L’année 2008 est marquée par un double anniversaire très dramatique et négatif, soit celui du 60ème de la Nakba (tragédie) palestinienne et celui du 41ème anniversaire de l’occupation par Israël des territoires palestiniens. En 1948 lors de la création de l’État d’Israël, plus de 750 000 Palestiniens furent brutalement expulsés de leurs terres par les milices sionistes qui ont également rasées 450 villages palestiniens. En 1967 suite à la guerre des Six-Jours entre Israël et quelques-uns de ses voisins arabes, l’Égypte, la Jordanie et la Syrie, l’armée israélienne s’est emparée du contrôle de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Ces deux territoires étaient peuplés de Palestiniens qui tombèrent sous le joug cruel et impitoyable du colonialisme israélien lourdement armé et financé par l’impérialisme américain. Nous pouvons donc affirmer que le peuple palestinien a été victime de deux catastrophes au cours du XXème siècle, causées par les puissances impérialistes occidentales et leur volonté de domination du Proche-Orient.
Peu de temps après la fin de la guerre des Six-Jours, le gouvernement israélien a mis en oeuvre une politique de colonisation progressive des territoires palestiniens occupés en confiscant les terres des fermiers palestiniens pour les donner à des colons juifs dont une bonne partie sont des fondamentalistes religieux enragés qui considèrent que la Palestine est le berceau du peuple juif et que les Arabes n’ont pas le droit d’y vivre. La résistance des Palestiniens contre cette politique de dépossession et de nettoyage ethnique « en douceur » a été systématiquement réprimée par l’armée israélienne. En même temps un mouvement de solidarité s’est créé à l’intérieur d’Israël parmi la population arabe mais aussi parmi les Juifs de gauche. Le Parti communiste israélien a été dès le départ au premier plan de la lutte contre l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza et pour la création d’un État palestinien viable et souverain avec le droit au retour pour les réfugiés de la guerre de 1948. Le PCI a été le seul parti à la Knesset(parlement israélien) à dénoncer la guerre des Six-Jours comme une politique d’agression contre les pays arabes. Le chef historique du PCI, Meir Vilner, a été poignardé en 1967 par un extrémiste de droite à cause de cette position courageuse (voir cette courte notice biographique de ce grand leader communiste sur le site du Israeli Communist Forum, www.icf.org.il/vilneren.htm). L’Union Soviétique et tout le camp socialiste ont également donné un solide appui à la lutte palestinienne en suivant la doctrine de l’internationalisme prolétarien. L’aide des pays socialistes a été très précieuse pour les combattants de l’Organisation pour la libération de la Palestine(OLP) qui avaient contre eux tous les pays impérialistes alliés à l’État israélien expansionniste et colonialiste. Le soutien donné actuellement par le gouvernement révolutionnaire de Cuba aux Palestiniens n’est sûrement pas étranger au fait qu’Israël est un des seuls pays dans le monde à soutenir le blocus américain contre ce pays socialiste.
En 1987 éclata la première Infifada(soulèvement)contre l’occupation israélienne. C’était une révolte populaire contre des années de répression intense et de vol systématique de terres par un régime colonisateur. La première Intifada a mis plus que jamais à l’ordre du jour la lutte de libération nationale du peuple palestinien. Les pays impérialistes occidentaux se devaient de tenir compte de cette lutte et des pourparlers furent entamés avec l’OLP. Malheureusement la chute de l’URSS et des autres régimes socialistes en Europe de l’Est entre 1989 et 1991 a enlevé un appui de taille à la cause palestinienne. En 1993, après une longue négociation débutée deux ans plus tôt, Yasser Arafat, dirigeant de l’OLP, signe une déclaration de principes appelée « les Accords d’Oslo » avec le premier ministre travailliste israélien, Yitzhak Rabin. Cette entente visait à engager un processus de paix qui impliquait notamment la reconnaissance de l’État d’Israël par les Palestiniens et la reconnaissance par Israël d’un gouvernement palestinien autonome sur deux territoires (Gaza et Jéricho). Cependant, d’une part, le contenu de l’accord demeurait vague et ambigu quant à la reconnaissance réelle du droit des Palestiniens à l’autodétermination, et d’autre part, les forces sionistes les plus radicales n’y étaient pas moins farouchement opposées (Rabin fut d’ailleurs assassiné par un sioniste d’extrême-droite qui lui reprochait d’avoir signé ces accords). En fait, Israël, particulièrement après le retour au pouvoir du Likoud, a par la suite poursuivi sans relâche sa politique de colonisation et d’occupation pendant le processus de paix d’Oslo(1993-2000)tout en faisant de vagues promesses pour une « autonomie palestinienne ». La regrettée linguiste israélienne Tanya Reinhart, disciple de Noam Chomsky, a très bien analysé la période des accords d’Oslo et tous les problèmes que ça impliquait pour les Palestiniens dans son magnifique livre Détruire la Palestine publié en français par les Éditions Écosociété. La visite provocatrice du chef du parti de droite Likoud, Ariel Sharon, sur le Mont du Temple à l’automne 2000, alors que les musulmans considéraient ce site comme sacré pour leur religion, a mis le feu aux poudres et a permis le déclenchement de la deuxième Intifada. Les frustrations des Palestiniens envers le processus de paix d’Oslo ont éclaté au grand jour et ont mis fin à cette tromperie monumentale.
