tournés vers le Venezuela et vers la Russie le 2 décembre, puis vers Bali, où la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques allait débuter le lendemain. Ici même, au Canada, les principales nouvelles portaient sur les témoignages qui devaient avoir lieu à Ottawa relativement au scandale impliquant Karlheinz Schreiber, et, le 7 et le 8 décembre, sur la Réunion du Conseil des Travailleurs canadiens de l’automobile à Toronto, où la direction du syndicat avait adopté l’entente controversée avec l’entreprise Magna, malgré l'opposition farouche qui s’est manifestée tout au long d'une journée entière de débats.

Vers la même période, durant la fin de semaine du 8 et du 9 décembre, le Comité central (CC) du Parti communiste du Canada (PCC) a tenu sa seconde réunion de 2007. Les membres du CC ont également fêté le 90ème anniversaire de la Grande révolution socialiste d’Octobre 1917 dans la grande salle du Syndicat des métallos de Toronto.

La réunion du Comité central a débuté par le rapport sur la situation internationale et nationale, qui a été présenté par le leader du Parti, Miguel Figueroa. Ce document fait ressortir les récents événements survenus dans le cadre des luttes de classe tels que les mouvements de grève généralisée en France et en Égypte, et que la victoire de la campagne électorale menée en Australie qui a défait le premier ministre de droite John Howard.

Miguel Figueroa a souligné le fait que ces évènements surviennent dans un contexte de graves bouleversements au sein de l’économie des États-Unis, qui ont des répercussions dans le reste du monde.

«La crise des liquidités survenue en août aux États-Unis a d’abord été qualifiée de phénomène limité au marché local des hypothèques», a rappelé Figueroa. Mais les pertes dues à la contraction du crédit ont été évaluées à plus de 500 milliards de dollars, et le nombre de maisons saisies aux États-Unis a grimpé rapidement. Le statut du dollar états-unien continue de décliner et «l’arrivée d’une crise et d’une récession d’une certaine ampleur semble inévitable.»

Abordant la situation au Moyen-Orient, Figueroa a prévenu que les récentes négociations de paix ne seront fructueuses que si les conditions assurant une paix juste et durable seront instaurées dans la région, entre autres le retrait d’Israël de tous les territoires occupés, le démantèlement du "mur de l’Apartheid" et des colonies d’Israël en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza; la libération des prisonniers politiques palestiniens; le droit de retour des populations déplacées depuis 1948; la restitution de la partie Est de Jérusalem ou l’établissement d’une «ville ouverte» ayant une administration conjointe; et d’autres mesures permettant l’existence d’une Palestine viable, véritablement indépendante et souveraine.

Lançant un appel à la solidarité avec le people palestinien, Figueroa a souligné que «nous devons exiger que le dur virage pro-israélien que la politique étrangère canadienne a subi soit renversé».

Au sujet des troubles politiques qui secouent le Pakistan, Figueroa a indiqué que le Parti communiste appuie les revendications des forces progressistes de ce pays pour la pleine restauration des droits démocratiques et pour la tenue d'élections vraiment libres.

Figueroa a présenté les grandes lignes de la situation complexe de la Russie. Le parti «Russie unie» de Poutine a manipulé les élections du 2 décembre, obtenant ainsi plus de 64% des votes et 315 sièges à la Douma. Le Parti communiste de la Fédération de Russie s’est classé deuxième avec 11,6% des votes.

Le régime de Poutine, a dit Figueroa, «représente surtout les secteurs dominants de la bourgeoisie russe, qui ont constitué leurs fortunes en pillant les biens du peuple après le renversement du socialisme». Le gouvernement, a-t-il continué, «essaie, d’une part, d'être admis dans les cercles impérialistes et, d’autre part, de s’opposer à ce qu’il considère, avec raison, être les visées hégémonistes des États-Unis sur la Russie».

Au Venezuela, a poursuivi Figueroa, par un résultat très serrés du referendum sur les amendements constitutionnels du 2 décembre, la Révolution bolivarienne a subi un revers mais nullement une "blessure mortelle", contrairement à ce que prétend l’impérialisme états-unien. Le gouvernement proposait l’adoption d’une vaste série de mesures constitutionnelles progressistes, entre autres, la gratuité et l’universalité de l’éducation universitaire, la diminution de la semaine de travail à 36 heures et l’accroissement de l’importance des instances de «pouvoir populaire» basées sur la communauté et sur les «conseils de travailleurs».

Les résultats, a-t-il affirmé, «confirment l’analyse du Parti communiste du Venezuela» (PCV), qui a fourni un grand appui à la campagne du «Oui», tout en prévenant que certaines propositions étaient mal formulées. Selon le PCV, la Révolution bolivarienne se trouve actuellement à une étape principalement démocratique et anti-impérialiste.

Au sujet de la conjoncture du pays, Figueroa a signalé que le Canada sera durement frappé par la crise généralisée que connaît l'économie états-unienne, «particulièrement dans le secteur manufacturier, qui chancelle sous le coup de la désindustrialisation des dernières années». Depuis 2002, presque 300 000 emplois dans ce secteur ont disparu.

Alors que les taux officiels de chômage restent bas et que les exportations de marchandises augmentent, a-t-il dit, la chute de l'indice composite de dix importants indicateurs économiques depuis le début de l'année 2007 annonce des temps difficiles. La plupart des nouveaux postes vacants ont trait à des emplois mal rémunérés, temporaires et à temps partiel, et l'écart entre, d'une part, les riches et, d'autre part les travailleuses/eurs et les pauvres du Canada s'accroît rapidement.

Figueroa a souligné le fait que la croissance phénoménale du secteur énergétique dans l'Ouest du Canada aura «des conséquences très profondes et à long terme» sur les régions affectées, sur l'économie du pays et sur l'environnement. Cette question sera le sujet principal d'un rapport spécial qui sera étudié à la prochaine réunion du Comité central, qui devrait avoir lieu au printemps 2008.

En ce qui concerne la conjoncture politique fédérale, Figueroa a signalé le fait que «de nombreux facteurs ont changé depuis octobre» et que «dans le cercle intime de Harper tout air de supériorité a disparu». Le scandale Schreiber/Mulroney s’ajoute aux bilans catastrophiques des conservateurs relativement à l’environnement, à la “mission” militaire en Afghanistan qui n'avance pas, aux indices qui montrent le développement de la pauvreté, la perte d’emplois dans le secteur manufacturier, la détérioration de l’infrastructure urbaine, alors que les profits des grandes entreprises montent et s'affaissent comme les vagues d'une mer houleuse. Tels sont quelques-uns des facteurs qui ont placé les conservateur sur la défensive».

Dans son rapport, Figueroa dénonce avec véhémence les manifestations croissantes de racisme et de xénophobie dans l'ensemble du pays, et, entre autres, le tollé préparé de toutes pièces sur le vote des femmes voilées et le débat sur les "accommodements raisonnables" au Québec, qui est devenu une tribune pour des personnes intolérantes.

Une partie essentielle du rapport du Comité central est consacrée à la situation du mouvement ouvrier et syndical, a été présentée par Sam Hammond, président de la Commission syndicale du Parti (Voir des extraits de la page 6). Elle qualifie l'entente signée par la direction des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) avec l'entreprise Magna Corp. d'«entente qui abandonne le droit de grève et qui remplace le système de représentation des travailleurs par eux-mêmes, basé sur la confrontation et propre à la tradition militante indépendante, par le système de partenariat au sein de l'entreprise, basé sur l'efficacité, la productivité et la collaboration entre les deux parties qui s'engagent à suivre le programme de l'entreprise».

Dans son rapport, Hammond souligne avec joie le fait qu'au cours du récent Congrès de la Fédération des travailleuses/eurs de l'Ontario, de profonds débats ont eu lieu au sein du mouvement ouvrier et syndical, et le fait que le «Caucus pour l'action», de gauche,. a augmenté son influence. Encourageant les syndicalistes communistes et de gauche à développer et la mobilisation, et le programme relativement à d'autres stratégies pour les travailleuses/eurs, Hammond a déclaré que les négociations de 2008 entre les TCA et les Trois grands fabricants d'automobiles constitueront un test crucial sur l'unité de la classe ouvrière, qui est engagée dans la lutte totale contre les concessions.

Le rapport principal s'est terminé par une vue d'ensemble sur toute cette année de travail consacrée à la construction du Parti communiste. Il souligne l'augmentation des demandes d'adhésion reçues par courriel, et la fondation de plusieurs nouvelles cellules du Parti. Figueroa a insisté sur le fait que «nous devons considérer la croissance du Parti comme étant la tâche la plus essentielle» pour l'avancement des luttes de classe et des luttes démocratiques. Il a présenté le plan de la campagne en vue du recrutement, de l'accroissement du tirage, de la diffusion et de la vente des publications du Parti, de l'amélioration de son site Internet et de la préparation aux élections fédérales si attendues en 2008. La campagne publique «Jetons les conservateurs de Harper dehors!», lancée par le Parti, se poursuivra en 2008, et de nouveaux matériaux publicitaires seront produits à cet effet en janvier.

Au cours des deux journées de réunion du Comité central, les 25 membres de ce dernier ont tenu des débats approfondis sur le rapport présenté, particulièrement sur la situation internationale et sur les développements au sein du mouvement ouvrier et syndical. Le rapport a été adopté unanimement, ce qui reflète le niveau élevé d'unité qui existe au sein du Parti sur les défis cruciaux auxquels font face la classe ouvrière et les mouvements démocratiques.

Un autre rapport crucial a été présenté au Comité central par Johan Boyden, dirigeant de la Ligue de la jeunesse communiste (LJC) sur le mouvement de la jeunesse et sur la LJC. Le Congrès central de 2007 du Parti a accordé une grande priorité au travail de construire la LJC et à l'aide que les camarades doivent y consacrer. La LJC poursuit le recrutement de membres et fonde de nouvelles cellules dans tout le Canada. Boyden a souligné le rôle grandissant que joue la LJC au sein du mouvement étudiant et de celui des jeunes travailleuses/eurs, entre autre dans le cadre des campagnes pour l'augmentation du salaire minimum et dans la lutte militante et déterminée que mènent les étudiants du Québec contre l'augmentation des frais de scolarité.

Le Comité central a également adopté une série de résolutions spéciales, entre autres un appel pour le rejet du projet de loi C-3 et pour l'élimination des soi-disant "certificats de sécurité" et de toutes les prétendues "lois anti-terroristes"; une déclaration condamnant les récentes manifestations anti-immigrantes et racistes; une demande pour qu'un procès juste soit tenu dans le cas du militant autochtone John Graham, qui vient d'être extradé aux États-Unis relativement à de fausses accusations d'assassinat; et une lettre à la Fédération des Métis du Manitoba exprimant la solidarité du Parti communiste du Canada envers elle contre les récentes décisions qui ont rejeté les revendications territoriales des Métis dans la région de Winnipeg.

Une autre résolution demande à toutes les cellules et à tous les membres du Parti de mobiliser la population pour qu'elle participe le 15 mars aux manifestations organisées à l'occasion du 5ième anniversaire de la guerre menée contre l'Irak sous la direction des États-Unis. La résolution souligne l'urgence d'accroître la participation des travailleuses/eurs à la campagne contre le rôle militaire du Canada dans l'occupation de l'Afghanistan et lance un appel à la constitution d'un grand contingent canadien, qui se rendra à la Conférence mondiale pour la Paix, qui aura lieu à Caracas, Venezuela en avril.

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