Sous le thème « Oser au quotidien », s’est tenu le 62ème congrès de la CSN du 12 au 17 mai dernier à Québec. Plus de 2 000 délégué-e-s provenant de tous les syndicats étaient présents pour débattre des positions élaborées par l’exécutif.
Outre l’environnement—sujet à la mode s’il en est un—les autres propositions étaient réunis par thèmes qui se définissaient comme suit : contrer la discrimination sur la base des statuts d’emploi; définir un cadre pour les agences de placement; la conciliation famille-travail; développement économique, travail et emploi; formation de la main-d’oeuvre; santé; éducation; pour une nouvelle approche de protection de revenu à la retraite; société québécoise et immigration; l’action syndicale internationale; négociations commerciales et finalement, la responsabilité sociale des entreprises et des institutions publiques.
Malheureusement, on a peu élaboré sur des préoccupations majeures pour la classe ouvrière, tel que la perte de pouvoir d’achat, la détérioration des conditions de travail au fil des ans et la détérioration marquée et continue de notre filet de sécurité sociale, bref, tout ce qui touche de près la vie des travailleurs-euses actuellement. Une réflexion sur le syndicalisme d’aujourd’hui, la diminution marquée des luttes et les attaques persistantes contre le droit de grève auraient pu également faire l’objet de débat.
On doit noter positivement la proposition demandant une législation favorisant le droit pour tous les salarié-es d’être couverts par un régime de retraite financé par les patrons et régi par une loi. Mais ce type de propositions a été trop rare dans ce congrès. Les propositions touchant le secteur économique en lien avec le travail sont peu engageantes, timorées et favorisent même une plus grande concertation employeur-état-syndicat. Il s’agit ici d’une certaine continuité idéologique social-démocrate conséquente de la centrale syndicale depuis les années 80 ce qui fera dire à un camarade délégué que nous étions loin du syndicalisme de combat. On remarquera l’amélioration de la CSN sur son positionnement au plan international, la venue de Guy Ryder, secrétaire général de la Confédération Syndicale Internationale, ne fut pas fortuite sur ce plan.
L’éternel conflit opposant la Fédération de la santé et des services sociaux et la Fédération des professionnèles concernant leurs juridictions représentatives respectives, qui peuvent se chevaucher dans le secteur de la santé et des services sociaux, a été remis sur la table par la FSSS. Les votes d’allégeance que la loi 30 avait imposés en fusionnant de force les accréditations syndicales dans ce secteur avaient placé les deux fédérations en compétition dans plusieurs cas et exacerbé les contradictions. La FSSS appelait le congrès de lui reconnaître l’exclusivité dans le secteur.
Malheureusement, ce débat purement structurel a complètement pris le dessus sur presque toutes les autres propositions et occultant pour beaucoup le reste du congrès. Cela fut au point où l’horaire a dû être modifié suite à l’étirement du débat ce qui a eu pour conséquence d’annuler les ateliers. Le débat s’est finalement terminé sur le maintien du statu quo puisque le congrès a rejeté la requête de la FSSS. Les ateliers ayant été supprimés, les propositions ont dû être soumises directement en plénière.
Ce congrès n’a pas été marquant pour l’histoire de la CSN. Il est peut-être en continuité avec la crise que vie le syndicalisme dans le monde occidental et sa perte de contre-pouvoir. Pour reprendre sa place et en acquérir une nouvelle, les luttes et le combat sous toutes ses formes devront être renforcés et, sans perspective, c’est plus difficile. La CSN et ses syndicats devront « Oser au quotidien » avec la crise économique qui frappe à nos portes. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Ce congrès a malheureusement manqué le coche cette fois.
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