La deuxième Intifada a été marqué par un très fort esprit de résistance de la part du peuple palestinien mais malheureusement aussi par des attentats-suicide dirigés contre des civils israéliens. C’est une tactique condamnable même si nous comprenons très bien le désespoir qui pousse un certain nombre de Palestiniens à commettre ces actes. Les attentats-suicides font le jeu de la droite israélienne représentée par des politiciens réactionnaires comme Ariel Sharon, Binyamin Netanyahu et Ehud Olmert. La classe ouvrière israélienne, qui doit jouer un rôle crucial dans la lutte contre l’occupation, est poussée dans les bras de sa classe dirigeante belliqueuse. Néamoins il est important de mentionner que la lutte de libération nationale du peuple palestinien est loin de se résumer aux attentats-suicide comme le laisse croire trop souvent les médias bourgeois occidentaux. Il y a une lutte populaire importante en Cisjordanie contre le Mur de l’Apartheid, érigé soi-disant pour des raisons de sécurité mais en réalité pour annexer des terres palestiniennes à Israël, avec des manifestations régulières qui sont constamment et violemment réprimées par l’armée israélienne. Les communistes palestiniens du Parti du Peuple palestinien appuyés par les communistes israéliens jouent un rôle important dans ce mouvement de résistance populaire et anticolonialiste qui ne fait pas beaucoup parler de lui dans nos médias monopolisés mais qui est quand même très présent sur le terrain. En 2004 la Cour Internationale de Justice a publié un avis dénonçant le Mur de l’Apartheid que le gouvernement israélien a ignoré et que le gouvernement canadien, alors dirigé par les Libéraux de Paul Martin, a dénoncé pour son soi-disant parti pris contre Israël. La poursuite de la construction de ce Mur, à l’intérieur de la Cisjordanie et non sur la ligne verte qui sépare Israël des territoires palestiniens, nuit terriblement à la vie quotidienne des Palestiniens qui se trouvent bien souvent coupés de leurs terres et de leurs emplois.
Un des enjeux les plus importants pour la lutte de libération nationale palestinienne est la question des ressources en eau de la Cisjordanie, qui sont entièrement contrôlées par Israël au bénéfice des colons et des besoins de l’État israélien. C’est ce qui explique pourquoi l’État sioniste veut garder le contrôle de la vallée du Jourdain après la création d’un État palestinien. L’eau est une des ressources les plus précieuses du Proche-Orient avec le pétrole. Il y a un véritable système d’apartheid qui a été mis en place par le gouvernement israélien concernant l’utilisation de l’eau, par exemple les colons juifs ont le droit de consommer au moins cinq fois plus d’eau que les Palestiniens et ces derniers doivent obtenir l’autorisation des occupants israéliens pour creuser des puits d’eau, ce qui leur est systématiquement refusé. Pendant ce temps-là les colons peuvent arroser à volonté leurs terrains et leurs vergers et remplir leurs piscines alors que les Palestiniens sont condamnés au rationnement le plus strict. Un autre exemple qui démontre la perversité et la rapacité extrêmes du colonialisme israélien.
A l’été 2005 le gouvernement israélien s’est retiré de la Bande de Gaza et a déplacé ses colons qui y étaient installés au cours d’un évènement hautement médiatisé en Occident. Par contre on a peu ou pas mentionné que ce « retrait » avait pour but de renforcer l’occupation de la Cisjordanie en y déménageant un certain nombre de colons originaires de Gaza. De plus la Bande de Gaza est depuis de nombreuses années une véritable prison à ciel ouvert dont les entrées et sorties sont rigoureusement contrôlées par Israël et cette situation n’a pas changé d’un iota depuis le soi-disant retrait israélien de l’été 2005. Les bombardements israéliens ne cessent de se succéder depuis ce temps prenant pour prétexte les tirs de roquettes de certains groupe armés palestiniens et le nombre de civils palestiniens tués lors de ces opérations ne cessent de s’alourdir, dépassant de loin le nombre de civils israéliens tués lors des attentats palestiniens. En 2006 l’élection du Hamas (mouvement de résistance islamique) à la tête de l’Autorité Palestinienne, à cause de la corruption de certains dirigeants du Fatah et de la montée du scepticisme parmi les Palestiniens envers la stratégie de concertation avec Israël et les États-Unis pratiquée jusqu’alors par l’AP, a déclenché un mouvement de boycottage du gouvernement palestinien élu par les pays impérialistes occidentaux. Le gouvernement canadien a été un des premiers à cesser toute aide au peuple palestinien par mesure de représailles. Les Conservateurs de Stephen Harper ont ainsi intensifié le dur virage pro-israélien amorcé sous le règne des Libéraux. Quelle que soit notre opinion du Hamas, de sa stratégie et de son idéologie, il a été démocratiquement élu par les Palestiniens qui sans aucun doute percevaient comme un échec la politique de négociation avec l’occupant israélien et l’impérialisme américain poursuivie par la direction du Fatah. En 2007, le Hamas a pris le contrôle de la Bande de Gaza suite à des affrontements armés avec le Fatah et un blocus inhumain de ce petit bout de territoire a immédiatement été décrété par Israël et ses alliés occidentaux, dont bien sûr l’État impérialiste canadien. Pour la nième fois les souffrances du peuple palestinien ont été amplifiées délibérément par les dirigeants impérialistes dans le but de mettre un terme à son combat pour la liberté et contre l’occupation israélienne.
La solidarité est donc plus que jamais nécessaire avec la lutte de libération nationale du peuple palestinien. Nous devons dénoncer la collusion et la collaboration de nos dirigeants capitalistes avec l’État sioniste. Le soutien aveugle et total que donne le gouvernement conservateur de Stephen Harper à Israël est complètement scandaleux et doit être combattu sans relâche par toute personne éprise de justice, de démocratie et de paix. Il faut appuyer activement les organisations et mouvements palestiniens progressistes et démocratiques dans leur combat pour un État palestinien indépendant et digne de ce nom. En ce moment il y a encore des milliers de prisonniers politiques palestiniens dans les prisons israéliennes, dont le célèbre dirigeant du Fatah Marwan Barghouti qui a été condamné cinq fois à la prison à perpétuité par un tribunal civil israélien. La raison de sa condamnation vient du rôle de premier plan joué par Barghouti dans la résistance palestinienne et aussi de son immense popularité au sein de son peuple. En emprisonnant un tel symbole, l’État sioniste espérait sans aucun doute affaiblir et démoraliser les combattants palestiniens, ce qui n’a heureusement pas réussi. La campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) dirigée contre les politiques meurtrières, colonialistes et ségrégationnistes du gouvernement israélien constitue un excellent moyen de soutenir la cause palestinienne. Il faut également être très lucide et critique envers tous les « processus de paix » qui sont tant vantés par les médias bourgeois occidentaux, que ce soit la Feuille de Route de George Bush ou bien le sommet d’Annapolis tenu en décembre 2007, qui finissent toujours par une impasse et qui n’apportent rien de positif aux Palestiniens toujours aussi durement opprimés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire