samedi 19 juillet 2008

DE L'AGITATION SE MANIFESTE AU CONGRÈS DU CTC

Traduction d’un article du numéro du 16 au 30 juin 2008 de «People's Voice», principal journal communiste anglophone du Canada. Tout article peut être reproduit gratuitement si la source est indiquée. Tarif annuel des abonnements - Canada : 25,00$Can ou 12,00$Can pour les personnes à faible revenu - États-Unis : 25,00$US - Autres pays : 25,00$US ou 35$Can. Envoyer votre chèque en indiquant votre adresse à : People's Voice, c/o Directeur des affaires, 133 Herkimer St. Unit 502, Hamilton, ON, Canada L8P 2H3.

par Sam Hammond, président de la Commission syndicale centrale du Parti communiste du Canada

Le 25e Congrès du Congrès du travail du Canada (CTC) a eu lieu à Toronto du 26 au 30 mai derniers, en présence de 1 800 déléguées/ués, qui représentaient 54 syndicats affiliés. Le CTC se compose de 55 syndicats, mais 400 déléguées/ués du Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public (SNEGSP) n'ont pas pu siéger parce que 20 000 dollars de cotisations ont été retenus au Manitoba parce que le CTC avait été incapable d'imposer la discipline et d'empêcher une tentative de maraudage syndical entreprise dans un casino par un autre syndicat affilié, celui des Teamsters,. La question des maraudages allait refaire surface un certain nombre de fois.

Le présent Congrès survient après la tentative faite en 2005 par Carol Wall d'évincer Ken Georgetti de son poste de président. Malgré la résistance de presque toutes/tous les dirigeantes/eants des grands syndicats affiliés, qui avaient empêché Carol Wall de se présenter aux principaux caucus et à des débats de candidats, celle-ci avait recueilli, la dernière fois, 38% des votes. Cela était une mesure exacte du niveau de l'agitation chez les syndiqués de la base et de leur appui au programme de Wall en faveur de réformes démocratiques et du rétablissement de liens organiques avec le mouvement de lutte pour la justice sociale. Cela aurait dû être pris en compte, mais ne l'a pas été.

L’absence de réponse à ces signes d'agitation a donné le ton de tout ce congrès. Dans son discours d'ouverture, Ken Georgetti, a déclaré : «À notre dernier Congrès, les syndicats ont lancé le défi au CTC : celui d’en faire plus et de faire mieux que jamais auparavant. Et je suis fier de dire que nous avons livré la marchandise.»

Mais quelle « marchandise » ? Elle n’est pas définie. Aussi il y en a qui pourrait déduire de cette déclaration que les déléguées/ués voulaient seulement plus de la même chose, seulement plus. Mais ce n'était assurément pas le cas de 38% des déléguées/ués et probablement de beaucoup d’autres. Malheureusement, à ce Congrès, elles/ils n'ont obtenu que plus de la même vieille « marchandise » : des représentations musicales et culturelles plus nombreuses et plus longues, un plus grand nombre d'invités, un petit peu plus de tout sauf des choses sérieuses et des débats. Elles/ils ont eu moins de temps pour élaborer les résolutions, pour intervenir dans les débats et certainement moins de possibilités pour les membres de la base de participer. Cette question a été soulevée par tous les caucus de gauche, le «Caucus des jeunes», le «Caucus pour l'action» et le «Forum socialiste».

Les caucus et les forums ont en fait constitué le point culminant du Congrès. Ils sont devenus, chaque jour davantage, les véhicules de l'expression démocratique et des débats. De nombreuses manifestations de déception ont eu lieu, en particulier de la part des quelques 200 déléguées/ués qui participaient pour la première fois à un Congrès syndical et dont la plupart étaient des jeunes.

Ce congrès du CTC aura été plus encadré que jamais il ne fut auparavant. Des représentants du personnel de la plupart des syndicats poursuivaient les microphones réservés aux opinions défavorables afin d’arrêter au passage les déléguées-ués dissidentes/ents et pour leurs rappeler que les politiques du syndicat et des caucus syndicaux devaient être respectées. Aussi, de nombreux délégués ont sentis qu'ils n'étaient là que pour approuver sans discussion des décisions déjà prises. Cette façon d'orienter l’expression des déléguées-ués démontre plus que toute autre chose l'insécurité de certains dirigeants syndicaux, qui sont très mal à l'aise face à des débats ouverts et à l'expression démocratique des opinions.

Un programme bien conçu, qui se transformait en affiche, a été largement distribué sur le plancher du congrès aux déléguées/ués par un groupe de syndicats de l'Ontario portant le nom d'«Action pour un changement». Ce programme n'était pas signé, et les syndicats concernés, entre autres, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), les syndicat des Métallos, le Syndicat international des employés de services (SEIU), n'avaient pas indiqué leur nom sur l'affiche. Mais ils ont proposé un programme très général, qui exigait, en gros, plus de militantisme et d'imputabilité, une approche plus programmatique de riposte à l' Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), de l'opposition à la privatisation, de la prévention contre le maraudage syndical, moins de collusion avec les employeurs, et des liens plus étroits avec les mouvements populaires.

L'affiche déclare ceci : «Notre «Action pour un changement» vise principalement à transformer le Congrès du travail du Canada en quelque chose dont nous avons besoin à nouveau : le CTC doit redevenir la voix collective, forte et claire, de toutes/tous les travailleuses/eurs du Canada». Rédigée par une dizaine de leaders syndicaux de l'Ontario, l'affiche représente les syndicats qui ont conclu entre eux un accord volontaire contre le maraudage et qui ont manifesté leur mécontentement.

Ces leaders ne sont pas restés passifs. Sid Ryan, leader du SCFP de l'Ontario, a assisté à la réunion du «Caucus pour l'action» au nom des syndicats de «Action pour un changement». Il a expliqué que les discussions avec la direction du CTC ont conduit à améliorer le Document 12, qui avait précédemment été rédigé, qui manquait de vigueur. Ce document recommandait, conformément aux conceptions typiques de direction où les décisions partent du sommet pour se rendre à la base, l'établissement d'une Commission de révision structurelle établie par le Comité exécutif et par le Conseil exécutif, en vue de l'examen des instances centrales des syndicats, de leurs relations et de leur financement, des consultations avec les syndicats affiliés et avec les Conseils du travail, et de la proposition d'un plan de mise en œuvre qui serait présenté au prochain Congrès.

Les syndicats liés à «Action pour un changement» ont réussi à obtenir des directives pour inclure des recommandations constitutionnelles sur le maraudage et sur les syndicats malhonnêtes, ainsi qu'une inclusion plus significative des Conseils du travail au sein de la Commission de révision. Au cours du débat sur la Révision structurelle, plusieurs leaders syndicaux de premier plan de l'Ontario, y compris Ryan, ont fait des contributions aux micros réservés aux opinions favorables, mais ils ont manifesté une forte opposition au maraudage. Pendant ce temps, des membres des Conseils du travail dominaient les micros réservés aux opinions défavorables et exprimaient leur insatisfaction avec le CTC et avec la façon de traiter les Conseils du travail. Le document a été adopté, mais les opinions exprimées durant le débat, favorables et défavorables, devraient être considérées comme étant des instructions à la direction du CTC pour plus de démocratie, plus d'appui aux Conseils du travail et plus de direction sur les questions sociales et sur les luttes.

Le Conseil du travail de Toronto et de la région de York avaient également un programme, qui était intitulé «Programme d'action - Construire le pouvoir syndical 21ème siècle». Ce programme d'action proposait onze résolutions appuyées par plusieurs Conseils du travail à travers le pays. Celles-ci ont été, pour la plupart, incorporées à des résolutions composites sur les questions d'organisation, d'une campagne pour gagner la «card-check», des travailleuses-eurs migrants et temporaires, de l'équité et de la politique municipale. Les résolutions ont renforcé les composites déjà élaborées et reflètent à nouveau la tendance vers la démocratie, l'action et l'imputabilité de la direction du CTC.

D'excellentes résolutions ont été adoptées sur l'Afghanistan, la Palestine, la Colombie et sur d'autres questions relatives à la solidarité internationale. Une très importante résolution sur la nationalisation des ressources pétrolières a été adoptée avec enthousiasme et soutenue par d'éminents porte-parole de grands syndicats affiliés, entre autres Jim Sinclair, de la Fédération du travail de la Colombie-Britannique. Le dernier jour du Congrès, le «Caucus pour l'action», qui s'était réuni et avait grandi chaque jour davantage, a fait des ajouts importants au Plan d'action du CTC sur les questions de l'unité syndicale, du droit de grève, de la démocratie syndicale et de l'imputabilité des membres de la direction.

Dave Pritchett, du local 500 de l'«International Longshore and Warehouse Union» (Syndicat international des travailleurs des quais et des entrepôts), a parlé avec éloquence de la nécessité de se rappeler les contributions faites par les membres du Parti communiste et par d'autres, en tant que fondateurs et combattants des syndicats. Plus tard, il a fait crouler la salle sous les applaudissements en suggérant de remplacer l'expression «faire pression sur le gouvernement» par «faire tomber le gouvernement», et de replacer la «dictature des grandes entreprises» par la «dictature de la classe ouvrière». L'enthousiasme général envers ces sentiments montre non seulement la nature combative des travailleuses/eurs mais aussi leur malaise d'avoir au Congrès une direction qui ne partage pas ces sentiments.

L'état d'esprit exprimé par les caucus et les deux «Programmes d'action» montre que la vague de fond de mécontentement commence à être articulée. La contribution du «Caucus pour l'action» montre le potentiel qui existe pour une gauche plus grande et en expansion, ingrédient indispensable pour le changement. Des dirigeants bien connus sont en train d'affirmer la nécessité de développer le changement, l'unité et la riposte. Cela augure bien pour l'unité et l'appui entre les membres de la base et de la direction, si nécessaires à la lutte.

Ce Congrès a peut-être été terne à bien des égards, mais une gauche naissante commence à se développer par la définition d'un programme et par la croissance de ses effectifs.

CONGRÈS DU TRAVAIL DU CANADA : LES DÉLÉGUÉES/UÉS EXIGENT LE RETRAIT DE L'AFGHANISTAN

Traduction d’un article du numéro du 16 au 30 juin 2008 de «People's Voice», principal journal communiste anglophone du Canada. Tout article peut être reproduit gratuitement si la source est indiquée. Tarif annuel des abonnements - Canada : 25,00$Can ou 12,00$Can pour les personnes à faible revenu - États-Unis : 25,00$US - Autres pays : 25,00$US ou 35$Can. Envoyer votre chèque en indiquant votre adresse à : People's Voice, c/o Directeur des affaires, 133 Herkimer St. Unit 502, Hamilton, ON, Canada L8P 2H3.

La résolution suivante a été adoptée par les déléguées/ués au 25ème Congrès du Congrès du travail du Canada, qui s'est tenue du 26 au 30 mai à Toronto :

Le Congrès du travail du Canada (CTC) demande de tous les partis politiques présents au sein de notre Parlement de prendre immédiatement des mesures pour mettre fin à l'occupation militaire en Afghanistan, pour mettre en œuvre le désengagement des forces canadiennes et pour ramener nos soldates/ats canadiennes/iens de la guerre illégale en Afghanistan.

Le CTC aidera les syndicats qui lui sont affiliés à sensibiliser et à mobiliser leurs membres pour s'opposer à l'intervention militaire canadienne en Afghanistan.

Le CTC continuera de travailler avec les partenaires oeuvrant au sein de l'Alliance canadienne pour la paix afin d'éduquer les Canadiennes/iens sur la guerre.

Le CTC développera la solidarité avec les travailleuses/eurs afghanes/ans, la justice sociale et les organisations de femmes.

Parce que les Canadiennes/iens ont une fière histoire d'engagement de nos forces armées à assumer le rôle du maintien de la paix, qui remonte à la fin de la Deuxième guerre mondiale.

Parce qu'il n'y a pas d'objectifs, de réalisations ou d'avantages clairs pour les Canadiennes/iens relativement à cette guerre dans laquelle des dizaines de jeunes Canadiens et des centaines de citoyennes/ens afghanes/ans innocentes/ents sont tués.

Parce que nos jeunes soldats sont en train de mourir en Afghanistan dans une guerre dans laquelle ils jouent un rôle d'armée d'invasion sans avoir reçu de mandat de la part des citoyennes/ens canadiennes/iens.

Parce que l'intervention militaire du gouvernement Harper en Afghanistan ne contribue pas à instaurer la paix et à entreprendre la reconstruction en Afghanistan.

Parce que la campagne militaire du gouvernement canadien vise à appuyer les intérêts politiques, économiques et militaires des États-Unis plutôt qu'à contribuer à instaurer la paix et à entreprendre la reconstruction en Afghanistan.

Parce que les actions de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), menées sous la direction des États-Unis, accroissent la violence en Afghanistan.

Parce que les énormes sommes d'argent dépensées sur le plan militaire en Afghanistan seraient mieux utilisées si elles servaient à financer les soins de santé, l'éducation, la création d'emplois et les services sociaux.

Parce que le mouvement ouvrier a toujours été au centre de toutes les luttes pour la paix et pour la justice.

Aucun commentaire: